Survivants13 (ancien "Survie 13 françafrique bas les masques")

11.2.2013

Boubacar Boris Diop sur le Mali, la France et l’Afrique : « Nous aurions dû hausser la voix dès le jour où des chars de combat français ont forcé les grilles du palais de Gbagbo (…) Les Maliens ont perdu leur Etat et leur honneur »

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Dans une interview accordée au journal sénégalais Le Pays au Quotidien,reprise par son collègue djiboutien Abdourrahmane Waberi sur son blog hébergé par Slate Afrique, l’écrivain Boubacar Boris Diop analyse les différentes implications de la guerre au Mali… et refuse d’applaudir à tout rompre la France officielle… qu’il qualifie de « pompier pyromane ».

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« Le danger, à mon humble avis, c’est d’analyser cette guerre comme un fait isolé. Tout le monde la relie à l’agression contre la Libye, mais pas avec autant d’insistance qu’il faudrait. Il ne suffit pas de dire que l’agression contre la Libye est en train de déstabiliser la bande sahélienne et toute l’Afrique de l’Ouest. Il faut la placer, de même que le « printemps arabe », au cœur de la réflexion sur le Nord-Mali. Nous devons peut-être même aller plus loin et nous demander si nous n’aurions pas dû hausser la voix dès le jour où des chars de combat français ont forcé les grilles du palais de Gbagbo. Il était possible, sans forcément soutenir Laurent Gbagbo, de bien faire savoir à Paris qu’une ligne rouge venait d’être franchie. Mais nous avons trop bien appris notre leçon sur la démocratie, on a inventé exprès pour nous des termes comme « bonne gouvernance » – qui donc a jamais entendu parler de la « bonne gouvernance » en Belgique ? – et nous en sommes venus à perdre tout sens des nuances et surtout la capacité d’inscrire des évènements politiques particuliers dans une logique globale.

(…) Il suffit de remonter le fil des évènements. Après avoir assassiné Kadhafi dans les conditions scandaleuses que l’on sait, L’Etat français a cru le moment venu de confier la sous-traitance de la guerre contre Aqmi et le Mujao à la rébellion touarègue. Comme vient de le rappeler Ibrahima Sène dans une réponse à Samir Amin, Paris et Washington décident alors d’aider les Touareg présents en Libye à rentrer lourdement armés au Mali mais, détail important, pas au Niger où on ne veut prendre aucun risque à cause d’Areva. Les Touareg sont ravis de pouvoir concrétiser enfin leur vieux rêve d’indépendance à travers un nouvel Etat de l’Azawad, allié de l’Occident.

Certains médias français se sont alors chargés de « vendre » le projet de ces « hommes bleus du désert » qui se préparent pourtant tout simplement à entrer en guerre contre le Mali. Il suffit de faire un tour dans les archives de France 24 et de RFI pour voir que le MNLA en particulier a été créé de toutes pièces par les services de Sarkozy. Ces stratèges savaient très bien que cela allait se traduire par l’effondrement de l’Etat malien et la partition de son territoire. Ça ne les a pourtant pas fait hésiter une seconde. Juppé s’est ainsi permis de minimiser l’égorgement collectif par les Touareg d’une centaine de soldats et officiers maliens le 24 janvier 2012 à Aguelhok et suggéré la possibilité d’un Azawad souverain au nord. Mais au bout du compte, le MNLA qui n’a pas été à la hauteur des attentes de ses commanditaires face aux jihadistes, s’est pratiquement sabordé, ce qui est d’ailleurs sans doute une première dans l’histoire des mouvements de libération. Dans cette affaire, la France est clairement dans le rôle du pompier pyromane. Tout laisse croire qu’elle va défaire les jihadistes, mais sa victoire coûtera aux Maliens leur Etat et leur honneur.

Je veux juste dire que c’en est fini pour longtemps de l’indépendance du Mali et de sa relative homogénéité territoriale. Il faudrait être bien naïf pour s’imaginer qu’après s’être donné tant de mal pour libérer le Nord, la France va remettre les clefs du pays à Dioncounda Traoré et Maliens et se contenter de grandes effusions d’adieu. Non, le monde ne marche pas ainsi. La France s’est mise en bonne position dans la course aux prodigieuses richesses naturelles du Sahara et on la voit mal laisser tomber la rébellion touarègue qui reste entre ses mains une carte précieuse. Un épisode de cette guerre est passé inaperçu, qui mérite pourtant réflexion : la prise de Kidal. On en a d’abord concédé la « prise » à un MNLA qui n’a plus aucune existence militaire et quelques jours plus tard, le 29 janvier, les soldats français sont entrés seuls dans la ville, n’autorisant pas les forces maliennes à les y accompagner. Iyad Ag Ghali, patron d’Ansar Dine, discrédité par ses accointances avec AQMI et le MUJAO, est presque déjà hors jeu et son rival « modéré » Alghabasse Ag Intalla, chef du MIA, est dans les meilleures dispositions pour trouver un terrain d’entente avec Paris. En somme, les indépendantistes Touareg vont avoir après leur débâcle militaire un contrôle politique sur le nord qu’ils n’ont jamais eu. C’est un formidable paradoxe, mais l’intérêt de l’Occident, c’est un Etat central malien sans prise sur la partie septentrionale du pays. Les pressions ont commencé pour obliger Dioncounda Traoré à négocier avec des Touareg modérés sortis de la manche de Paris et on ne voit pas un président aussi affaibli que Dioncounda Traoré résister à Hollande. Que cela nous plaise ou non, le « printemps arabe » est en train de détacher définitivement l’Afrique du Nord du reste du continent et la « nouvelle frontière » c’est en quelque sorte le Nord-Mali. Cela correspond à un projet stratégique très clair, très cohérent, de l’Occident et il est en train de le mettre en œuvre. »

 

10.2.2013

ESPIONNAGE RELIGIEUX ENTRE LES USA ET LA RUSSIE – Leçon 50 – Partie 3/5

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Leçon de Géostratégie Africaine n° 50 – partie 3/5 – Espionnage religieux (JP Pougala)

Beaucoup croient par erreur que la période de tension entre les deux plus grandes superpuissances militaires du monde, dite de guerre froide s’est terminée avec la chute du mur de Berlin en novembre 1989. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que cette guerre a continué plus rude qu’avant, avec la religion comme instrument géostratégique. Nous allons voir comment.

Quel est le plus grand ennemi des Etats-Unis d’Amérique, un pays fondamentalement chrétien où le président prête serment sur la bible ? Quel est le plus grand ennemi de la Russie, un autre pays chrétien ? La réponse est à coup sûr : l’Islam, le monde musulman. Ce qui est faux bien entendu. L’islam n’a jamais été l’ennemi des Etats-Unis, puisque, comme l’affirme le Ministre russe des affaires étrangère Lavrov, ce sont ces derniers qui œuvrent au développement de l’islam partout dans le monde où leur christianisme a du mal à d’implanter.  Le plus grand ennemi des Etats-Unis d’Amérique c’est comme l’a dit le candidat malheureux aux élections présidentielles 2012, Mit Romney, la Russie. Un pays chrétien. Et de même pour la Russie, le plus grand ennemi  ce sont les Etats-Unis d’Amérique. La guerre froide est peut-être terminée avec la chute du mur de Berlin en 1989, mais en 2013, elle continue, reconvertie en guerre religieuse. Et l’espionnage des 007 classiques du passé s’est transformé en espionnage religieux.

Pourquoi deux pays chrétiens peuvent-ils se livrer à une telle méfiance ? Quelle est la différence entre leur christianisme. Il faut savoir que le Jésus des Russes est complètement différent du Jésus des Américains. Et le type de Jésus que l’on adore, doit aussi déterminer l’alliance militaire des pays.

En Afrique, nous ignorons tout des Orthodoxes, parce que le christianisme africain en dehors de celui Egyptien et Ethiopien, est le fruit de la colonisation. Donc le choix a été porté sur le modèle chrétien de nos prédateurs, ce qui va expliquer que contrairement à la Syrie, la Russie posera rarement son veto aux Nations Unies pour venir en aide à un pays africain. Parce que, aujourd’hui, dire qu’on est chrétien tout-court ne veut rien dire. Il faut choisir si on est un chrétien occidental ou oriental. Les Africains sont donc, par mimétisme colonial des chrétiens occidentaux. Exactement comme les Shiites et les Sunnites dans l’islam.

Pourquoi des Athées peuvent-ils soutenir une spiritualité ? le cas de L’EGLISE ORTHODOXE RUSSES ?

Lorsqu’on regarde le tableau de l’incroyable évolution de l’athéisme dans le monde réalisé par le département Education de l’entreprise pharmaceutique Pfizer, les pays qui ne croient pas en Dieu sont presque tous des pays riches. Dont la palme d’or revient à la Suède avec près de 90% de non croyants, près de 70% de Suédois sont membres de l’Eglise de Suède avec à sa tête la royauté suédoise. C’est aussi le cas du Danemark, nous avons selon mes mêmes chiffres : 80% de non-croyants, mais en même temps, 80% sont membres de l’Eglise du Danemark avec à sa tête la royauté danoise. En d’autres termes, la religion devient comme un instrument culturel et non dogmatique pour servir de collant national autour des coutumes de chaque pays. C’est ce qu’on va retrouver aussi en Russie où Kathy Rousselet, à la page 65 de son livre publié en 2010,  intitulé « L’Eglise orthodoxe russe et le territoire » nous révèle que 6% des russes croient en dieu et que 60% sont membres  de l’Église orthodoxe russe revendique qui vante ainsi environ 100 millions de membres. La question immédiate qu’on ne peut cesser de se poser est comment 94% de personnes qui ne croient pas en dieu peuvent-ils adhérer si nombreux à une église qui professe dieu comme crédo centrale ? Parce que, comme en Suède ou au Japon, la spiritualité est avant tout une notion de traditions comme instrument de surveillance territoriale et de défense nationale, avant même d’être liturgique. L’église russe est la communion de la société contre les déstabilisations externes et la plus efficace des veilles de contre-espionnage sur le plus vaste pays du monde avec ses 17 millions de km2, pratiquement le double de la superficie des USA.

Avec le communisme au pouvoir en Russie après la révolution d’octobre 1917, les lieux de culte sont reconvertis en bibliothèques, en théâtres. L’état professant l’athéisme intégral. En 1930, 3 ans avant que Hitler n’arrive au pouvoir en Allemagne, Staline ira jusqu’à promouvoir une association d’athées russes dénommés  « Sans Dieu » et pour prendre encore plus les distances de la christianité qui fait des Juifs un peuple déicide (accusé d’avoir tué le fils de dieu), Staline va mettre à la tête de cette association un Juif, un certain Emilian Iaroslavski. A peine 3 ans après, Staline va comprendre qu’il a commis une très grave erreur de lutter contre ses religieux, lorsqu’en Allemagne Hitler va s’associer au parti catholique du Zentrum, soutenu par le Vatican et lorsqu’il lance sa croisade contre l’Union Soviétique, pendant des années il va réussir à convaincre même les Américains d’être de son côté, puisqu’il combat l’ennemi commun c’est-à-dire, le Satan, l’athée russe et ça va marcher, puisque les américains n’interviendront que lorsque les russes vont remporter en Janvier 1943 la bataille de Stalingrad au prix d’un million de morts. C’est le tournant de la guerre qui a déjà coûté à la Russie, 27 millions de morts, tous tués par les Allemands, très motivés par la foi chrétienne, un peu comme les Djihadistes musulmans de nos jours. Pour passer à l’offensive et aller chercher les Allemands jusqu’en Allemagne, Staline sait désormais qu’il a besoin d’un pays solide religieusement autour de lui. Il rencontre les trois métropolites de l’Eglise orthodoxe russe au Kremlin le 19 septembre 1943. Il libère tous les prêtres qu’il avait auparavant envoyés au Goulag. Avec eux, il rétablit le patriarcat en 1944 et convoque un concile en 1945 qui commentera la conduite de Staline de la guerre contre Hitler en ces termes : « Dans cette guerre, Staline est inspiré par l’esprit divin ». C’est le début du patriotisme et du nationalisme de l’église orthodoxe russe. C’est l’état communiste qui valide et promeut une église qui 45 ans avant, en 1901, condamnait et excommuniait l’écrivain Tolstoï pour avoir mis en doute le dogme de la virginité de Marie. Finie la guerre, l’Union Soviétique a gagné sur Hitler puisque ce sont les troupes russes qui entrent dans Berlin. Ensuite arrive Kroutchev au pouvoir. Dès 1961, il débute la déstalinisation de la société russe, la religion ne sert plus. On la remet au placard. Pour des raisons stratégiques on fait appel à la religion, pour des raisons idéologiques, on la renie.

LA RUSSIE DE ELTSINE : LE DECLIN D’UN GEANT

Dans son livre de 122 pages publié en 1999 aux Editions du Seuil, intitulé : « Le hold-up du Siècle », Victoria Renaux et François Roche (directeur de la rédaction de l’Expansion) nous expliquent avec des détails croustillants de comment l’avènement de la supposée « démocratie » en Russie a signifié le pillage de type mafieux des ressources minières du pays avec des passages des entreprises d’état à la famille du président Eltsine sans vergogne. Qu’importe, c’était bien la « démocratie », puisque contrairement aux méchants de l’ère Soviétique, le président Eltsine pouvait se vanter d’être le premier président élu de la Russie. Le réveil démocratique a été donc très douloureux pour le peuple et le pays en quasi faillite où les cercles du nouveau pouvoir se sont très vite transformés en mafias. Les familiers du président vont devenir tous des milliardaires en un temps record, prenant le nom des « Oligarques ». Le plus emblématique de ce pillage est la privatisation de la toute première compagnie pétrolière russe dénommée Youkos, bradée en 1995 à un ami du pouvoir, un certain Khodorkovski, à seulement 360 millions de dollars lors d’une vente aux enchères où le président Eltsine n’avait autorisé que deux participants, deux proches qui avaient financé sa campagne électorale pour ses 2 mandats de président de Russie.

Aux USA, on se frotte les mains, et on félicite le président Eltsine d’être un président courageux, démocratique et respectant les droits de l’homme. On déroule le tapis rouge aux nouveaux riches venus de Russie, peu importe comment ils le sont devenus. C’est une période jubilatoire pour Washington, parce que l’ennemi de toujours est tombé dans le piège démocratique et a débuté son autodestruction. Et quel que soit la force d’un privé russe, il ne sera jamais assez fort pour résister au rouleau compresseur américain. Les russes vont mettre peu de temps à le comprendre. C’est le Groupe pétrolier américain qui veut acheter Youkos à 40 milliards de dollars, c’est-à-dire, plus de 111 fois supérieure au prix d’achat. C’est la première brèche de l’offensive que les Américains mènent depuis la chute du mur de Berlin sur un secteur aussi stratégique que le pétrole.

Au même moment, ce sont les services secrets russes en Chine qui informent Moscou que plusieurs des plus grands imprimeurs chinois sont pris  d’assaut par les services secrets occidentaux pour l’impression des bibles en millions de copies destinées à la Russie. Pendant ce temps, une autre offensive est menée par les pays occidentaux pour faire passer les anciens pays satellites de l’Union Soviétique sous le contrôle américain, avec leur adhésion à l’OTAN et à l’Union Européenne. Moscou se sent encerclé. Les stratèges russes se mettent au travail. Il faut répondre aux Américains pour les bibles qui vont bientôt déferler. Mais ils ne savent pas trop quoi faire. « Une attaque avec la religion est plus difficile à contrer qu’une autre avec la bombe » dira un responsable russe à Boris Eltsine, lui qui pratique une politique dite de « laisser faire » pour plaire aux occidentaux et s’entendre définir « démocratique ». Eltsine n’a pas écouté le KGB ni pour les privatisations, encore moins pour son ouverture à l’Occident, parce qu’il n’a pas confiance aux services secrets russes, parce qu’il se sent vulnérable après sa gestion calamiteuse du pouvoir. Il va même en changer la structure et le nom de KGB à FSB. Mais il va finir par choisir comme dauphin un membre du KGB, celui dont le nom de code est « Platov », c’est-à-dire Vladimir Poutine.

APRES L’HIVER MAFIEUX DE ELTSINE, LE PRINTEMPS RELIGIEUX DE PUTIN

Le 31/12/1999, Poutine devient le deuxième président de la nouvelle Russie. Il a une intelligence particulière. Sur le plan de la politique intérieure, il va coffrer presque tous les oligarques. Sur le plan de la politique extérieure, il va réagir là où on l’attendait le moins. La religion. Pourquoi la religion ? Vladimir Poutine est diplômé en droit à l’Université de Leningrad (aujourd’hui Saint-Pétersbourg) où il soutient une thèse en 1975 intitulée :  « La politique américaine en Afrique ». Dans cette thèse, Poutine décrit comment, pour bloquer l’Union Soviétique et la Chine en Afrique, les américains utilisent le levier religieux de l’islam au nord et dans le Sahel et le christianisme au sud du Sahel. Il explique comment les américains mise sur l’évangélisation qu’elle soit catholique ou protestante pour obtenir la soumission des africains.

Lorsqu’il devient président de la Fédération de Russie, il sait que des millions de bibles sont en route pour la Russie, comme cela a été le cas en Afrique. Pour les stopper, il a besoin d’une autre religion. Il dira à ce sujet : « seule une religion peut stopper une autre, seule notre religion traditionnelle, l’Orthodoxe peut éviter que la Russie devienne l’Afrique des USA » Il a pu allier un autre ancien membre du KGB, le chef de l’église orthodoxe en personne, Alexis II,  Patriarche de l’Eglise Orthodoxe russe depuis plus de 30 ans et Agent du KGB. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le prêtre orthodoxe Gleb Yakounine qui l’a affirmé en 1990.

Avec Putin, c’est l’état russe lui-même qui achète les sièges des églises orthodoxes qui deviennent même dans certains pays, une seule et même chose avec les consulats de Russie. Durant les deux mandats de Eltsine, les américains adoptent une stratégie de pénétration du territoire russe, c’est à travers le concept magique des « droits de l’homme ». L’objectif est de créer et construire ce qu’ils appellent la « société civile russe » avec un agenda très élogieux : « réussir la démocratie et le respect des droits de l’homme en Russie ». Mais comme j’ai souvent l’habitude de le dire, si cette démocratie était si merveilleuse et pouvait permettre à la Russie d’être plus puissante, pourquoi les USA iraient doter leur principal ennemi d’un instrument si redoutable ? La vérité est qu’elle a permis de fragiliser l’Etat, pour créer quelques potentats avec pour seul rôle, de piller l’état, confirmant au passage que la démocratie n’est qu’un simple instrument de prestidigitation, pour tourner l’attention du peuple vers des futilités, très loin des opérations fâcheuses qu’on est en train de réaliser sur son dos.

Mais le président Putin qui a décidé de nettoyer le pays avec le soutien massif de ses citoyens, n’est pas dupe. Il sait bien que ces ONG qui naissent comme des champignons ne sont que les relais des espions occidentaux en Russie, puisque le seul poste qu’il occupé à l’étranger comme espion du KGB était de diriger une fantomatique « Association de l’Amitié Russo-Allemande » à Berlin. C’est encore autour de L’Eglise Orthodoxe que la contrattaque russe va s’organiser. Et en avril 2006, se tient à Moscou, le Concile mondial du peuple russe, regroupant dignitaires de l’Eglise orthodoxe russe, hauts fonctionnaires, parlementaires, représentants de la jeunesse, des métiers et des professionnels pour ne pas laisser aux occidentaux l’exclusivité des donneurs de leçon en matière de droits de l’homme. Le Concile adopte sa propre « Déclaration des droits et de la dignité de l’Homme ». Comme nous l’explique le journaliste Vladimir Simonov de RIA Novosti dans son article du 7 Avril 2006, c’est un ensemble de dispositifs qui « remet en cause les valeurs libérales occidentales importées par la Russie et propose son interprétation des droits de l’homme dans la société russe ». C’est ainsi que dans le discours de clôture du Concile, le métropolite Cyrille de Smolensk et de Kaliningrad explique que le libéralisme occidental  « dilue la frontière entre le Bien et le Mal ». « L’individu peut donc se réaliser n’importe comment à la seule condition qu’il ne touche pas à la liberté d’autrui », dit le premier théoricien du patriarcat de Moscou caricaturant ainsi la démocratie occidentale. « En d’autres termes, s’il faut nécessairement respecter les lois juridiques, il en va de même des impératifs moraux ». Tout le monde sait qu’il parle sans le citer, du président américain Georges W. Bush avec sa guerre en Irak pour soit disant y exporter sa démocratie.

Le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov quant à lui, a expliqué que ce sont les américains qui contrôlent et manipulent les islamistes, mais qu’ensuite ils tentent de les faire passer pour des méchants en demandant à la Russie de choisir de quel côté elle veut être et qui au fond, n’est qu’une technique pour instaurer une subalternité russe aux USA. Dans son discours pour clôturer le Concile, il dira : « On tente de pousser notre pays à se ranger du côté de la civilisation occidentale en prévision d’un conflit – inéluctable, comme ils disent, – avec la civilisation islamique. J’y vois une menace non seulement aux intérêts vitaux de la Russie sur le plan international, mais aussi à son développement interne en tant que pays multiethnique et multiconfessionnel ».

Le 11 Mai 2011, un pas supplémentaire est franchi dans cette escalade stratégico-religieuse. Pour lutter contre l’activisme des églises réveillées américaines toujours plus nombreuses dans le pays, c’est le maire de Moscou, Sergueï Sobianine qui annonce la construction de 200 nouvelles églises dans la seule ville de Moscou. Et il indique que 15 parcelles pour 15 églises ont déjà été attribuées à l’Eglise Orthodoxe pour l’année 2011. Et 80 nouvelles parcelles le seraient dans les plus brefs délais. Pour Sobianine, c’est autour de sa religion millénaire que la Russie construira sa cohésion nationale pour mieux résister contre les infiltrations des pays ennemis habillés en religion.

C’EST QUOI LES MORMONS POUR L’ADMINISTRATION AMERICAINE ?

Je me suis demandé plusieurs fois pourquoi l’état américain pouvait à ce point faire confiance à une de ses multiples religions plus que d’autres, les Mormons. Et j’ai découvert que contrairement aux autres églises chrétiennes, toutes provenant de l’Europe contre qui le pays s’est battu pour avoir son indépendance, les Mormons sont la seule religion chrétienne qui revendique son origine sur le sol américain. Leur Jésus n’est par le même que celui des autres. Leurs prophètes seraient tous des américains et non plus des romains. De quoi mettre les bases d’un patriotisme suffisamment solide pour résister aux épreuves du temps et même de l’espace.  Les mormons ne croient pas à la version de l’évangile de Jésus selon la validation de l’Empereur romain Constantin, mais ils partent des révélations d’un fermier américain, un certain Joseph Smith, à qui l’ange Moroni serait apparu pour lui remettre un livre contenant le témoignage des prophètes ayant vécu sur le continent américain environ 600 ans avant notre ère. Cette religion tire donc sa source de croyance dans le passé précolombien de l’Amérique. Et son Jésus serait précédent du Jésus des autres Chrétiens d’au moins 6 siècles. Cela peut prêter à sourire, mais si on ne s’arrête pas au stade purement de la caricature pour aller au cœur de la symbolique, on peut comprendre qu’ils sont les américains qui ont su le mieux interpréter la conflictualité pour obtenir leur indépendance de leurs ancêtres européens ; indépendance qui n’aurait  été jamais parachevée sans le fait de couper ce cordon ombilical spirituel qui pouvait encore les lier comme subalternes à l’Europe de leurs ancêtres. Et ce petit détail est apparemment très important aussi pour l’administration américaine qu’elle soit de gauche ou de droite, même si les Mormons votent traditionnellement pour le parti Républicain. Leur présence dans l’économie permet au service de renseignement américain d’être au courant de beaucoup de choses très stratégiques. Par exemples, selon les informations fournies par le journal russe « La voie de Russie » du 10/10/2012, ils contrôlent tous les secteurs clés de l’économie, de l’industrie, de la finance en passant par l’armée et les services secrets. Ils contrôlent : par exemple : le groupe hôtelier Marriott, American Express, Deutsche Lufthansa AG, Pricewaterhouse Coopers, la direction du Crédit Suisse pour l’Europe, le Proche-Orient et l’Afrique, les plus importantes banques de Wall Street. Ils ont une forte présence dans les services secrets américains, les structures militaires et le ministère des Finances des Etats-Unis. Et le journal russe de conclure : « On peut même dire qu’ils définissent la politique intérieure et étrangère des Etats-Unis ».

Aux Etats-Unis d’Amérique la religion chrétienne est très importante dans le système du contrôle des masses. Les risques de troubles sociaux dus aux inégalités trop criantes sont sagement mis sous contrôle par une présente débordante de la religion. Même si l’état fédéral est laique et ne doit favoriser aucune religion, dans les  faits les président se prennent pour de vrais prophètes au point non seulement de prêter serment non pas sur la constitution du pays, mais sur la bible, mais aussi de bénir le peuple à la fin de chaque discours publique. Ce n’est donc une surprise pour personne que les services secrets internes (FBI) et les services secrets externes (CIA) soient structurés, organisés et fonctionnent autour d’un pilier religieux chrétien que constitue les différentes églises dont la palme d’or revient aux Mormons. Cette église a mis au point le fichier le plus puissant du monde avec un milliards de personnes répertoriées avec des informations très détaillées sur chaque individu. C’est ce fichier qui sert de base de travail soit à la CIA qu’au FBI et c’est précisément grâce à un tel instrument hors du commun que ces 2 services de renseignement n’ont pas de véritables concurrents dans le monde. Comment est-il constitué ? A travers les ramifications de diverses églises réveillées installées dans le monde entier et financées toutes depuis les USA. Comment ça marche ? Le credo des Américains est de mettre en avant la démocratie, les droits de l’homme et seulement en dernier ressort la liberté religieuse. Et c’est à ce niveau qu’il faut bien comprendre que pour les USA, ils ont le meilleur système politique, économique, social, judiciaire du monde et qu’ils se doivent d’exporter ce modèle dans le monde entier. Et pour eux démontrer qu’un pays est démocratique et libre, c’est prouver qu’on peut laisser prospérer sans contrôle les églises réveillées en provenance des USA et qui petit à petit vont faire la politique, pour réussir à exprimer leur candidat et prendre le pouvoir.

Le 24 Avril 2012, ce sont les médias américains qui nous informent sur la décision de la Maison Blanche de construire à Utah, dans la capitale des Mormons, le plus grand centre d’espionnage cybernétique du monde sur neuf hectares de bâtiments remplis de serveur pour un coût total de  deux milliards de dollars. Démarrage prévu pour le mois d’octobre 2013. L’objectif affiché est de décrypter toutes les activités sur le net des internautes de deux pays en particulier, la Russie et la Chine. On nous dit que ce serveur pourra intercepter tous les emails et toutes les requêtes sur Google. Les américains ne nous ont pas dit comment ils comptent faire pour les chinois qui utilisent à majorité, leur propre moteur de recherche dénommé BAIDU et où QQ remplace Facebook et autre messagerie instantané en vogue en Occident. Qu’importe. Le peuple américain est content de pouvoir contrer les méchants russo-chinois.

 Mais pourquoi le choix d’une petite ville de 8.000 habitants en une zone perdue de l’Utah, Bluffdale ? C’est ici le cœur de l’intelligentsia de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (les Mormons) avec la Brigham Young University, qu’on surnomme le « Harvard des Mormons ». Les 35.000 étudiants sont tous polyglottes, préparés pour aller conquérir le monde avec un mixte de prosélytisme religieux et un très fort patriotisme qui se superpose souvent avec de l’espionnage volontaire. C’est ce qui explique que les premiers à être recrutés pour ce nouveau centre du FBI sont les étudiants de la Brigham Young University.

COMMENT REAGIT LA RUSSIE ?

La Russie va l’apprendre à ses dépens, puisque les Mormons ont déjà particulièrement ciblé la Russie. En 1991, le Président Eltsine chouchouté des américains va ouvrir toute la Russie à ces religions et dès la première année, la seule église des Mormons compte 750 membres russes en 1991 pour arriver à 22.000 membres 11 ans plus tard, répartis dans 120 congrégations  dans toute la Russie. C’est lorsque le contre-espionnage russe découvre que la plupart des jeunes Mormons qui avaient séjourné en Russie comme volontaires pour 2 ans, une fois retournés aux USA, intégraient directement le FBI ou la CIA que la Russie a cherché de sauver ce qui pouvait l’être avec la loi votée à la Douma, parlement russe et signée par Vladimir Poutine le 21/11/2012 interdisant tout mouvement d’argent entre une organisation située à l’étranger et une autre sur le sol russe. Si une organisation doit contrevenir à cet interdit, elle doit inscrire sur l’entête de tous ses documents, de toute sa correspondance : « Agent de l’Etranger ». Ces quelques mots en Russie ne sont pas anodins, ils proviennent tout droit de la triste histoire de la seconde guerre mondiale où les traitres au service de l’Allemagne Nazie étaient appelés justement « Agent de l’Etranger ». La loi parle de toute organisation qui veut orienter ou modifier l’opinion publique, puisqu’en le faisant, elle fait de la politique et pour faire de la politique en Russie, un acteur politique ne peut recevoir l’argent de l’étranger. Quelques jours après la signature de cette loi, ce sont les militants de la jeunesse pro-Poutine dénommée la « Jeune Garde » qui contrecarre désormais toutes les activités des églises réveillées en Russie, qui vont huer les adeptes des Mormons qu’ils appellent « espions religieux » avec un billet d’avion retour pour Washington,  billet sous forme de pancarte, avec dessus le logo de la CIA.

C’est dans ce contexte que le 17 Août 2012, 3 femmes du groupe musical Pussy Riot vont écoper d’une peine de 2 ans prison ferme pour avoir profané une église orthodoxe en plein cœur de Moscou à la suite d’une exhibition contre Poutine, alors candidat aux élections présidentielles. Selon un sondage réalisé avant le verdict, entre le 10 et le 13 Août 2012, par le Centre Levada, seuls 17% de Russes soutenaient les chanteuses incriminées et environ 80% étaient pour une condamnation exemplaire ou alors ont refusé de répondre, considérant le sujet pas utile du tout. Il est évident que si l’église choisie avait été une autre, pas sûr qu’il y aurait eu le moindre procès.

Le jour de noël chrétien occidental, le 25/12/2012, on assiste à l’épilogue de cette histoire, lorsque la cathédrale de la Transfiguration de l’Eglise orthodoxe russe de Los Angeles nous annonce un mystérieux cambriolage. Les malfrats semble-t-il cherchaient des documents des échanges entre Moscou et le clergé russe de Los Angeles.

QUELLES LECONS POUR L’AFRIQUE ?

On peut ne pas croire en dieu ou croire aux cranes, mais lorsque l’intérêt suprême du peuple l’exige, il faut avoir l’intelligence d’oublier ce qu’on est et se demander d’abord ce dont a besoin le peuple pour se protéger, pour se stabiliser avant de s’émanciper.  C’est tout simplement ce qu’ont compris les 94% de russes qui ne croient pas en dieu, mais qui savent que leurs traditions restent la seule muraille pour se protéger du monde, toujours plus cruel, même de loin avant les bombes. Lorsque les croyances de tes parents ne te plaisent pas, au lieu d’y mettre les mains pour les améliorer et les fortifier, tu te prostitues dans les croyances de tes prédateurs ou tu singes les croyances de ceux qui se sont imposés à nous avec la violence, après cela, crois-tu sincèrement que quelqu’un va te prendre au sérieux sur cette terre ? Sur Jupiter peut-être, mais pas sur notre planète terre. Ou tout au moins, pas pour l’instant. Tout simplement parce que le faisant, tu n’existes pas. Et on ne peut pas respecter ce qui n’existe pas, ou existe par procuration, on ne peut pas respecter le néant.

On a vu les dirigeants les plus athées du monde recourir à la religion ancestrale de la population pour retrouver un collant national. L’Afrique manque de ce genre de collant, parce que les élites sont tellement abruties par le système dominant qu’ils sont presque tous inscrits dans une logique de la recherche de la reconnaissance du maître Européen ou Arabe. C’est ainsi qu’ils redoublent d’ingéniosité pour prouver à ces maîtres qu’ils n’ont rien en commun avec les primitifs et sauvages qui appliquent le culte des morts. Certains vont tourner la tête à la recherche d’une spiritualité plus glorieuse vers l’antiquité égyptienne, d’autres vont chercher à prouver l’impensable d’un monothéisme africain. D’autres encore vont se réfugier dans des loges maçonniques afin de prouver encore plus au maître qu’on est resté des esclaves fidèles et fiers de l’être. Ce que ce beau petit monde ne comprend pas est que lorsque quelqu’un a honte de ses parents, honte de la nourriture avec laquelle ils l’ont élevé, honte de leur simplicité, honte de leurs coutumes, de leur spiritualité,  pour se lancer dans l’élan pour plaire au maitre en singeant les civilités  de ce dernier, aux yeux de ce maître qui sait très bien manier l’arme de l’hypocrisie, il est considéré pire que les parents dont il veut se démarquer, parce qu’eux au moins même dans l’erreur ont pu pratiquer des spiritualité propres à eux, ont pu vivre dans une société organisée par eux, ont pu manger des aliments inventés par eux.

Et l’émergence d’une pensée moderne africaine aurait dû partir de cet embryon d’organisation sociétale du culte des ancêtres. C’est autour des coutumes africaines que doit s’articuler un vrai système solide d’espionnage africain qui soit capable d’être suffisamment hermétique pour  résister à l’infiltration des autres pays du monde, tantôt habillée en christianisme, tantôt en Confucianisme, tantôt en Orthodoxe, tantôt en islamisme, tantôt en indouisme, tantôt en franc-maçonnerie et tantôt encore, en église du christ du 7ème ou 20ème jour. Et devant tout ça, la réponse africaine est inexistante. Ce que tous les services secrets du monde redoutent, sont des agents-double, des personnes payées pour servir les intérêts du pays, mais qui se retrouvent à être plus dangereux parce qu’ils servent effectivement, les intérêts de l’ennemi. Sans cette base commune qui fait la fierté même de l’identité de l’individu, les espions africains ne seront pas des agents-double, mais triple, quadruple et même quintuple, vue la rapidité avec laquelle les gens changent de confréries religieuses pour alimenter les services secrets des ennemis, pourvue qu’ils donnent suffisamment l’impression de faire des miracles pour fuir la misère.

Douala le 05/02/2013

Jean-Paul Pougala

 

18.1.2013

POURQUOI LES AFRICAINS ONT-IL HONTE DU CULTE DE LEURS ANCETRES ? de Jean-Paul Pougala

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L’Afrique est le berceau de l’humanité. C’est-à-dire que les Africains sont les géniteurs de tous les 7 milliards d’hommes et de femmes qui peuplent la planète terre. Sur le plan scientifique, ceci est prouvé notamment par l’ADN. La conséquence de ce lien entre l’Afrique et ses enfants éparpillés partout dans le monde est l’exportation de la pratique religieuse africaine sur toute la planète. C’est en effet la seule véritable religion universelle du monde qui n’a eu besoin d’aucun pasteur, d’aucun missionnaire, d’aucun imam pour être présente ici ou là. C’est la seule religion qui s’est rependue sur tous les continents sans un seul mot, sans une phrase de prosélytisme ou de propagande à la recherche de convertis, sans un mort, sans la moindre violence ? La religion africaine est dès lors la mère de toutes les religions, non seulement parce qu’elle est la plus ancienne, mais aussi et surtout parce que c’est celle qui résiste le mieux au temps, à l’espace et à la virulence des nouvelles religions qui ont tout fait pour l’effacer. Mais pourquoi les Africains eux-mêmes donnent-ils la fâcheuse impression d’avoir honte des croyances de leurs ancêtres ?

A- LA FAUTE DES INTELLECTUELS AFRICAINS

Dans sa pièce de théâtre publiée en 1946 intitulée: Malatesta, Henry de Montherlant (1895-1972) a écrit : « Vivent mes ennemis ! Eux du moins, ne peuvent pas me trahir ». Et Bernard Werber de renchérir disant : « Seuls vos vrais amis savent où vous frapper pour que ça fasse mal ». Le peuple africain a été trahi par ses propres intellectuels. La religion africaine a été bradée pour un bout de pain mal garni par ses propres fils présumés éclairés, supposés la protéger. Alors que l’Afrique était encore sous occupation européenne, la plupart des intellectuels africains ont mis tous leur talent à aider à pérenniser sa mise sous tutelle.

Le plus illustre d’entre eux s’appelait Léopold Sédar Senghor. Voici ce qu’il conseille en 1945 aux missionnaires catholiques pour dompter son peuple; il cite son mythe, il cite la phrase d’une circulaire écrite un siècle plutôt (1847) par le prêtre Libermann à ses missionnaires envoyés en Afrique : « soyez nègres avec les nègres afin de les gagner à Jésus-Christ ». Cette phrase des plus humiliantes et grotesques se passe de commentaire. Mais Senghor ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Il va ajouter :  » Le rôle du catholicisme est de dégager plus nettement la personne de la famille, Dieu des ancêtres ; (…) Par le Christ, Dieu fait chair, qui empêche ainsi le Catholicisme de tomber dans l’abstraction formaliste. M. Griaule me dira que je parle en croyant et il n’aura pas tort. » Alléluia. En d’autres termes, pour Senghor, l’individualisme et l’égoïsme européens doivent remplacer la solidarité et la générosité africaine, doivent se substituer à la « famille africaine » qu’il juge comme une abstraction formaliste, c’est-à-dire une illusion, une utopie entretenue par la tradition, par le conformisme. Pour lui, un frère doit être un vrai frère biologique, un cousin doit être un vrai fils biologique de l’oncle direct ou de la tante et non cette « abstraction formaliste » africaine qu’il déteste.

Mais le plus grave c’est ce qui suit « dégager Dieu des Ancêtres » surtout lorsqu’on le met en relation avec la citation  précédente de Libermann « être nègre avec les nègres ». Senghor est un homme très intelligent. Il réussit là où les missionnaires avaient toujours échoué : en prônant de dégager le Dieu chrétien des ancêtres, son idée est de faire émerger cette figure monothéiste pour remplacer en tout et pour tout, la religion des africains par celle des Européens. Il sait très bien que pour les Africains, il n’y a pas de Dieu. Les ancêtres sont leurs divinités, sont leurs Dieux. et c’est à eux qu’ils vouent leur culte. Offrir un Dieu aux Africains c’est déchoir leurs ancêtres de leur position de divinité. C’est couper la relation fusionnelle qui lie un africain avec son mort; C’est le tuer, puisqu’il cesse désormais d’être lui-même. Les Africains cessent d’être eux-mêmes sans savoir exactement ce qu’ils sont devenus. La seule chose certaine est qu’ils sont devenus dès lors très vulnérables parce qu’ils doivent attendre que le nouveau maître leur explique ce qu’ils sont, ce qu’ils seront.

C’est ce rôle que d’aucuns qualifient de « traitre », d’autres de « bon nègre », d’autres encore de « suppôt colonial », ou même de « sous-préfet de la France », que la très grande majorité d’intellectuels africains a décidé d’adopter, vue la très forte récompense que Senghor a obtenu en son temps : Président de la République. L’épilogue de la crise ivoirienne en 2011 n’est pas là pour les démentir. Ce qui fait froid dans le dos c’est d’imaginer qu’à la même époque plusieurs intellectuels africains s’étaient retrouvés à Dakar au Sénégal pour étudier comme le Docteur Félix Moumié du Cameroun de 1945 à 1947 et très probablement communiquaient avec leur frère aîné Senghor (député du Sénégal à l’Assemblée Nationale Française) sur les voies et moyens pour obliger la France à reconnaître l’indépendance des pays africains. On connait la fin de l’histoire : assassinat de ces africains trop idéalistes peut-être trop naïfs de simplement rêver d’une Afrique libre. (Dr. Moumié meurt, empoisonné par la France à l’âge de 35 ans).

Les intellectuels qui sont ceux qui partout dessinent l’architecture et l’agencement des croyances religieuses en écrivant par exemple des livres saints devant servir de référence aux croyants, en Afrique, ont démissionné de leurs responsabilités. Ce sont eux les premiers qui se sont engouffrés dans les offres religieuses élaborées par leurs collègues des autres continents.

Ces déserteurs d’un nouveau genre, souvent très instruits ont laissé derrière eux un champ de ruine à la merci des idées venues d’ailleurs, des croyances importées et qui se battent férocement pour avoir ce territoire abandonné, d’où les violences islamistes et chrétiennes de noël 2011 et les jours suivants au Nigéria.

B- RELIGION ET SOUVERAINETÉ : LE CAS DU JAPON

Peut-on être réellement indépendant en adoptant des religions imposées avec de la violence et accompagnée par de la soumission et l’esclavage ? Le Japon, a érigé la religion d’origine africaine du culte des morts, au rang de religion d’état en 1868, les prêtres shintoïstes payés par l’état, chaque habitant devant s’inscrire comme membre d’un sanctuaire non loin de son domicile. Tout ceci a limité fortement l’installation du christianisme au Japon.

Au 5ème siècle de notre ère, les Japonais sont culturellement très complexés par rapport à leurs voisins Chinois qui ont une religion très forte et structurée : le Confucianisme depuis déjà plus de 8 siècles alors que les Japonais pratiquent encore la religion d’origine africaine non structurée. Chaque village japonais pratique le culte des morts, sans qu’il y ait une synergie entre eux, avec des rites très différents. Pour éviter que le peuple japonais se convertisse en masse dans cette nouvelle religion venue d’ailleurs, les intellectuels japonais se réunissent et posent très clairement la question : « peut-on se développer et devenir un pays fort et puissant en cédant sur l’essentiel, sur la spiritualité venue d’ailleurs? peut-on se dire patriote et avoir honte des pratiques religieuses de ses propres ancêtres ? La réponse à ces deux questions est NON. Mais comment faire ? Le peuple a besoin de croire et est toujours plus naïvement séduit par l’offre toujours alléchante venue d’ailleurs. La réponse est toute trouvée : regrouper et harmoniser le culte des ancêtres des différents villages, pour ne plus laisser à chaque communauté de continuer seul et sans orientation dans une jungle religieuse où elles sont une proie trop facile pour les lucioles des croyances importées. C’est cette harmonisation qui prend le nom de Shintoïsme. Le mont Fuji est désigné et devient sur le plan national, le mont sacré de référence pour la nouvelle religion. Au 21ème siècle, les Japonais de Tokyo sont même allés plus loin dans leur pratique religieuse, en dédiant une chambre entière dans leurs maisons pour ceux qui en ont les moyens, au culte des ancêtres à qui on fait des offrandes, de la viande, de l’eau, du pain. Le Japonais dialogue au quotidien avec son mort, avec ses ancêtres. La conséquence est qu’il est en paix avec lui-même et avec les autres. Le pays est la troisième puissance du monde sans la grande violence, qu’on retrouve dans les pays occidentaux.

C- ET L’AFRIQUE ?

Le christianisme et l’Islam sont des religions introduites en Afrique avec la violence. La religion africaine a démontré d’être une religion de la paix, son fondement est l’harmonie entre les membres de la société. C’est une religion de dialogue et de pardon. C’est ce qui explique que malgré les torts causé par les Européens aux autochtones d’Amérique, aux Africains, aux autochtones d’Australie ou de Papouasie, aucun de ces peuples n’a jamais développé le moindre sentiment de vengeance et même pas de haine à long terme. La religion africaine ne professe pas l’éthique, elle est éthique et morale. ses adeptes, convaincus qu’ils deviennent des divinités après la mort, prennent de la hauteur dans leurs comportements au quotidien.

La jeunesse africaine doit se préparer à reprendre son destin en main, parce que leurs aînés ont lamentablement failli même là où on n’avait pas besoin de cerveau pour avancer : la religion.

Pour éviter les scénarios de terrorisme chrétien et musulman sur le sol africain, il existe une seule solution durable, à mon humble avis, l’Afrique doit débuter sa déconstruction des vérités venues d’ailleurs sans aucune prise sur son environnement, et cesser d’avoir honte de ses croyances ancestrales, se livrant de temps en temps en cachette à des pratiques grotesques qu’il croit être la religion africaine, mais qui au font, ne sont plus que la caricature de l’original. Les gouvernements doivent avoir le courage de mettre les spécialistes au travail pour reformuler en l’adaptant au contexte moderne notre propre religion.

D- LA RELIGION AFRICAIN EST-ELLE RÉTROGRADE ?

La religion est plutôt en avance par rapport aux religions monothéistes, telle l’islam et le christianisme parce qu’elle a réussi
à exorciser complètement la peur de la mort. Le fait que les morts deviennent une divinité permet une sorte de régulation des débordements possibles, garantissant ainsi la sécurité et la sérénité de la communauté. Car chacun est porté à s’auto réguler et éviter la radicalisation dès lors qu’il sait que son père, sa mère, son grand-père etc. doit devenir très bientôt une divinité. Les bombes des chrétiens et des musulmans deviennent une inutilité et une probabilité nulle dès lors qu’on sait que celui qu’on fera passer de la vie à la mort deviendra une divinité capable de nous punir sur nos actions mauvaises, ou alors de nous protéger de tous les maux, que nous récitons et promettons dans nos recueillements de ne jamais les commettre. En d’autres termes, dans la religion africaine, le croyant ne peut pas demander la protection d’un mal qu’il a pu commettre, ce qui le décourage d’emblée d’y recourir comme raccourci pour résoudre ses problèmes. Ceci contraste avec l’Islam et le christianisme qui au contraire promettent à ceux qui commettent du mal aux autres une impunité totale, basée sur le pardon inconditionnel, il suffit de quelques prières et le mal est lavé. On peut donc recommencer son forfait.

La religion qui à priori est une question anodine et intime, est pourtant décisive pour l’affirmation des peuples. La Pape Jean-Paul II s’était battu afin que le christianisme soit inscrit dans le traité européen comme le fondement de l’identité culturel européenne. On ne peut que lui donner raison, puisqu’il rendait ainsi hommage aux croyances de ses ancêtres et le revendiquait. La vraie question était plutôt de savoir quelle place dans cette identité culturelle de l’Europe les Africains chrétiens y trouvaient-ils ? La honte qu’ont certains africains de leurs ancêtres a transformé ce qui reste de leurs croyances en folklore pour charlatans à la recherche de quelques âmes naïves à arnaquer avec des prétendues révélations tout aussi bidon sur l’avenir. Les Etats doivent reprendre la main en Afrique pour fixer la ligne rouge marquant la différence entre les effets bénéfiques de la mythologie religieuse de nos ancêtres et la course au fric qui envahit toutes les couches de la société africaine dite traditionnelle avec la prétendue sorcellerie dans toutes les sauces et les injustes accusations des ennemis choisis pour porter le chapeau sur tout malheur qui peut subvenir.

E- EN AFRIQUE COMME AU JAPON

Comme exprimé plus haut, le Shintoïsme Japonais est une des variantes de la religion africaine La différence entre le Japon et l’Afrique est que la bas, les intellectuels n’ont pas eu honte de leurs croyances. C’est un rapport, un dialogue direct avec son mort que rien ne peut remplacer. Le japonais prend sa sérénité de son mort à qui il voue un culte quotidien, avec qui il dialogue et se sent en paix d’abord avec lui-même et ensuite avec la société entière. c’est le même scénario que nous retrouvons dans la plupart des villages africains où la chambre des morts est remplacée par la foret sacrée, par l’arbre sacré en dessous duquel les sacrifices sont déposés, de l’huile de palme versée à même le sol ou de morceau de viande de chèvre que les fourmis en feront un vrai festin.

F- QUELLE RELIGION AFRICAINE AU 21ème SIÈCLE ?

Au moment où on assiste à la plus forte urbanisation de l’Afrique, avec des villages qui sont en passe de devenir des villes, les états africains devraient se concerter pour harmoniser l’offre religieuse africaine, avec la création dans toutes les villes africaines, d’une sorte de jardin botanique d’un genre nouveau, devant servir au recueillement et aux sacrifices que les croyants africains et les convertis d’autres continents pourront venir trouver un moment de paix en écoutant bruit des oiseaux ou tout simplement le ruissèlement de la rivière artificielle si importante dans les croyances africaines comme instrument de purification.

Si au contraire rien n’est fait, le désarrois religieux des populations africaines continuera à créer cette espèce de no man’s land, la terre de personne, une sorte de supermarché des âmes où tous les chacals du monde viendront à la chasse de leurs proies pour alimenter d’abord leurs caisses et leurs gloires avec des conséquences souvent fâcheuses entre les prédateurs comme les événements tristes de Abuja au Nigéria le jour de noël et les jours suivants pour la vengeance.

L’Afrique n’a rien à voir dans des batailles de conquête et de positionnement des religions importées. Sans la religion de nos ancêtres, le nomadisme spirituel dans lequel vivent les Africains depuis trop longtemps sera toujours un élément de déséquilibre sociétal et de déchéance culturelle. Plus l’état cède sa place aux religions importées qu’elle ne peut pas maîtriser et plus il descend en enfer pour la gestion courante de la vie de ses citoyens.

G- QUELLE MODELE DE SOCIÉTÉ POUR UNE AFRIQUE BIENTÔT PROSPÈRE

L’Afrique deviendra dans les prochaines années une des principales puissances économiques du monde. La religion que nous adopterons formatera la société dans laquelle nous voulons vivre. Les deux principales religions importées ont des choses en commun, contraires à nos intérêts :

– le fatalisme : les africains qui ont subit le travail forcé ont tendance à associer au travail l’explication de punition, de soumission. Si une religion peut le consoler en attribuant toutes les causes à un dieu. Il n’en reste pas moins que notre priorité est de mettre les personnes au travail, c’est d’amener les jeunes à aimer le travail. C’est d’encourager les jeunes à créer le travail afin d’être maîtres de leurs destins. Pour l’Afrique, le fatalisme de ces deux religion est plutôt nocif.

– triomphe de l’individu sur la société, sur la communauté. La richesse la plus insolente du monde peut côtoyer la misère la plus criante sans gêner personne à New-York ou à Dubai. La pauvreté est même vantée comme une vertu. Ainsi, Dieu ne préfère-t-il pas les pauvres aux riches ? Dans tous les cas, ces deux religions ont besoin qu’il y ait des pauvres afin que le riche puisse avoir l’opportunité de laver sa conscience en donnant quelques miettes. Notre objectif en Afrique est de fuir la pauvreté à vitesse grand V.

– Manque de patriotisme : Les dettes de l’état japonais sont totalement absorbées par les entreprises japonaises qui dans le
Shintoïsme, évite que ce soit quelqu’un en dehors du groupe à venir résoudre les problèmes financiers de leur état, au moment où en Occident, ce sont des individus qui spéculent sur le chute de leur gouvernement, qui parient sur leur déclin à eux tous. Le jour où ils ont compris qu’ils pouvaient gagner quelques dollars en plus en déplaçant les usines vers la Chine, ils se sont tous précipités à fermer les entreprises en Occident sans se préoccuper des dommages que cela pouvait créer à la société qui leur avait donné tant de chance et de fortune. Le plus ridicule est que mêmes les Etats s’y sont mis. On a ainsi vu l’Etat Français actionnaire dans une grande compagnie, délocaliser les parties administratives et comptables vers l’Inde en mettant au chômage des centaines de ménages de Français.

Est-ce le genre de modèle de développement que nous voulons pour l’Afrique ? Je ne pense pas. Nous devons revenir au culte de nos ancêtres afin de retrouver cette solidarité ancestrale qui a fait notre force et garanti l’équilibre de notre société même durant les dures périodes de l’oppression et de l’humiliation de l’occupation européenne. La prospérité du continent africain ne sera effective et stable que si elle impliquera tout le monde, comme tout un village.
Arrêtons de singer des modèles de développement que nous ne maitrisons pas et surtout, des modèles que même celui qui nous l’a apporté ne le maitrise pas lui-même, vue la crise profonde dans laquelle lui-même se trouve, afin de réinventer notre propre modèle de développement humain en partant de nos villages, en commençant par faire de nos campagnes le premier cercle de production et de distribution de la richesse. Nos villes ne pourront que suivre la vague ainsi créée et maîtrisée.

Si nous ne revenons pas à nos fondamentaux, le déséquilibre entre l’économie florissante et une poche de miséreux sera inévitable. L’individualisme et l’égoïsme des religions monothéistes dans lesquelles personne n’a de compte à rendre à personne d’autre qu’à Dieu ont fabriqué le Dieu Argent.

H- CONCLUSION

Les Africains qui vivent en Europe ont entendu au moins une fois cette phrase « tu n’es pas comme les autres, tu es plus intelligent » La plupart de ceux qui sont chrétiens ou musulmans réagissent comment ? Ils se sentent flattés. Ils se sentent élus et très souvent, ils en rajoutent. Par contre ceux qui pratiquent le culte des morts réagissent par l’indignation. Parce que ces autres jugés peu-intelligents c’est une partie de nous-mêmes, c’est nous mêmes qu’on insulte. car selon nos croyances, nous ne sommes rien dans notre groupe, nous avons beau exceller dans le monde entier, mais tant que notre peuple est piétiné, c’est nous-mêmes qui sommes piétinés. Les prisons européennes sont pleines à craquer d’Africains qui ont commis un seul tort, celui dit de « l’immigration clandestine » et les autres africains qui sont en règle ou qui ont la nationalité dans ces pays sont convaincus que cela ne les regarde pas. Erreur. Nous devons à chaque fois faire un retour aux sources dans nos propres racines, dans nos propres traditions et croyances pour chercher à interpréter tout ce qui nous arrive. On comprendrait alors très vite que ces sans-papiers incarcérés sont une partie de nous-mêmes. Qui sommes-nous ? Nous sommes ce qu’est notre famille. Nous sommes ce qu’est notre pays. Nous sommes ce qu’est notre continent. S’il est pauvre, c’est nous qui sommes pauvres. S’il est humilié, c’est nous tous qui le sommes.

Lorsqu’on trahit la mémoire de ses ancêtres on peut tout trahir. Lorsqu’on trahit ses propres morts on ne peut reculer devant rien pour ses intérêts personnels. Ceux qui ont honte de nos ancêtres sont une indication de ceux sur qui nous ne pouvons baser l’espoir de la renaissance africaine. L’Afrique fera bientôt partie de ceux qui comptent dans le monde. Se présentera-t-il à ce rendez-vous en revendiquant fièrement son authenticité ou en singeant les autres? Les langues africaines feront-elles partie de cette fierté ? Mais existera-t-il une Afrique digne sans sa religion ?

03/01/2012

Jean-Paul Pougala

 

http://www.pougala.org

15.1.2013

Affaire Firmin Mahé : « permis de tuer » pour l’armée française en Afrique

Filed under: Contributions - apports,COTE D'IVOIRE — kel @ 14:12

 

L’association Survie s’indigne de la décision du ministère public de ne pas faire appel du verdict rendu dans le procès de l’affaire du meurtre de Firmin Mahé. Les peines avec sursis prononcées contre les militaire français jugés coupables de ce crime de guerre commis en Côte d’Ivoire sont en effet insignifiantes. Mais surtout, les responsabilités au sommet, tant militaires que politiques, ont été honteusement escamotées. Signe que les interventions de l’armée française en Afrique demeurent au-dessus de tout contrôle.

Le 13 mai 2005 en Côte d’Ivoire, des soldats de l’opération française Licorne étouffaient un Ivoirien au moyen d’un sac poubelle. Firmin Mahé était le chef présumé d’une bande armée, accusée de crimes dans la zone de confiance qui séparait le sud du pays, contrôlé par le gouvernement, et le nord, occupé par la rébellion. Suite aux accords de Linas-Marcoussis et aux résolutions de l’ONU, les casques bleus, fortement épaulés par les militaires français, y étaient en charge de la sécurité.

C’est dans cette zone « de confiance » en fait zone de non-droit, où a explosé la criminalité [1] que nos militaires se sont affranchis des règles. Emploi d’indics ivoiriens sous uniforme français [2] ! Passages à tabac et traitements dégradants [3] !, Exhortation du colonel Burgaud pour « buter » un criminel pour l’exemple [4] ! Et donc exécution extra-judiciaire pour Firmin Mahé. Rappelons aussi que, dans la même région, des soldats de Licorne avaient braqué une banque [5] !

Vendredi 7 décembre 2012, la Cour d’assises a déclaré coupables trois des quatre militaires jugés dans cette affaire. Après deux semaines d’audiences, ces militaires ont été adroitement décrits comme les véritables victimes de cette affaire – victimes d’un mandat onusien irréaliste, victimes de casques bleus incompétents, victimes d’ordres illégaux, victimes d’une institution qui dresse des hommes à abandonner tout jugement – ces auteurs d’un crime de guerre caractérisé ont été condamnés à seulement un an à cinq ans de prison avec sursis. Dès le mardi 11 décembre, le Parquet a déclaré qu’il ne ferait pas appel de cette décision, avalisant ainsi une forme de « permis de tuer » pour les militaires français en Afrique : vous avez le droit à un assassinat, mais pas à deux. Si le jugement prononcé était juste, ce même jugement devrait en effet être prononcé de nouveau à l’avenir contre tout autre militaire qui, face à une situation complexe, se rendrait coupable d’exécution extra-judiciaire sur un prisonnier criminel. Le jugement actuel crée ainsi une jurisprudence dangereuse.

Par ailleurs, de bout en bout, la gestion de la crise ivoirienne est française. Les résolutions de l’ONU, qui donnent mandat à la force Licorne, ont toutes été écrites par la délégation française. Les accords de Linas-Marcoussis, qui ont instauré la zone de confiance et sur lesquels s’appuyait l’ONU, ont été imposés depuis Paris. Les missions sous casques bleus sont pilotées depuis New-York par les diplomates, immuablement français, qui dirigent le département des opérations de maintien de la paix.

On sait d’ailleurs que les méthodes expéditives de l’armée française en Afrique, particulièrement en Côte d’Ivoire, ne s’arrêtent pas à l’affaire Mahé. En d’autres circonstances, un chasseur alpin dira « des affaires Firmin Mahé, mettant en cause des officiers supérieurs, j’en ai vu plusieurs pendant que j’étais en Côte-d’Ivoire. » [6]

Si, au contraire d’affaires similaires, l’élimination de Firmin Mahé a eu des conséquences judiciaires, c’est très probablement à cause de l’épisode dramatique qui l’a précédé en novembre 2004 et qui oppose deux acteurs majeurs de l’époque : la ministre de la Défense Alliot-Marie et le commandant de la Force Licorne à l’époque, le général Henri Poncet. Il s’agit du bombardement de Bouaké, dans lequel neuf soldats français ont été tués et qui a précédé de sanglantes représailles de l’armée française sur les civils Ivoiriens. Après la plainte des familles des soldats français victimes de ce bombardement, les partitions jouées par le général Poncet et par Michèle Alliot-Marie ne s’accordent guère. Devant la juge du Tribunal aux Armées de Paris, le général évoque une « bavure manipulée » [7] destinée à justifier le renversement du président Gbagbo. Pour le contrer, l’ex-ministre exploite médiatiquement l’affaire Mahé. Tandis qu’en 2010, à l’issue de l’instruction, le Tribunal aux Armées de Paris renvoie aux assises les quatres militaires qui viennent d’être jugés, leur responsable hiérachique, le général Poncet, bénéficie d’un non-lieu. Les audiences du procès ont pourtant révélé l’existence de rapports internes à l’armée sur ce général au « style de commandement très violent, très pousse-au-crime » [8], qui aurait ordonné à l’un de ses colonels, après le bombardement de Bouaké, « je veux des morts ivoiriens » [9] .

Exonération de la haute hiérarchie militaire de ses responsabilités, refus du ministère public de faire appel des peines de sursis prononcées : le précédent créé par cette première affaire en cour d’assises concernant des militaires coupables d’homicide est désastreux. L’association Survie s’indigne d’une telle indulgence pour les exécutants et leur chef, qui n’a pas été inquiété. Cela revient à blanchir officiellement les comportements criminels de l’armée française en Afrique.

[1] Lire « Les gens sont abandonnés à leur sort ». Témoignages recueillis en Côte d’Ivoire : 2003-2006, Médecins sans Frontières Belgique, 2007. Ce rapport n’est plus disponible sur internet mais peut être consulté sur le site de Survie. Parmi les témoignages recueillis, un membre du personnel médical de la ville de Man déclarait en août 2005 : « les victimes de violences, qui se font soigner ici, viennent pour la plupart de l’intérieur de la zone de confiance. Le danger y est omniprésent. Les habitants y sont abandonnés à leur sort. Ils ne peuvent compter sur personne pour assurer leur sécurité. Lorsqu’un vol est commis d’un côté ou de l’autre de la zone de confiance, on appelle la police et c’est fini. Mais qui garantit la sécurité dans cette zone ? Tout le monde peut y faire ce qu’il veut sans risque d’être inquiété car les crimes restent impunis. »

[2] Guy Raugel : « J’avais monté un réseau d’indics qui ne se connaissaient pas pour pouvoir recouper les informations. Ponctuellement, je mettais dans mes patrouilles un indic déguisé en militaire français. » Le Dauphiné Libéré, 27 novembre 2012. Guy Raugel a répété ses propos devant la cour d’assises.

[3] Lire L’armée parmi les accusés au procès des mosquées brûlées, Libération, 07/12/2006. Au sujet d’un ancien caporal chasseur alpin condamné au procès des mosquées brûlées d’Annecy : « À plusieurs reprises, il a participé à la force d’interposition entre rebelles et partisans du président Laurent Gbagbo en Côte-d’Ivoire. Il évoque l’affaire Firmin Mahé, ce jeune Ivoirien tué par des soldats français, et dit : « des affaires Firmin Mahé, mettant en cause des officiers supérieurs, j’en ai vu plusieurs pendant que j’étais en Côte-d’Ivoire. » Il raconte que lorsqu’ils attrapaient un rebelle, ils « le ligotaient et le sergent lui mettait un coup dans la gueule, puis c’était chacun son tour, et on le faisait sinon on était traités de pédés ». David Métaxas, avocat de la Licra, lui demande alors combien de fois c’est arrivé. Il soupire, ne sait pas, suggère qu’il a vu pire mais ne peut pas le dire. Puis rapporte cette anecdote : pour l’un de ses anniversaires, un lieutenant lui aurait dit : « joyeux anniversaire caporal. Comme cadeau, je t’offre trente Noirs pour construire un bunker. » La cour ne comprend pas, lui demande d’être plus clair. Il explique alors qu’il s’agissait d’un jeu fréquent. Des « esclaves » à qui l’on faisait construire des « postes de combat avancés » dont l’armée n’avait pas besoin. »

[4] Le colonel Burgaud a dit à ses hommes : « Il faut en buter un. Tant qu’on n’en aura pas tué un, le problème ne sera pas réglé. » À la barre, il a expliqué qu’il s’agissait en fait de « faire un flagrant délit ».

[5] C’est l’affaire de la BCEAO : 12 soldats de la force Licorne ont été condamné à de la prison ferme pour avoir pillé la banque qu’ils étaient censés garder.

[6] Cf. supra, L’armée parmi les accusés au procès des mosquées brûlées, Libération, 07/12/2006.

[7] Lire Le bombardement de Bouaké, une « bavure manipulée » ? Mediapart, 06/11/2011.

[8] Témoignage du général de Malaussène devant la cour d’assises, le 4 décembre 2012.

[9] Le colonel dont il s’agit, Luc de Revel, est aujourd’hui sous-directeur de l’Afrique subsaharienne pour la coopération militaire au Ministère des affaires étrangères. Son témoignage, qui figure dans le dossier Mahé (Mediapart, 06/11/2011), a été rappelé devant la cour d’assises par le général de Malaussène.

9.1.2013

*** RAPPEL *** Livre à la vente : « Le franc CFA et l’Euro contre l’Afrique » du Pr Nicolas Agbohou…pour tout connaître des mécanismes de cette monnaie qui n’appartient pas aux Africains!

Filed under: FRANC-CFA,Livres à la vente — kel @ 10:43

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 Vous pouvez commandez le livre du Professeur N.Agbohou sur :

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*** Faites tourner faites circuler l’information ! ***

Pour Jean ZIEGLER,
écrivain et Professeur à l’Université de Genève en Suisse :

 » Nicolas AGBOHOU a écrit un livre de révolte, intelligent et puissant. Livre d’économiste d’abord. En homme de science, érudit et précis. L’auteur démontre le mécanisme de la répression monétaire des anciennes colonies de la France. Le maintien du Franc CFA, en d’autres termes : la camisole de force des pays africains enserrés dans la zone franc, est pour lui la première cause de la persistante misère, de l’humiliation permanente, du sous-développement devenu réalité minérale des pays d’Afrique francophone…

Nicolas AGBOHOU défend sa thèse avec un langage vif, tranché et une foule d’arguments logiques et d’énoncés pertinents. Il est le contraire de ces scientifiques désincarnés et mornes qui, usant de leur érudition, énoncent des évidences, puis éteignent la lumière et sortent du champ de bataille. AGBOHOU est Africain, passionnément. C’est un patriote continental. Un homme en révolte. Bref : un intellectuel engagé au service des luttes populaires et des lumières à venir. »

 

 La globalisation des marchés financiers, pour Pr. Agbohou, est un fait. Rien ne sert de nier l’esclavage contemporain de l’Afrique. Les oligarchies politiques, raciales, religieuses commerciales, financières et bancaires règnent sur le monde. Elles ont fait un monde à leur image et tant pis pour les victimes. L’oligarchie dispose du destin de la multitude. La masse anonyme des victimes subit, impuissante, sa propre agonie. Rien ne justifie l’inégalité vécue des êtres, sinon la brutale imbécillité d’une stratification sociale préexistant à leur naissance, sinon les idéologies discriminatoires, sinon les privilèges défendus avec violence.

AGBOHOU appelle donc à la renaissance, à la revitalisation des mé moires, à l’insurrection des consciences. Quelles humiliations ne subissent-ils pas, les Africaines et Africains de cette fin de millénaire ! Le beau livre d’AGBOHOU en appelle au règne de la souveraineté populaire, de la loi, du rétablissement de l’homme dans son incompressible dignité de sujet unique de l’histoire. Ce livre est nécessaire. Il faut le diffuser largement et le lire avec attention.

M. AGBOHOU Nicolas, natif du village de Todiognoa dans la région de Gagnoa (Côte d’Ivoire) est titulaire de la Maîtrise d’Economie appliquée, du D.E.S.s. de Gestion de Paris l Sorponne et du Doctorat en Science Politique. Précédemment professeur de gestion à l’Institut National Polytechnique de Yamoussoukro (Côte d’Ivoire), M. AGBOHOU est actuellement professeur associé à l’Institut Cheikh Anta DIOP de l’Université du Gabon. Il enseigne les Sciences et Techniques économiques en France.

> Selon Grégoire BIYOGO,
écrivain, Professeur à l’Université de Créteil (France)
et Directeur de l’Institut Cheikh Anta DIOP de Libreville (Gabon) :

 » L’ouvrage de Nicolas AGBOHOU, le Franc CFA et l’Euro contre l’Afrique, est une contribution importante du point de vue des sciences économiques et politiques et des recherches actuelles sur le filiationnisme égypto-nubien et l’Afrique Noire.

La thèse centrale ici est que les institutions et les règles de fonctionnement de la zone franc comme la monnaie unique européenne qui naît —l’Euro- ne profitent pas à l’Afrique. Mais qu’elles comportent des contraintes énormes, dont la finalité est de maintenir le continent africain dans la dépendance économique et politique. Sans doute cette thèse avait-elle été soutenue naguère par des éminents économistes d’Afrique. Cependant, jamais elle n’avait été aussi clairement et aussi complètement développée, non sans du reste fournir une série d’analyses et de matériaux techniques, enrichis par des tableaux dont les chiffres confirment les thèses de l’économiste… Celles-ci vont certainement entraîner des révisions déchirantes et des reniements nécessaires. Un ouvrage courageux, lucide et tonique ! « 

 

8.1.2013

Takieddine Balance: Sarko & Les 400 MLS d’€ de Khadafi, la Guerre en Libye, le Rôle du Qatar

Filed under: Uncategorized — kel @ 16:05

27.12.2012

Déploiement de bases militaires américaines sur le continent africain

Filed under: Uncategorized — admin @ 12:48

 

 

US deploying troops to 35 African countries

 

 

 

U.S. Marines arrive with equipment at the United States embassy in Monrovia, Liberia (Reuters / Luc Gnago)

U.S. Marines arrive with equipment at the United States embassy in Monrovia, Liberia (Reuters / Luc Gnago) The United States Army will be deploying troops to nearly three-dozen African nations in the coming year.

 

Soldiers based out of Fort Riley, Kansas’ 2nd Brigade, 1st Infantry Division will begin training in March 2013 in order to prepare for a project that will send troops to as many as 35 African nations, the Associated Press reports. Citing a growing threat from extremist groups, including those with ties to al-Qaeda, the Department of Defense is hoping to install American soldiers overseas in order to prepare local troops there for any future crises as tensions escalate.

Earlier this month, DoD sources with insider knowledge told the Washington Post that US troops will soon be en route to the nation of Mali in order to thwart the emerging threat of Islamic extremists, including al-Qaeda aligned insurgents. With the latest news from the Pentagon, though, Mali will be just one of many African nations hosting US troops in the coming year. According to the AP’s update this week, soldiers will be sent overseas in the new year to assist only with training and equipping efforts, and are not necessarily permitted to participate in military operations. Should the Pentagon ask the troops to engage in battle, however, the secretary of defense could sign off on an order that would allow as much.

« If they want them for (military) operations, the brigade is our first sourcing solution because they’re prepared, » Gen. David Rodriguez, the head of U.S. Army Forces Command, tells the AP. « But that has to go back to the secretary of defense to get an execute order. » Additionally, the AP says that US troops will head specifically to Libya, Sudan, Algeria and Niger in order to prepare for any advances from al-Qaeda linked groups.

Americans will also train and equip forces in Kenya and Somalia, reportedly, in order to stand up to al-Shabab militants. Despite the troops being deployed to more than half of the countries in Africa, though, the AP reports that Uncle Sam will try to avoid giving the impression that the United States is leaving a substantial footprint across the continent.

« The challenge we have is to always understand the system in their country, » explains Rodriguez. « We’re not there to show them our system, we’re there to make their system work. Here is what their army looks like, and here is what we need to prepare them to do. » Sources speaking with the AP say that the United States has already prepared nearly 100 different exercises and training programs to conduct with African troops during the coming year.

………………………..

Pentagon prepares military operation in Mali

 

 

 

AFP Photo /  Robert Nickelsberg

AFP Photo / Robert Nickelsberg

It’s only December, but it looks like the Pentagon has all planned out how they’ll spend a good part of 2013. US officials now claim that the Defense Department is busy preparing a military operation in the nation of Mali.

United States officials with knowledge of the matter tell the Washington Post that the Department of Defense and the US State Department will assist next year in a mission to overthrow Islamic extremists with ties to al-Qaeda who took under control a significant part of Mali, a small West African country that is still picking itself up after a coup this past March. Earlier this year, military officers displaced the administration of then-President Amandou Toumani Toure, claiming that he was reluctant in addressing the extremist issue himself. However since then the military junta failed to improve security in the country and retake control of the northern part of Mali captured by the Islamists.Now the US is claiming that it’s ready to help the military rulers, even though it may be a clear violation of American laws: the Pentagon cannot assist first-hand with people responsible for ousting a democratically elected leader. That doesn’t mean, however, that Washington won’t find a way to send support overseas.

According to testimonies from officials speaking to the Post, both the Pentagon and State Department will assist opposition to the terrorists by training, equipping and transporting troops to tackle what Sen. Christopher A. Coons (D-Delaware) has called “the largest territory controlled by Islamic extremists in the world.” Speaking on the record, though, the Pentagon’s deputy assistant secretary for Africa tells the paper that US influence might not end there.

“There’s plenty of other forms of information and intelligence that are circulating that give us enough insight for planning purposes,” the Defense Department’s Amanda J. Dory tells the Post this week. According to the paper, Dory also floated the possibility of US warplanes being deployed to North Arica to provide troops there with aerial protection. “We definitely don’t know how that would work out,” Dory says. In advance of next year’s expected war, the State Department and the Treasury announced this week that they have blacklisted two Mali extremist groups, the Movement for Unity and Jihad in West Africa, as terrorists officially in the eyes of Uncle Sam. The Associated Press reports that doing such will make any of those groups’ members ineligible to receive assistance from the US or conduct business, the start of crippling sanctions expected to continue until eventual military intervention.

Meanwhile, though, the wheels are indeed in motion in terms of starting to send US support towards Mali. On Wednesday, Johnnie Carson, assistant secretary for African Affairs under US President Barack Obama, said « We have sent military planners to [the Economic Community of West African States] to assist with the continued development and refinement of the plans for international intervention.” Carson acknowledged that US assistance will be needed in order to overthrow al-Qaeda in Islamic Maghreb, or AQIM, but added, “it must be African-led; it must be Malian-led.”

Testifying to Congress, Rep. Dory adds that AQIM and its affiliates “took over administration of northern cities and began imposing a harsh version of Sharia law” in Mali. “This expanded safe haven and control of territory allows al-Qaeda and affiliates to recruit supporters more easily and to export extremism. »

20.12.2012

REPORTAGES COMPLET – Special investigation – Gaz et pétrole guerres secrètes

Filed under: Résistance africaine — admin @ 21:56

3.12.2012

Leçon de Jean-Paul Pougala

Filed under: Résistance africaine — admin @ 22:52

 Après la brutalité avec laquelle l’armée française s’est introduite à la Présidence de la République Ivoirienne et séquestré son Président en 2011, après l’assassinat du Guide Libyen par les services secrets français (selon le CNT) et une guerre qui en 7 mois a vu la mort de 130 000 Libyens due aux bombardements de l’OTAN, plusieurs voix se sont levées en Afrique pour demander un armement conséquent du continent africain, jusqu’à la nécessité de la bombe atomique.  A mon avis, ce n’est pas la bonne solution. Je ne crois pas que c’est parce que l’Iran est en phase de terminer la possession d’une bombe atomique que ce pays ne fait pas l’objet d’une attaque de l’Occident ou d’Israël. Mais c’est parce que le sens NATIONALISTE est très poussé chez les Iraniens, depuis l’Ayatollah Khomeiny, un opposant formé en France et transporté dans un avion français pour prendre le pouvoir en Iran contre le méchant désigné du moment, le Shah d’Iran. Mais une fois au pouvoir, il retourne sa veste et mène une guerre acharnée contre ses amis d’avant qui l’ont porté au pouvoir, jusqu’à la triste aventure de la séquestration des diplomates de l’ambassade américaine. Depuis lors, l’Occident a tout simplement appris à respecter l’Iran qui est devenue entretemps une véritable puissance industrielle, avant même d’être une puissance militaire. En Afrique,  les dirigeants nourrissent un tel complexe d’infériorité par rapport à l’Occident que je ne vois pas un d’eux suffisamment courageux pour défier les USA comme l’a fait l’Ayatollah Khomeiny. Et ceux qui parlent de bombe atomique africaine sont les premiers qui vendraient le continent en cas de besoin, d’abord parce que pour la plupart, l’essentiel de leur revenu leur provient de l’Occident, c’est-à-dire qu’au moment où ils invoquent une bombe atomique africaine, pour disent-ils défier l’occident, ils sont au service de l’Occident, ils servent l’Occident, ils ont fait le choix de servir les intérêts de l’Occident, ce qui me pose un sérieux doute quant à leur crédibilité pour des sujets aussi sensibles que celui de la défense du continent africain.  Ensuite, comment peut-on se préoccuper de devenir une puissance militaire sans au préalable devenir une puissance industrielle ? Cela équivaudrait à dire qu’on importerait tout, même les ingénieurs devant travailler dans la centrale, c’est-à-dire, faire venir justement celui qu’on prétend combattre, ce qui est pour le moins curieux, sinon bizarre.  Dans les lignes qui suivent, nous allons voir comment au XXIème siècle tout a changé, même la défense d’un pays ou d’un continent. 

A-   CHANGEMENT DE SIECLE ? CHANGEMENT DES POSTULATS 

Lorsqu’au XXème siècle le Prix Nobel de la paix fut créé, la paix et la guerre avaient une signification qu’elles n’ont plus au XXIème siècle, parce que la physionomie du type d’ennemis a changé, parce que les armes pour combattre dans une guerre ont changé et parce que le terrain même de guerre a changé. Jusqu’à la fin du XXème siècle, l’ennemi était un état, un groupe de rebelles, un groupe de pays hostiles. Aujourd’hui, l’ennemi est une entreprise qui fait perdre les emplois, le pouvoir d’achat ou même fait altérer le style de vie. L’ennemi ce sont les pauvres provenant des pays en crise qui peuvent affluer en trop grand nombre vers un certain pays plus vertueux économiquement ou financièrement. Jusqu’au XXème siècle, les armes étaient les missiles, les canons, les sous-marins nucléaires, les porte-avions avec des chasseurs dits « invisibles ». Aujourd’hui, les armes sont un clavier et un écran d’ordinateur, un réseau informatique. Les armées ne sont plus les soldats, mais des informaticiens, des hackers. Et le terrain de bataille, le Net, Internet. 

B-   LES NOUVEAUX ENNEMIS  

Dimanche 7 Octobre 2012, les lecteurs Suisses de langue allemande ont trouvé à leur kiosque à journaux  habituel  le quotidien de la Suisse alémanique : « Schweizer Zeitung ». Dans cette édition dominicale, on pouvait lire que le gouvernement suisse a mobilisé son armée et les réservistes pour des exercices de grande envergure aux quatre coins du pays, pour se protéger contre des ennemis d’un nouveau genre. C’est quelques lignes plus bas que le lecteur allait découvrir que ces dangereux ennemis du plus riche pays européen n’étaient rien d’autre que la masse de pauvres que l’Europe ultralibérale fabrique tous les jours. L’armée avait été mise en état d’alerte maximale, pour une guerre qui se préparait aux portes du pays. On le savait déjà que la Suisse était le pays le plus militarisé du monde. Chaque suisse est formé (et détient à la maison tout un arsenal militaire), pour protéger le pays en cas d’invasion venant de ses 3 puissants voisins : La France, l’Allemagne et l’Italie. Les Suisses ont toujours été convaincus que vu l’état de délabrement des finances publiques de ses voisins, tôt ou tard ils tenteraient par la force de s’emparer du trésor de guerre que représentent toutes les grandes fortunes détenues dans les banques de la confédération helvétique. C’est pour cette raison que le permis de bâtir n’est concédé que si le dessin de la maison montre clairement un refuge anti-atomique.  

Dimanche 7 octobre 2012, donc, quelque chose s’est passée de bizarre. Ce sont bien deux ministres suisses qui annoncent qu’à cause des plans de rigueur et d’austérité imposés par l’Union européenne à ses pays membres, désormais, l’ennemi avait changé de visage. Et que les suisses ne devaient plus se préparer pour attendre des militaires français, italiens ou allemands, mais pour attendre et se défendre de la nouvelle armée de pauvres qui résultent jour après jour de ces plans. La conviction des autorités suisses étaient  que la menace la plus dangereuse à laquelle la Suisse aura à faire face dans l’avenir sera l’invasion des pauvres venus d’Espagne, du Portugal, de la Grèce et des nouveaux pays de l’Union Européenne comme la Roumanie, la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne…  

C’est à cette nouvelle guerre en Europe, menée par une armée de pauvres, qui cherchent tous le gâteau suisse que se situe le point de départ des tensions européennes des prochaines années. C’est pour se préparer à cette guerre que le ministre suisse de la défense dit avoir mobilisé pour cet exercice : 100 000 soldats, 2 000 officiers et 1600 agents de la police militaire.   

Dans cette interview avec le Ministre de la Défense Ueli Maurer, et du chef d’Eta Major Blattman, l’inquiétude helvète est accentuée sur les décisions hasardeuses de Bruxelles conduisant au recul des droits des citoyens de toute l’Union Européenne, qui créera nécessairement des situations d’instabilité et de conflit généralisé dans toute l’Europe et la conséquente invasion de la Suisse par ses plus pauvres.  

Le ridicule a voulu que seulement 5 jours après cette décision suisse, le comité Nobel a félicité l’Union Européenne d’être un havre de paix et d’avoir cultivé la démocratie et le respect des droits de ses citoyens.  Par ce geste, il démontré tout simplement qu’il est resté avec les idées et les pratiques du XXème siècle et oublie tout des enjeux et les risques du monde d’aujourd’hui. 

A ces ennemis, s’ajoutent les hackers qui peuvent entrer dans les ordinateurs du monde entier et représenter la pire menace que peut connaitre un pays. Si une bombe atomique peut décimer une ville entière, un hacker peut éteindre l’électricité dans 30 à 100  villes en même temps. C’est ce qui est arrivé le 14 Aout 2003 dans le nord-est des USA qui a paralysé pendant 4 jours plusieurs villes canadiennes et américaines et couté la somme de 10 milliards de dollars. Dans le rapport conjointement réalisé par le gouvernement américain et canadien pour comprendre ce qui s’est passé, dans le document de 244 pages (dont la copie est téléchargeable sur le blog : www.pougala.org), il est écrit à la page 84 pour répondre à la question : Comment la panne a-t-elle pu démarrer ce fameux 14 aout 2003 ?  : « Une série de pannes dans le nord de l’Ohio à partir de 15h05 a entraîné des charges importantes sur des circuits parallèles, entraînant la mise hors-circuit et le verrouillage de la ligne à 345 kV Sammis-Star à 16h 5min 57s. C’est cet événement qui a déclenché une cascade d’interruptions de service dans le réseau haute tension. En moins de sept minutes, cette cascade a entraîné des fluctuations électriques et des mises hors circuit d’installations qui ont eu pour effet d’étendre la panne de la région Cleveland-Akron à une grande partie du nord-est des États-Unis et du Canada. À 16h13min, plus de 508 génératrices dans 265 centrales électriques étaient hors service et des dizaines de millions de personnes n’avaient plus d’électricité au Canada et aux États-Unis ». A aucun moment on ne parle d’une attaque externe. Mais cette méga-panne qui a privé selon les chiffres publiés par la chaine de télévision CBS News, 50 millions de Nord-américains d’électricité d’Ottawa à New-York en passant par Toronto et Detroit a montré la fragilité du système électrique nord-américain. 

C’est John Mcclelland, directeur de la sécurité des réseaux électriques américains (FERC) qui nous explique dans une interview sur la chaine de télévision franco-allemande Arte du 3 Octobre 2012 que pour économiser, les opérateurs électriques américains et européens ont préféré mettre le système électrique en réseau, plutôt par internet (moins cher) au lieu de l’intranet, (plus coûteux) comme c’est le cas chez les Chinois et les Russes.  Et selon lui, tous les potentiels ennemis savent que c’est le point faible où toucher la nation en cas de cyber-guerre. 

Le 28 Août, c’était au tour de la ville de Londres à être plongée dans l’obscurité et le blocage de tous les services publics et privés du métro de Londres à la Bourse. Un mois plus tard, c’est-à-dire le 28 septembre 2003, à 3h01 du matin, c’est au tour de l’Italie d’expérimenter un blackout électrique sur tout le pays hormis l’ile de Sardaigne.

 

C-   LES NOUVELLES ARMES POUR LES NOUVELLES GUERRES DU 21ème SIECLE.

 

Le 10 Septembre 2012, le Ministère français de la Défense  a fait une annonce des plus étranges : la DGA/MI, La Direction Générale des armées recrute 200 personnes civiles et militaires spécialisées dans la cyber-défense, des recrues dont la mission principale sera de se transformer en hackers gouvernementaux. Cette annonce faisait suite à la publication à peine 5 jours auparavant dans le journal satirique « Le Canard Enchain頻 du 05/09/2012 des révélations plutôt gênantes pour un pays comme la France qui se vente de faire de la « dissuasion nucléaire » le point d’orgue de sa défense nationale.  Ce jour-là, ils ont tout simplement compris que tout ce baratin ne servait plus à rien, parce qu’au XXIème siècle, la physionomie des ennemis ayant changé, même les armes à utiliser  pour les combattre avaient changé.  Le journal avait tout simplement révélé qu’un internaute Lambda avait tout bonnement tenté de s’infiltrer dans les sites gouvernementaux français et quelle ne fut sa surprise de constater qu’il pouvait aller et venir à l’intérieur même des informations très sensibles stockées dans les serveurs d’ordinateurs d’une demi-douzaine de ministères clé, dont celui de l’économie, mais aussi celui de la défense.  A cause du manque d’ingénieurs et surtout, d’argent, le gouvernement français sous Nicolas Sarkozy avait fait le choix d’éditer les sites gouvernementaux français avec un logiciel gratuit dénommé DUPRAL. Pire, ils avaient oublié de le mettre à jour pour corriger certaines défaillances signalées depuis le mois d’avril 2010. Résultat, on sait aujourd’hui la facilité avec laquelle cet honnête citoyen est arrivé au cœur du pouvoir en France, mais personne ne sais combien d’anonymes sur la demande des pays étrangers  ont pu copier et recopier les disques durs des différents ministères concernés.  On ne sait toujours pas si et combien de logiciels espions ont pu ainsi être logés dans ces serveurs, si et combien de mots de passe des utilisateurs ont pu être copiés par ces malintentionnés. 

Il n’y a pas longtemps, tout le monde était convaincu que dans la guerre conventionnelle, les Américains écraseraient en théorie les Chinois en moins d’une journée. Il a fallu attendre 2009, pour que les Américains comprennent qu’en cas de guerre contre la Chine, c’est eux qui seraient à genoux en une seule journée par la Chine. Cette dernière malgré la propagande de son porte-avions utilisé récemment pour montrer les muscles aux traditionnels ennemis japonais, a tout misé sur la cyber-guerre. Les techniques utilisées par Pékin pour construire sa propre sécurité intérieure prend des formes surprenantes. C’est en avril 2009 que des sources différentes annoncent que la Chine a implanté des virus dans tout le réseau électrique américain fait de 3 interconnexions. En août 2010, c’est l’administration américaine qui a accusé la Chine d’avoir exporté aux USA des ordinateurs avec à l’intérieur des mouchards, dont la plupart utilisés par les entreprises et à tous les niveaux de l’Etat américain. Ce qui a fait dire à la secrétaire d’Etat Hilary Clinton une tiède mise en garde contre la Chine par ces mots qui trahissent l’impuissance de son auteur : « Les Etats-Unis protègeront leurs réseaux. Ceux qui perturbent la Libre circulation des informations menacent notre économie, notre gouvernement et notre société civile. Les pays qui mènent les cyber-attaques subiront des conséquences et des condamnations internationales. » Lesquelles ? Le pire arrive lorsque les plans de l’avion de chasse avec des centaines de milliers de code ont été volés. Et certains codes modifiés. Ce qui signifie qu’en cas de guerre entre les USA et la Chine, l’avion le plus sophistiqué des américains serait le F35. Or à ce jour, la peur des Américains est qu’ils ne sont pas certains si une information communiquée au F35 de détruire une cible chinoise ne rentrera plutôt détruire la base américaine, puisqu’il est impossible de savoir avec précision les codes qui ont été  modifiés par les hackers, à moins de tout recommencer, donc, en perdant tous les investissements déjà faits. 

Dans cette nouvelle forme de guerre, ce qui ne fait pas dormir Washington vient du fait que pour 2013, pour la première fois dans l’histoire militaire des grandes puissances, le budget que le gouvernement chinois a alloué à la police qui s’occupe de la cyber-guerre est supérieur au budget de l’armée conventionnelle chinoise.    

Au début du mois de septembre 2012, une dispute oppose la China à son voisin, le Japon autour de l’île de Senkakus. L’administration Obama en pleine campagne électorale pour la présidence, dont le pays occupe militairement le Japon depuis la fin de la deuxième guerre mondiale en 1945, décide de prêter main forte à leur protégé. C’est ainsi que deux porte-avions américains la Uss George Washington er la Uss Stennis vont se diriger vers l’ile contestée avec 2200 soldats américains à bord.  Comme nous informe le site conservateur dénommé « Washington Free Bacon », reprenant les informations confirmées au journal Politico par la Maison Blanche, c’est là où entre en jeu la plus importante cyber-attaque chinoise aux serveurs de la Maison Blanche. Les attaques étaient de type « Spear Phishing »  et ont touché le bunker militaire le plus sécurisé des USA, situé à Pennsylvania Avenue et a violé les ordinateurs du bureau le plus secret de la Maison Blanche, la « White House Military Office », c’est-à-dire celui dont dépend la sécurité des conversations de Barack Obama, y compris la fameuse « nuclear football », la valise qui contient les boutons de commandement de toutes les armes nucléaires. Selon la Maison Blanche l’intrusion portait une signature, celle de la Task Force de spécialistes militaires du 4ème département de l’armée populaire chinoise. Le message a bel et bien été reçu par son destinataire, puisque quelques heures après, les 2 porte-avions américains ont reçu l’ordre   de s’éloigner de la zone de dispute sino-japonaise. Pour la première fois, Pékin a fait comprendre à Washington qu’elle était en mesure de gérer simultanément la guerre conventionnelle et la guerre cybernétique. Cette mise au point était nécessaire pour Pékin après qu’en mois de Juin 2012, le Ministère chinois des affaires étrangères avait jugé « inopportune » la décision de Washington d’augmenter sa présence militaire dans le Pacifique de 10%. A cette annonce avait suivi l’arrivée en mer des Philippines du porte-avion américain, la Uss Bonhomme Richard  avec deux autres bateaux de guerre. Ce qui expliquera la visite à Pékin du chef du Pentagone Leon Panetta, en Octobre 2012 pour : « rassurer la Chine de la neutralité des USA telle que inscrite dans le pacte de collaboration de défense avec le Japon ».

 

D-   QUELLES LECONS POUR L’AFRIQUE ?

Pendant des siècles, l’Afrique s’est montrée vulnérable à cause de sa complète faiblesse dans la guerre conventionnelle avec l’ennemi occidental. La construction de plusieurs bombes atomiques ne garantira nullement sa sécurité, puisqu’elle devra pour y parvenir s’endetter auprès de ses potentiels ennemis et faire venir des experts non-africains pour la construire, ce qui est doublement puérile et stupide. Par contre, se doter de l’arme de la cyber-guerre est de loin plus indiqué pour dissuader ses agresseurs, parce qu’un virus informatique coute à peine quelques dizaines de milliers de Francs CFA et une poignée d’informaticiens pour déstabiliser le réseau électrique dans le pays ciblé. Sur ce point, il existe un fort déséquilibre entre l’Afrique et le reste du monde et tourne à l’avantage de la première.

C’est peut-être le seul exemple où le retard de la connectivité africaine devient un atout, puisqu’il sera plus facile pour un pays africain attaqué d’éteindre les ascenseurs, les métros, les trains dans le pays agresseurs que pour ce dernier de répliquer de même au pays africain.  En général, dans la cyber-guerre, les attaques ne sont même pas nécessaires, parce qu’il suffit de quelques incursions de repérage dans les ordinateurs. Le deuxième avantage de l’Afrique dans la cyber-guerre réside dans ce qu’on appelle en langage militaire « l’avantage offensif », c’est-à-dire qu’il suffirait de peu de moyens à l’Afrique pour titiller ceux qui représentent pour elle une menace, alors que ces derniers auraient besoin de beaucoup plus de moyens pour se protéger d’un tel titillement.

Pour être en mesure de dissuader un pays de fomenter une rébellion ou un coup d’Etat en Afrique,  les pays africains doivent être en mesure de changer radicalement le système éducatif pour passer des formations inutiles conseillées le plus souvent par nos ennemis potentiels, pour passer à la formation des ingénieurs, de beaucoup d’ingénieurs et dans tous les domaines, car c’est là que se jouera au XXIème siècle la vraie compétition entre les nations. Pour être en sécurité, ce ne sera nullement en multipliant des facultés et les écoles « bidon » dites de la Paix ou de la Sécurité, mais  donnant une priorité à la formation des ingénieurs, parce que la guerre que l’Afrique sera appelée à combattre sera d’abord et avant tout, une guerre d’intelligence, une guerre où s’affronteront les cerveaux, et à moins de dire que la stupidité est génétique, l’Afrique n’a pas à frémir pour se trouver prête pour cette ère d’un nouveau genre de conflictualité entre les nations où l’intelligence vient avant les muscles, où le cerveau compte plus que les missiles et les bombes.

 

E-   CONCLUSION

A quoi servirait-il pour le Sénégal de disposer d’une bombe atomique comme arme de dissuasion contre la France, si tous les 3 chefs d’Etat de ce pays aussitôt finie leur fonctions de chef d’Etat, se sont réfugiés à peine une semaine après vers cette France ?

A quoi cela sert-il de faire des plans pour posséder une bombe atomique, sans au préalable expliquer comment on va déloger la France des deux premiers pays producteurs de l’uranium en Afrique que sont le Niger et le Gabon ?

A quoi cela sert-il de posséder une bombe atomique qui va couter des milliards si en cas de conflit, on va manquer de route adéquate pour arriver à la rampe de lancement ?

A quoi cela servira-il de posséder une bombe atomique si en cas de conflit on sera en délestage électrique, à cause d’une panne sur le réseau électrique qui pour être résolue a besoin d’attendre 2 semaines pour que la pièce de rechange arrive de Paris ou de Londres ?

Dans tous les cas, la meilleure défense d’un pays africain restera la création et l’équitable distribution des richesses. C’est la première étape pour développer sur le long terme le sentiment de fierté patriotique. Sans cela, à rien ne servira une bombe atomique contre un ennemi hypothétique, tant qu’il y aura nos propres frères et sœurs, des Ouattara Ivoiriens, des M23 congolais, des CNT Libyens pour accepter de se faire instrumentaliser par l’OTAN et de se faire financer par l’Occident pour servir et représenter leurs intérêts sur le continent africain.

 

Jean-Paul Pougala

 

P.S : Nous verrons à la leçon numéro 48, pourquoi et comment l’Afrique peut organiser son service de renseignement mieux que les nations occidentales où les services secrets sont en train de sombrer dans la mafia de l‘argent et deviennent dans certains pays européens de vrais terreaux de la délinquance.

(*)Jean-Paul Pougala est directeur d’IEG (Institut d’ Etudes Géostratégiques) et enseigne « Géostratégie Africaine » en Master2 à ISMA (Institut Supérieur de Management) de Douala (Cameroun)

27.11.2012

Lettre ouverte aux chefs d’Etats et de gouvernements français et Africains des deux zones Franc CFA (UEMOA et CEMAC) et des Iles Comores sur ce que Vous cachez à travers l’annonce de la mise en vigueur d’un nouveau billet de cinq cent Franc CFA (par Lawal ABDOULAYE) – fichier PDF

Excellences, Messieurs les Chefs d’États et de Gouvernements,
C’est avec stupéfaction que nous avions appris le lancement officiel du nouveau billet
de 500 francs CFA qui sera mis en circulation dès le 30 novembre 2012, en remplacement de la
pièce. En effet, la mise en vigueur d’un nouveau billet de cinq cent Franc2, ou du moins
l’annonce de «son cour légal», n’a pour simple but que de divertir les peuples Africains des
zones Franc CFA et des Comores, et les maintenir dans l’esclavage et le crime économique. Ce
chef d’oeuvre vient directement de la France qui parachute l’initiative aux chefs d’États et des
gouvernements Africains qui n’ont aucun droit au chapitre que celui de consacrer l’obédience
de l’avis conforme.
Pour faire économie de la justification de nos allégations pourtant justifiées, et
juridiquement bien tenantes, je vous renvoi à une publication que Nous avions faite au mois
de juillet2012, sur le site du panafricain de hebdomadaire, en ligne, pamabazuka.org N°249,
Elle est intitulé «: ZONES FRANC CFA : DÉPENDANCES, SOUMISSIONS ET
EXPLOITATIONS LIÉES À UNE MONNAIE COLONIALE». Vous verrez excellences, que
de tous les attributs rattachés à un véritable droit de propriété sans équivoque, vous serez
persuadés, que, Nous, les supposés propriétaire de la monaie Franc CFA, n’avons par ironie
du sort, que  »l’usage » seulement.
Ce n’est pas une surprise pour nous de voir et constater, que c’est votre homologue, le
président Sénégalais SEM Macky SALL, qui a succédé in extremis à Maitre Abdoulaye
Wade, qui a présenté le nouveau moyen de paiement à Dakar où se trouve le siège de la
BECEAO3. Nous n’avions pas oublié d’avoir bien noté que c’est encore lui, qui représentait
pour l’occasion, le président en exercice de « la conférence des chefs d’État et de
gouvernement » de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’ouest (UEMOA), votre
homologue, le Président Togolais, Faure GNASSIMGBE, qui, nous a offert une très bonne
réaffirmation de notre statut collectifs d’éternels exploités et assujettis confirmés ce 31
Octobre 20124,à 20Heures 30 minutes. Discours qui fut repris et transmis en différé sur toutes
les télévisions nationales des Etats membres de l’UEMOA , et de la CEMAC, au grand plaisir
de François HOLANDE, qui s’est sans nul doute réjouit de cette réaffirmation de servitude
confirmée de façon solennel ou du moins, officielle.

Lire la suite : Que cache la mise en vigueur d-un nouveau billet de cinq cent Franc.

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