Survivants13 (ancien "Survie 13 françafrique bas les masques")

18.9.2013

Les véritables buts de l’attaque contre la Syrie (Nazanin Armanian)

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http://www.michelcollon.info/Les-veritables-buts-de-l-attaque.html
Les dirigeants de ces mêmes pays qui ont tué des centaines de milliers d’innocents avec des bombes de napalm, du phosphore blanc, des projectiles d’uranium appauvri et des substances chimiques inconnues qui sont la cause du syndrome de la guerre du Golfe, pleurent aujourd’hui la mort de 350 Syriens, apparemment victimes d’armes chimiques. Comme si la mort de 100.000 personnes par armes conventionnelles et la fuite de 5 millions d’habitants de leur foyer n’étaient pas des raisons suffisantes pour s’émouvoir.Guerre sous faux drapeau ? Est-il possible que les rebelles aient utilisé ces substances chimiques contre leurs propres concitoyens et aient rejeté la faute sur Damas ?

 

« Ô honte ! où est ta rougeur ? » (Hamlet, acte III)

« Ô honte ! où est ta rougeur ? » (Hamlet, acte III)

Le régime de Barack Obama, avant toute enquête sérieuse, a accusé le gouvernement de Bachar el-Assad, alors que les insurgés eux-mêmes ont reconnu leur crime à la journaliste d’Associated Press, Dale Gavlak : ils disent avoir reçu ces substances d’Arabie Saoudite, et que c’était un « accident » dû à une mauvaise manipulation.Le gouvernement iranien a révélé avoir prévenu Washington il y a neuf mois du fait que les insurgés s’étaient procuré ces armes.
D’autre part, Carla del Ponte, membre de la commission d’enquête de l’ONU sur l’usage d’armes chimiques en Syrie, a déclaré le 6 mai que les rebelles avaient utilisé du gaz sarin lors du conflit. En décembre, des opposants syriens avaient été arrêtés en Turquie en possession de deux kilos de gaz sarin. On peut se demander comment ils se les étaient procurés !

Et pourtant l’ONU n’a rien fait, et les États-Unis et leurs alliés, au lieu de se désolidariser de ces criminels, ont augmenté les aides économiques et militaires qu’ils leur octroyaient depuis 2011 (Lire : La OTAN, a las puertas de Siria).
Obama avait prononcé le verdict avant d’obtenir les preuves. La décision, déjà prise, n’exigeait que de plates excuses.

La preuve d’un « casus belli »

Une vidéo floue diffusée par les opposants, pour laquelle la « chaîne de possession » n’a même pas été contrôlée. Il est surprenant de découvrir des enfants morts gisant sur le sol, sans leurs mères, et l’absence de funérailles publiques – si importantes dans la culture musulmane. En outre, malgré tous les téléphones portables disposant d’une caméra, les images de ce qui est présenté comme une boucherie sont peu nombreuses, en comparaison avec la quantité de photos et d’enregistrements qui existent sur le massacre des Kurdes à Halabja il y a 30 ans, sous la dictature de Saddam Hussein.

Voilà 10 ans maintenant que Colin Powell, muni de photos et de graphiques, intervint au conseil de sécurité de l’ONU et tenait (sans gants !) un flacon rempli d’une poudre blanche en jurant qu’il s’agissait d’anthrax envoyé par le raïs irakien. Nicholas Kristof du The New York Times écrivit que « le FBI sait depuis trois mois que l’auteur des attaques à l’anthrax est un Nord-Américain. » Bush et lui lanceront de fausses accusations au président irakien. Ils l’accuseront d’être impliqué dans les attentats du 11 septembre, de collaborer avec Al-Qaïda, d’acheter de l’uranium au Niger, de tuer des bébés koweïtiens dans leurs couveuses, etc.Aujourd’hui, leurs héritiers, John Kerry et Obama, apportent des preuves « indéniables » au fait que les armes de destruction massive ont été envoyées par Assad. Pourquoi ne pas établir un cessez-le-feu et procéder à une enquête exhaustive ?

Jean Daniel, éditeur de la revue Le Nouvel Observateur, se souvient que le 31 août 1995, le premier ministre français Édouard Balladur lui avoua que l’attentat perpétré sur la place de Markale à Sarajevo qui fit une centaine de victimes était l’œuvre des musulmans bosniaques et non celle des serbes. Ils voulaient par ce moyen-là forcer l’intervention de l’OTAN, juste quand Milosevic avait accepté la quasi-totalité des exigences occidentales, mettant dans l’embarras Bill Clinton qui projetait de détruire le dernier état socialiste d’Europe (Lire : Yugoslavia : ensayo de la “guerrahumanitaria”).

Le temps n’est pas aux élections, et un Obama déjà vaincu a recours à la guerre préventive, illégale et contraire à la Charte des Nations Unies pour qu’on cesse de le traiter de « faible et isolationniste ».

Cui bono ?

Assad ne semble pas assez suicidaire ni assez stupide pour franchir « la ligne rouge » en tuant des centaines de personnes, provoquant ainsi une guerre avec les États-Unis au moment où il bénéficie d’un solide avantage sur les rebelles.L’attaque des États-Unis radicalisera les courants modérés de son gouvernement qui n’ont jusqu’à présent même pas répondu aux quatre bombardements d’Israël sur leur territoire (ces six derniers mois). Cela ne dissuadera pas non plus une future utilisation de telles armes dans les deux camps. Pire encore : maintenant que le chef de la Maison-Blanche affirme ne pas avoir l’intention de renverser Assad, les insurgés peuvent recommencer à utiliser ces armes pour montrer le besoin d’en finir avec le président dans une guerre dévastatrice.

Garder Assad au pouvoir fait partie de la même stratégie du « chaos contrôlé » utilisée par Bush contre Saddam Hussein. Ils en ont fait la bête noire de 1991 à 2003 : ils ont militarisé le Golfe Persique tout en faisant d’un État vertébré une déliquescence et continueront à occuper l’espace post-soviétique sous prétexte d’une « lutte contre le terrorisme ».

Des dizaines de milliers de mercenaires (vauriens et gangsters vétérans) recrutés par le cheikh Bandar, le prince saoudien, attendent à l’intérieur comme à l’extérieur du pays qu’Obama appuie sur la gâchette pour provoquer un bain de sang. En Jordanie, 25.000 individus ont été enrôlés par le cheikh dans l’organisation « les adeptes de l’Islam ».

On se demande encore comment une attaque militaire peut réduire le risque d’utilisation de telles armes. Les missiles de croisière et les bombes de tous types sont-ils plus acceptables que les armes chimiques ? Au moins pour ces dernières il existe des masques à gaz et des abris, ce qui n’est pas le cas pour les bombes bunker buster (utilisées en Afghanistan), qui pénètrent jusqu’au cœur de la terre.

Les 12 buts réels de l’attaque

Derrière l’opération de punition d’Assad se cachent d’autres objectifs :

1.Dominer l’Eurasie. Avec plus ou moins de réussite, les États-Unis ont tenté, en allant faire la guerre en Irak, en Afghanistan, en Yougoslavie et en Libye, de contrôler le Proche-Orient, l’Asie centrale, l’Europe centrale et le nord de l’Afrique. Maintenant, suivant les conseils du stratège britannique Sir Mackinder concernant l’importance de cette région – que l’on appelle Heartland, ou Cœur du Monde – ils essaient de contenir la progression de la Chine et de la Russie. La Syrie est le pays qui fait le lien entre les deux continents.

2.Contrôler la totalité du Moyen Orient. C’était également un des motifs pour renverser Kadhafi.

3.Empêcher la construction du méga gazoduc Iran-Irak-Syrie (appelé « gazoduc chiite »), soutenu par l’Iran et la Russie et qui devrait exporter du gaz vers l’Europe, à la suite de l’échec de l’autre projet (Lire : « Nabucco : Europa Esclava »). Ce gazoduc est néfaste pour la Turquie, qui cesserait d’être le pays de transit de l’hydrocarbure et pour l’Arabie saoudite, qui a investi dans le gazoduc arabe, traversant l’Égypte, la Jordanie, la Syrie, le Liban et Israël. Il est tellement crucial pour Riyad de s’emparer de la Syrie que, selon le journal libanais As-Safir, le prince Bandar Ben Sultan aurait fait comprendre à Vladimir Poutine lors de leur récente rencontre que si celui-ci retirait son soutien à Bachar el-Assad, il lui garantirait la sécurité des Jeux olympiques d’hiver 2014 organisés à Sotchi (en Russie) en calmant les Tchétchènes. Que ce soit en russe ou en arabe, cela ressemble à du chantage ! De plus, les cheikhs sont inquiets du rapprochement entre les deux géants du pétrole que sont la Russie et le Venezuela. La première est le plus grand producteur et exportateur de la planète, le second possède les plus importantes réserves prouvées au monde. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui inonde le marché de pétrole, bon marché qui plus est, voit son pouvoir menacé. Il ne faut pas sous-estimer l’Arabie saoudite : les principales institutions financières dépendent de ses pétrodollars.

4.Humilier la Russie dans sa zone d’influence et montrer au monde son incapacité à agir sur les événements internationaux dans ce qui est le premier affrontement entre les deux puissances depuis la guerre froide. Sergueï Lavrov a déjà dit que son pays n’irait pas se battre avec les États-Unis en Syrie, bien que les entreprises russes aient investi une vingtaine de milliards dans ce pays et près de 100.000 Russes vivent là-bas. Accueillir Snowden est une chose, entrer en guerre en est une autre. Après avoir perdu la Syrie, Moscou tentera de récupérer son influence ailleurs. En Iran par exemple.

5.Détruire l’armée syrienne en raison de ses relations avec la Russie. Les États-Unis ont déjà agi de cette manière avec les forces armées d’Irak et de Libye. Ils réduisent ainsi l’influence militaire slave sur la planète.

6.Triompher sur le terrain de la guerre et contrôler militairement le monde pour compenser l’échec dans le domaine économique. Aux grandes crises économiques, les grandes guerres. Le capitalisme vendra plus d’armes, conquerra de nouveaux marchés et donnera la chance aux entreprises de construction un peu habiles de reconstruire ce qui a été détruit.C’est un nouvel assaut pour conquérir les travailleurs du monde entier qui paieront de leur vie ou avec leurs impôts l’aventure de quatre cow-boys. La hausse du prix du pétrole, qui aura des répercussions sur tous les produits, nuira également à l’économie chinoise.

7.Contourner une fois de plus l’ONU et faire baisser ce qui reste des systèmes judiciaires qui font office de frein aux intentions belliqueuses.

8.Traquer l’Iran. L’Agence internationale de l’énergie atomique a récemment rapporté que 1.000 nouvelles centrifugeuses avaient été installées dans les usines nucléaires de ce pays. La Chine et la Russie pensent que le but de l’agression de la Syrie est l’Iran. Téhéran, très prudent, soupèse les événements et détache son sort de celui de son allié.Il l’aidera via le Hezbollah et le Jihad islamique. Sa ligne rouge est l’occupation de la Syrie. À la plus grande joie de Tel-Aviv et de Riyad, cette attaque complique les rencontres entamées avec les États-Unis.

9.Donner l’impression de garder le statut de puissance hégémonique mondiale par un « système de Ponzi », système qui tire son nom d’un escroc italien qui a su amasser d’énormes sommes d’argent et, sans rien faire, payer des intérêts aux investisseurs avec leur propre argent ou celui de nouvelles victimes. Son escroquerie a pu persister quelques années grâce au nombre de victimes crédules qui ne cessait d’augmenter.Madeleine Albright disait que l’existence même de la plus grande machine militaire de l’histoire humaine exigeait qu’on l’utilise. Une mission devenue objectif alors qu’en réalité, les États-Unis n’ont aucun intérêt majeur dans ce conflit. Mais que personne ne sous-estime le rôle de la bêtise dans l’Histoire.

10.Faire pencher la balance des forces du conflit syrien en faveur des rebelles et obtenir ainsi des avantages à la table des négociations. Par ailleurs, et comme une guerre dans une autre guerre, les wahhabites saoudiens se séparent des Frères musulmans (soutenue par la Turquie et le Qatar) ainsi que des membres d’Al-Qaïdadu Jabhat al-Nosra. Ce qui divise encore un peu plus l’opposition et fragilise l’alliance entre les États-Unis et le Qatar, un des sièges du Pentagone.

11.La France, après le succès de la reconquête libyenne, rêve de rétablir sa domination sur une autre de ses anciennes colonies.

12.Israël affaiblit l’allié de l’Iran, du Hamas et du Hezbollah, et, pendant ce temps, il garde les ressources d’eau syriennes du plateau du Golan et tente de prendre la partie syrienne du champ de gaz découvert dans la Méditerranée. (Lire : El “factor gas” en la crisis siria)
Pour le premier défi de son second mandat, Obama terrorise le monde dans l’intérêt de l’Arabie Saoudite et d’Israël !
Aucun de ces objectifs n’a quelque chose à voir avec les droits de l’Homme en Syrie.

Les 8 conséquences

L’agression militaire des États-Unis et de leurs alliés…

1.Provoquera les représailles de la Syrie contre Israël, la Jordanie, la Turquie et les troupes de l’OTAN en Irak et au Liban. La Syrie n’est pas le petit Kosovo. De plus il y a là-bas des armes chimiques, des terroristes cannibales, les germes d’un conflit sectaire sanglant et… un Poutine qui n’a rien d’un Eltsine.

2.Affaiblira les propres alliés de Washington, tels que la Jordanie et la Turquie.

3.Modifiera l’équilibre des forces en Syrie sans résoudre le conflit. Cela accentuera les tensions religieuses et ethniques du pays, et ce même après Assad.

4.Renforcera le salafisme et le wahhabisme dans le monde entier, au détriment des forces progressistes.

5.Endommagera les relations de l’Occident avec la Russie et la Chine, et modifiera le climat politique international.

6.Permettra à la Russie d’augmenter les coûts de cette agression en coupant l’approvisionnement des troupes de l’OTAN en Afghanistan par le réseau de distribution du Nord (Russie-Kazakhstan-Afghanistan), ce que fait le Pakistan pour la route du Sud. Ou d’ignorer les sanctions imposées à l’Iran et de resserrer les liens avec ce dernier. Hassan Rohani se réunira le mois prochain avec Poutine et le président chinois, Xi Jinping, au Kirghizistan.

7.Poussera les pays de la région à une course à l’armement effrénée.

8.Établira un autre précédent sur la façon de contourner la souveraineté nationale des petits pays étant des puissances armées jusqu’aux dents.

Dans le climat néo-impérial actuel, les prétentions des États-Unis sont les rêves d’un fou réalisés par un ivrogne.

Titre original : « Agresión a Siria : el fraude, los 12 objetivos y las 8 consecuencias »
Traduction : Collectif Investig’Action
Source : Nazanin.es

16.9.2013

Documentaire sur l’extermination des Noirs par des Armes bactériologiques en marche, mise en oeuvre depuis l’Apparteid en Afrique du Sud

Filed under: Contributions - apports,Résistance africaine — kel @ 11:07

10.9.2013

Mali, le ravage des politiques néolibérales

Filed under: Contributions - apports — kel @ 15:27

 

Envoyée spéciale. Aminata Traoré est ancienne ministre de la Culture et animatrice du Forum pour un autre Mali. Elle plaide pour des alternatives qui doivent investir le terrain économique.

Comment analysez-vous le profond désir de changement
qui s’est exprimé lors de cette élection présidentielle ?

Aminata Traoré. Cet espoir de changement est à la mesure du choc ressenti 
par les Maliens et du sentiment d’humiliation face à l’occupation 
du nord, alors même que Kidal 
n’est toujours pas libéré. Mais il exprime aussi, on ne le dit pas suffisamment, le désarroi face à l’aggravation de la situation économique. Le cataclysme 
que nous avons vécu s’est inscrit 
dans un environnement marqué, 
fin 2011, début 2012, par des marches populaires contre la vie chère, 
la corruption, la spéculation foncière. Ces problèmes étaient sur la table. 
Ils ont été balayés d’un revers de main. Face au risque de voir le pays amputé des deux tiers de son territoire et par réflexe patriotique, les Maliens ont cru devoir mettre leurs revendications 
en sourdine. Il fallait à leurs yeux aller à l’essentiel, faire cesser les atrocités infligées à nos frères des trois régions du nord.

Comment expliquez-vous la cristallisation qui s’est produite autour de la candidature d’Ibrahim Boubacar Keïta ?

Aminata Traoré. Cela s’apparente 
à un plébiscite. Pour que cela soit intelligible à l’opinion publique occidentale, elle doit considérer que nous sommes dans le même bateau. Soumaïla Cissé, c’est pour nous 
le symbole, l’incarnation de la finance. Il en a été le ministre, il a dirigé l’Union économique et monétaire ouest-africaine, qui n’est rien d’autre qu’un instrument du système. L’étalage 
de moyens financiers colossaux, durant sa campagne, a cruellement contrasté avec le chômage massif et l’extrême pauvreté. Il est apparu comme 
le représentant du monde de l’argent.

Vous avez regretté, à la veille du premier tour, l’absence d’authentique 
débat politique…

Aminata Traoré. Si l’on avait donné aux Maliens la possibilité de mieux comprendre la mondialisation, 
ses crises et ses guerres, ils auraient 
été les premiers à exprimer 
un désir de changement sur le terrain économique. Nous voulons la liberté de choisir celui qui nous dirige, mais surtout la liberté de choisir un autre système économique que celui 
qui engendre le pillage, le bradage 
et la dévastation. Le Mali qui s’est écroulé, c’est le Mali bon élève 
du FMI, de la Banque mondiale 
et de l’Union européenne, avec leurs injonctions qui ont fait de l’État une coquille vide. Les ravages des politiques néolibérales sont les mêmes de Kayes à Kidal. Comment aller vers la réconciliation si nous continuons de cacher ces questions sous le sable ? Nous nous serions passés de « Serval » et de la militarisation si le système économique était au service du peuple malien. Il ne s’agit pas, désormais, de croiser les bras en attendant que ce changement vienne. Il faudra poser nos exigences, avec une force d’intervention, de proposition 
et d’anticipation. Cette force reste 
à construire.

 

http://www.humanite.fr/monde/mali-le-ravage-des-politiques-neoliberales-547239

 

Guerre humanitaire au Mali : aucune victime ?

Filed under: Contributions - apports — kel @ 15:23

Au cours des longues heures passées à fouiller l’hémérothèque online, jamais je n’avais vu d’intervention militaire aussi réussie que celle de la France au Mali. D’après les sources consultées, celle-ci n’a fait aucune victime civile ou innocente, tout en permettant de neutraliser des centaines de terroristes. Voyons ce qu’il en est de la seule victime que j’ai pu attester : la vérité.

 

Pour prendre la mesure de cette guerre ouverte dans le nord de l’Afrique, j’ai tenté de faire le décompte des victimes innocentes sur la base des informations publiées par les médias nationaux maliens. J’ai découvert que près de 99% d’entre elles proviennent de médias français, notamment l’Agence France-Presse (AFP) et Radio France internationale (RFI).

 

À en croire ces sources, seuls sont morts des soldats des troupes alliées et islamistes, djihadistes ou terroristes. Les rares civils mentionnés ont été abattus par les terroristes. On ne peut que s’étonner puisque depuis le 11 janvier dernier, lorsque la France « a répondu à l’appel au secours lancé par le Malí », sa stratégie a consisté en un bombardement intensif.

 

Un exemple. Le 15 janvier, il est dit que 5 djihadistes ont péri dans les bombardements nocturnes intensifs de Dialbaly par l’aviation française. La veille, l’information selon laquelle les islamistes avaient attaqué ou pris le contrôle de cette localité avait fait le tour du monde, mais sans aucun chiffre quant aux victimes civiles tuées par les terroristes. Aucun chiffre non plus concernant la population de ce lieu apparemment peu peuplé, ni aucune image. L’AFP explique que les terroristes s’étaient cachés parmi la population, qu’ils avaient prise en otage. Dans ce cas, le bilan officiel de cinq terroristes et aucun civil articulé après les bombardements n’est guère crédible. Selon le témoignage d’un voisin habitant une ville située à 20 kilomètres, des islamistes qui fuyaient les bombardements dans un véhicule tout terrain ont eu un accident qui a coûté la vie à certains d’entre eux. Cinq ? Et les bombardements n’ont pas tué une seule personne ?

 

Le 18 janvier, l’agence de presse chinoise Xinua, à laquelle se réfère également le site Malijet, cite un haut responsable malien. D’après les estimations de celui-ci, les troupes alliées (maliennes et françaises) auraient tué « de nombreux » terroristes qui fuyaient Konna. Qui battaient en retraite ? En leur tirant dans le dos ? Ils n’ont pas fait de prisonniers ? Ne faudrait-il pas enquêter sur ce type d’actions ?

 

Le bilan du ministre de la Défense, fourni le 5 février, est celui qui répond le mieux à ces doutes. Il fait état de plusieurs centaines de djihadistes tombés sous les bombes dans les régions de Konna et Gao. À un journaliste qui lui a demandé s’il y avait des prisonniers, le ministre a répondu par un laconique « quelques-uns ». Avant d’avoir lu la moitié du texte, on ignore s’il s’agit du ministre malien ou du ministre français, mais on découvre qu’il s’agit bel et bien du Français Jean-Yves Le Drian. Quant à l’information, elle provient de l’AFP.

 

Le 9 février, deux soldats maliens viennent s’ajouter à la liste, bien qu’ils n’aient pas perdu la vie au combat, mais dans l’un des nombreux affrontements internes entre bérets rouges (partisans d’Amadou Toumani Touré, le président démis destitué en 2012) et bérets verts (partisans du capitaine putschiste Amadou Sanogo).

 

Le 19 février, plus de 20 islamistes sont morts au cours de l’un des combats les plus durs, dans les montagnes d’Adrar des Ifoghas, après l’opération Panthère, menée par des soldats maliens et français. Un parachutiste français est également décédé – soit le deuxième au Mali, un premier ayant péri dans un accident d’hélicoptère. Selon des informations postérieures, également fournies par l’AFP, ces combats n’auraient finalement coûté la vie qu’à 15 djihadistes, qui ont été « neutralisés ».

 

Le 3 mars, Europe 1, qui cite l’AFP et qui sera relayée par Malijet, annonce la mort d’au moins 50 islamistes, à 60 kilomètres au nord de Gao. Aucune victime parmi les alliés.

 

Le 27 mars, le porte-parole du ministère de la Défense malien, le lieutenant-colonel Souleeymane Maïga, trans-met à l’AFP un bilan général de 63 soldats maliens, 2 Togolais, 1 Burkinabé, 36 Tchadiens et 600 combattants, islamistes probablement. Pour expliquer ce chiffre arrondi – ce qui se fait souvent –, il avance que généralement, les islamistes emportent leurs morts pour les enterrer, comme pour souligner une particularité sordide des ces protagonistes.

 

On peut trouver une autre explication à cette approximation. Le 19 février, l’AFP informe, via Malíjet, que les habitants de Gao ont lynché un leader islamiste, lequel avait tué le journaliste Kader Touré, « qu’il accusait de travailler pour l’ennemi » (RFI). Le supposé lynché est en réalité Alioune Touré, chef de la « police » islamique de Gao. Mais n’allons pas trop vite en besogne et n’ajoutons pas son nom à la liste des défunts, car RFI a ensuite annoncé que Kader était vivant. Le 10 mai, Alioune Touré lui-même revendique un double attentat suicide au nord du pays, dans les villes de Ménaka et Gossi, selon RFI. Cinq personnes ont péri : quatre à Gossi et une à Ménaka, toutes des kamikazes. Apparemment, au Mali, les auteurs d’attentats suicides n’interviennent pas seuls. Ils vont par deux, par trois, voire par quatre, comme à Gossi, où l’explosion n’a pourtant fait aucune victime.

 

 

Autre terroriste revenu à la vie, le fameux Mokhtar Belmokhtar, à qui l’on impute la responsabilité des attentats avec prise d’otages à In Amenas, en Algérie, puis au Mali, où des militaires tchadiens ont assuré à la presse internationale qu’ils l’avaient tué. Une photographie du cadavre a été publiée dans le monde entier – les droits revenant à RFI, bien entendu. Or, le 24 mai, le mort-vivant, comme certains l’appellent au Mali, commet un attentat suicide… au Niger !

 

Difficile de croire qu’il n’y a pas eu d’autres victimes civiles hormis les 23 personnes tuées par les rebelles touaregs du MNLA (20 dans le village de Bougoumi, dans la région de Mopti, le 20 mars et 3 à Kidal, le 24 avril) et celles dont on ignore encore le nombre, qui ont perdu la vie dans les exactions commises par les soldats maliens lors de leur percée au nord, en répression contre les islamistes. D’autres que moi ont une connaissance plus approfondie et plus directe de l’histoire et de la culture du Mali. L’analyse que je mène repose sur mon expérience et sur le terrain qui m’est familier : les médias et l’information. La première chose que je mets en doute est que l’entrée de la France au Mali, le 11 janvier, ait été une réaction rapide à l’appel au secours lancé par le président Dioncounda Traoré – dont les Maliens disent que la seule et unique décision qu’il ait jamais prise était de porter une écharpe blanche et dont le régime est qualifié de système d' »ATT sans ATT ». Pour accorder un certain crédit à cette version officielle, il faudrait considérer comme le fruit d’un heureux hasard le fait qu’étaient déjà positionnés au Mali des troupes françaises du premier régiment d’infanterie de la marine, un régiment de parachutistes, des hélicoptères d’opérations spéciales, trois Mirage 2000D, deux Mirage F-1, trois C135, un Hercules C130 et un Transall C160, comme l’a révélé en janvier le journaliste français Thierry Meyssan.

 

La France n’est intervenue que pour assurer ses intérêts économiques au Mali et dans la région. Personne n’en doute plus, pas même les Maliens, qui ont accueilli les soldats français lors de leur « entrée triomphale, en agitant des drapeaux français et en criant Merci la France ! » (AFP, 16 janvier). Désormais, leurs doutes portent sur les « véritables intentions de la France » et ils s’irritent de la voir faire des concessions aux Touaregs du MNLA, qui ont gardé le contrôle de Kidal, protégés par l’Hexagone bien que les Maliens ne veulent pas envisager de leur laisser une seule région. Le conflit a tourné à la guerre de guérilla et aucune issue ne se profile. Officiellement, la région a pratiquement été libérée et la France considère qu’elle pourrait se retirer, si ce n’est que selon elle, personne au Mali n’est capable de diriger le pays. « À qui allons-nous remettre les clefs ? », s’est lamenté Pierre Lellouche à l’Assemblée nationale française, le 22 avril.

 

N’oublions pas le rôle des États-Unis. Dans les années 60 déjà, il était question, dans certains documents du gouvernement américain aujourd’hui déclassés, de faire pression sur les pays (« amis ») européens pour les inciter à intervenir en Afrique dans la lutte pour le contrôle des matières premières, tout donnant à voir à l’opinion publique une attitude « d’observateurs préoccupés ». Aujourd’hui, les États-Unis sont à nouveau bluffant dans ce rôle, mais il est désormais de notoriété publique – bien que le fait ne soit pas très médiatisé – que l’aide militaire apportée en Afrique est colossale et que sans elle, même la France n’aurait pas pu mener les guerres en Côte d’Ivoire, en Lybie et au Mali. Par exemple, quand l’OTAN s’est embourbée dans des combats contre les forces de Kadhafi en Lybie, un sous-marin américain « en observation » en Méditerranée l’USS Florida, a lancé 100 missiles de croisière contre les forces de défense aériennes de Kadhafi en une seule nuit, ouvrant ainsi un corridor par lequel la France et d’autres pays européens de l’OTAN allaient pouvoir passer pour poursuivre leur conquête de la Libye.

 

N’oublions pas non plus le rôle des dirigeants africains de la région, qui ont copieusement démontré leur ineptie ou leur manque d’intérêt pour les véritables problèmes des peuples. Quand enfin ils se sont réunis afin de débattre de la situation au Mali, leur principale conclusion a été qu’il fallait demander davantage d’argent. Lors de la réunion de l’ECOWAS ou CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) du 25 février, ils avaient à porté de main une aide à la guerre de 455 millions de dollars, promise par les « donateurs » internationaux en janvier. Après des débats menés immanquablement dans un hôtel de luxe, ils ont déclaré que les coûts du conflit correspondraient au double, soit au moins 950 millions de dollars, et ils se sont mis à demander publiquement des fonds supplémentaires. Ce procédé n’a plus surpris les Africains, qui en ont assez de leurs dirigeants et de leurs chers « donateurs », et qui se retrouvent criblés de dettes illégales qu’ils ne pourront jamais rembourser. Et où donc est passé l’argent demandé au nom du peuple aux « partenaires occidentaux » ? Probablement qu’il est allé grossir la dette, mais rien de tangible ni de payable.

 

Face aux critiques qui remettent en question ces interventions militaires, on entend souvent « Mais alors, quoi faire ? Quelle est la solution ? Ils souffraient ! ». Lorsque les Maliens ont appelé à l’aide, ils ne demandaient certainement pas que leurs villes et leurs villages soient bombardés. Les Européens qui souhaitons aider les Maliens, peut-être devrions-nous regarder de plus près en quoi consiste l’aide fournie par nos gouvernements et payée par nos impôts : des bombardements intensifs. Est-ce là le soutien que nous souhaitons apporter ? Cette méthode a-t-elle jamais aidé quelqu’un ? Répond-elle à ce qui était demandé ? Cette militarisation occidentale a-t-elle amélioré la situation des Maliens ?

 

Difficile de répondre à ces questions dans un contexte où l’information sur la réalité de la guerre au Mali est manipulée et tronquée par les « intervenants » eux-mêmes. Comment pouvons-nous avaler une version des faits totalement extravagante, irresponsable et fausse ? Dans un article d’une grande dureté intitulé « Le naufrage et l’offense. Le Mali à rendre aux Maliens », la Malienne Aminata Traoré l’explique par « le credo de Margaret Thatcher -There Is No Alternative (TINA) ». Les médias nous l’ont prêché et rabâché, tant et si bien que nous croyons désormais qu’il n’y a effectivement pas d’autre solution que de bombarder les populations pour les aider.

 

 

http://www.michelcollon.info/Guerre-humanitaire-au-Mali-aucune.html

Un journaliste quitte Le Monde pour échapper à la censure du business Hervé Kempf, Michel Collon

Filed under: Contributions - apports — kel @ 15:18

 

MICHEL COLLON : Le journaliste Hervé Kempf couvrait pour le « prestigieux » quotidien français la construction scandaleuse d’un aéroport anti-écologique à Nantes. Ses enquêtes étant de plus en plus “découragées”, il vient de quitter Le Monde pour garder sa liberté de publier. Il a découvert que Le Monde avait des intérêts liés avec les constructeurs de l’aéroport. Ceci rejoint notre analyse sur ce journal dans Les 7 Péchés d’Hugo Chavez : nous avions montré que les médiamensonges anti-Chavez et anti-Evo Morales de ce journal s’expliquaient par ses liens économiques avec les pires multinationales actives en Amérique latine. Seule l’info indépendante est vraiment libre. Le Monde est au service de ceux qui le payent. Et cela explique qu’il mente systématiquement sur chaque guerre de la France. Et refuse tout débat.

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Guadeloupe. Le LKP demande la vérité sur les massacres de Mai 1802 et Mai 1967

Filed under: Contributions - apports,Résistance africaine — kel @ 15:15

« Monsieur le Président de la République Française,

En réponse à notre courrier du 18 Mai 2012 relatif aux victimes de la guerre de 1802 et des massacres des 26 et 27 Mai 1967 en Guadeloupe, vous nous informiez avoir pris connaissance de nos demandes et les avoir transmis au Ministre de l’intérieur. Plus d’un an après, aucune réponse.

Aussi, par la présente, nous revenons vers vous afin d’obtenir des réponses au moment même où vous commémorez l’odieux massacre d’Ouradour-sur-Glane.

Vous le savez, en mai 1802, les troupes de Napoléon Bonaparte, futur Empereur des français débarquent en Guadeloupe dans le but de rétablir l’esclavage. Après 18 jours de combat : plus de 10000 victimes guadeloupéennes (tués au combat, condamnés à mort, exécutés, emprisonnés ou déportés notamment en Corse où ils moururent tous comme esclaves). Des milliers d’hommes de couleur libres seront dès lors, obligés de justifier de leur statut sous peine de redevenir esclave. Les victimes vont donc payées pour un acte aujourd’hui reconnu comme crime contre l’humanité.

Cette page de l’histoire de France n’est pas enseignée, l’Etat français préférant se revêtir de l’habit d’abolitionniste plutôt que de celui d’esclavagiste. Nicolas Sarkozy nous invitait même à « digérer notre histoire ».

Qui sont ces hommes et ces femmes qui ont donné leur vie pour défendre la liberté ?
Qui étaient ces milliers de prisonniers déportés ?
Ne serait-ce pas plutôt ceux là qu’il faut honorer ?

A maintes reprises, le sang des Guadeloupéens coula sous les balles des militaires français comme en mai 1967.

En effet, les 26 et 27 mai 1967, à Pointe à Pitre, à l’occasion d’une grève d’ouvriers du bâtiment, les
CRS, Gendarmes mobiles (Képis Rouges) perpétrèrent un véritable massacre contre les travailleurs et le Peuple de Guadeloupe.

« Le massacre commença le 26 mai 1967 au début de la matinée et dura jusqu’au lendemain soir.


Jacques Nestor

Jacques Nestor militant du GONG* et syndicaliste assassiné le 26 mai 1967


Pointe-à-Pitre martyrisé. Ces morts ne furent pas les victimes accidentelles d’un combat sans merci.

Ces êtres furent assassinés de sang froid avec méthodes. Ce crime fut décidé, organisé, planifié dans le cadre d’une politique de terreur. » (Source : extrait version Mé 67 du discours de Nicolas Sarkozy commémorant le massacre de Maillé le 25 août 1944).

Le Préfet Pierre Bolotte, inhumé le 27 mai 2008 (41 ans jour pour jour après le massacre des Guadeloupéens), commandeur de la légion d’honneur, demanda de faire usage de toutes les armes contre tous ceux qui bougeaient, qui étaient noirs ou tiraient leur origine de cette couleur. Plusieurs centaines de Guadeloupéens furent traqués, blessés ou tués par balles. L’armée française tirait sur les ambulances et même lors de la veillée mortuaire d’une des premières victimes.

L’hôpital débordait de cadavres et de blessés. Des exécutions sommaires ont été perpétrées aussi bien à la gendarmerie du Morne Miquel qu’à la sous-préfecture de Pointe-à-Pitre où des dizaines de corps jonchaient le sol.

Depuis plusieurs années, des démarches sont entreprises auprès de l’Etat français pour qu’une enquête soit diligentée sur les tueries de mai 1967. Jusqu’ici, aucune réponse.

Nos investigations se sont poursuivies directement sur le terrain même, en Guadeloupe, et ont permis de rencontrer des témoins, des parents et amis de victimes, des blessés, des emprisonnés…

Selon M. Lemoine, ancien ministre des DOM, il y eut 87 morts et des centaines de blessés. Mais, entre le nombre réel de morts et celui qui a été comptabilisé par les services officiels, il y a, à n’en pas douter, une différence de l’ordre de plusieurs dizaines.

Descendants de tous ces honorables combattants de la liberté, nous exigeons du gouvernement de la France, des réponses claires et précises sur toutes les tueries perpétrées contre les Guadeloupéens, notamment ceux de mai 1802 et mai 1967.

Au nom de la liberté, de la mémoire, du respect et de la dignité, nous exigeons la vérité, la reconnaissance de ces crimes coloniaux, la justice, le jugement et la condamnation de tous les coupables, la réhabilitation des victimes et emprisonnés, la réparation des préjudices, l’accès aux archives et dossiers de l’époque ».

 

Source :

 http://www.caraibcreolenews.com/communiques,1,5599,guadeloupe-le-lkp-demande-la-vy-rity-sur-les-massacres-de-mai-1802-et-1967.html

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