Survivants13 (ancien "Survie 13 françafrique bas les masques")

12.2.2013

« QUELLES SONT LES VRAIES RAISONS OU LES ENJEUX CACHES DE LA GUERRE OCCIDENTALE, ET AFRICAINE « PAR PROCURATION » AU NORD MALI, APRES CELLE MENEE EN LIBYE AVEC L’APPUI DE L’OTAN ? »

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« A ton appel Mali, Nous serons tous Unis, pour une Afrique Unie,»
« Si l’ennemi découvre son front, Au-dedans ou au dehors, »
« Débout sur les remparts, Nous sommes résolu de mourir, »
« Pour l’Afrique et pour Toi Mali, Notre Combat sera Unité, »
« Marchons vers l’Unité, Fidèle à notre serment, »
« De faire l’Afrique Unie, Ensemble débout mes frères, »
« Tous au rendez Vous de l’Honneur, Pour Toi l’Afrique et pour Toi, Mali!»
Extrait de Hymne Nationale du Mali, Ecrite par le célèbre Ecrivain Seydou BADIAN,
adopté par la loi N°67-72 du 9Aout 1962 de l’Assemblée Nationale du Mali.

QUELLES SONT LES VRAIES RAISONS OU LES ENJEUX CACHES DE LA GUERRE OCCIDENTALE, ET AFRICAINE
‘’PAR PROCURATION’’ AU NORD MALI, APRES CELLE MENEE EN LIBYE AVEC L’APPUI DE L’OTAN ?

Écrit, du 14 Janvier 2012 au 7 Février2012, à Niamey-Niger.

«En ce temps de la tempête » et de prédations des ressources naturelles et minières considérées comme géostratégiques,
tant en Afrique labellisée « centrale » que celle dite Afrique de «l’ouest », ainsi liée au remous de la renaissance aux
nouvelles facettes de l’impérialisme du complexe militaro industriel américain d’abord, puis Français, ensuite Chinois,
et ou organisées de concert, parrainée par les Etats du centre, dits « développés », pour « on ne peut mesurer les enjeux
impériaux qui gravitent(…) comme le souligne Odile TOBNER, autour tant des velléités de recomposition et de conquête
géostratégique de l’occident. Ainsi, pour le comprendre, une étude de cas de deux ou d’un pays, qui se trouve à la risée
d’une « crise » ( ?) Politico-militaire aigüe qui est au demeurant, le prétexte de l’interventionnisme militaire Français dans
le cas d’espèce maquillée du sempiternelle caché africain, à l’apparence insoupçonnée ! Par cet écrit digne de scientificité au
sens de Gaston BACHELARD, qui suppose le postulat selon lequel : « un travail scientifique est conquis sur les préjugés,
construit sur la raison, constatée sur les faits », nous nous donnions par devoir e le Mali, de lever le coin de voile qui masque
ou obscurci « l’avance à pas masqué », de l’impérialisme conquérant Français, sur ce qui demeure une construction
institutionnelle fragile hérité du juridisme de la conférence de Berlin: les États Africains, baptisés sous le signe de
« l’intangibilité des frontière hérités de la colonisation».

Ce faisant, en outre, « l’ampleur des mensonges qui se déploient effrontément dans les discours officiels et à l’importance
des omissions, bien plus difficiles à cerner(…)2», car, le discours officiel est élaboré d’un sous couvert
( « le développement »), qui fait sa particularité, afin qu’il se construit, en se dérobant en apparence à la critique des
citoyens les plus avisés et ou des intellectuels ‘’maitres à penser’’, les plus acerbes ! Nous verrons dans les détails les piliers
sur la base desquelles tiennent la stratégie de la toute-puissance du discours des acteurs ‘’nébuleux’’ de la manipulation
«des dispositions d’esprits» des citoyens, tant en Europe qu’en Afrique, champs par excellence des expérimentations les
plus convoités.

Nous allons d’abord voir dans une première partie l’intérêt de la manipulation dite géopolitique (I)
Et, ensuite, dans une deuxième partie l’application pratique des concepts clé en main autour des enjeux du ‘’cas Malien’’ (II).

Articulation du plan de la thématique:
I. L’intérêt de la manipulation par la stratégie dite «géopolitique»:
A. Le système d’aliénation des élites par le concept du «développement».
B. La mise en oeuvre «forcenée» de la théorie dite de l’intelligence économique.
C. Les velléités de recomposition et de reconquête géostratégique des États africains.
D. Les simulations des opérations militaires des services secrets français: Exemple
d’un ‘’cas’’ concret au Niger en 2011.
II. Application pratique des concepts clé en main aux enjeux du’’ cas’’ concret Malien:
A. Le pétrole, l’uranium, or… etc.
B. La ressource: eau
C. Les étendues des terres agricoles fertiles du nord et du centre du Mali.
D. L’énergie renouvelable: le solaire.


Ce document est une contribution de Mr ABDOULAYE I. Lawal, diplômé en Droit Public International, à la compréhension
des évènements qui bouleversent le Mali, et, auxquels aucun pays Africains ne peut véritablement échapper !
Mr ABDOULAYE Lawal est Président de la Section Nigérienne de la Fédération des Mouvements pour la Souveraineté
Économique et Monétaire Africaine.

Lire la suite sur le document PDF en effectuant un copié collé du lien ci-dessous dans la barre d’adresse :


http://survie13.fr/wp-content/uploads/2013/02/aaa-quelles-sont-les-vraies-raisons-ou-les-enjeux-cahes-de-la-guerre-au-mali-1.pdf

11.2.2013

Boubacar Boris Diop sur le Mali, la France et l’Afrique : « Nous aurions dû hausser la voix dès le jour où des chars de combat français ont forcé les grilles du palais de Gbagbo (…) Les Maliens ont perdu leur Etat et leur honneur »

Filed under: Contributions - apports — kel @ 16:10

Dans une interview accordée au journal sénégalais Le Pays au Quotidien,reprise par son collègue djiboutien Abdourrahmane Waberi sur son blog hébergé par Slate Afrique, l’écrivain Boubacar Boris Diop analyse les différentes implications de la guerre au Mali… et refuse d’applaudir à tout rompre la France officielle… qu’il qualifie de « pompier pyromane ».

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« Le danger, à mon humble avis, c’est d’analyser cette guerre comme un fait isolé. Tout le monde la relie à l’agression contre la Libye, mais pas avec autant d’insistance qu’il faudrait. Il ne suffit pas de dire que l’agression contre la Libye est en train de déstabiliser la bande sahélienne et toute l’Afrique de l’Ouest. Il faut la placer, de même que le « printemps arabe », au cœur de la réflexion sur le Nord-Mali. Nous devons peut-être même aller plus loin et nous demander si nous n’aurions pas dû hausser la voix dès le jour où des chars de combat français ont forcé les grilles du palais de Gbagbo. Il était possible, sans forcément soutenir Laurent Gbagbo, de bien faire savoir à Paris qu’une ligne rouge venait d’être franchie. Mais nous avons trop bien appris notre leçon sur la démocratie, on a inventé exprès pour nous des termes comme « bonne gouvernance » – qui donc a jamais entendu parler de la « bonne gouvernance » en Belgique ? – et nous en sommes venus à perdre tout sens des nuances et surtout la capacité d’inscrire des évènements politiques particuliers dans une logique globale.

(…) Il suffit de remonter le fil des évènements. Après avoir assassiné Kadhafi dans les conditions scandaleuses que l’on sait, L’Etat français a cru le moment venu de confier la sous-traitance de la guerre contre Aqmi et le Mujao à la rébellion touarègue. Comme vient de le rappeler Ibrahima Sène dans une réponse à Samir Amin, Paris et Washington décident alors d’aider les Touareg présents en Libye à rentrer lourdement armés au Mali mais, détail important, pas au Niger où on ne veut prendre aucun risque à cause d’Areva. Les Touareg sont ravis de pouvoir concrétiser enfin leur vieux rêve d’indépendance à travers un nouvel Etat de l’Azawad, allié de l’Occident.

Certains médias français se sont alors chargés de « vendre » le projet de ces « hommes bleus du désert » qui se préparent pourtant tout simplement à entrer en guerre contre le Mali. Il suffit de faire un tour dans les archives de France 24 et de RFI pour voir que le MNLA en particulier a été créé de toutes pièces par les services de Sarkozy. Ces stratèges savaient très bien que cela allait se traduire par l’effondrement de l’Etat malien et la partition de son territoire. Ça ne les a pourtant pas fait hésiter une seconde. Juppé s’est ainsi permis de minimiser l’égorgement collectif par les Touareg d’une centaine de soldats et officiers maliens le 24 janvier 2012 à Aguelhok et suggéré la possibilité d’un Azawad souverain au nord. Mais au bout du compte, le MNLA qui n’a pas été à la hauteur des attentes de ses commanditaires face aux jihadistes, s’est pratiquement sabordé, ce qui est d’ailleurs sans doute une première dans l’histoire des mouvements de libération. Dans cette affaire, la France est clairement dans le rôle du pompier pyromane. Tout laisse croire qu’elle va défaire les jihadistes, mais sa victoire coûtera aux Maliens leur Etat et leur honneur.

Je veux juste dire que c’en est fini pour longtemps de l’indépendance du Mali et de sa relative homogénéité territoriale. Il faudrait être bien naïf pour s’imaginer qu’après s’être donné tant de mal pour libérer le Nord, la France va remettre les clefs du pays à Dioncounda Traoré et Maliens et se contenter de grandes effusions d’adieu. Non, le monde ne marche pas ainsi. La France s’est mise en bonne position dans la course aux prodigieuses richesses naturelles du Sahara et on la voit mal laisser tomber la rébellion touarègue qui reste entre ses mains une carte précieuse. Un épisode de cette guerre est passé inaperçu, qui mérite pourtant réflexion : la prise de Kidal. On en a d’abord concédé la « prise » à un MNLA qui n’a plus aucune existence militaire et quelques jours plus tard, le 29 janvier, les soldats français sont entrés seuls dans la ville, n’autorisant pas les forces maliennes à les y accompagner. Iyad Ag Ghali, patron d’Ansar Dine, discrédité par ses accointances avec AQMI et le MUJAO, est presque déjà hors jeu et son rival « modéré » Alghabasse Ag Intalla, chef du MIA, est dans les meilleures dispositions pour trouver un terrain d’entente avec Paris. En somme, les indépendantistes Touareg vont avoir après leur débâcle militaire un contrôle politique sur le nord qu’ils n’ont jamais eu. C’est un formidable paradoxe, mais l’intérêt de l’Occident, c’est un Etat central malien sans prise sur la partie septentrionale du pays. Les pressions ont commencé pour obliger Dioncounda Traoré à négocier avec des Touareg modérés sortis de la manche de Paris et on ne voit pas un président aussi affaibli que Dioncounda Traoré résister à Hollande. Que cela nous plaise ou non, le « printemps arabe » est en train de détacher définitivement l’Afrique du Nord du reste du continent et la « nouvelle frontière » c’est en quelque sorte le Nord-Mali. Cela correspond à un projet stratégique très clair, très cohérent, de l’Occident et il est en train de le mettre en œuvre. »

 

10.2.2013

ESPIONNAGE RELIGIEUX ENTRE LES USA ET LA RUSSIE – Leçon 50 – Partie 3/5

Filed under: Contributions - apports — kel @ 16:22

Leçon de Géostratégie Africaine n° 50 – partie 3/5 – Espionnage religieux (JP Pougala)

Beaucoup croient par erreur que la période de tension entre les deux plus grandes superpuissances militaires du monde, dite de guerre froide s’est terminée avec la chute du mur de Berlin en novembre 1989. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que cette guerre a continué plus rude qu’avant, avec la religion comme instrument géostratégique. Nous allons voir comment.

Quel est le plus grand ennemi des Etats-Unis d’Amérique, un pays fondamentalement chrétien où le président prête serment sur la bible ? Quel est le plus grand ennemi de la Russie, un autre pays chrétien ? La réponse est à coup sûr : l’Islam, le monde musulman. Ce qui est faux bien entendu. L’islam n’a jamais été l’ennemi des Etats-Unis, puisque, comme l’affirme le Ministre russe des affaires étrangère Lavrov, ce sont ces derniers qui œuvrent au développement de l’islam partout dans le monde où leur christianisme a du mal à d’implanter.  Le plus grand ennemi des Etats-Unis d’Amérique c’est comme l’a dit le candidat malheureux aux élections présidentielles 2012, Mit Romney, la Russie. Un pays chrétien. Et de même pour la Russie, le plus grand ennemi  ce sont les Etats-Unis d’Amérique. La guerre froide est peut-être terminée avec la chute du mur de Berlin en 1989, mais en 2013, elle continue, reconvertie en guerre religieuse. Et l’espionnage des 007 classiques du passé s’est transformé en espionnage religieux.

Pourquoi deux pays chrétiens peuvent-ils se livrer à une telle méfiance ? Quelle est la différence entre leur christianisme. Il faut savoir que le Jésus des Russes est complètement différent du Jésus des Américains. Et le type de Jésus que l’on adore, doit aussi déterminer l’alliance militaire des pays.

En Afrique, nous ignorons tout des Orthodoxes, parce que le christianisme africain en dehors de celui Egyptien et Ethiopien, est le fruit de la colonisation. Donc le choix a été porté sur le modèle chrétien de nos prédateurs, ce qui va expliquer que contrairement à la Syrie, la Russie posera rarement son veto aux Nations Unies pour venir en aide à un pays africain. Parce que, aujourd’hui, dire qu’on est chrétien tout-court ne veut rien dire. Il faut choisir si on est un chrétien occidental ou oriental. Les Africains sont donc, par mimétisme colonial des chrétiens occidentaux. Exactement comme les Shiites et les Sunnites dans l’islam.

Pourquoi des Athées peuvent-ils soutenir une spiritualité ? le cas de L’EGLISE ORTHODOXE RUSSES ?

Lorsqu’on regarde le tableau de l’incroyable évolution de l’athéisme dans le monde réalisé par le département Education de l’entreprise pharmaceutique Pfizer, les pays qui ne croient pas en Dieu sont presque tous des pays riches. Dont la palme d’or revient à la Suède avec près de 90% de non croyants, près de 70% de Suédois sont membres de l’Eglise de Suède avec à sa tête la royauté suédoise. C’est aussi le cas du Danemark, nous avons selon mes mêmes chiffres : 80% de non-croyants, mais en même temps, 80% sont membres de l’Eglise du Danemark avec à sa tête la royauté danoise. En d’autres termes, la religion devient comme un instrument culturel et non dogmatique pour servir de collant national autour des coutumes de chaque pays. C’est ce qu’on va retrouver aussi en Russie où Kathy Rousselet, à la page 65 de son livre publié en 2010,  intitulé « L’Eglise orthodoxe russe et le territoire » nous révèle que 6% des russes croient en dieu et que 60% sont membres  de l’Église orthodoxe russe revendique qui vante ainsi environ 100 millions de membres. La question immédiate qu’on ne peut cesser de se poser est comment 94% de personnes qui ne croient pas en dieu peuvent-ils adhérer si nombreux à une église qui professe dieu comme crédo centrale ? Parce que, comme en Suède ou au Japon, la spiritualité est avant tout une notion de traditions comme instrument de surveillance territoriale et de défense nationale, avant même d’être liturgique. L’église russe est la communion de la société contre les déstabilisations externes et la plus efficace des veilles de contre-espionnage sur le plus vaste pays du monde avec ses 17 millions de km2, pratiquement le double de la superficie des USA.

Avec le communisme au pouvoir en Russie après la révolution d’octobre 1917, les lieux de culte sont reconvertis en bibliothèques, en théâtres. L’état professant l’athéisme intégral. En 1930, 3 ans avant que Hitler n’arrive au pouvoir en Allemagne, Staline ira jusqu’à promouvoir une association d’athées russes dénommés  « Sans Dieu » et pour prendre encore plus les distances de la christianité qui fait des Juifs un peuple déicide (accusé d’avoir tué le fils de dieu), Staline va mettre à la tête de cette association un Juif, un certain Emilian Iaroslavski. A peine 3 ans après, Staline va comprendre qu’il a commis une très grave erreur de lutter contre ses religieux, lorsqu’en Allemagne Hitler va s’associer au parti catholique du Zentrum, soutenu par le Vatican et lorsqu’il lance sa croisade contre l’Union Soviétique, pendant des années il va réussir à convaincre même les Américains d’être de son côté, puisqu’il combat l’ennemi commun c’est-à-dire, le Satan, l’athée russe et ça va marcher, puisque les américains n’interviendront que lorsque les russes vont remporter en Janvier 1943 la bataille de Stalingrad au prix d’un million de morts. C’est le tournant de la guerre qui a déjà coûté à la Russie, 27 millions de morts, tous tués par les Allemands, très motivés par la foi chrétienne, un peu comme les Djihadistes musulmans de nos jours. Pour passer à l’offensive et aller chercher les Allemands jusqu’en Allemagne, Staline sait désormais qu’il a besoin d’un pays solide religieusement autour de lui. Il rencontre les trois métropolites de l’Eglise orthodoxe russe au Kremlin le 19 septembre 1943. Il libère tous les prêtres qu’il avait auparavant envoyés au Goulag. Avec eux, il rétablit le patriarcat en 1944 et convoque un concile en 1945 qui commentera la conduite de Staline de la guerre contre Hitler en ces termes : « Dans cette guerre, Staline est inspiré par l’esprit divin ». C’est le début du patriotisme et du nationalisme de l’église orthodoxe russe. C’est l’état communiste qui valide et promeut une église qui 45 ans avant, en 1901, condamnait et excommuniait l’écrivain Tolstoï pour avoir mis en doute le dogme de la virginité de Marie. Finie la guerre, l’Union Soviétique a gagné sur Hitler puisque ce sont les troupes russes qui entrent dans Berlin. Ensuite arrive Kroutchev au pouvoir. Dès 1961, il débute la déstalinisation de la société russe, la religion ne sert plus. On la remet au placard. Pour des raisons stratégiques on fait appel à la religion, pour des raisons idéologiques, on la renie.

LA RUSSIE DE ELTSINE : LE DECLIN D’UN GEANT

Dans son livre de 122 pages publié en 1999 aux Editions du Seuil, intitulé : « Le hold-up du Siècle », Victoria Renaux et François Roche (directeur de la rédaction de l’Expansion) nous expliquent avec des détails croustillants de comment l’avènement de la supposée « démocratie » en Russie a signifié le pillage de type mafieux des ressources minières du pays avec des passages des entreprises d’état à la famille du président Eltsine sans vergogne. Qu’importe, c’était bien la « démocratie », puisque contrairement aux méchants de l’ère Soviétique, le président Eltsine pouvait se vanter d’être le premier président élu de la Russie. Le réveil démocratique a été donc très douloureux pour le peuple et le pays en quasi faillite où les cercles du nouveau pouvoir se sont très vite transformés en mafias. Les familiers du président vont devenir tous des milliardaires en un temps record, prenant le nom des « Oligarques ». Le plus emblématique de ce pillage est la privatisation de la toute première compagnie pétrolière russe dénommée Youkos, bradée en 1995 à un ami du pouvoir, un certain Khodorkovski, à seulement 360 millions de dollars lors d’une vente aux enchères où le président Eltsine n’avait autorisé que deux participants, deux proches qui avaient financé sa campagne électorale pour ses 2 mandats de président de Russie.

Aux USA, on se frotte les mains, et on félicite le président Eltsine d’être un président courageux, démocratique et respectant les droits de l’homme. On déroule le tapis rouge aux nouveaux riches venus de Russie, peu importe comment ils le sont devenus. C’est une période jubilatoire pour Washington, parce que l’ennemi de toujours est tombé dans le piège démocratique et a débuté son autodestruction. Et quel que soit la force d’un privé russe, il ne sera jamais assez fort pour résister au rouleau compresseur américain. Les russes vont mettre peu de temps à le comprendre. C’est le Groupe pétrolier américain qui veut acheter Youkos à 40 milliards de dollars, c’est-à-dire, plus de 111 fois supérieure au prix d’achat. C’est la première brèche de l’offensive que les Américains mènent depuis la chute du mur de Berlin sur un secteur aussi stratégique que le pétrole.

Au même moment, ce sont les services secrets russes en Chine qui informent Moscou que plusieurs des plus grands imprimeurs chinois sont pris  d’assaut par les services secrets occidentaux pour l’impression des bibles en millions de copies destinées à la Russie. Pendant ce temps, une autre offensive est menée par les pays occidentaux pour faire passer les anciens pays satellites de l’Union Soviétique sous le contrôle américain, avec leur adhésion à l’OTAN et à l’Union Européenne. Moscou se sent encerclé. Les stratèges russes se mettent au travail. Il faut répondre aux Américains pour les bibles qui vont bientôt déferler. Mais ils ne savent pas trop quoi faire. « Une attaque avec la religion est plus difficile à contrer qu’une autre avec la bombe » dira un responsable russe à Boris Eltsine, lui qui pratique une politique dite de « laisser faire » pour plaire aux occidentaux et s’entendre définir « démocratique ». Eltsine n’a pas écouté le KGB ni pour les privatisations, encore moins pour son ouverture à l’Occident, parce qu’il n’a pas confiance aux services secrets russes, parce qu’il se sent vulnérable après sa gestion calamiteuse du pouvoir. Il va même en changer la structure et le nom de KGB à FSB. Mais il va finir par choisir comme dauphin un membre du KGB, celui dont le nom de code est « Platov », c’est-à-dire Vladimir Poutine.

APRES L’HIVER MAFIEUX DE ELTSINE, LE PRINTEMPS RELIGIEUX DE PUTIN

Le 31/12/1999, Poutine devient le deuxième président de la nouvelle Russie. Il a une intelligence particulière. Sur le plan de la politique intérieure, il va coffrer presque tous les oligarques. Sur le plan de la politique extérieure, il va réagir là où on l’attendait le moins. La religion. Pourquoi la religion ? Vladimir Poutine est diplômé en droit à l’Université de Leningrad (aujourd’hui Saint-Pétersbourg) où il soutient une thèse en 1975 intitulée :  « La politique américaine en Afrique ». Dans cette thèse, Poutine décrit comment, pour bloquer l’Union Soviétique et la Chine en Afrique, les américains utilisent le levier religieux de l’islam au nord et dans le Sahel et le christianisme au sud du Sahel. Il explique comment les américains mise sur l’évangélisation qu’elle soit catholique ou protestante pour obtenir la soumission des africains.

Lorsqu’il devient président de la Fédération de Russie, il sait que des millions de bibles sont en route pour la Russie, comme cela a été le cas en Afrique. Pour les stopper, il a besoin d’une autre religion. Il dira à ce sujet : « seule une religion peut stopper une autre, seule notre religion traditionnelle, l’Orthodoxe peut éviter que la Russie devienne l’Afrique des USA » Il a pu allier un autre ancien membre du KGB, le chef de l’église orthodoxe en personne, Alexis II,  Patriarche de l’Eglise Orthodoxe russe depuis plus de 30 ans et Agent du KGB. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le prêtre orthodoxe Gleb Yakounine qui l’a affirmé en 1990.

Avec Putin, c’est l’état russe lui-même qui achète les sièges des églises orthodoxes qui deviennent même dans certains pays, une seule et même chose avec les consulats de Russie. Durant les deux mandats de Eltsine, les américains adoptent une stratégie de pénétration du territoire russe, c’est à travers le concept magique des « droits de l’homme ». L’objectif est de créer et construire ce qu’ils appellent la « société civile russe » avec un agenda très élogieux : « réussir la démocratie et le respect des droits de l’homme en Russie ». Mais comme j’ai souvent l’habitude de le dire, si cette démocratie était si merveilleuse et pouvait permettre à la Russie d’être plus puissante, pourquoi les USA iraient doter leur principal ennemi d’un instrument si redoutable ? La vérité est qu’elle a permis de fragiliser l’Etat, pour créer quelques potentats avec pour seul rôle, de piller l’état, confirmant au passage que la démocratie n’est qu’un simple instrument de prestidigitation, pour tourner l’attention du peuple vers des futilités, très loin des opérations fâcheuses qu’on est en train de réaliser sur son dos.

Mais le président Putin qui a décidé de nettoyer le pays avec le soutien massif de ses citoyens, n’est pas dupe. Il sait bien que ces ONG qui naissent comme des champignons ne sont que les relais des espions occidentaux en Russie, puisque le seul poste qu’il occupé à l’étranger comme espion du KGB était de diriger une fantomatique « Association de l’Amitié Russo-Allemande » à Berlin. C’est encore autour de L’Eglise Orthodoxe que la contrattaque russe va s’organiser. Et en avril 2006, se tient à Moscou, le Concile mondial du peuple russe, regroupant dignitaires de l’Eglise orthodoxe russe, hauts fonctionnaires, parlementaires, représentants de la jeunesse, des métiers et des professionnels pour ne pas laisser aux occidentaux l’exclusivité des donneurs de leçon en matière de droits de l’homme. Le Concile adopte sa propre « Déclaration des droits et de la dignité de l’Homme ». Comme nous l’explique le journaliste Vladimir Simonov de RIA Novosti dans son article du 7 Avril 2006, c’est un ensemble de dispositifs qui « remet en cause les valeurs libérales occidentales importées par la Russie et propose son interprétation des droits de l’homme dans la société russe ». C’est ainsi que dans le discours de clôture du Concile, le métropolite Cyrille de Smolensk et de Kaliningrad explique que le libéralisme occidental  « dilue la frontière entre le Bien et le Mal ». « L’individu peut donc se réaliser n’importe comment à la seule condition qu’il ne touche pas à la liberté d’autrui », dit le premier théoricien du patriarcat de Moscou caricaturant ainsi la démocratie occidentale. « En d’autres termes, s’il faut nécessairement respecter les lois juridiques, il en va de même des impératifs moraux ». Tout le monde sait qu’il parle sans le citer, du président américain Georges W. Bush avec sa guerre en Irak pour soit disant y exporter sa démocratie.

Le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov quant à lui, a expliqué que ce sont les américains qui contrôlent et manipulent les islamistes, mais qu’ensuite ils tentent de les faire passer pour des méchants en demandant à la Russie de choisir de quel côté elle veut être et qui au fond, n’est qu’une technique pour instaurer une subalternité russe aux USA. Dans son discours pour clôturer le Concile, il dira : « On tente de pousser notre pays à se ranger du côté de la civilisation occidentale en prévision d’un conflit – inéluctable, comme ils disent, – avec la civilisation islamique. J’y vois une menace non seulement aux intérêts vitaux de la Russie sur le plan international, mais aussi à son développement interne en tant que pays multiethnique et multiconfessionnel ».

Le 11 Mai 2011, un pas supplémentaire est franchi dans cette escalade stratégico-religieuse. Pour lutter contre l’activisme des églises réveillées américaines toujours plus nombreuses dans le pays, c’est le maire de Moscou, Sergueï Sobianine qui annonce la construction de 200 nouvelles églises dans la seule ville de Moscou. Et il indique que 15 parcelles pour 15 églises ont déjà été attribuées à l’Eglise Orthodoxe pour l’année 2011. Et 80 nouvelles parcelles le seraient dans les plus brefs délais. Pour Sobianine, c’est autour de sa religion millénaire que la Russie construira sa cohésion nationale pour mieux résister contre les infiltrations des pays ennemis habillés en religion.

C’EST QUOI LES MORMONS POUR L’ADMINISTRATION AMERICAINE ?

Je me suis demandé plusieurs fois pourquoi l’état américain pouvait à ce point faire confiance à une de ses multiples religions plus que d’autres, les Mormons. Et j’ai découvert que contrairement aux autres églises chrétiennes, toutes provenant de l’Europe contre qui le pays s’est battu pour avoir son indépendance, les Mormons sont la seule religion chrétienne qui revendique son origine sur le sol américain. Leur Jésus n’est par le même que celui des autres. Leurs prophètes seraient tous des américains et non plus des romains. De quoi mettre les bases d’un patriotisme suffisamment solide pour résister aux épreuves du temps et même de l’espace.  Les mormons ne croient pas à la version de l’évangile de Jésus selon la validation de l’Empereur romain Constantin, mais ils partent des révélations d’un fermier américain, un certain Joseph Smith, à qui l’ange Moroni serait apparu pour lui remettre un livre contenant le témoignage des prophètes ayant vécu sur le continent américain environ 600 ans avant notre ère. Cette religion tire donc sa source de croyance dans le passé précolombien de l’Amérique. Et son Jésus serait précédent du Jésus des autres Chrétiens d’au moins 6 siècles. Cela peut prêter à sourire, mais si on ne s’arrête pas au stade purement de la caricature pour aller au cœur de la symbolique, on peut comprendre qu’ils sont les américains qui ont su le mieux interpréter la conflictualité pour obtenir leur indépendance de leurs ancêtres européens ; indépendance qui n’aurait  été jamais parachevée sans le fait de couper ce cordon ombilical spirituel qui pouvait encore les lier comme subalternes à l’Europe de leurs ancêtres. Et ce petit détail est apparemment très important aussi pour l’administration américaine qu’elle soit de gauche ou de droite, même si les Mormons votent traditionnellement pour le parti Républicain. Leur présence dans l’économie permet au service de renseignement américain d’être au courant de beaucoup de choses très stratégiques. Par exemples, selon les informations fournies par le journal russe « La voie de Russie » du 10/10/2012, ils contrôlent tous les secteurs clés de l’économie, de l’industrie, de la finance en passant par l’armée et les services secrets. Ils contrôlent : par exemple : le groupe hôtelier Marriott, American Express, Deutsche Lufthansa AG, Pricewaterhouse Coopers, la direction du Crédit Suisse pour l’Europe, le Proche-Orient et l’Afrique, les plus importantes banques de Wall Street. Ils ont une forte présence dans les services secrets américains, les structures militaires et le ministère des Finances des Etats-Unis. Et le journal russe de conclure : « On peut même dire qu’ils définissent la politique intérieure et étrangère des Etats-Unis ».

Aux Etats-Unis d’Amérique la religion chrétienne est très importante dans le système du contrôle des masses. Les risques de troubles sociaux dus aux inégalités trop criantes sont sagement mis sous contrôle par une présente débordante de la religion. Même si l’état fédéral est laique et ne doit favoriser aucune religion, dans les  faits les président se prennent pour de vrais prophètes au point non seulement de prêter serment non pas sur la constitution du pays, mais sur la bible, mais aussi de bénir le peuple à la fin de chaque discours publique. Ce n’est donc une surprise pour personne que les services secrets internes (FBI) et les services secrets externes (CIA) soient structurés, organisés et fonctionnent autour d’un pilier religieux chrétien que constitue les différentes églises dont la palme d’or revient aux Mormons. Cette église a mis au point le fichier le plus puissant du monde avec un milliards de personnes répertoriées avec des informations très détaillées sur chaque individu. C’est ce fichier qui sert de base de travail soit à la CIA qu’au FBI et c’est précisément grâce à un tel instrument hors du commun que ces 2 services de renseignement n’ont pas de véritables concurrents dans le monde. Comment est-il constitué ? A travers les ramifications de diverses églises réveillées installées dans le monde entier et financées toutes depuis les USA. Comment ça marche ? Le credo des Américains est de mettre en avant la démocratie, les droits de l’homme et seulement en dernier ressort la liberté religieuse. Et c’est à ce niveau qu’il faut bien comprendre que pour les USA, ils ont le meilleur système politique, économique, social, judiciaire du monde et qu’ils se doivent d’exporter ce modèle dans le monde entier. Et pour eux démontrer qu’un pays est démocratique et libre, c’est prouver qu’on peut laisser prospérer sans contrôle les églises réveillées en provenance des USA et qui petit à petit vont faire la politique, pour réussir à exprimer leur candidat et prendre le pouvoir.

Le 24 Avril 2012, ce sont les médias américains qui nous informent sur la décision de la Maison Blanche de construire à Utah, dans la capitale des Mormons, le plus grand centre d’espionnage cybernétique du monde sur neuf hectares de bâtiments remplis de serveur pour un coût total de  deux milliards de dollars. Démarrage prévu pour le mois d’octobre 2013. L’objectif affiché est de décrypter toutes les activités sur le net des internautes de deux pays en particulier, la Russie et la Chine. On nous dit que ce serveur pourra intercepter tous les emails et toutes les requêtes sur Google. Les américains ne nous ont pas dit comment ils comptent faire pour les chinois qui utilisent à majorité, leur propre moteur de recherche dénommé BAIDU et où QQ remplace Facebook et autre messagerie instantané en vogue en Occident. Qu’importe. Le peuple américain est content de pouvoir contrer les méchants russo-chinois.

 Mais pourquoi le choix d’une petite ville de 8.000 habitants en une zone perdue de l’Utah, Bluffdale ? C’est ici le cœur de l’intelligentsia de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (les Mormons) avec la Brigham Young University, qu’on surnomme le « Harvard des Mormons ». Les 35.000 étudiants sont tous polyglottes, préparés pour aller conquérir le monde avec un mixte de prosélytisme religieux et un très fort patriotisme qui se superpose souvent avec de l’espionnage volontaire. C’est ce qui explique que les premiers à être recrutés pour ce nouveau centre du FBI sont les étudiants de la Brigham Young University.

COMMENT REAGIT LA RUSSIE ?

La Russie va l’apprendre à ses dépens, puisque les Mormons ont déjà particulièrement ciblé la Russie. En 1991, le Président Eltsine chouchouté des américains va ouvrir toute la Russie à ces religions et dès la première année, la seule église des Mormons compte 750 membres russes en 1991 pour arriver à 22.000 membres 11 ans plus tard, répartis dans 120 congrégations  dans toute la Russie. C’est lorsque le contre-espionnage russe découvre que la plupart des jeunes Mormons qui avaient séjourné en Russie comme volontaires pour 2 ans, une fois retournés aux USA, intégraient directement le FBI ou la CIA que la Russie a cherché de sauver ce qui pouvait l’être avec la loi votée à la Douma, parlement russe et signée par Vladimir Poutine le 21/11/2012 interdisant tout mouvement d’argent entre une organisation située à l’étranger et une autre sur le sol russe. Si une organisation doit contrevenir à cet interdit, elle doit inscrire sur l’entête de tous ses documents, de toute sa correspondance : « Agent de l’Etranger ». Ces quelques mots en Russie ne sont pas anodins, ils proviennent tout droit de la triste histoire de la seconde guerre mondiale où les traitres au service de l’Allemagne Nazie étaient appelés justement « Agent de l’Etranger ». La loi parle de toute organisation qui veut orienter ou modifier l’opinion publique, puisqu’en le faisant, elle fait de la politique et pour faire de la politique en Russie, un acteur politique ne peut recevoir l’argent de l’étranger. Quelques jours après la signature de cette loi, ce sont les militants de la jeunesse pro-Poutine dénommée la « Jeune Garde » qui contrecarre désormais toutes les activités des églises réveillées en Russie, qui vont huer les adeptes des Mormons qu’ils appellent « espions religieux » avec un billet d’avion retour pour Washington,  billet sous forme de pancarte, avec dessus le logo de la CIA.

C’est dans ce contexte que le 17 Août 2012, 3 femmes du groupe musical Pussy Riot vont écoper d’une peine de 2 ans prison ferme pour avoir profané une église orthodoxe en plein cœur de Moscou à la suite d’une exhibition contre Poutine, alors candidat aux élections présidentielles. Selon un sondage réalisé avant le verdict, entre le 10 et le 13 Août 2012, par le Centre Levada, seuls 17% de Russes soutenaient les chanteuses incriminées et environ 80% étaient pour une condamnation exemplaire ou alors ont refusé de répondre, considérant le sujet pas utile du tout. Il est évident que si l’église choisie avait été une autre, pas sûr qu’il y aurait eu le moindre procès.

Le jour de noël chrétien occidental, le 25/12/2012, on assiste à l’épilogue de cette histoire, lorsque la cathédrale de la Transfiguration de l’Eglise orthodoxe russe de Los Angeles nous annonce un mystérieux cambriolage. Les malfrats semble-t-il cherchaient des documents des échanges entre Moscou et le clergé russe de Los Angeles.

QUELLES LECONS POUR L’AFRIQUE ?

On peut ne pas croire en dieu ou croire aux cranes, mais lorsque l’intérêt suprême du peuple l’exige, il faut avoir l’intelligence d’oublier ce qu’on est et se demander d’abord ce dont a besoin le peuple pour se protéger, pour se stabiliser avant de s’émanciper.  C’est tout simplement ce qu’ont compris les 94% de russes qui ne croient pas en dieu, mais qui savent que leurs traditions restent la seule muraille pour se protéger du monde, toujours plus cruel, même de loin avant les bombes. Lorsque les croyances de tes parents ne te plaisent pas, au lieu d’y mettre les mains pour les améliorer et les fortifier, tu te prostitues dans les croyances de tes prédateurs ou tu singes les croyances de ceux qui se sont imposés à nous avec la violence, après cela, crois-tu sincèrement que quelqu’un va te prendre au sérieux sur cette terre ? Sur Jupiter peut-être, mais pas sur notre planète terre. Ou tout au moins, pas pour l’instant. Tout simplement parce que le faisant, tu n’existes pas. Et on ne peut pas respecter ce qui n’existe pas, ou existe par procuration, on ne peut pas respecter le néant.

On a vu les dirigeants les plus athées du monde recourir à la religion ancestrale de la population pour retrouver un collant national. L’Afrique manque de ce genre de collant, parce que les élites sont tellement abruties par le système dominant qu’ils sont presque tous inscrits dans une logique de la recherche de la reconnaissance du maître Européen ou Arabe. C’est ainsi qu’ils redoublent d’ingéniosité pour prouver à ces maîtres qu’ils n’ont rien en commun avec les primitifs et sauvages qui appliquent le culte des morts. Certains vont tourner la tête à la recherche d’une spiritualité plus glorieuse vers l’antiquité égyptienne, d’autres vont chercher à prouver l’impensable d’un monothéisme africain. D’autres encore vont se réfugier dans des loges maçonniques afin de prouver encore plus au maître qu’on est resté des esclaves fidèles et fiers de l’être. Ce que ce beau petit monde ne comprend pas est que lorsque quelqu’un a honte de ses parents, honte de la nourriture avec laquelle ils l’ont élevé, honte de leur simplicité, honte de leurs coutumes, de leur spiritualité,  pour se lancer dans l’élan pour plaire au maitre en singeant les civilités  de ce dernier, aux yeux de ce maître qui sait très bien manier l’arme de l’hypocrisie, il est considéré pire que les parents dont il veut se démarquer, parce qu’eux au moins même dans l’erreur ont pu pratiquer des spiritualité propres à eux, ont pu vivre dans une société organisée par eux, ont pu manger des aliments inventés par eux.

Et l’émergence d’une pensée moderne africaine aurait dû partir de cet embryon d’organisation sociétale du culte des ancêtres. C’est autour des coutumes africaines que doit s’articuler un vrai système solide d’espionnage africain qui soit capable d’être suffisamment hermétique pour  résister à l’infiltration des autres pays du monde, tantôt habillée en christianisme, tantôt en Confucianisme, tantôt en Orthodoxe, tantôt en islamisme, tantôt en indouisme, tantôt en franc-maçonnerie et tantôt encore, en église du christ du 7ème ou 20ème jour. Et devant tout ça, la réponse africaine est inexistante. Ce que tous les services secrets du monde redoutent, sont des agents-double, des personnes payées pour servir les intérêts du pays, mais qui se retrouvent à être plus dangereux parce qu’ils servent effectivement, les intérêts de l’ennemi. Sans cette base commune qui fait la fierté même de l’identité de l’individu, les espions africains ne seront pas des agents-double, mais triple, quadruple et même quintuple, vue la rapidité avec laquelle les gens changent de confréries religieuses pour alimenter les services secrets des ennemis, pourvue qu’ils donnent suffisamment l’impression de faire des miracles pour fuir la misère.

Douala le 05/02/2013

Jean-Paul Pougala

 

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