Survivants13 (ancien "Survie 13 françafrique bas les masques")

15.1.2013

Affaire Firmin Mahé : « permis de tuer » pour l’armée française en Afrique

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L’association Survie s’indigne de la décision du ministère public de ne pas faire appel du verdict rendu dans le procès de l’affaire du meurtre de Firmin Mahé. Les peines avec sursis prononcées contre les militaire français jugés coupables de ce crime de guerre commis en Côte d’Ivoire sont en effet insignifiantes. Mais surtout, les responsabilités au sommet, tant militaires que politiques, ont été honteusement escamotées. Signe que les interventions de l’armée française en Afrique demeurent au-dessus de tout contrôle.

Le 13 mai 2005 en Côte d’Ivoire, des soldats de l’opération française Licorne étouffaient un Ivoirien au moyen d’un sac poubelle. Firmin Mahé était le chef présumé d’une bande armée, accusée de crimes dans la zone de confiance qui séparait le sud du pays, contrôlé par le gouvernement, et le nord, occupé par la rébellion. Suite aux accords de Linas-Marcoussis et aux résolutions de l’ONU, les casques bleus, fortement épaulés par les militaires français, y étaient en charge de la sécurité.

C’est dans cette zone « de confiance » en fait zone de non-droit, où a explosé la criminalité [1] que nos militaires se sont affranchis des règles. Emploi d’indics ivoiriens sous uniforme français [2] ! Passages à tabac et traitements dégradants [3] !, Exhortation du colonel Burgaud pour « buter » un criminel pour l’exemple [4] ! Et donc exécution extra-judiciaire pour Firmin Mahé. Rappelons aussi que, dans la même région, des soldats de Licorne avaient braqué une banque [5] !

Vendredi 7 décembre 2012, la Cour d’assises a déclaré coupables trois des quatre militaires jugés dans cette affaire. Après deux semaines d’audiences, ces militaires ont été adroitement décrits comme les véritables victimes de cette affaire – victimes d’un mandat onusien irréaliste, victimes de casques bleus incompétents, victimes d’ordres illégaux, victimes d’une institution qui dresse des hommes à abandonner tout jugement – ces auteurs d’un crime de guerre caractérisé ont été condamnés à seulement un an à cinq ans de prison avec sursis. Dès le mardi 11 décembre, le Parquet a déclaré qu’il ne ferait pas appel de cette décision, avalisant ainsi une forme de « permis de tuer » pour les militaires français en Afrique : vous avez le droit à un assassinat, mais pas à deux. Si le jugement prononcé était juste, ce même jugement devrait en effet être prononcé de nouveau à l’avenir contre tout autre militaire qui, face à une situation complexe, se rendrait coupable d’exécution extra-judiciaire sur un prisonnier criminel. Le jugement actuel crée ainsi une jurisprudence dangereuse.

Par ailleurs, de bout en bout, la gestion de la crise ivoirienne est française. Les résolutions de l’ONU, qui donnent mandat à la force Licorne, ont toutes été écrites par la délégation française. Les accords de Linas-Marcoussis, qui ont instauré la zone de confiance et sur lesquels s’appuyait l’ONU, ont été imposés depuis Paris. Les missions sous casques bleus sont pilotées depuis New-York par les diplomates, immuablement français, qui dirigent le département des opérations de maintien de la paix.

On sait d’ailleurs que les méthodes expéditives de l’armée française en Afrique, particulièrement en Côte d’Ivoire, ne s’arrêtent pas à l’affaire Mahé. En d’autres circonstances, un chasseur alpin dira « des affaires Firmin Mahé, mettant en cause des officiers supérieurs, j’en ai vu plusieurs pendant que j’étais en Côte-d’Ivoire. » [6]

Si, au contraire d’affaires similaires, l’élimination de Firmin Mahé a eu des conséquences judiciaires, c’est très probablement à cause de l’épisode dramatique qui l’a précédé en novembre 2004 et qui oppose deux acteurs majeurs de l’époque : la ministre de la Défense Alliot-Marie et le commandant de la Force Licorne à l’époque, le général Henri Poncet. Il s’agit du bombardement de Bouaké, dans lequel neuf soldats français ont été tués et qui a précédé de sanglantes représailles de l’armée française sur les civils Ivoiriens. Après la plainte des familles des soldats français victimes de ce bombardement, les partitions jouées par le général Poncet et par Michèle Alliot-Marie ne s’accordent guère. Devant la juge du Tribunal aux Armées de Paris, le général évoque une « bavure manipulée » [7] destinée à justifier le renversement du président Gbagbo. Pour le contrer, l’ex-ministre exploite médiatiquement l’affaire Mahé. Tandis qu’en 2010, à l’issue de l’instruction, le Tribunal aux Armées de Paris renvoie aux assises les quatres militaires qui viennent d’être jugés, leur responsable hiérachique, le général Poncet, bénéficie d’un non-lieu. Les audiences du procès ont pourtant révélé l’existence de rapports internes à l’armée sur ce général au « style de commandement très violent, très pousse-au-crime » [8], qui aurait ordonné à l’un de ses colonels, après le bombardement de Bouaké, « je veux des morts ivoiriens » [9] .

Exonération de la haute hiérarchie militaire de ses responsabilités, refus du ministère public de faire appel des peines de sursis prononcées : le précédent créé par cette première affaire en cour d’assises concernant des militaires coupables d’homicide est désastreux. L’association Survie s’indigne d’une telle indulgence pour les exécutants et leur chef, qui n’a pas été inquiété. Cela revient à blanchir officiellement les comportements criminels de l’armée française en Afrique.

[1] Lire « Les gens sont abandonnés à leur sort ». Témoignages recueillis en Côte d’Ivoire : 2003-2006, Médecins sans Frontières Belgique, 2007. Ce rapport n’est plus disponible sur internet mais peut être consulté sur le site de Survie. Parmi les témoignages recueillis, un membre du personnel médical de la ville de Man déclarait en août 2005 : « les victimes de violences, qui se font soigner ici, viennent pour la plupart de l’intérieur de la zone de confiance. Le danger y est omniprésent. Les habitants y sont abandonnés à leur sort. Ils ne peuvent compter sur personne pour assurer leur sécurité. Lorsqu’un vol est commis d’un côté ou de l’autre de la zone de confiance, on appelle la police et c’est fini. Mais qui garantit la sécurité dans cette zone ? Tout le monde peut y faire ce qu’il veut sans risque d’être inquiété car les crimes restent impunis. »

[2] Guy Raugel : « J’avais monté un réseau d’indics qui ne se connaissaient pas pour pouvoir recouper les informations. Ponctuellement, je mettais dans mes patrouilles un indic déguisé en militaire français. » Le Dauphiné Libéré, 27 novembre 2012. Guy Raugel a répété ses propos devant la cour d’assises.

[3] Lire L’armée parmi les accusés au procès des mosquées brûlées, Libération, 07/12/2006. Au sujet d’un ancien caporal chasseur alpin condamné au procès des mosquées brûlées d’Annecy : « À plusieurs reprises, il a participé à la force d’interposition entre rebelles et partisans du président Laurent Gbagbo en Côte-d’Ivoire. Il évoque l’affaire Firmin Mahé, ce jeune Ivoirien tué par des soldats français, et dit : « des affaires Firmin Mahé, mettant en cause des officiers supérieurs, j’en ai vu plusieurs pendant que j’étais en Côte-d’Ivoire. » Il raconte que lorsqu’ils attrapaient un rebelle, ils « le ligotaient et le sergent lui mettait un coup dans la gueule, puis c’était chacun son tour, et on le faisait sinon on était traités de pédés ». David Métaxas, avocat de la Licra, lui demande alors combien de fois c’est arrivé. Il soupire, ne sait pas, suggère qu’il a vu pire mais ne peut pas le dire. Puis rapporte cette anecdote : pour l’un de ses anniversaires, un lieutenant lui aurait dit : « joyeux anniversaire caporal. Comme cadeau, je t’offre trente Noirs pour construire un bunker. » La cour ne comprend pas, lui demande d’être plus clair. Il explique alors qu’il s’agissait d’un jeu fréquent. Des « esclaves » à qui l’on faisait construire des « postes de combat avancés » dont l’armée n’avait pas besoin. »

[4] Le colonel Burgaud a dit à ses hommes : « Il faut en buter un. Tant qu’on n’en aura pas tué un, le problème ne sera pas réglé. » À la barre, il a expliqué qu’il s’agissait en fait de « faire un flagrant délit ».

[5] C’est l’affaire de la BCEAO : 12 soldats de la force Licorne ont été condamné à de la prison ferme pour avoir pillé la banque qu’ils étaient censés garder.

[6] Cf. supra, L’armée parmi les accusés au procès des mosquées brûlées, Libération, 07/12/2006.

[7] Lire Le bombardement de Bouaké, une « bavure manipulée » ? Mediapart, 06/11/2011.

[8] Témoignage du général de Malaussène devant la cour d’assises, le 4 décembre 2012.

[9] Le colonel dont il s’agit, Luc de Revel, est aujourd’hui sous-directeur de l’Afrique subsaharienne pour la coopération militaire au Ministère des affaires étrangères. Son témoignage, qui figure dans le dossier Mahé (Mediapart, 06/11/2011), a été rappelé devant la cour d’assises par le général de Malaussène.

27.11.2012

Lettre ouverte aux chefs d’Etats et de gouvernements français et Africains des deux zones Franc CFA (UEMOA et CEMAC) et des Iles Comores sur ce que Vous cachez à travers l’annonce de la mise en vigueur d’un nouveau billet de cinq cent Franc CFA (par Lawal ABDOULAYE) – fichier PDF

Excellences, Messieurs les Chefs d’États et de Gouvernements,
C’est avec stupéfaction que nous avions appris le lancement officiel du nouveau billet
de 500 francs CFA qui sera mis en circulation dès le 30 novembre 2012, en remplacement de la
pièce. En effet, la mise en vigueur d’un nouveau billet de cinq cent Franc2, ou du moins
l’annonce de «son cour légal», n’a pour simple but que de divertir les peuples Africains des
zones Franc CFA et des Comores, et les maintenir dans l’esclavage et le crime économique. Ce
chef d’oeuvre vient directement de la France qui parachute l’initiative aux chefs d’États et des
gouvernements Africains qui n’ont aucun droit au chapitre que celui de consacrer l’obédience
de l’avis conforme.
Pour faire économie de la justification de nos allégations pourtant justifiées, et
juridiquement bien tenantes, je vous renvoi à une publication que Nous avions faite au mois
de juillet2012, sur le site du panafricain de hebdomadaire, en ligne, pamabazuka.org N°249,
Elle est intitulé «: ZONES FRANC CFA : DÉPENDANCES, SOUMISSIONS ET
EXPLOITATIONS LIÉES À UNE MONNAIE COLONIALE». Vous verrez excellences, que
de tous les attributs rattachés à un véritable droit de propriété sans équivoque, vous serez
persuadés, que, Nous, les supposés propriétaire de la monaie Franc CFA, n’avons par ironie
du sort, que  »l’usage » seulement.
Ce n’est pas une surprise pour nous de voir et constater, que c’est votre homologue, le
président Sénégalais SEM Macky SALL, qui a succédé in extremis à Maitre Abdoulaye
Wade, qui a présenté le nouveau moyen de paiement à Dakar où se trouve le siège de la
BECEAO3. Nous n’avions pas oublié d’avoir bien noté que c’est encore lui, qui représentait
pour l’occasion, le président en exercice de « la conférence des chefs d’État et de
gouvernement » de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’ouest (UEMOA), votre
homologue, le Président Togolais, Faure GNASSIMGBE, qui, nous a offert une très bonne
réaffirmation de notre statut collectifs d’éternels exploités et assujettis confirmés ce 31
Octobre 20124,à 20Heures 30 minutes. Discours qui fut repris et transmis en différé sur toutes
les télévisions nationales des Etats membres de l’UEMOA , et de la CEMAC, au grand plaisir
de François HOLANDE, qui s’est sans nul doute réjouit de cette réaffirmation de servitude
confirmée de façon solennel ou du moins, officielle.

Lire la suite : Que cache la mise en vigueur d-un nouveau billet de cinq cent Franc.

30.6.2012

Une escroquerie dénommée « démocratie »

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Cours de « Géostratégie Africaine » n° 38

de Jean-Paul Pougala

« En Afrique, ce sont les dictateurs qui empêchent le développement. L’Afrique ne se développe pas parce qu’il n’y a pas la démocratie. Lorsque les pays africains auront l’alternance au pouvoir, alors on verra le vrai décollage du développement ». Voilà un ensemble de refrains de mensonges  qu’on entend depuis les années 90 venant de la part des Occidentaux. L’objectif affiché est celui de détourner l’attention des Africains des vrais enjeux de la souveraineté effective des pays africains. Et de continuer de rester dans la position de subalternité de receveur de leçon qui devra donc se prosterner pour savoir comment fonctionne cette prétendue démocratie et surtout, comment réussir à s’y conformer.

Au lieu de s’engouffrer dans une telle tromperie comme une baguette magique qui viendrait résoudre tous les problèmes, les Africains auraient dû d’abord se demander qu’est-ce que la démocratie dont on leur parle tant ? Pourquoi ceux qui l’invoquent tant ne l’ont pas appliquée durant leur 77 ans d’occupation du continent africain? Est-elle cette baguette magique dans les pays de ceux qui veulent l’enseigner aux Africains? Un simple tour averti dans les pays concernés aurait très vite révélé aux Africains que cette démocratie n’est en fait qu’un bluff pour esclavagiser leurs propres populations. Nous allons voir comment sous 3 angles différents : l’étymologie, la confusion public/privé et la crédibilité des institutions :

DEFINITION :

La démocratie n’est pas un système politique, ni un modèle de constitution. La démocratie n’est rien, tout simplement parce qu’elle n’existe pas. Et que dire des pays qui se sont autoproclamés « pays démocratiques » ? C’est du pur bluff. Pour le vérifier, il suffit de leur demander ce qu’est la démocratie. On est surpris de constater qu’ils vont donner autant de réponses que de pays, autant de réponses que de personnes à qui l’on pose la question. Il n’existe aucun consensus pour fixer la ligne directrice de ce que devrait être une démocratie; on se contente donc des définitions que chaque personnalité forte a pu émettre au cours des siècles. Ainsi,

– le dictionnaire définit la démocratie comme « le Gouvernement où le peuple exerce sa souveraineté ». Mais, ironie du sort, un pays comme l’Italie où la dette publique détenue par les fonds dénommés « souverains » étrangers représente 120% de la richesse nationale jouit-elle d’une quelconque souveraineté ? On peut tout aussi constater que dans leur définition officielle, la démocratie est une affaire de Gouvernement et non de pays. Ce n’est pas un  détail anodin, puisque un gouvernement change, un état non. La démocratie n’est donc pas une fin et par conséquent on ne peut nullement parler d’un état « démocratique ».

– pour l’ancien président américain Lincoln, « la démocratie serait le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple ».

– Roosevelt répond à cette question dans son livre « Combats pour demain », où il définit la démocratie comme étant le fait de maintenir les balances de la justice égales pour tout le monde. Vu sous cet angle, c’et raté pour Roosevelt, parce que le système de fonctionnement de la très couteuse justice américaine  donne un grand pouvoir aux avocats de la défense et comme ce sont en effet les riches qui peuvent se permettre de bons avocats, ce sont donc eux qui gagnent les procès et ce sont par conséquent les pauvres qui se retrouvent en prison.

– Henry Ford dans son livre autobiographique « Ma vie et mon œuvre », définit la démocratie comme étant « un système politique qui donne à tous les mêmes chances de réussite » mais l’industriel américain n’oublie pas d’ajouter un petit détail qui change tout le sens de sa phrase : « selon les capacités de chacun ». Et il ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Il va compléter sa pensée en mettant les jalons de la démocratie américaine lorsqu’il nous explique ce qui est, selon lui, le contraire de la démocratie : tout système où l’état partage à tous les citoyens, les richesses qu’on aurait dû réserver uniquement à ceux qui peuvent prouver de les mériter, à ceux qui peuvent les arracher par leur mérite. Pour Ford, l’autorité, le commandement politique ne peut pas être laissé au nombre, à la masse, mais exclusivement au mérite.

Dans la première partie des déclarations de l’industriel, sur l’égalité des chances, il s’agit bien évidemment d’un bluff, d’un mensonge portant à criminaliser et culpabiliser les pauvres en disant que s’ils sont pauvres, c’est bien leur faute, c’est à cause d’eux mêmes, c’est parce qu’ils sont stupides. La vérité est qu’on ne peut pas parler de mérite sans au préalable se demander si tous les citoyens partent dans le mêmes conditions. Ce n’est pas parce qu’on prétend que la course est de 100 mètres et qu’on décerne des médailles pour officialiser les résultats que cela va nous faire perdre de vue le fait de savoir si tout le monde était parti de zéro et au même moment. Sans cela, il s’agit d’un mérite purement de propagande, d’une course où certains partiraient en cachette à 50 mètres, d’autres à 90 mètres pour arriver au même point final de 100 mètres.  La conséquence de tout ceci est que ce modèle démocratique offre aux Etats-Unis d’Amérique un triste record du nombre de citoyens américains en prison. Dans le monde, un prisonnier sur 4 est américain. Le vrai paradoxe de cette démocratie est qu’il s’agisse d’une valeur absolue et non d’une valeur relative, et à titre d’exemple, il existe plus d’Américains privés de liberté que de Chinois: selon les Nations Unies en 2010,  dans le pays de la démocratie du mérite, (USA) il y avait 750 prisonniers sur 100.000 habitants, contre 110 prisonniers chinois sur 100.000 habitants, soit environ 7 fois plus.

Quant à l’autorité politique elle est en parfaite contradiction avec Lincoln, car ici le gouvernement du peuple n’est pas exercé par le peuple, mais par une minorité de privilégiés qui vont jusqu’à l’absurde de priver le peuple de la liberté, juste pour se faire de l’argent. On peut ainsi aller en prison pour une contravention.

Au delà du de la façon folklorique du président américain de sauver l’Afrique avec des bombes, il me plait de me poser une question : est-il souhaitable d’importer le modèle de la société américaine en Afrique? La réponse sans équivoque est 100 fois NON. Et nous verrons pourquoi.

ETATS-UNIS D’AMERIQUE

S’il existait une démocratie dite occidentale, celle-là proviendrait tout droit des Etats Unis d’Amérique, non seulement parce que l’indépendance américaine est un moment crucial dans la vie des nations, mais aussi parce que c’est le premier cas dans l’histoire moderne où le colonisé réussit à son tour à coloniser ses anciens colonisateurs et leur imposer son modèle de société.  C’est la Seconde Guerre Mondiale qui donne aux Etats-Unis d’Amérique l’occasion de prendre sa revanche sur l’Europe, d’abord par son intervention militaire et ensuite par son financement de la reconstruction de la partie occidentale de l’Europe avec le fameux plan Marshall. Pour parler de la démocratie européenne, il faut d’abord comprendre l’esprit de son patron.

Le modèle de société aux Etats-Unis est un système de bluff démocratique, où on donne l’illusion au peuple de compter. Ceci permet d’instaurer une véritable dictature des oligopoles, des grands groupes dont la maximisation du profit est le seul objectif. Les Etats-Unis d’Amérique incarnent à la perfection la modernisation du modèle d’économie basée sur la déportation et l’asservissement des africains. Le système a inventé un mot magique qui s’appelle la RENTABILITE, qui réussit aujourd’hui à pousser le peuple vers la peur de la misère et donc prêt à accepter tous le diktat du système. C’est un modèle qui atteint le maximum de l’immoralité lorsque ce sont les mêmes profiteurs qui ordonnent à l’état la privation des citoyens de leur liberté, pour remplir leurs prisons privées et les rendre encore plus riches. C’est ce qui explique la première place non enviable décrite plus haut du pays fait d’un peuple de prisonniers, où une élève de 10 ans vient d’ailleurs d’aller en prison dans l’état du Texas pour avoir désobéi à son enseignant à l’école. Qu’importe son passage en prison ait enrichi encore plus le propriétaire de la prison qui l’a accueillie. Il y a pire. Les lois sur l’immigration clandestine ont été durcies par les propriétaires de prisons, afin d’avoir plus de clients, plus de reclus venant des pays convaincus d’être pauvres et donc plus de profit.

Mark Ciavarella et Michael Cohahan, deux juges de Pennsylvanie ont reconnu le 16/09/2009 d’avoir touché des pots de vain pour expédier des centaines d’enfants et d’adolescents en prison entre 2000 et 2007, en échange de 2,6 millions de dollars de la part de deux entreprises de gestion des prisons privées pour mineurs, la PA Child Care et la Western PA Child Care qui ont ainsi encaissé 58 millions de dollars pour priver de liberté 2000 enfants, dont le cas écœurant de cet enfant de 13 ans qui va passer 3 mois en prison pour avoir insulté son professeur, un autre toujours de 14 ans va passer 9 mois en prison pour avoir volé un flacon de mayonnaise qui coûtait 4 dollars ou cet autre enfant de 13 ans envoyé en camp de redressement pour  avoir tagué le mur d’un bâtiment désaffecté. Bernadine, adolescente de 15 ans, va passer 1 mois en prison pour avoir insulté quelqu’un sur internet.   

La Corrections Corporation of America (CCA)  cotée à la bourse de New-York (NYSE)  avec le code : CXW est la plus grande entreprise de prisons privées aux USA, avec ses 60 prisons dans 19 Etats américains et 17.000 employés. Le journal Boston Phoenix révélait qu’en 2 ans, entre 2006 et 2008, la CCA a dépensé 2,7 millions de dollars pour corrompre les députés et sénateurs à Washington afin qu’ils durcissent les lois, pour augmenter le nombre de candidats pour remplir ses prisons et ainsi, augmenter ses profits.

GRECE

La Grèce, berceau de la démocratie, a le 17/06/2012 pour la deuxième fois en un mois, parce que la première n’avait pas pu départager les partis: le peuple confus et empêtré dans une crise économique qui n’en finit pas n’a pas été suffisamment lucide pour choisir les partis devant gérer sa faillite, comme on le ferait pour une entreprise en train de déposer le bilan. La descente aux enfers de la Grèce démarre le jour où ce pays accepte de rester sous le contrôle américain. L’économie grecque était florissante jusqu’au jour où elle accepte la prétendue aide des Etats-Unis, qui, comme toute aide américaine, elle ne sert jamais à libérer un peuple, mais à le mettre dans le modèle de servitude américaine. C’est en effet l’argent du plan Marshall qui a transformé la Grèce après 60 ans en un pays avec une économie complètement en lambeaux. Comment en est-on arrivé là ? L’économiste américain  Tiler Cawen, auteur de la rubrique « Economic Scene » dans le journal The New York Time, établit clairement le lien entre « la conditionnalité » de l’aide du plan Marshal et la fragilité économique européenne de nos jours, plan qui a donné l’illusion de développer les pays européens, mais qui au bout n’a servi qu’à dynamiser l’économie américaine et casser la probable concurrence qui aurait pu venir de l’Europe. Comment ne pas lui donner raison, lorsqu’on constate une vérité des plus troublantes : la Grèce qui exportait 17.000 tonnes de tabac par an vers l’Europe jusqu’en 1947, année du plan Marshall, voit ce chiffre divisé par 7 l’année d’après pour passer à 2.500 tonnes dès 1948, réduisant à néant le potentiel agroindustriel grec pour laisser la place à l’hégémonie des entreprises concurrentes américaines. Les experts de Washington sont venus expliquer aux Grecs que leur pays était si beau qu’il était dommage de le gaspiller avec des usines, et qu’ils pouvaient gagner beaucoup d’argent sans rien faire, juste en construisant des hôtels pour attendre les touristes.  Ajoutées à cela deux familles qui ont fait la pluie et le beau temps en s’alternant au pouvoir dans ce cirque bien orchestré appelé ELECTIONS, on arrive à la situation de la tragédie grecque de nos jours. Lorsque le 14/06/2012, le président américain Obama dit qu’il a un plan pour l’Afrique, c’est en chœur que le continent doit refuser son aide. Si on s’en est sorti jusqu’ici sans son aide, on peut continuer.

FRANCE

La France est l’une des colonies américaines en Europe les plus assidues. Cette colonisation démarre avec une tache, une zone d’ombre sur la période de la Seconde Guerre Mondiale, A savoir, comme pour les Italiens, l’impossibilité pour les français de répondre à la question : la France a-t-elle gagné ou perdu la  guerre ? La réponse aurait dû être qu’elle a perdu la guerre, car cela aurait permis à toute une société de se remettre en question, de remettre en cause tous ses fondements, sa trop facile mise sous tutelle par l’Allemagne nazie et tout le réseau de collaboration et de sympathie dont cette dernière a bénéficié sur le sol français. Mais comme la réponse officielle à cette question a été la victoire, cela a signifié l’acceptation psychologique pour la France de cesser d’être elle-même pour devenir américaine. Car il est évident que si le pays libéré qu’était la France pouvait s’asseoir non pas à la table des victimes ou des perdants, mais des vainqueurs, au point même de bénéficier d’un poste de membre permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies, il est effarant de constater à quel point l’amnésie de tout un peuple les a poussés à ne jamais se poser la question POURQUOI ? Pourquoi toute cette magnanimité américaine ? En échange de quoi, les Américains, qui ne font jamais rien pour rien, ont-ils fait cela pour un pays qui sorti affaibli de la guerre, n’avait aucune force pour revendiquer quoi que ce soit ? Les Etats-Unis d’Amérique étaient tout simplement intéressés par la mise sous tutelle la France et la Grande Bretagne afin d’en contrôler indirectement tout leur empire colonial mondial. Mais ce que les Américains n’ont pas considéré, c’est qu’ils ne soient pas les seuls à vouloir profiter de la faiblesse de la France et du Royaume Uni mis à nu par les 6 ans de guerre, puisque l’explosion de mouvements d’émancipation et d’indépendance ici et là, du Cameroun au Vietnam, en passant par Madagascar, l’Algérie et l’Inde va compromettre leurs plans. Les Français vont vite comprendre au Vietnam qu’ils ne sont devenus que l’ombre d’eux-mêmes, véritables épouvantails agités par les Etats-Unis dans les pays sous tutelle française. C’est ce qui va expliquer que les Etats-Unis prennent le relai de la France humiliée à la bataille de Dien Bien Phu en 1954 et contrainte à mettre fin à son occupation coloniale du Vietnam en signant malgré elle les accords de Genève. Les Américains qui n’acceptent pas de voir leur protégée, la France, humiliée de cette façon, et qui accessoirement veulent empêcher une montée du communisme en Asie, vont déclencher une guerre qui durera 20 ans avec un bilan catastrophique de 52.000 soldats américains tués, 400.000 morts pour leurs alliés Sud-Vietnamiens et 900.000 morts Nord-Vietnamiens, mais qui sont victorieux sur les Américains, contraints à la signature à leur tour des accords de paix de Paris le 27 janvier 1973. Ils vont partir finalement du Vietnam, mais sans leurs armes qu’avec malignité, ils laissent à leurs alliés Sud-Vietnamiens qui vont continuer de se battre avec l’aide des instructeurs militaires Français qui ne seront complètement défaits qu’avec la capitulation de Saigon le 30  Avril 1975.

Cet évènement tragique va sceller définitivement le sort de la société française à une américanisation forcée.  Les 52.000 soldats américains, tombés sur le sol Vietnamien pour le compte de la France va coûter très cher à ce pays. C’est le début de la culture de l’illusion selon laquelle on peut s’enrichir sans rien faire, sans transpirer. C’est la financiarisation de tout ce qui bouge. Même le premier gouvernement socialiste en 1981 va suivre la vague: la politique doit d’abord être un spectacle télévisuel où l’on vend les promesses comme on vendrait la lessive. Les socialistes au pouvoir vont privatiser dans cette lignée la toute première chaine de télévision (TF1), encenser le magnat sulfureux Berlusconi pour en créer une autre privée : La 5. Et la politique-spectacle à l’américaine peut démarrer : la classe politique s’organise en castes, très fermées. Le Front National peut représenter 20% de l’électorat et n’avoir que 2 députés alors que les Verts peuvent représenter à peine 2% de l’électorat et avoir 20 députés. Une véritable escroquerie politique, sur le dos du peuple. La lois électorale à double tour et sans la proportionnelle est la garantie que personne ne viendra troubler le pactole des électeurs qui doivent, comme des moutons de panurge se limiter à aller mettre leur bulletin dans l’urne et attendre 5 ans pour avoir encore l’illusion qu’ils choisissent leurs dirigeants.

L’escroquerie est vérifiable dans la constitution de la classe politique française. En France, il existe une école pour former les politiciens qui est l’Ecole Nationale d’Administration (ENA). Quelle belle idée que d’avoir une école pour former les dirigeants politiques d’un pays. Mais lorsqu’on regarde de très près, on se rend compte et très vite que sur les nombreuses facultés de sciences politiques de toute la France, l’ENA recrute 80% de ses étudiants dans une seule de ces facultés, et c’est Sciences-Po, Paris. Soit la France fait exprès de former les cancres dans toutes les autres universités françaises avec une faculté de sciences politiques et de réserver la crème seulement à Sciences-po Paris, ou alors, il s’agit d’une manœuvre bien pensée pour écarter le peuple de l’accès à la caste. La réponse à ce doute vient lorsqu’on épluche les salaires des recteurs. Ce secret jalousement gardé par la caste parisienne a été finalement trahi par le journal LIBERATION du 31 Janvier 2012, lorsqu’il communique le salaire de monsieur Richard Descoings de 27.000 Euros mensuels. C’est je journal LE FIGARO du même jour qui va plus loin en comparant ce salaire exorbitant d’un fonctionnaire à celui de ses collègues exerçant la même charge dans les autres universités partout en France, de 4.000 à 6.000 Euros par mois. Monsieur Descoings est récompensé pour avoir joué à fond la carte de  l’américanisation de son université où il a fait exploser les frais de scolarité allant jusqu’à 9800 EUR/an pour la License et jusqu’à 13.000 EUR/an pour le Master, pour l’année académique 2012-2013.

Ces incohérences sur la constitution du vivier de la classe politique française sont complétées par un fait non moins marginal qui montre que le peuple dans tout ça, n’est que le mouton qu’on va tondre toujours et toujours pour se sucrer au pouvoir, sucrer les cousins, les amants, les neveux, les Ex etc. Et c’est le record mondial d’élus détenu par la France : 620.000 Elus sur une population de 65.000.000 d’habitants. C’est-à-dire qu’en moyenne, un français sur 100 est un élu. Dans cette moyenne, sont comptés les enfants, les nouveaux nés. S’il faut prendre en considération seulement la population active selon l’INSEE de 28,345 millions en 2010, on arrive à ce chiffre incroyable de 2 Français Actifs sur 100 qui sont des élus politiques. Tout ce beau petit monde à la charge du contribuable. C’est ainsi qu’un député coûte au contribuable la somme de 978.000 Euros par an. Ils ont réussi à en faire 577 députés + 343 sénateurs, là où leur patron Etats-Unis d’Amérique avec 300 millions d’habitants se contentent de 435 députés et 100 sénateurs, c’est-à-dire 400 parlementaires en moins pour les Etats-Unis d’Amérique, où un député représente 566.000 habitants, contre 71.000 en France.

S’il faut ajouter à cela le fait que 85% de ces élus cumulent plusieurs mandats électifs, plusieurs autres fonctions étatiques, afin de toucher toujours plus d’argent, on comprend dès lors leur très grande inefficacité, puisqu’il est impossible de faire convenablement son travail à la Mairie de Bordeaux, d’être député au parlement français et d’être en même temps Ministre des Affaires Etrangères.

A tout cela, il faut ajouter une autre escroquerie démocratique à la française et c’est celui du nombre des partis politiques secrets. Lorsqu’on pose la question aux Français de combien de partis politique il y a dans leur pays? Ils répondent sans hésiter : une dizaine. Ce qui est faux. Ce qu’ils ne savent pas c’est que la France compte 230 partis politiques, donc les 90% sont des partis complètement clandestins sur le plan de l’éthique et de la morale politique parce qu’ils sont crées par les deux principaux partis politiques: le Parti Socialiste et l’UMP pour contourner la loi qu’ils ont créée sur le financement des partis politiques pour tromper le peuple et pour continuer à s’octroyer la licence de « donneur de leçon » sur le plan international en matière de « démocratie ».

Comment ça marche ? Il existe une loi votée par ces politiciens dont le principe est très louable de limiter la corruption des entreprises privées pour ensuite prétendre aux marchés publics, de limiter les dons à 150 EUR par candidat et 7500 EUR par parti politique. C’est ainsi que les principaux partis politiques français vont se transformer en délinquants, c’est-à-dire en violant grossièrement les lois de la République Française qu’eux même ont votées, pour tranquilliser la population, qui ainsi peut elle aussi répéter une aberration selon laquelle la démocratie française serait la meilleure au monde. Ces partis répondent qu’ils ne violent pas la loi, ils la contournent, ce qui à leurs yeux serait moins grave, donc, plus acceptable. Ils ont ainsi trouvé un stratagème pour continuer de se sucrer. Il y a d’abord eu une loi pour défiscaliser les dons aux partis politiques, ce qui encourage le privé à donner toujours d’avantage. Et puisque c’est défiscalisé, il s’agit donc indirectement d’une partie de l’argent du peuple. Ce sont des partis politiques sans personnel, sans militant, sans élu, des partis clandestins. C’est ainsi qu’en épluchant le rapport de la Commission Nationale des Comptes de Campagne et des Financements Politiques, publié le 29 décembre 2009 et repris par le journal en ligne Médiapart du 6 Janvier 2011, on constate que pour la seule année 2009, la Ministre de L’Enseignement Supérieur, Valérie Pécresse, a encaissé la bagatelle somme de 400.000 EUR (262 millions de FCFA) pour le financement de son micro parti politique dénommé « Changer c’est Possible », créé à peine un an avant, en décembre 2008. Pour comprendre la gravité d’un tel financement privé, il faut comparer ce chiffre avec celui du grand Parti Socialiste dont les dons et les adhésions de ses centaines de milliers de militants en un an, ont donné presque la même somme : 446.773 EUR (293 millions de FCFA). Voilà comment autour des 10 partis traditionnels qui ne se contentent pas de l’argent du financement public, il y a les 230 partis satellites, qui n’ont aucun idéal politique ou sociétal, sinon celui de se faire les poches aux dépends des citoyens.

LA COMPLICITE DE L’ARMEE

Pour être sûr que l’armée ne sera jamais du côté du peuple en se rebellant des agissements prédateurs de ses politiciens, ces derniers ont aussi sucré à sa juste valeur l’armée.

Lorsqu’en Mai 2007, Nicolas Sarkozy arrive au pouvoir, son premier grand dossier est la réforme du régime spécial de retraites des cheminots. Mais il oublie celui des militaires, deux fois plus juteux. Dans son édition du 10 Octobre 2007, le journal satirique « Le Canard enchainé » publie un article intitulé : « Le régime très spécial des retraites militaires » où on découvre que, pire que la scandaleuse retraite de 5 milliards d’Euros par an à partager entre 1,1 million de retraités cheminots ayant cotisé 37 ans décriée par Sarkozy, il y  a les 8,2 milliards d’Euros que se partagent chaque année 550.000 retraités militaires après seulement 25 ans de cotisation. Les militaires se défendent d’une quelconque connivence avec les politiciens invoquant le fait qu’ils pratiquent un métier à risque. Seulement voilà, la moitié des militaires sont des fonctionnaires qui n’ont touché une arme de leur vie que durant leur formation.

HAUSSE CACHEE DU SALAIRE DES MILITAIRES

Comme si les privilèges d’une retraite dorée ne suffisaient pas, grâce à un arrêté secret en date du 29 juillet 2011 et rendu public par le « Canard Enchaîné » du 30 novembre 2011, en pleine crise économique, le Ministre Français de la Défense a accordé une forte augmentation du salaire à ses 126 généraux de l’armée entre 320 et 560 EUR par mois (393.540 FCFA/mois d’augmentation de salaire). Et pour ne pas fâcher les subalternes, un second décret a suivi le premier, le 4 octobre 2011, cette fois-ci pour les colonels, lieutenants-colonels, commandants, capitaine et lieutenants, qui ont ainsi bénéficier d’une augmentation de 80 à 404 EUR (265.000 FCFA/mois d’augmentation) selon le grade.

Il faut aussi ajouter qu’on aurait pu imaginer un tel traitement de faveur pour une armée à peine victorieuse, mais tout cela se passe au moment où l’armée française subit ses pires humiliations depuis le fiasco di Dien Bien Fur, avec la guerre en cours en Libye où des avions français ont atterri trois fois sur l’Ile de Malte pour panne sèche et n’arrive pas à plier la résistance d’une armée libyenne inexistante qu’on avait prévu de battre en 3 jours. Ce qui fait donner à Brigitte Rossigneux le titre très ironique de son article à la page 3 du « Canard Enchaîné » n° 4753 du 30 novembre 2011 : « Enfin une victoire pour nos généraux »

Ceci se passait au même moment où le gouvernement ne remplaçait pas un fonctionnaire sur deux, où il sacrifiait l’école pour former le futur de la nation. Et le peuple qu’on prétend décidé en démocratie, a-t-il eu son mot à dire sur ces décisions corporatives des politiciens qu’ils ont voté? Pour Clément Attlee, la démocratie est un système politique dans lequel, « la loi de la majorité respecte le droit de la minorité ».  On peut bien constater que dans la réalité, après ce que nous venons de voir, la démocratie est un système dans lequel l’arrogance et l’avarice d’une minorité ne respectent en rien le droit à une vie décente de la majorité du peuple. Ce peuple qu’on a manipulé au point où il accepte sans s’indigner les pires traitements que lui infligent ses dirigeants politiques. Et Montesquieu dans « Considérations » de conclure : « Si à l’intérieur d’un État vous n’entendez le bruit d’aucun conflit, vous pouvez être sûr que la liberté n’y est pas »

– Pour Georges Clémenceau, la démocratie serait « une création continue ». 

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Lire la suite de l’article : www.pougala.org

Douala le 25/06/2012

Jean-Paul Pougala

Jean-Paul Pougala est directeur de l’Institut d’Etudes Géostratégiques, Tel: +23722736418 – et enseigne « Géostratégie Africaine » à l’Institut Supérieur de Management ISMA de Douala (Cameroun)

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27.6.2012

La Résistance Panafricaine est en marche !

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PÉTITIONS de la delégation Panafricaine à la CPI pour crimes de guerre de l’OTAN, FRANCE, USA, G.B., Italie et Canada., G.B., Italie et Canada.

4feca685e5f1eimage.jpgLa Pan African Solidarité de La Haye Comité (PASHC), dirigé par le  Secrétariat international du mouvement et de l’Association internationale contre la torture du 12 Décembre, a remis une pétition au Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye au Pays-Bas, ce Juin 18. La pétition exige la poursuite des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France, de l’Italie, du Canada et de l’OTAN pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

L’équipe PASHC juridique, Roger Wareham, Esq. (Etats-Unis), David Commissiong, Esq. (Barbade), Troy Griffith, Esq. (Etats-Unis), Alfred Toussaint, Esq. (Haïti), Sylvestre Kouadio, Esq. (Côte d’Ivoire) et le ministre Akbar Muhammad (NOI / Etats-Unis).

Selon l’avocat des droits de l’homme Wareham Roger, «les crimes dont nous les accusons ont été commis au cours: de l’invasion par l’OTAN de la Libye et le renversement et l’assassinat du colonel Mouammar Kadhafi de la Libye ; du renversement dirigée contre Haïti du Président Jean-Bertrand Aristide en 2004; de l’intervention militaire française qui a abouti à la capture et l’arrestation du président Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire ; du racisme institutionnel que les États-Unis infligent à sa population noire, particulièrement reflété dans le profilage racial, stop & palpation, et les taux d’incarcération ; de la campagne de sanctions visant à punir le président Robert Mugabe pour le retour les terres volées par les colons blancs aux populations autochtones du Zimbabwe. « 

La CPI elle-même a pour mission pour poursuivre les cas uniquement concernant les Africains : 26 accusés au total – et en fermant les yeux sur les crimes perpétrés par les pays occidentaux. Le comité soutient que la CPI agit en tant qu’une autre arme dans la campagne des pays occidentaux pour recoloniser l’Afrique et les Africains.

La délégation PASHC a tenu un forum sur «La CPI et la tâche de fin d’immunité de l’OTAN pour les crimes de guerre», à l’Université Erasmus à La Haye. Il a noté la partialité institutionnelle raciste de la CPI en ses 10 années d’existence, les seuls cas faisant l’objet de poursuites sont contre les Africains – et a cherché à savoir comment les participants peuvent faire avancer la campagne visant à poursuivre les pays de l’OTAN pour leurs crimes internationaux.

Le Procureur David Comissiong, président du Mouvement Clement Payne a dit: «Au cours de l’année dernière, 2011, les peuples du monde ont regardé avec horreur et incrédulité les dirigeants politiques et militaires des grandes puissances occidentales, les Etats Unis, la Grande-Bretagne, la France, l’Italie et le Canada, diriger la puissance de leurs arsenaux militaires contre le peuple et les dirigeants politiques de deux pays africains – La Libye et la Côte d’Ivoire, et en particulier contre le Frère Guide Mouammar Kadhafi et le président Laurent Gbagbo « .

Le Comite de Solidarite Pan African de La Haye fera un rapport de retour à la Communauté et discutera des travaux qui doivent être fait sur cette campagne. Le rapport aura lieu le vendredi, Juillet 13 2012, au 19h00 au Bâtiment Harlem Bureau d’État, 8B Salle de conférence, 163 West 125th Street (à Adam Clayton Powell Jr. Blvd) NYC Harlem.PAN AFRICAN DELEGATION PETITIONS
ICC FOR NATO WAR CRIMES

by Amadi Ajamu

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en anglais:

PAN AFRICAN DELEGATION PETITIONS
ICC FOR NATO WAR CRIMES
by Amadi Ajamu

The Pan African Solidarity Hague Committee (PASHC), led by the December 12th Movement International Secretariat and the International Association Against Torture, delivered a petition to the Chief Prosecutor of the International Criminal Court (ICC), in The Hague, Netherlands on June 18. The petition demands that they prosecute the US, Britain, France, Italy, Canada and NATO for war crimes and crimes against humanity.

The PASHC legal team included Roger Wareham, Esq. (US), David Commissiong, Esq. (Barbados), Troy Griffith, Esq. (US), Alfred Toussaint, Esq. (Haiti), Sylvestre Kouadio, Esq. (Cote Ivoire) and Minister Akbar Muhammad (NOI / US).

According to human rights attorney Roger Wareham, “The crimes we are charging them with were committed during: the NATO invasion of Libya and the overthrow and assassination of Libya’s Col. Muammar Gaddafi; the US-led overthrow of Haiti’s duly elected President Jean Bertrand Aristide in 2004; the French military intervention that resulted in the capture and arrest of President Laurent Gbagbo of the Ivory Coast; the institutional racism the US inflicts upon its Black population, particularly reflected in racial profiling, stop & frisk, and incarceration rates; and the sanctions campaign designed to punish President Robert Mugabe for returning the land stolen by white settlers to the indigenous people of Zimbabwe.”

The ICC itself has come under scrutiny for prosecuting cases solely on Africans; 26 indictees total — and turning a blind eye to crimes perpetrated by western nations. The committee maintains that the ICC acts as another weapon in the western countries’ campaign to recolonize Africa and African people.

The PASHC delegation later held a forum on « The ICC and the Task of Ending NATO’s Immunity for War Crimes, » at Erasmus University in the Hague. It looked at the institutional racist bias of the ICC –in its 10 years of existence the only cases being prosecuted are against Africans – and how participants can push forward the campaign to prosecute the NATO countries for their international crimes.

Attorney David Comissiong, President of the Clement Payne Movement said,“During the course of last year, 2011, the people of the world watched in horror and disbelief a the political and military leaders of the major Western powers USA, Britain, France, Italy and Canada –directed the might of their powerful military arsenals against the people and political leaders of two African countries – Libya and Cote d’Ivoire, and in particular against Brother Leader Muammar Gathafi and President Laurent Gbagbo.”

The Pan African Solidarity Hague Committee will make a Report Back to the Community and discuss work the to be done on this campaign. The report will take place on Friday, July 13, 2012 at 7:00 PM at the Harlem State Office Bldg, Conference Room 8B, 163 West 125th Street (at Adam Clayton Powell Jr. Blvd) Harlem NYC.

 

19.6.2012

Hommage à l’ambassadeur Panafricain Dudley Thompson décédé en janvier (ancien Président du Wadu)

Ambassador Dudley Thompson

Prime Minister Portia Simpson Miller has expressed deep sadness at the passing of Ambassador Dudley Joseph Thompson. Ambassador Thompson died Friday morning, one day after his 95th birthday. Mrs. Simpson Miller said she was deeply saddened to learn of the passing of Mr. Thompson, an outstanding Jamaican politician, diplomat and statesman, and a personal and dear friend for more than four decades.

Mrs. Simpson-Miller said Ambassador Thompson’s passing is exceptionally painful for her, as it was only recently after her electoral victory, that he called with a most heart-warming congratulation. She further described Mr. Thompson as a man of firm convictions, articulate, sharp on his feet and witty, who loved his country with a passion and served it with honour and distinction.The Prime Minister also expressed profound condolences to his widow Cecile, children, grandchildren, and great grandchild.Born in Panama on January 19, 1917 to Daniel and Ruby Thompson, Dudley Thompson was a life member of the People’s National Party, and was elected Chairman of the PNP in 1979. He was a PNP Senator during the years 1962- 1978, and was leader of Government Business in the House of Representatives in 1978. He served as Member of Parliament for St. Andrew Western in 1978 to 1983; Minister of National Security in 1978; Minister of Mining and Natural Resources from 1977 to 1978 and Minister of State, with the responsibility for Foreign Affairs from 1972-1975.

Dudley Thompson was Jamaica ’s Ambassador to Nigeria , Ghana , Sierra Leone , and Namibia .
He was also Jamaica ’s chief representative in the conference on the Law of the Sea and played a leading role in securing Jamaica as the permanent headquarters for the International Seabed Authority. He also introduced the Office of the Ombudsman to Jamaica . Ambassador Thompson practised law in Jamaica , East Africa, Dominica , the Bahamas , and Bermuda , and served as president of the Jamaican Bar Association.

He received his early education at the Mico Teacher Training College , was a Rhodes Scholar at Oxford University in 1947, and later called to the bar at Gray’s Inn ( London ). A freedom fighter and Pan Africanist, he was a leading member of the team of lawyers who represented the former leader of Kenya , Jomo Kenyatta, in the 1950s. At the time of his death, Ambassador Thompson was the President of the World Africa Diaspora Union.

http://wadupam-europe.org/?author=1

30.5.2012

Afrique, mère patiente de la révolution bolivarienne

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Dessin publié par le journal Tal Cual, Venezuela.

Le 16 mars 2012 le journal d’opposition « Tal Cual », dirigé par l’ex-ministre néo-libéral des années 90 Teodoro Petkoff, publiait une caricature accusant le gouvernement bolivarien de distribuer de l’eau sale aux usagers. Le dessin montre un homme coiffé d’un béret incarnant Hugo Chavez accompagné d’enfants et regardant l’eau jaillir d’un robinet sur lequel s’est posée une mouche. L’homme au béret dit: “Assez de suprématie blanche, maintenant nous avons des eaux afrodescendantes”.

Dans “Le général dans son labyrinthe”, Gabriel García Márquez raconte comment les peintres du XIXème siècle « blanchirent » les traits de Simón Bolívar jusqu’à effacer ses traits africains. Cette obsession raciste des « mantuanos » – aristocratie coloniale d’origine européenne – n’a pas disparu. L’élite qui rêve de chasser Hugo Chavez du pouvoir “par tous les moyens” considère comme illégitime l’élection à la Présidence de la République d’un « zambo » (mélange d’indigène et d’afrodescendant). Le mythe fondateur de la société coloniale puis censitaire postulait que les millions de « morenos », « pardos », « zambos », n’appartenaient pas au genre humain.


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Hugo Chavez vu par l’opposition.

Pour les historiens Mario Sanoja et Iraida Vargas-Arenas (1) : “Aujourd’hui, dans les coiffures des quartiers chic de Caracas, les clientes qui dénigrent à voix haute le “singe Chávez” et les singes en général oublient que les « choses noires » qui leur lavent les cheveux, leur soignent les pieds, leur vernissent les ongles, sont des « singes » qui habitent des quartiers populaires comme Santa Cruz ou Las Minas, tout comme les «cachifas» (domestiques) qui s’occupent de leurs enfants, leur font la cuisine, lavent leur linge et s’occupent de leurs jardins.”

Après avoir fui la misère de leur Europe originelle, devenues élite sociale par la négation de l’Autre, ces communautés d’origine européenne voient soudain leur statut se banaliser et nourrissent une rage raciste décuplée contre Hugo Chávez. Mais quand les dirigeants de cette opposition (minoritaire dans les urnes à l’issue de scrutins validés internationalement) répètent « nous sommes la majorit頻, ils ne mentent pas. Ils réaffirment sincèrement leur vision du monde. Eux seuls appartiennent au genre humain, eux seuls peuvent être comptés. Ils sont donc, très logiquement, « majoritaires ».

Vargas et Sanoja : “Bien avant l’élection de Hugo Chávez et la démocratisation progressive du champ  politique, les “singes” étaient pourtant bien là, pas encore citoyens mais déjà constructeurs de tout un pays : majorité sociale d’employés, de domestiques, d’ouvriers, de journaliers que l’historiographie de l’oligarchie ignorait systématiquement, considérant comme naturelle l’exploitation des untermenschen indigènes, métis, blancs pauvres ainsi que leur maintien dans des conditions de vie dégradantes.”


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Buste du héros national, le rebelle José Leonardo Chirinos (1754-1796), Caujarao, État de Falcón, Venezuela.

Eduardo Galeano a rappelé que les premières insurrections d’Africains en Amérique Latine eurent lieu au Venezuela, lorsque se soulevèrent les mineurs de Buria (1533) sous l’impulsion du Rey Miguel. Simon Bolívar avait douze ans lorsque près de trois siècles plus tard, à deux pas de chez lui, les mantuanos exécutèrent sur une place publique de Caracas un autre rebelle : José Leonardo Chirinos, dont le corps écartelé fut exposé aux quatre coins du pays pour rappeler aux esclaves ce qui les attendait en cas de récidive.

Sanoja et Vargas : “Vers la fin du XVIIIème siècle, les métis et africains réduits en esclavage totalisaient les 72% d’une population dominée par une bourgeoisie (27%) de commerçants, artisans, producteurs agricoles et des premiers métis, indigènes et noirs affranchis. Au sommet de cette pyramide, 3000 oligarques “mantuanos” de Caracas (1%) accaparaient  plus de 50% de la richesse per capita.

“Comme le montrent leurs nombreuses appellations – Angola, Cabindo, Carabalí, Congo, Fuló, Wolof, Mandinga, Malembe – , les esclaves capturés en Afrique occidentale provenaient de sociétés complexes structurées autour du commerce, de l’agriculture et de l’élevage, de l’extraction minière, de la forge et de la fonte du métal. Cette « main d’oeuvre » fut enrôlée dans les mines de cuivre de Cocorote, dans l’état de  Ya­racuy, au XVIIème siècle.

“Bien que la structure des grandes plantations absorba la majeure partie de cette force de travail culturellement déracinée, les traditions de la musique, de la magie et de la médecine survécurent avec une intensité qui permit aux afrodescendants de conserver leur identité sociale. Les femmes réduites en esclavage eurent une immense importance dans la vie sexuelle des maîtres de l’oligarchie coloniale et républicaine, soumises aux viols illimités, fait qui explique l’énorme population de mulâtres qui forment le secteur social des « pardos ». Les africains d’origine mandinga, réputés plus rebelles, étaient associés dans l’esprit des maîtres à la représentation du diable, comme l’est Chavez aujourd’hui.

“Beaucoup ignorent que le premier drapeau brandi par Bolívar en signe de rébellion contre la couronne espagnole était un drapeau noir appelant le peuple réduit en esclavage à se rallier à la cause de l’indépendance et, par la suite, de l’Égalité. Mais si Bolivar décréta l’abolition de l’esclavage dès 1816, respectant ainsi la promesse faite aux « jacobins noirs » de Haïti à qui il devait pratiquement tout, l’exploitation de cette main d’oeuvre lui survécut. Certes les républiques « indépendantes » qui s’ensuivirent étaient faites pour « les citoyens ». Mais les afrodescendants n’étaient pas encore considérés comme « citoyens ». C’est pourquoi nombre d’entre eux répondirent à l’appel « Terres et Hommes Libres ! » du général Ezequiel Zamora (1859-1863) dont l’assassinat repoussa une fois de plus l’émancipation espérée.

Jesús Chucho García (2) : “Au Venezuela l’intellectuel Arturo Uslar Pietri  réclamait une immigration européenne pour “améliorer la race et le niveau culturel” , expliquant que les antillais n’avaient rien à apporter au développement de notre pays. Dès 1937, Pietri proposait à la Chambre de Commerce que le Venezuela, pour devenir un pays moderne, renonce à ses composantes indigènes et afrodescendantes. Le marxisme vénézuélien, importé d’Europe comme signe de distinction sociale, refoula lui aussi les thèmes indigènes et afrodescendants.”

Mario Sanoja et Iraida Vargas-Arenas : «à partir de 1936, avec le boom pétrolier et la fin de la dictature de Juan Vicente Gómez, s’effondrèrent les relations de production de type semi-féodal qui maintenaient les paysans enfermés dans leurs ghettos. Tous ces paysans sans terre, mulâtres, indigènes et noirs se joignirent à l’embryon de prolétariat urbain rejeté à la périphérie des grandes villes, en particulier à Caracas : une population essentiellement jeune, souvent désoeuvrée, souvent obligée de recourir à la délinquance pour subvenir à ses besoins. La démagogie électorale des années 60 et 70 stimula davantage encore l’exode rural, gonflant les ceintures de misère de millions d’habitants qu’on cherchait à manipuler à travers le média politique central : la télévision, avec sa vision d’une société blanche comme modèle incontournable du “développement”.

« Le boom pétrolier permit à la classe moyenne de passer d’une vie austère à un vie aisée, condition qui s’améliora encore avec la hausse du pétrole dans les années 70. C’est à cette époque aussi que la bourgeoisie de gauche comme de droite, s’autoproclama soit comme avant-garde de la révolution mondiale soit comme bouclier anticommuniste, et dans les deux cas, comme garante des intérêts populaires.

« Aujourd’hui ces secteurs se sentent trahis par « leurs sujets ». Ils n’ont pas vu venir les élections de 1998 où une majorité de «singes » leur a préféré Hugo Chavez. Cette inclusion soudaine de nouveaux sujets devenus citoyens à part entière, qui proposent des lois, se forment, s’organisent, participent à la vie politique, explique la convergence de certains secteurs marxistes des années 80 avec la droite de la classe moyenne, surtout parmi les universitaires irrités de perdre le monopole du discours critique, et qui défendent leurs intérêts de classe face à l’ « insurrection des singes ».

La révolution bolivarienne, elle, a rompu avec le mythe officiel du métissage en vigueur sous les gouvernements antérieurs et a promulgué en 2011 une Loi contre la discrimination raciale. Recueillant une proposition exprimée lors de la IVème Rencontre Internationale des mouvements sociaux Afrodescendants d’Amérique Latine et des Caraïbes (juin 2011), le président Chavez a également décrété en mai 2012 la création du Conseil National des Communautés Afrodescendantes dont le rôle est de «concevoir les politiques publiques et d’articuler les différents ministères pour apporter des réponses concrètes et  mettre fin aux asymétries et discriminations qui affectent encore ces communautés». Norma Romero Marín (photo) a été nommée responsable de cet organisme lancé lors d’un acte officiel dans la région de Caucagua, berceau historique de rébellions et de communes libres organisées par les esclaves fugitifs.

Récemment c’est autour de la figure du rebelle José Leonardo Chirinos que s’est ouverte la Semaine de l’Afrique (21-25 mai 2012). Des étudiants originaires d’Afrique de l’ELAM (École Latino-Américaine de Médecine « Salvador Allende »), de l’Université Expérimentale des Forces Armées (UNEFA), ou encore les étudiant(e)s du Lycée Andrés Bello ont débattu avec le Vice-Ministre des Affaires Étrangères pour l’Afrique, Reinaldo Bolivar (photo), également créateur d’un Centre des savoirs Africains (Centro de Saberes Africanos). Parmi les thèmes abordés : le racisme encore présent dans de nombreux médias privés, l’impact de la Loi contre la Discrimination Raciale et l’analyse des contenus éducatifs.

Comme ces “bourgeoisies” locales historiquement fondées sur la négation de l’Autre, les empires actuels invisibilisent, déshumanisent, via les médias, les civilisations qu’ils veulent détruire. Cette réduction de l’Autre, doté de « moins de subtilité intellectuelle, moins de richesse historique » réapparaît parfois curieusement dans la gauche occidentale (avec la puissance du refoulé colonial et sous des dehors apparemment progressistes comme la « laicit頻 ou les « droits de l’homme »). Le cliché souvent entendu : «Ah ! quel dommage que Chavez soit trop primaire pour comprendre que les ennemis de ses ennemis ne sont pas forcément des amis » exprime la difficulté de comprendre que l’Autre est capable de penser subtilement, d’avoir une stratégie à long terme et une Histoire assez dense pour qu’on ne le définisse pas en creux. Comment ignorer encore le mouvement profond d’une diplomatie qui procède en droite ligne de Simón Bolivar et de son projet de réunir “les trois quarts de l’Humanité” lors d’un vaste congrès à Panama (1826) pour bâtir «l’équilibre du Monde » ? Rêve multipolaire saboté par les grandes puissances de l’époque mais souvent repris depuis par les nations du Sud (Bandoeng  1955) ? Au-delà des contingences de qui gouverne chacun des États (combien de despotes ici ou là à l’époque de Bolivar, à l’époque de Bandoeng, aujourd’hui ?), la stratégie bolivarienne consiste à préparer, par des accords d’État à État, le jour où comme en Amérique Latine, et peut-être sous son influence, l’intelligence collective des peuples finira par démocratiser les institutions politiques et permettra des relations internationales enfin basées sur les principes de souveraineté, d’égalité, de respect et de coopération. Caracas accueillera le prochain sommet des non-alignés en 2015.

Jesús “Chucho” García lors d’une conférence-débat, Caracas.

Jesus “Chucho” García : « Le Venezuela fait un grand travail pour resserrer les liens avec l’Afrique: nous avons commencé à faire venir des étudiants de là-bas et à nouer toutes sortes d’accords : commerciaux, culturels, etc.. Pendant trop d’années et malgré tout ce que nous avons en commun nous avons tourné le dos à l’Afrique, au moment où l’impérialisme mène une guerre de reconquête pour s’emparer de ses ressources naturelles. Nous ne nous identifions pas pour autant à la religion afro-centrée ni à une certaine forme d’auto-ségrégation du mouvement noir états-unien. Nous sommes américains et sur ce continent américain a eu lieu un long processus d’innovation, de création. Nous ne voulons pas nous paralyser dans le temps. Notre objectif final est que nous soyons tous égaux et que l’on comprenne que le racisme fut inventé pour justifier un système d’exploitation mondiale».

Auteur et traducteur : Thierry Deronne

(1)  Ricardo Sanoja et Iraida Vargas,  anthropologues et historiens vénézuéliens, article ” El Origen de “Monos” y “Escuálidos”. Voir aussi http://www.dailymotion.com/video/xmi3bz_a-solas-con-dos-antropologos-venezolanos-mario-sanoja-obediente-e-iraida-vargas-arenas_news

(2)  Jesús “Chucho” Garcíaintellectuel vénézuélien et fondateur/activiste du mouvement afrodescendant, auteur de nombreux ouvrages sur ce thème (http://www.globalcult.org.ve/pub/Clacso2/garcia.pdf )

URL de cet article : http://venezuelainfos.wordpress.com/2012/05/26/afrique-mere-patiente-de-la-revolution-bolivarienne/

 

29.4.2012

WADU

World African Diaspora Union (WADU)

         Immediate Release             Date: 4/27/2012

Africans are Urged to Act During Africa Month Commemoration in May

Minister P.D. Menelik Harris/WADUPAM.ORG/718-523-3312

 

As we prepare for African Liberation Day on May 25, 2012, Africans across the African world are urged to intensify their work and struggle for Pan Africanism during the full month in May. The World African Diaspora Union (WADU) is especially urging all to focus on ways to support and influence a principled and successful outcome of the African Union African Diaspora Summit on May 25-26, 2012. The African Union Diaspora Summit in South Africa is an unprecedented attempt to fulfill a key goal of the mission of Pan Africanism – to reunify the African Diaspora with Africa.

 

The Summit in South Africa is intended to strengthen the relationships with African people worldwide for African cultural, economic and political renaissance. Numerous leaders from across Africa and the African Diaspora are been invited to attend. Some of the African Diaspora leaders from the northern Diaspora (U.S.A.) who may participate in this Summit are Dr. Julius Garvey (NY), Dr. Leonard Jeffries (NJ), Mel Foote (WDC), Ms. Vanessa Williams (GA), Dr. Georgina Falu (PR) and Omowale Clay (NY).    

 

The Summit comes at another threatening period in African history when global powers such as the USA, the European Union and now China are competing for African resources. Due to Africa’s continued weak position, the Europeans have already launched strategic attacks on several African countries, particularly lethal, and destabilizing direct and indirect assaults on Libya, Ivory Coast, Mali, and yes the African Union. Most importantly, the meeting in South Africa comes at a time as Europe crumbles after centuries of feasting on the death and destruction of Africans. Now more ever, Africans in the Diaspora have a great opportunity to finally help in the rebuilding of their Motherland, after centuries of continuous destruction. The tim e to act is now!

 

In preparation for the South Africa Summit, WADU is urging all to organize major meetings on the AU and the African Diaspora culminating in Africa Day commemoration on May 25, 2012. In Atlanta, organizations such as the World African Diaspora Union (WADU), the Pan African Orthodox Christian Church (PAOCC), All African Peoples’ Revolutionary Party (AAPRP), the Universal Negro Improvement Association (UNIA)/African Communities League (UNIA/ACL) and other Pan African and Black activist organizations will organize African Liberation Day activities.

 

The gathering in Atlanta is both to support the ongoing struggles of African people worldwide and also as tribute to those recent Pan African ancestors like Dr. Ndugu T’Ofori-Atta, Dr. Dudley Thompson and Queen Mother Dorothy Lewis. To Africans in Georgia, Reverend Dr. Ndugu T’Ofori-Atta played a crucial role, with those like the late Dr. Asa Hilliard, to promote Africa and Pan Africanism across the Black South and the globe.

 

Additionally and as part of Africa Month commemoration, WADU is collaborating with global organizations such as the African Union (AU) and the African Union Diaspora Task Team (AUDITT) for a tribute for the late Pan African ‘Legend’ Ambassador Dudley Thompson on May 14, 2012. The tribute is to promote Baba Dudley’s vision and work for a Diaspora union with Africa, as the 6th region of Africa. In April 2007, Baba Dudley Thompson committed to join Elombe Brath, Dr. Leonard Jeffries, Nana Farika Birhane and Minister P.D. Menelik Harris to support the building an African Diaspora system “for the empowerment of Black people in the world.” By July 2007, WADU was given birth in Jamaica as a primary Diaspora instru ment to work with the AU. WADU and Baba Dudley has been a persistent, principled and a powerful Pan African voice of the African Diaspora to unify with Africa

 

Africa Month in May was established by the WADU Summit in July 2007 in Jamaica to intensify Pan African related activities throughout the month of May, culminating in African Liberation Day on May 25, every year. Since May 25, 1963, Pan Africanists have used this as a pivotal political period to rally Africans across the world to support African liberation struggles against colonialism, neo-colonialism, racism and imperialism. WADU is now promoting Africa Month for the global political, cultural and economic renaissance and union of African people.

 

WADU is urging all Africans to dedicate themselves to resist neo-colonialism by advancing African Diaspora citizenship, businesses and representation in the AU. In Georgia, Pan African leaders will also convene on May 5, 2012 to promote a program of action for Pan African Diaspora leadership in the 21st century. Please join us at the Pan African Brunch on May 5, 2012 (12:00/Noon) at “Our Intimate Café” on 2001 Martin L. King Jr. Drive S.W. For more information on the AU programs contact Baba Watusi Branch at 718-523-3312. For the Atlanta programs, call Empress Oyah at 770-912-7053 or Dr. Akilah at 404-564-6484 or www.myintimatecafe.com.

 

 

25.3.2012

ET SI ATT AVAIT ÉTÉ VICTIME D’UN COMPLOT?

Filed under: Contributions - apports,Uncategorized — kel @ 19:43


Alors que tous les regards étaient orientés vers les prochaines élections présidentielles, un coup d’Etat de trop vient de se produire au Mali. Ce vaste pays qui plonge sa frontière nord dans le Sahara, ne s’imaginait pas un seul instant voir des soldats s’emparer du trône. Le fait est que le Mali est présenté, à l’instar du Ghana, comme un exemple de démocratie en Afrique. Néanmoins, depuis Janvier 2012, sa stabilité politique s’est vue  menacer par la rébellion touareg (au repos depuis 2009) localisée au nord du pays. Les attaques répétées du MNLA (Mouvement National pour la Libération de l’Azawad) qui se sont souvent soldées par des victoires, ont perturbé la tranquillité du peuple malien avec à sa tête le Président Amadou Toumani Touré. En vue de trouver une solution à cette énième crise militaire de l’Afrique de l’Ouest, le chef de la diplomatie française, ainsi que l’Union africaine se sont succédés aux chevets du pays de Soundjata Kéita. C’est dans ce contexte d’appel à la négociation avec les rebelles touareg que le Jeudi 22 Mars, des soldats affirment avoir pris le contrôle du pouvoir. Comment donc comprendre ce changement anticonstitutionnel?
La réponse à cette question invite à passer à la loupe la revendication des putschistes qui finit par révéler le jeu trouble de la France, lequel masque ceux de la CEDEAO et de l’UA.


La revendication des putschistes.


La principale revendication des putschistes se résume en l’incapacité du régime du président Amadou Toumani Touré à gérer la crise au Nord. L’une des déclinaisons de cette revendication principale est l’absence de moyens militaires efficaces. En filigrane, les militaires expriment leur urgent besoin d’en découdre avec la rébellion touareg. Mais ce besoin urgent est-il réglé par le coup d’Etat? Absolument non. C’est tout le contraire et ce, pour diverses raisons.
Première raison, le coup d’état ouvre une période de transition dont la période est non déterminée. En général, la transition sert à restaurer les institutions, ressouder les liens cassés entre les citoyens, créer des conditions d’une transition pacifique. Or cette tâche est plus difficile que réussir un coup d’état. Alors, les nouveaux hommes forts du pays seront-ils partagés entre cette tâche et l’offensive contre la rébellion touareg ? C’est dire que les opérations militaires envisagées prendront du temps. Et là encore, rien ne dit que les rebelles, durant cette période, calmeront leurs ardeurs où attendront d’être attaqués.
Deuxième raison, le Mali était à quelques mois des élections présidentielles, qui devaient se tenir sans Toumani Touré. Alors si Toumani Touré est incompétent, c’est que le problème est réglé puisqu’il n’est pas candidat à ces élections. Il suffisait pour les putschistes de choisir parmi les candidats, celui qui pouvait gérer la crise.
La troisième raison est que ce coup d’Etat va isoler le Mali, qui officiellement, n’aura pas d’aide militaire pour combattre les rebelles. En théorie tous les appuis budgétaires, les financements extérieurs seront gelés et le peu de moyens internes dont dispose ce pays, devrait servir à autre chose qu’à faire la guerre. On pourrait même être poussé à se poser la question de savoir si les militaires seront sur la même longueur d’onde. Cette question mérite d‘être posée parce que le Président déchu n’est pas un homme isolé, il a des sympathies au sein de l’armée malienne.
Au regard de ces trois raisons, nous osons affirmer que cette revendication est farfelue et contraire au bon sens. Elle est inopportune et ne répond à aucune stratégie sérieuse de reprise du contrôle des zones sous la main des rebelles. Précisons au passage que les rebelles Touareg ont salué la chute de l’incompétent ATT. Curieux quand même!
La vacuité de la revendication fait naître depuis le changement de régime, la thèse de l’échec du mandat du Président déchu. Cette thèse est honteusement portée par des analystes fournis par les médias français. Si nous prenons en compte la présente thèse, il est clair qu’elle ne peut prospérer, du coup, nous nous retrouvons sur le point de départ. Dans un état, la meilleure manière de sanctionner un Président incompétent, c’est de lui offrir la porte de sortie par les urnes. N’étant pas candidat à sa propre succession, les putschistes ne font que tirer dans le vide.
De tout ce qui est dit sur l’incompétence de ATT, rien ne peut humainement expliquer un coup d’Etat. Alors, il convient de rechercher les raisons de cette déstabilisation ailleurs.


Le jeu trouble de la France


Il est un truisme de dire que le Sahara est aujourd’hui l’engrais du terrorisme en Afrique subsaharienne. Les nombreuses prises d’otage de ressortissants occidentaux par AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont fini par imposer à la France la nécessité d’installer une base militaire dans la région en vue de combattre ces terroristes. Le lieu stratégique choisi par la France, n’est autre que la région de Mopti. La requête de Nicolas Sarkozy fut purement et simplement rejetée par Toumani Touré. Cela ressemble bien au refus du Président GBAGBO de faire défiler les troupes ivoiriennes sur les champs Elysée le 14 juillet 2010. La France, nous la savons très gourmande! Donnez-lui un lopin de terre et elle finira, par des jeux troubles, à prendre 1000 hectares de terre. En sus, ATT s’était offert le luxe de refuser la signature d’un accord de coopération portant sur la gestion des flux migratoires. En effet, le Président malien et Sarkozy n’étaient pas sur la même longueur d’onde en ce qui concerne la régularisation des immigrés maliens. ATT est dès lors apparu comme un trouble-fête car d’autres pays africains avaient fléchis là ou ATT a osé faire la résistance. Ces refus, n’ont évidemment pas été appréciés par la France dans l’entendement de qui, un Président nègre n’est qu’un pantin qui n’a de salut que dans l’acceptation des ordres tutélaires.
En outre, le lien qu’avait le Mali avec la Lybie était si fort que lors de la crise libyenne, le Mali a montré un visage réservé. ATT n’a pas soutenu Sarkozy dans sa folle croisade contre le guide libyen. L’on sait que celui-ci avait réalisé de nombreuses infrastructures au Mali, fort estimé, ses affiches sont visibles sur des commerces de certains maliens. Voici un élément qui semble avoir porté le courroux de Sarkozy à l’extrême.
De plus, M. Juppé n’a pas manqué de saluer l’avancée des troupes rebelles lors d’une de ses interventions devant le sénat français le 07 Février 2012 en affirmant ceci : « la rébellion touareg a remporté récemment d’importants succès militaires au nord du fleuve Niger. Un cessez-le feu immédiat est pour nous un impératif ». Alors comment comprendre que la France qui est si attachée aux valeurs républicaines emploie des termes qui, à l’évidence, vantent les mérites des rebelles? Elle a tenté de cacher « ses fleurs » lancées aux rebelles en députant Alain Juppé auprès du Président malien le 26 Février 2012, lequel n’a pas manqué de se comporté comme l’a fait Michelle Alliot-Marie dans le feu des attaques des rebelles pro-OUATTARA en Septembre 2002. En effet, sortant de l’audience avec Toumani Touré, Juppé déclare : « C’est un dialogue politique qui peut permettre de s’en sortir et pas une confrontation. Un dialogue inter-malien est absolument nécessaire ». Voici donc la France qui appelle un pouvoir légitime à négocier avec des rebelles terroristes dont la seule évocation du nom blesse la conscience européenne. On verra par la suite que l’abandon de la solution militaire a servi de prétexte au renversement de ATT.


Aussi dans la crise ivoirienne, le Président ATT avait été accusé de rouler pour GBAGBO. Certains avaient même annoncé que Toumani Touré, avait payé les fonctionnaires ivoiriens suite à la fermeture des banques françaises. Le quotidien Le Nouveau Réveil (quotidien proche du pouvoir, expert en intox) n’avait pas manqué d’afficher à sa Une : « Le Mali paye les salaires des fonctionnaires : ATT vole au secours de GBAGBO » (numéro du 24/12/2010). Quant on sait la haine que Sarkozy nourrit contre GBAGBO on devine déjà, le sort de ATT.
Dans la lutte pour le pouvoir au Mali, le candidat déclaré et certifié de la droite française est Soumaïla Cissé. Cet ancien commissaire de l’UEMOA a également le soutien de Blaise Compaoré, Alassane Ouattara, deux représentants des intérêts français en Afrique de l’ouest. Face à ce candidat, un vieux routier de la politique malienne, le socialiste Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), le seul candidat sérieux à avoir condamné fermement le coup d’Etat. Sarkozy qui a une forte aversion pour les hommes libres et indépendants, sans doute voyant la probable victoire du socialiste IBK, n’a-t-il pas court-circuité le processus en vue de mettre sur place, les conditions d’une élection de Soumaïla Cissé? Rien n’est exclu. L’exemple ivoirien est si frais dans nos esprits que nous ne saurions rejeter cette hypothèse de travail.


Au soir du coup d’Etat, la condamnation de la France, répondant plus à un principe qu’à un désaveu des putschistes, montre bien que ce pays est expert en coups de Jarnac. Cette condamnation qui pue l’hypocrisie a été déjà servie en Côte d’Ivoire et Dieu seul sait comment la France a œuvré au renversement d’Henri Konan Bédié et de Laurent GBAGBO.
Au final, il apparaît que dans la déstabilisation du Mali, la France s’est adonnée à un jeu clair obscur répondant plus à ses intérêts qu’à ceux du peuple malien et par extension, à ceux des populations africaines assoiffées de liberté et de dignité. Malheureusement, les organisations africaines, comme à leur habitude, n’ont pas manqué à l’appel du complot.
Quid de la CEDEAO et de l’UA?
Dans la crise malienne, ATT est apparut comme un orphelin. L’on a donné à la résolution de cette crise, le caractère d’un fait divers. Les médias africains et internationaux faisaient pratiquement un black out sur les informations et ne les levaient que lorsque les rebelles touaregs remportaient « d’importants succès militaires » (nous empruntons le terme à Juppé).


La CEDEAO, conduite par Goodluck Jonathan et ensuite Alassane Ouattara (fraichement installé et épaulé par Paris) a mené des actions de « salon », annonçant avec peines, des médiations. Ces médiations annoncées bien après que les rebelles aient commis d’énormes dégâts au nord, n’ont jamais eu lieu puisque la décision n’a été prise que le 20 Mars 2012.
L’Union Africaine, a volé à la CEDEAO son attentisme. Sans doute pour cacher ses carences et sa complicité, dans la semaine du coup d’Etat, elle a tenu à Bamako, la 34è session du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS), pour en définitive se comporter comme Juppé en condamnant et appelant à un cessez-le feu immédiat. Cette attitude de ces deux organisations africaines, contraste avec ses actions en Côte d’Ivoire. Qu’est ce qui pourrait donc expliquer cela ?


Le jeu flou de la France dégorge sur la CEDEAO et l’UA. Goodluck Jonathan, connu pour être l’homme qui a reçu en un jour, près de dix coups de fils de Sarkozy, ne pouvait déplaire certainement à son maitre. En Côte d’Ivoire Sarkozy tenait à faire tomber GBAGBO il s’est alors appuyé sur Goodluck, alors Président de la CEDEAO. Celui-ci s’est lancé dans une course folle contre la montre et parvint avec d’autres présidents tels Wade et Compaoré, à faire partir GBAGBO et installer Ouattara. La même opération a été observée avec l’UA par le canal de Jean Ping qui, agissant comme Goodluck, a offert cette organisation a Sarkozy pour avoir la tête de GBAGBO. Ce rappel pour signifier qu’à la tête de ces deux organisations, se trouvent des personnes acquises à la cause de la France et qui appliquent à la lettre ce que dicte ce pays. Dans la crise malienne, ils ont, semblent-ils, joué la carte du pourrissement. Ouattara, pour ce que tout le monde sait, n’a aucune légitimité à condamner la rébellion surtout que c’est une rébellion qui l’a porté au pouvoir. Jean Ping, également, n’a aucune légitimité à agir en toute franchise contre les rebelles, lui qui a plongé l’UA dans une sorte de musée à l’occasion de la crise libyenne.


Ouattara, prévoit une réunion de la CEDEAO le Mardi à Abidjan sans doute, pour condamner et par la suite se retrouver en privé et sabler le champagne de la complicité.


Avant de conclure, nous voudrions attirer l’attention sur l’activisme suspect de la CEDEAO et de l’UA. En effet, ces deux organisations ont, dans une fraction de secondes et dans la même semaine du coup d’Etat, pris des initiatives, l’une décide de mener une médiation et l’autre tient son conseil de paix et de sécurité à Bamako. N’est ce pas là une manière de se dédouaner aux yeux des africains?


En définitive, notons que le Président malien a été victime d’un complot car aucun argument avancé par les putschistes ne justifie leur coup d’Etat. Le jeu voilé de la France ouvre les pistes de ce complot
Ce coup d’Etat de trop en Afrique occidental, après celui perpétré par la France contre GBAGBO au profil de Ouattara, ruine les espoirs du peuple malien qui marchait joyeusement dans les sentiers de la démocratie. Ceux qui, de loin où de près, ont œuvré à la chute du pouvoir malien, ne peuvent pas prétendre aimer les maliens qui n’attendaient que les élections pour saluer le départ de Toumani Touré « l’heureux incompétent ».
La France, toujours la France, celle des droits de l’homme ne parvient pas à inculquer à l’Afrique les valeurs qu’elle partage si bien en Europe mais qu’elle assassine chez les nègres. Malheureusement dans ses actions déstabilisatrices, elle a des complices noirs, les exécutants, ces assassins de la cause africaine.


Le peuple africain comprendra t-il un jour qu’un chef d’Etat africain qui est adulé par la France, les USA, la Grande Bretagne, l’ONU est un cancer pour les intérêts africains?

Alain BOUIKALO
Juriste-Consultant 


Coup d’Etat contre ATT au Mali: Un journal français dévoile la complicité de Sarkozy

http://ivoire.telediaspora.net/fr/texte.asp?idinfo=65306


Mali. Pourquoi la France en voulait à Amadou Toumani Touré

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http://ivoire.telediaspora.net/fr/texte.asp?idinfo=65305

11.3.2012

crise ivoirienne ou le prélude de la guerre Chine-Occident-par Par Jean-Paul Pougala, professeur à l’Université de la Diplomatie de Genève en Suisse

Filed under: Contributions - apports — kel @ 12:55

Intervention datant de janvier 2011

 

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Depuis le début de la crise ivoirienne, tout et son contraire ou presque ont été dits. Les Occidentaux soutiennent presque tous M. Ouattara qu’ils appellent « Président élu » alors que les Africains soutiennent presque tous le président sortant Gbagbo qu’ils désignent par « Président Réélu ». Au-delà des choix partisans pour l’un ou l’autre président élu ou réélu, il est intéressant de constater qu’il y a une autre bataille celle là à distance qui est en train de se jouer entre la Chine et l’occident en Cote d’Ivoire. A travers des appuis militaires directs ou indirects.

 

L’Occident défend une vieille idée de l’Afrique dans laquelle il contrôle tout à travers ses hommes de mains et s’accommodent volontiers d’une misère de masse. La Chine est celle qui veut changer la donne et faire de l’Afrique la vitrine de sa puissance économique et militaire hors d’Asie. Ce qui froisse fortement l’Union Européenne et les USA. Mais ces derniers ont-ils la force et l’énergie pour résister longtemps au rouleau compresseur chinois qui a malencontreusement décidé de faire de l’Afrique un des piliers de sa superpuissance en construction ? Exactement comme les USA avaient fait de l’Europe il y a 66 ans.

 

Laurent Gbagbo, meilleur symbole des frustrations des Européens et des Africains

 

Pour les Africains, les deux personnages de notre feuilleton symbolisent deux conceptions opposées de la politique africaine. M. Ouattara, se définit comme «Houphouëtiste», c’est-à dire quelqu’un qui était ouvertement contre les Etats-Unis d’Afrique. En 1963, son mentor Houphouët Boigny était avec l’ancien président Sénégalais Léopold Sédar Senghor les 2 principaux fossoyeurs du rêve de Kwame Nkrumah de créer immédiatement les Etats-Unis d’Afrique. Pour Senghor et Houphouët la relation avec la France était plus importante que toute nécessité d’autonomie africaine. Ce dernier avait alors prononcé la célèbre phrase : «Ils disent qu’ils vont unir l’Afrique du Cape au Caire. Ils le feront sans nous, sans ma Cote d’Ivoire». La suite on la connaît : l’OUA est née comme une nullité avec un seul programme cher à Senghor et Boigny : «intangibilité des frontières héritées de la colonisation européenne» et adieu le vieux rêve de Kwame Nkrumah contenu dans son livre prémonitoire publié en 1961 du titre : Africa must unite (l’Afrique doit s’unir si elle ne veut pas connaître famine, pauvreté et guerres) .

 

Mettre fin à la triste parenthèse de l’OUA était une priorité pour Gbagbo dès son arrivée au pouvoir en 2000 pour passer à la nouvelle Union Africaine (en 2002) comme étape intermédiaire vers la création des Etats-Unis d’Afrique. Aujourd’hui, M. Ouattara continue dans la même voie que Houphouët : il ignore les institutions de la Côte d’Ivoire (le conseil Constitutionnel) et préfère attendre sa légitimité de Paris ou de Washington. Il demande à une partie du monde de venir faire la guerre pour tuer une partie du peuple ivoirien.

 

Il demande d’affamer les fonctionnaires ivoiriens en les privant de leur salaire. Il demande à la France d’organiser des commandos sous le couvert de la CEDEAO, et comme Houphouët, il n’a jamais expliqué ce qu’il compte offrir à la France en retour. Aux apprentis sorciers de la théorie des guerres éclair, j’ai envie de dire : aucune élection, aucune personne ne mérite qu’il y ait une seule vie de perdue. Les hommes passent, les empires disparaissent. Mais les cicatrices d’une guerre ne finissent jamais. L’Irak peut-il nous servir de leçon ?

 

Trois exemples hors d’Afrique pour élucider mes propos :

 

• Le 19 décembre 2010, on a voté en Biélorussie, le président sortant a proclamé qu’il a gagné avec 72% et a aussitôt mis en prison les dirigeants de l’opposition. Y-a-t-il un seul pays Européen qui a menacé ce pays d’utiliser la force pour déloger Alexander Loukachenko au pouvoir depuis 16 ans ? L’Union Européenne n’a prévu aucun plan militaire pour aller déloger le dictateur. La raison est simple : les 27 pays de l’Union Européenne ont à cœur la valeur de la vie de leurs frères et sœurs de la Biélorussie. C’est à chacun de soigner ses intérêts et les Européens considèrent la vie humaine en Biélorussie plus importante qu’un dictateur qui s’en ira tôt ou tard.

 

• Le Secrétaire Générale des Nations Unies M. Ban Ki-Moon et le Représentant de l’ONU en Côte d’Ivoire M. Y Choi sont tous les deux citoyens d’un pays divisé en deux, la Corée. Il y a un des deux présidents Kim Jong-Il qu’ils disent fou et un danger permanent pour sa propre population et pour ses voisins. Mais pour Kim, M. Y Choi et M. Ban Ki-Moon ont toujours justement prôné la retenue. A ceux qui veulent faire la guerre en Côte d’Ivoire, j’ai deux questions : En quoi la vie d’un Coréen serait-elle plus précieuse à préserver que celle d’un Ivoirien ? En quoi la mort des populations civiles en Côte d’Ivoire serait-elle moins grave qu’en Corée ? En quoi Laurent Gbagbo est-il plus dangereux pour ses voisins que le dirigeant Nord-Coréen M. Kim Jong-Il, au pouvoir hérité de son père depuis 17 ans et qui lui-même l’avait exercé pendant 46 ans jusqu’à sa mort et qu’il s’apprête à passer à son fils ?

 

• En Birmanie (Myanmar) en 2000 un vainqueur des élections présidentielles a été privé de sa victoire, pire, privé de liberté pendant 10 ans. Mme Aung San Suu Kyi s’est contentée en silence d’un prix Nobel de la paix, sans jamais exiger une quelconque intervention de l’extérieur pour aller déloger les usurpateurs du pouvoir. La victoire de Mme Aung San Suu Kyi validée par la Cour Constitutionnelle Birmane est-elle moins importante que la défaite de M. Ouattara déclarée perdant par le Conseil Constitutionnel de son pays ?

 

M. Laurent Gbagbo entrera-t-il dans l’histoire comme un dirigeant médiocre, méchant, valeureux ouéclairé ? Nul ne pourra le dire. Ce que nous savons par contre, c’est qu’il est l’homme qui symbolise le mieux les frustrations des Européens et des Africains. La crise Ivoirienne s’est vite transformée en une crise raciale entre les Blancs et les Noirs, entre l’Afrique et l’Europe. Avec cette fois-ci un 3ème larron, la Chine en embuscade.

 

L’Angola, premier partenaire africain de la Chine sur le plan commercial et militaire, soutient indéfectiblement Laurent Gbagbo

 

Le jour précis (17/12/2010) où l’Union Européenne annonçait avoir à l’unanimité choisi le camp de Ouattara dans la crise ivoirienne, contre Laurent Gbagbo, la Chine nous annonçait être devenue le premier partenaire commercial du continent africain en publiant les chiffres de 10 mois d’échanges avec les pays Africains. Il en ressort une augmentation du volume d’affaires à 20 milliards de dollars avec l’Angola faisant de ce pays son premier partenaire africain sur le plan commercial, mais aussi militaire.

 

Et le hasard veut justement que l’Angola soit le pays qui soutient militairement les Forces de Défense et de Sécurité de Laurent Gbagbo en Cote d’Ivoire. Et c’est ce même jour que le général Chinois de division Jia Xiaoning, directeur adjoint du bureau des affaires étrangères au ministère chinois de la Défense était reçu en audience au Cameroun par le Président Biya. Ont-ils parlé de la crise ivoirienne ? La Chine peut-elle aider financièrement l’Europe pour sortir de la crise économique et accepter qu’elle utilise cet argent pour la combattre en Afrique ?

 

Ce qui est sûr, c’est que c’est un scénario que l’Europe n’avait pas prévu. L’annonce la même semaine de l’entrée en service d’ici quelques années de l’avion chasseur bombardier furtif chinois le Chengdu J-20 est-elle un simple hasard de calendrier ou un message militaire lancé aux USA et à l’Europe ? Le message a été bien reçu à Washington, puisque le nouveau avion militaire furtif F-35 en préparation devant remplacer le F-22 est déjà jugé obsolète, et on parle déjà de l’abandon du projet avec des milliers d’emplois à risque, à cause de la nouvelle barre technologique très haute que la Chine vient d’imposer à l’industrie de l’armement américaine jusqu’ici considérée comme la plus avancée du monde.

 

Selon les experts militaires américains, le J-20 chinois doté de gros missiles antinavires est spécialement conçu pour détruire les nouveaux 10 porte-avions américains en construction jusqu’en 2058. On comprend dès lors pourquoi le porte-avion français Mistral qui en ce moment fait route vers Abidjan pour déloger Gbagbo avant la fin du mois de janvier comme nous l’a promis Ouattara, serait détruit par le nouveau J-20 chinois en moins de 5 minutes. Pour l’instant, la Chine ne tirera pas un seul coup dans la crise ivoirienne, mais il y a à parier que la prochaine crise sera très différente, car l’hégémonie européenne qui dure depuis l’an 1454 en Afrique vit ses dernières heures à Abidjan.

 

La crise ivoirienne qui n’était apparemment au départ qu’un simple démêlé entre Européens et Africains s’est très vite révélée comme l’anticipation de la bataille militaire Chine-Occident qui ne fait que commencer, sur le sol africain. C’est aussi le prélude d’une longue saison tumultueuse entre l’Afrique et l’Europe qui peine à accepter l’inexorable autonomie effective de l’Afrique, 50 ans après la parodie d’indépendance. Les généraux de l’armée chinoise sont en train de défiler un peu partout en Afrique pour tisser des accords de partenariat militaire ; à Pékin, on ne cache plus que le vrai but est de neutraliser toutes les rebellions que l’Europe organisera sur le sol Africain pour les freiner et retarder cette autonomie.

 

L’arrivée de la Chine sur la scène politique, économique et militaire africaine est en train de se transformer en cauchemar pour l’Europe qui en perd toute sa lucidité. Depuis 2007 l’Union Européenne a tout mobilisé pour proposer à la Chine une sorte de triangulaire pour stopper les gigantesques investissements de la Chine en Afrique. L’ex-commissaire européen au développement Louis Michel a fait d’incessants déplacements à Pékin pour faire mille propositions sans succès. L’Europe n’en démord pas pour autant, c’est chacun des 27 qui essaie même en solo.

 

L’homme le plus recherché à Pékin et qui donne les maux de têtes aux occidentaux s’appelle : Zhang Ming, le «Monsieur Afrique subsaharienne» du ministère chinois des Affaires étrangères. Tous le détestent et tous lui font la cour. Que lui veulent les Occidentaux ? Ils lui demandent ni plus ni moins que de faire semblant d’aider l’Afrique, sans vraiment passer à l’action. On lui explique que c’est cela les règles du jeu depuis 5 siècles et qu’il y a très gros à gagner. Que répond-il ? NIET.

 

La Chine n’est intéressée par aucune triangulaire. L’Afrique qu’on disait marginalisée est remise par la Chine au centre des convoitises. Le président Chinois a visité presque tous les pays africains et certains, 3 ou 4 fois, lorsque les Présidents américains en 8 ans ne visitent que 2 ou 3 pays africains. Et sur les 27 pays de l’Union Européenne, 21 sont dirigés par des présidents qui n’ont jamais mis pied en Afrique.

 

L’Europe est en train de tomber dans une médiocrité des plus grotesques tentant d’embourgeoiser les Chinois en Afrique et de leur enseigner leurs vieilles recettes mesquines qui ont cloué au sol pendant 50 ans le décollage de l’Afrique, avec des slogans tout aussi burlesques et minables : «L’Union européenne et la Chine se sentent plus près de l’Afrique que tout autre continent.»

 

Les rares documents que nous avons entre les mains des propositions secrètes européennes à la Chine justifient toute cette panique à bord par l’inquiétude des Européens vis à vis d’un probable surendettement de l’Afrique si la Chine continuait sur cette lancée. Cette thèse est complètement saugrenue. C’est comme si un interdit bancaire allait voir son banquier pour lui expliquer qu’il ne dort pas depuis des semaines parce que son voisin risque de devenir surendetté si cette même banque continuait de lui donner des crédits, et le supplie de ne plus traiter directement avec ce voisin, mais de passer par lui afin qu’il filtre et suggère ce qui va bien pour son voisin. Récemment le FMI a refusé un crédit à la RDC au motif que le Congo reçoit des investissements chinois. Edwards Bernays dans son livre «Propagande ou l’art de Manipuler l’opinion publique en démocratie» nous enseigne que la manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique.

 

Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le monde. L’Union Africaine doit reprendre la main en Côte d’Ivoire pour que le gouvernement invisible de l’Europe n’entrave, ne déstabilise et n’enlève pas à l’Afrique une des pièces maîtresses du puzzle (la Côte d’Ivoire) dont elle aura besoin pour former et bâtir le mosaïque des Etats-Unis d’Afrique. Si aujourd’hui la Côte d’Ivoire est sacrifiée pour offrir à l’Europe une consolation de répit dans sa guerre commerciale et industrielle perdue d’avance avec la Chine (comme le diktat chinois sur les terres rares), demain à qui le tour ?

 

La crise ivoirienne aura pour le moins, le mérite de nous donner plusieurs enseignements :

• L’ONU est une boite vide qui nécessite une complète refonte. Cette organisation est en train de se transformer en instrument de déstabilisation des nations et l’initiatrice des guerres civiles plutôt que d’être un instrument de pacification des peuples comme elle a été originellement conçue.

• La finalisation des Etats-Unis d’Afrique est un impératif qui ne peut plus attendre. Tout le processus de la fédération africaine en cours doit être accéléré pour ne pas laisser l’espace aux vieux démons de l’Afrique de faire repartir un nouveau cycle de violences, de guerres et donc de déstabilisation du continent contribuant ainsi comme durant les 50 ans précédents à détourner l’attention des vrais enjeux et des objectifs de création du bonheur pour les populations africaines.

• L’entrainement pour la première guerre mondiale du 21ème siècle entre l’Occident (Europe/USA) et la Chine se fera très probablement sur le sol africain. Le déclin des premiers ne les prive pas de l’instinct d’arrogance habituelle pour continuer d’humilier la seconde en lui intimant ce qu’elle doit faire en Afrique, sur la dévaluation du Yuan. Le ridicule ne tue pas. Ce sont les pays qui se sont de trompés de politique et sont responsables d’une crise financière mondiale, qui prétendent de donner des leçons à la Chine qui elle a été vertueuse dans sa gestion. Il y a une ligne rouge que tôt ou tard l’Occident va traverser et ce jour là, cela va faire : boum ! Et c’est pour ce boum que l’Afrique sert aujourd’hui à l’un et à l’autre de terrain d’entrainement.

Gbagbo, enjeu du contrôle de l’Eldorado pétrolier du Golfe de Guinée

 

 

Il me plaît de conclure avec ces deux extraits de commentaires sur la crise ivoirienne:

1. «Les colonialistes ont toujours un masque. Ils ne disent jamais du bien de vous. Ils pillent vos ressources naturelles. Ils ont commis des génocides à l’égard des Indiens d’Amérique, détruit des civilisations comme celle des Aztèques. Au nom de la liberté du commerce, ils ont imposé à la Chine trois guerres d’opium. Au nom de l’esclavage, ils sont venus imposer le travail forcé en Afrique. Aujourd’hui, c’est au nom de la justice internationale qu’ils interviennent en Cote d’Ivoire. Quelle est cette justice Internationale ? Les magistrats du Tribunal Pénal International sont atteints de ce qu’on appelle un daltonisme au noir. Le dalton ne voit pas certaines couleurs. Ils ne voient que le noir. Si vous allez à la Cour internationale, tous les inculpés sont noirs, pas parce qu’il ne s’est rien passé à Gaza, pas parce qu’il ne s’est rien passé à la prison d’Abu Graïb. La question que je me pose maintenant est : Pourquoi l’Afrique accepte-t-elle cela ? Je ne dis pas que tout le monde est innocent, mais si ces gens sont coupables, c’est aux Africains de les juger. Pourquoi l’Afrique accepte-t-elle que ses dirigeants soient jugés par une bande de cosmopolites qui la méprisent». Jacques Vergès, avocat français

2. «Derrière le maintien ou non de Gbagbo au pouvoir se joue le contrôle du Golfe de Guinée, cet Eldorado pétrolier que Français ou Américains, en perte de vitesse dans le monde arabe, et unis pour cette fois, ne souhaitent pas voir passer en d’autres mains. A leurs yeux, Alassane Ouattara, ami personnel de Sarkozy, ancien directeur du FMI et gestionnaire libéral, représente un interlocuteur beaucoup plus crédible que Gbagbo le nationaliste». Colette Braeckman, journaliste au quotidien belge Le Soir. Née en 1946, grand reporter, elle collabore aussi au « Monde Diplomatique »

Voilà pourquoi à mon avis il n’y a jamais eu d’élection en Côte d’Ivoire, mais une parodie d’élection. Avec 300 milliards de francs des Ivoiriens que l’Onu a jeté par la fenêtre pour un simulacre d’élection, on aurait pu construire 300 hôpitaux, 1.000 écoles, 50 Universités, 3.000 crèches, 5.000 dispensaires.

 

Par Jean-Paul Pougala, professeur à l’Université de la Diplomatie de Genève en Suisse (co-auteur de «L’Afrique, l’Europe et la Démocratie Internationale» )

25.2.2012

Thabo Mbeki. «Voici comment nous devons défendre notre souveraineté »

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L’ancien président sud-africain, engagé pleinement dans la défense de la souveraineté des pays africains après les «viols» subis par la Côte d’Ivoire et la Libye, a prononcé jeudi dernier un discours d’une densité très forte à l’Université du Cap Occidental. Pour nos lecteurs et pour le monde francophone, nous avons traduit la quasi-intégralité d’un discours de dénonciation mais aussi de proposition.

(…) Les événements récents sur notre continent, et plus précisément ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire et en Libye l’an dernier, ont été l’objet d’une importante communication sur le thème : «Réflexions sur le maintien de la paix, la souveraineté des Etats et la gouvernance démocratique en Afrique» (thème de l’intervention de Mbeki).

Dans le cadre de cette conférence, je me concentrerai sur la Libye, même si les  événements survenus en Côte d’Ivoire pourraient également confirmer une bonne partie de ce que je vais dire au sujet de la Libye, relativement aux buts et aux résultats des récentes interventions d’armées étrangères en Afrique. Avant d’aller plus loin, je tiens à réitérer ce que j’ai dit avant et ailleurs, qui porte sur l’allégation insultante selon laquelle l’Union africaine et certains d’entre nous avaient été achetés avec les pétrodollars que nous avons reçus du régime libyen de Kadhafi.

À cet égard, on nous avait accusé d’avoir pris les positions que nous avons prises de nous opposer à l’utilisation abusive du Conseil de sécurité des Nations Unies pour effectuer un changement de régime en Libye, parce que nous avions été corrompus par ces pétrodollars. Une fois de plus, je voudrais sans réserve réfuter les mensonges qui ont été propagés, selon lesquels l’Union africaine dépendait de la Libye pour son budget, et que la Libye a soutenu l’ANC de quelque façon que ce soit pendant la période de notre lutte contre le régime d’apartheid avant 1990. Malgré cette réalité, beaucoup de nos médias nationaux et leurs homologues internationaux, et les soi-disant analystes, ont constamment et obstinément propagé le mensonge totalement infondé que la Libye de Kadhafi a joué un rôle important en donnant à l’ANC les moyens de survivre et de mener à bien la lutte contre l’apartheid.

Libye: Comment l’ONU s’est foutu des Africains

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Ce que je dirai relativement à la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies, à l’appui des positions de l’UA à cet égard, n’a rien à voir avec une quelconque supposée relation amicale historique avec la Jamahiriya arabe libyenne de Kadhafi. Le 10 Mars 2011, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a adopté une feuille de route pour la résolution pacifique du conflit libyen. Entre autres choses, cette feuille de route prévoyait la fin des violences en Libye et l’institution d’un processus par lequel les Libyens devraient s’engager les uns les autres dans des négociations inclusives pour déterminer librement l’avenir de leur pays, y compris sa démocratisation obligatoire et véritable.

L’Union africaine a obtenu l’accord du régime de Kadhafi à cette feuille de route, en s’appuyant sur le fait que la Libye est l’un de ses membres. Cela a créé le cadre pour aborder les questions identifiées dans le thème de cette conférence – le rétablissement de la paix, la souveraineté de l’Etat et la gouvernance démocratique en Libye – sans avoir recours à la force et donc la mise à mort inutile de dizaines de milliers de Libyens et la destruction de précieuses infrastructures nationales et d’autres biens.

L’UA a transmis sa décision du 10 Mars à l’Organisation des Nations Unies, à la Ligue arabe et d’autres organisations pertinentes. Toutefois, le Conseil de sécurité a volontairement choisi de ne pas tenir compte des décisions de l’Union africaine, traitant ces décisions relatives à un pays africain, et donc nous, les peuples d’Afrique, avec un mépris absolu. Même dans ses communications, le Conseil de sécurité a décrété  pratiquement que la Libye avait cessé d’être un pays africain. En conséquence, il a fait valoir qu’il tient la légitimité de ses actions des décisions prises par la Ligue arabe.

Le 17 mars, sept jours après que l’Union africaine a adopté sa Feuille de route pour la résolution pacifique du conflit libyen, le Conseil de sécurité a adopté sa Résolution 1973, qui a créé l’espace pour l’OTAN, une alliance américano-européenne militaire et politique, pour intervenir en Libye en vue d’imposer une résolution violente de ce conflit, centrée sur le changement de régime, dont les objectifs étaient en complète contradiction avec la Résolution 1973. Je suis certain que chacun d’entre nous ici présents ce soir sait ce qui s’est passé ensuite.

En substance, l’OTAN n’est pas intervenue pour imposer une zone d’exclusion aérienne pour protéger les civils, ainsi que prescrit par le Conseil de sécurité, mais pour plutôt conduire et renforcer le Conseil national de transition dans une campagne militaire pour renverser le régime de Kadhafi.

Sarkozy, Obama, Cameron, les chefs d’orchestre

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En effet, une fois que la campagne de l’OTAN a été lancée, nous avons été prévenus que telle était l’intention des grandes puissances occidentales.

Un mois seulement après l’adoption de la résolution 1973 du Conseil de sécurité, les architectes de la présente résolution et de la campagne de l’OTAN, les présidents Obama et Sarkozy et le Premier ministre Cameron, ont annoncé publiquement leurs intentions. Dans une tribune conjointe publiée dans les journaux le Times de Londres, Le Figaro de France, et l’International Herald Tribune, ces trois membres permanents du Conseil de sécurité, rejetant sans vergogne le mandat du Conseil de sécurité de l’ONU, ont déclaré : « Il y a un chemin vers la paix qui promet un nouvel espoir pour le peuple de la Libye : un avenir sans Kadhafi … Tant que Kadhafi est au pouvoir, l’OTAN et les partenaires de la coalition doivent maintenir leurs opérations… Le colonel Kadhafi doit
partir… « 

La réalité est que les organes concernés de l’ONU – le Conseil de sécurité et le Bureau du Secrétaire général – ont trahi leurs obligations en termes de droit international, en particulier, celles prescrites par la Charte de l’ONU. Plutôt, ils ont choisi de donner libre cours aux États- Unis, à la France et au Royaume-Uni, de décider exclusivement de l’avenir de la Libye.

Il était relativement facile pour les Occidentaux d’intervenir en Libye comme ils le faisaient, sachant qu’ils ne rencontreraient que peu de résistance à cet égard, comme cela s’est réellement passé. En conséquence, ils ont obtenu ce qui à leurs yeux sont des résultats stratégiques bienvenus destinés à :

-les placer dans une position de force pour intervenir dans les pays du Maghreb en Afrique, y compris en Egypte ;

-garantir leur accès privilégié au pétrole libyen ;

-s’en servir comme un précédent qui leur permet d’intervenir dans tous les autres pays africains comme ils le souhaitent.(…)

(…) Notre désunion et la faiblesse du continent à l’égard de la défense du droit de toute l’Afrique à agir pour garantir notre droit à l’autodétermination ouvre la porte à notre « re-colonisation’’, notamment dans le contexte de la volonté des puissances occidentales de limiter notre possibilité d’établir une alliance véritablement stratégique en particulier avec la République populaire de Chine.

 

 

-Thabo Mbeki

 

Les leçons à tirer pour les Africains

Certaines des leçons, d’une importance vitale, que nous, Africains, devons tirer de l’expérience libyenne sont les suivantes :  dans la période post-guerre froide, les puissances occidentales ont renforcé leur appétit d’intervention sur notre continent, y compris par la force armée, pour :

-assurer la protection de leurs intérêts, au mépris de notre point de vue, en tant qu’Africains;

-ces puissances vont utiliser l’argument selon lequel elles sont nos seules amies, en tant que défenseurs de nos droits démocratiques et humains, obligés d’agir ainsi en particulier lorsque notre continent, à travers l’UA et nos organismes régionaux, peuvent être présentés comme ayant échoué à agir pour défendre ces droits ;

mbeki_7-181×260.jpg-ces puissances vont agir comme elles l’ont fait en Libye en particulier si, dans les situations de conflit interne qu’elles vont aussi fomenter, elles peuvent argumenter qu’elles agissent sous mandat de l’ONU, au nom du soi-disant «droit de protéger»,

-notre désunion et la faiblesse du continent à l’égard de la défense du droit de toute l’Afrique à agir pour garantir notre droit à l’autodétermination ouvre la porte à notre « re-colonisation’’, notamment dans le contexte de la volonté des puissances occidentales de limiter notre possibilité d’établir une alliance véritablement stratégique en particulier avec la République populaire de Chine.

Je suis convaincu que nous comprenons tous qu’en tant qu’Africains, nous devons agir de manière décisive pour garantir la réalisation des objectifs que nous nous sommes fixés, bien avant la débâcle libyenne, fondés sur la perspective que nous avions élaboré ensemble, de poursuivre l’objectif historique de la renaissance de notre continent.

À cet égard, entre autres, nous devons agir avec honnêteté, sans équivoque et dans l’unité pour :

renforcer la démocratie et le respect des droits de l’homme sur notre continent, et ainsi confirmer que les objectifs nobles de l’unité africaine et la solidarité ne peuvent être accomplis lorsque chacun de nos pays respecte le principe inaliénable que c’est le peuple qui donne le pouvoir et doit gouverner ;

développer notre propre capacité à résoudre nos conflits, nous engager à trouver des solutions africaines aux problèmes africains, de la même façon que, par exemple, les Européens insistent, à juste titre, qu’ils ont le droit d’arriver à des solutions européennes aux problèmes européens, comme le font les Américains;

mettre en oeuvre dans tous nos pays de politiques communes pour toute l’Afrique adoptées par le biais de l’OUA et l’UA, dont la mise en oeuvre constituerait le ciment dont nous avons besoin pour donner un sens concret à l’objectif pour atteindre, et ainsi construire le pare-feu nécessaire pour défendre notre droit à l’autodétermination;

utiliser ces politiques visant à structurer nos relations individuelles et collectives avec le reste du monde, en particulier pour atteindre l’objectif d’assurer à l’Afrique la place qui lui revient au sein de la communauté des nations, la compréhension de ce que aucun de nos pays peut atteindre cet objectif seul ;

renforcer nos organes continentaux et régionaux, en nous appuyant sur nos ressources, et institutionnaliser la coopération entre nos 54 Etats, et défendre ainsi l’objectif stratégique de la réalisation de l’objectif historique de l’intégration africaine et de l’unité alors même que nos gouvernements changent comme une conséquence de l’exercice du droit démocratique de chacun de nos peuples de mandater un tiers pour servir le  gouvernement de leur choix.(…)

Tout ce que nous avons dit nous amène à faire cette très importante déclaration:

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(I) les événements récents, en Libye et en Côte d’Ivoire, ont confirmé que les grandes puissances occidentales restent intéressées et déterminées à garder l’Afrique attachées à elles comme leur appendice, à tout prix, prêt à utiliser tous les moyens pour atteindre cet objectif ;

(Ii) pour atteindre cet objectif, ces puissances vont exploiter l’engagement universel à la démocratie, les droits de l’homme et la bonne gouvernance pour intervenir dans toute et tous nos pays pour faire avancer leurs intérêts ;

(Iii) ces pouvoirs vont intervenir dans nos pays, en particulier pendant les périodes de conflit violent, sans égard au principe de la souveraineté de nos Etats, en tirant parti du principe des Nations Unies approuvé par le «droit de protéger», qu’ils vont interpréter librement, pour servir leurs intérêts ;

(Iv) à moins que, concrètement, nous assumions notre responsabilité dans le cadre de l’avancement de la démocratie, de la protection des droits de l’Homme et de la réalisation de l’objectif de la bonne gouvernance sur notre continent, et d’agir pour garantir la paix et la sécurité, ces puissances vont intervenir dans nos pays dans la poursuite de leurs objectifs égoïstes, légitimant une telle intervention en se présentant comme « amis de l’Afrique », désireux de nous donner la démocratie, les droits de l’homme, la paix, la bonne gouvernance et le progrès, indépendamment de nos désirs;

(V) dans tous les cas, nous devons nous attendre à ce que de telles interventions soient soutenues par des forces nationales, nos propres parents et amis, que les puissances mondiales concernées présenteront comme les véritables représentants de nos peuples, sans tenir compte de la vérité à cet égard; (Vi) ces puissances vont utiliser leur force pour obliger les soi-disant institutions multilatérales afin de faciliter la réalisation de leurs objectifs, y compris par l’imposition de sanctions;

(Vii) ils utilisent aussi les médias du monde entier pour diaboliser ceux qu’ils considèrent comme leur ennemi, et présenter de la meilleure des manières possibles ceux qu’ils considéreront comme leurs amis ;

(Viii) Quand ils le jugeront nécessaire, ils feront un mauvais usage du Conseil de sécurité de l’Onu pour légitimer leurs actions. Il serait très facile de rejeter nos préoccupations comme des divagations de toxicomanes ou d’adeptes de théories conspirationnistes. Si nous n’avions pas l’avantage, si on peut oser le dire, de présenter les exemples concrets de la Libye et de la Côte d’Ivoire, qui n’ont rien de fictif. (…) Que ferons-nous, nous Africains, quel que soit le continent de notre demeure, afin de s’assurer que demain nous appartient ?

 

Thabo Mbeki

 

http://www.nouveaucourrier.info/2012/02/22/thabo-mbeki-continue-sa-croisade-comment-nous-devons-defendre-notre-souverainete/

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