Survivants13 (ancien "Survie 13 françafrique bas les masques")

20.1.2012

Lettre de réforme aux Chefs d’Etat des quinze (15) pays membres de la Zone franc

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 Lettre aux 15 Chefs d-Etat Africains

Objet : Dénonciation des accords de coopération monétaire avec la France,

       un pré-requis pour la création de la Banque Centrale Africaine.

 

 

Leurs Excellences, Messieurs Thomas Yayi Boni, Président de la République du Bénin, Blaise Compaoré, Président de la République du Burkina Faso, Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, Manuel Sherifo Nhamadjo, Président de la République de Guinée-Bissau,  Dioncounda Traoré, Président de la République du Mali, Mahamadou Issoufou, Président de la République du Niger, Macky Sall, Président de la République du Sénégal, Faure Gnassingbé, Président de la République du Togo, Paul Biya, Président de la République du Cameroun, François Bozizé, Président de la République Centrafricaine, Denis Sassou Nguesso, Président de la République du Congo, Ali Bongo Ondimba, Président de la République du Gabon, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, Président de la République de Guinée Equatoriale, Idriss Déby Itno, Président de la République du Tchad, Ikililou Dhoinine, Président de la République Fédérale Islamique des Comores.

 

La Banque d’Afrique Occidentale (BAO) a été créée le 29 juin 1901 pour poursuivre les activités de la Banque du Sénégal (créée le 21 décembre 1853) qui était chargée par la France d’émettre le franc en Afrique Occidentale Française. A la suite de l’extension le 2 décembre 1920 du privilège d’émission de la BAO en Afrique Equatoriale Française, les comptes d’opérations du trésor français ont vue le jour essentiellement pour structurer les quatre (4) principes fonctionnels de la Zone franc qui restent à ce jour en vigueur : (i) la parité fixe, (ii) la convertibilité illimitée, (iii) la libre transférabilité  et (iv) la centralisation des réserves de change à Paris. Pour asseoir ce dispositif français de contrôle et de maîtrise de sa souveraineté monétaire dans ses colonies, la France a créé le 9 septembre 1939 la Zone Franc. Par la suite, le franc des colonies françaises d’Afrique (Franc CFA) a été créé par la France le 26 décembre 1945. S’il y a un événement à célébrer par la France, c’est soit les 73 ans de la Zone franc soit alors les 67 ans du franc CFA.

 

Nous les peuples et dirigeants des quinze (15) pays d’Afrique, avons pour la plupart échoué à négocier et arracher notre indépendance monétaire pendant la fin des années 50 et le début des années 60. Les accords de coopération monétaire avec la France aussi bien des années 60 que des années 70 ont maintenu dans le fond, la dépendance monétaire de nos pays. Au regard notamment du succès  monétaire remarquable de trois (3) pays africains de référence qui sont sortis de la Zone franc pendant la même période, le Maroc le 2 mars 1956, la Tunisie le 20 mars 1956 et l’Algérie le 5 juillet 1962, il nous semble véritablement absurde de prétendre célébrer en 2012 nos échecs c’est-à-dire le maintien à ce jour de la dépendance  monétaire. C’est dans ce contexte de célébration des anniversairesparadoxaux que la présente lettre de réforme vous est adressée. Elle porte sur trois (3) principaux points : (i) le fond de ces célébrations impulsées et manipulées par la France participe d’une action structurée d’intelligence économique de ce pays qui nous semble contraire à l’accélération de l’intégration africaine ; (ii) les performances monétaires des pays de la Zone franc sont largement médiocres par rapport aux performances moyennes africaines et (iii) la création de la Banque Centrale Africaine ne peut s’accommoder de l’ingérence monétaire française.

 

1. L’action structurée d’intelligence économique de la France pour justifier la consolidation de

    la Zone franc nous semble non pertinente et contraire à l’intégration africaine.

 

Stratégiquement, la conception, la structuration et le calibrage des célébrations de 40 ans des accords de coopération monétaire le 5 octobre 2012 à Paris en France (siège de la Zone franc), de 50 ans de la BCEAO  le 5 novembre à Dakar au Sénégal et de 40 ans de la BEAC le 23 novembre à Malabo en Guinée Equatoriale, ont été faits en s’appuyant méthodiquement sur un rapport d’étude prétendument indépendant, réalisé par la FERDI, une officine d’intelligence économique de l’Etat Français.    

La Fondation pour les études et recherches sur le développement international (Ferdi) qui a pour président d’honneur M. Valéry Giscard d’Estaing, ancien président de la République Française, a publié le 19 septembre 2012 un rapport de 430 pages intitulé « Evaluation des gains attendus de l’intégration économique régionale dans les pays africains de la Zone franc » accessible en ligne (http://www.ferdi.fr/uploads/sfCmsContent/html/135/Rapport_ZF_4oct_IMP.pdf) dont la conclusion est que  « Le potentiel de croissance supplémentaire est estimé à au moins 2 % de PIB par an et par habitant. ». Cette conclusion sur mesure justifierait ainsi l’urgence d’un renforcement de l’intégration économique régionale entre les pays de la Zone franc, d’où la stratégie de consolidation ou d’approfondissement adoptée et scandée à tout prix par les autorités françaises.

 

Dans cette optique, il n’y a pour nous aucune surprise à la déclaration suivante du Président de la République Française, M. François Hollande à Dakar au Sénégal le 12 octobre 2012 : « La solidarité, c’est, aussi, la consolidation de la zone franc. Vous êtes attachés à cette zone de stabilité monétaire. Vous savez ce que vous lui devez, c’est-à-dire d’avoir été capables de créer, vous aussi, une union de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale, qui a permis une intégration et une stabilité. Mais, en même temps, est-ce que nous ne pourrions pas réfléchir ensemble, pays de la zone franc et la France, à assurer de manière plus active la gestion des réserves, des monnaies, de façon à ce que nous puissions les utiliser pour la croissance et pour l’emploi ? » (source : www.elysee.fr).

 

Nous devons noter que le commerce intra-européen est supérieur à 60% du commerce extérieur de l’Union Européenne. Le commerce intra-asiatique est à plus de 50% alors que celui entre les Etats d’Amérique est à plus de 30%. Par contre, le commerce intra-africain est seulement de 12%. En conséquence, le développement du commerce intra-africain offre indiscutablement un plus important potentiel de croissance économique pour nos pays. La stratégie d’intégration économique africaine a été définie par le traité d’Abuja signé en 1991 segmentant le continent en cinq (5) communautés régionales : l’Afrique du nord, l’Afrique de l’ouest, Afrique australe, l’Afrique de l’Est et l’Afrique centrale. La Zone franc est transversale à trois (3) communautés régionales. La République française, de par sa stratégie du maintien à tout prix de son ingérence monétaire en Afrique crée une obstruction très néfaste et fortement limitative au succès de la stratégie de l’Union Africaine.

 

Les enseignements de la crise européenne et l’irréversible déclin structurel constaté et prévisible de la France et de l’Europe dans les structures de la production mondiale et des échanges mondiaux justifient amplement une réorientation stratégique de la coopération internationale panafricaine en matière monétaire, financière et économique. Le déplacement ou le basculement du centre de gravité de l’économie mondiale de l’occident vers l’orient commande que l’Afrique fasse un reformatage radical de ses instruments de coopération. Depuis les années 2009 et 2010, cinq (5) indicateurs de prise de contrôle par la République Populaire de Chine du leadership économique mondial sont à prendre en compte par l’Afrique de toute urgence : (i) la Chine est devenue depuis 2010 la deuxième économie mondiale dernière les Etats-Unis (14.660 milliards de dollars US de PIB en 2010) avec un PIB de 5 880 milliards de dollars US détrônant ainsi le Japon (5 475 milliards de dollars US en 2010) qui occupait ce rang depuis 1968 ; (ii) depuis 2009, la Chine est devenue le premier exportateur mondial avec 1 202 milliards de dollars US d’exportations reléguant l’Allemagne au second rang avec 1 121 milliards de dollars US ; (iii) depuis 2009, la Chine est devenue le premier marché automobile mondial avec 13,6 millions de véhicules vendus dans le pays reléguant les Etats-Unis au second rang avec 10,4 millions de voitures vendues ; (iv) depuis 2010, la Chine est le premier producteur de diplômés avec 23 millions de diplômés contre 17,7 millions pour les Etats-Unis et (v) depuis 2010, la Chine est le premier consommateur mondial d’énergie avec 2.432,2 millions de TEP (Tonnes Equivalent Pétrole) soit 20,3% de la consommation mondiale (12.002,4 millions de TEP), reléguant les USA au second rang. Dans ce contexte de fortes transformations structurelles, les accords de coopération monétaire entre la France et quinze (15) pays africains apparaissent dénués de toute pertinence économique tout comme le sont les accords de partenariat économique que l’Union Européenne veut imposer à l’Afrique.     

 

2. Les performances monétaires de la Zone franc sont largement médiocres par rapport

    aux performances moyennes africaines.

 

Dans son discours prononcé à la réunion des ministres de la Zone franc le 5 octobre 2012 à Paris (accessible en ligne), M. Pierre Moscovici, ministre français de l’économie et des finances dit ceci : « De nombreux économistes ont démontré que la protection que notre coopération monétaire apporte a été un facteur décisif de stabilité, de faible inflation et de croissance. Nous pouvons nous en féliciter et célébrer, aujourd’hui, sans tabous ni langue de bois, notre longue histoire. Et le plus beau témoignage de cet esprit, je sais que c’est le Président OUATTARA qui l’exprimera, lui qui nous fera le très grand honneur de nous rejoindre cet après-midi et qui incarne mieux que quiconque le lien entre notre passé et notre avenir – et d’abord celui de son pays, la Côte d’Ivoire » (http://proxy-pubminefi.diffusion.finances.gouv.fr/pub/document/18/13267.pdf).

 

Cette propagande économique de mauvais goût pour les peuples d’Afrique a été prolongée le même jour par le gouverneur de la Banque de France, M. Christian Noyer lors de son discours de clôture du colloque organisé à Paris sur le thème « Regards croisés sur 40 ans de la Zone Franc », en ces termes au sujet du système de la Zone franc: « 1) C’est un système efficace au regard de son objectif : garantir la stabilité des prix. (…) 2) C’est aussi un système extraordinairement robuste, qui est le système de changes fixes le plus ancien du monde. (…) 3) Enfin, le système de la Zone franc est un système résolument moderne. Si certains ont pu juger ou plutôt « préjuger » qu’il s’agissait d’une relique coloniale, il m’apparaît bien au contraire comme le précurseur des dispositifs de pare feux régionaux que nous cherchons aujourd’hui précisément à promouvoir, notamment en zone euro. » (http://www.economie.gouv.fr/files/discours-gouverneur-noyer-colloque-2012.pdf).

 

Le Chef d’Etat africain qui a été enrôlé pour cautionner officiellement cette autoglorification du gouvernement français face aux peuples africains est M. Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire. Dans son discours prononcé à Paris le 5 octobre 2012, il a en l’occurrence dit ceci : « Quarante ans après leur signature, nous pouvons affirmer que les accords de coopération ont atteint leurs objectifs. Ils ont, en effet, offert un cadre de stabilité macroéconomique aux pays africains membres de la Zone franc et ils ont constitué un atout indéniable pour la consolidation des acquis du développement. (…) C’est dire que les choix effectués par les pères fondateurs de la zone franc ont pleinement tenus leurs promesses et demeurent, aujourd’hui encore, parfaitement adaptés. (…) Les indicateurs de performance traduisent une bonne tenue des économies de notre Zone. Cependant, la majorité des pays est confrontée à une pauvreté galopante et à une insuffisance d’infrastructures socioéconomiques de qualité. Cette situation est aggravée par l’impact de la hausse des prix internationaux des denrées alimentaires et énergétiques. » (http://www.presidence.ci/telechargement/107).

 

Au lieu de s’appesantir  sur des contre-déclarations de contestation de cette propagande française, vérifions tout simplement les performances de développement monétaire et financier de la Zone franc en comparaison à celles de l’Afrique subsaharienne. Utilisons à cet effet les statistiques vérifiables publiées par le Fonds Monétaire International (FMI) en 2012. Quatre (4) indicateurs sont retenus pour la période 2004 à 2011 : (i) la masse monétaire en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) ; (ii) le crédit au secteur privé en pourcentage du PIB ; (iii) le taux d’inflation en termes de prix à la consommation et (iv) les réserves internationales en mois d’importations des biens et services.

 

(i) Masse monétaire en pourcentage du PIB. La masse monétaire est un indicateur du volume des signes monétaires mis à la disposition de l’économie. Ce volume doit répondre à la demande des agents économique et de la société toute entière. Comme le retrace le tableau ci-après, cet indicateur de développement monétaire se situe à une moyenne de  44% du PIB en Afrique subsaharienne de 2004 à 2011 et de 76,7% du PIB en Afrique du Sud, l’économie de référence en Afrique. Par contre, la Zone franc réalise une mauvaise performance avec une masse monétaire représentant seulement une moyenne de 23,6% du PIB pour la même période soit un décalage défavorable de 20,4% du PIB par rapport à la moyenne de l’Afrique subsaharienne et de 53,2% du PIB par rapport à l’Afrique du Sud. Ce constat d’enclavement ou de fracture monétaire de la Zone franc est d’une profondeur indiscutable, conséquence directement proportionnelle à l’extraversion et à la dépendance des trois (3) banques centrales (BCEAO, BEAC et Banque Centrale des Comores).

(ii) Crédit au secteur privé en pourcentage du PIB. Le bon financement de l’économie est largement dépendant de la disponibilité et l’accessibilité du crédit. L’accès au crédit à des conditions compétitives par l’ensemble des agents économiques est un facteur déterminant pour la croissance, le progrès économique et social. En Afrique subsaharienne, le crédit au secteur privé représente une moyenne de 36,5% du PIB de 2004 à 2011. En Afrique du Sud, le crédit au secteur privé a atteint une moyenne de 78,9% pour la même période. Mais en Zone franc, le crédit au secteur privé ne représente qu’une moyenne de 12,7% du PIB de 2004 à 2011 soit un écart défavorable de 23,8% du PIB par rapport à la moyenne de l’Afrique subsaharienne et de 66,1% du PIB par rapport à l’Afrique du Sud (voir tableau ci-après). C’est une contreperformance indiscutable et totalement inacceptable. En fait, c’est une situation de crise violente et structurelle du crédit qui prévaut induisant une répression financière sévère qui ne pourrait être concevable qu’en période coloniale.    

 

 

Sources : (i) FMI, Perspectives économiques régionales: Afrique subsaharienne, octobre 2012 et

               (ii) FMI, Regional Economic Outlook, Middle East and North Africa, April 2012

 

(iii) Taux d’inflation en termes de prix à la consommation. Le taux d’inflation indique le niveau de stabilité monétaire qui prévaut avec un impact sur le pouvoir d’achat de la monnaie. A cet égard, même si la performance de la Zone franc (un taux d’inflation moyen de 3,2% de 2004 à 2011) apparaît meilleure que la moyenne de l’Afrique subsaharienne (taux d’inflation moyen de 8,8% de 2004 à 2011), la performance distinctive du Maroc est plus instructive (taux d’inflation moyen de 1,7%). Le Maroc est sorti de la Zone franc lors de son indépendance le 2 mars 1956. Le dirham marocain (MAD) est la monnaie officielle du Maroc depuis 1958 en remplacement du franc marocain. Le fait qu’un ancien pays africain membre de la Zone franc réalise des performances meilleures en matière d’inflation nous indique finalement que la meilleure référence à suivre se trouve en Afrique.       

 

(iv) Réserves internationales en mois d’importations des biens et services. Les performances en termes de liquidé internationale ou de niveau de réserves de change sont quasiment les mêmes aussi bien en Zone franc (en moyenne 4,3 mois d’importations de 2004 à 2011) qu’en Afrique subsaharienne (en moyenne 4,7 mois d’importations). Là où le bas-blesse c’est  au niveau du management de ces réserves de change. Pendant que les quarante (40) autres banques centrales africaines gèrent de manière libre et optimale les réserves de change de leurs pays, les trois (3) banques centrales de la Zone franc se voient imposer des réserves obligatoires sans réelle contrepartie.  La prétendue garantie offerte par la France n’étant qu’une technique financière illusoire permettant d’obtenir des quinze (15) pays africains, comme en période coloniale, un financement concessionnel du budget de l’Etat français. Au 31 juillet 2012 (sources : www.bceao.int et www.beac.int), la BEAC et la BCEAO détenaient 15 013 milliards de FCFA (30 milliards de $US) de réserves de change et 8 830 milliards de FCFA (17,7 milliards de $US) étaient déposés auprès du trésor français et rémunérés au taux de prêt marginal de la Banque Centrale Européenne soit 1,5% l’an !!!     

 

 

3.  La création de la Banque Centrale Africaine ne peut s’accommoder de l’ingérence

     monétaire française.        

 

La stratégie d’intégration économique et monétaire de l’Afrique est pilotée par l’Union Africaine en s’appuyant sur cinq (5) communautés économiques régionales. Cette stratégie est adossée sur l’exigence pressante de la mise en place réussie d’une infrastructure monétaire et financière critique, articulée autour de  cinq (5) institutions continentales prioritaires et vitales. La Banque Africaine de Développement (BAD) ayant son siège à Abidjan en Côte d’Ivoire et la Banque Africaine d’Import-Export (Afreximbank) dont le siège est au Caire en Egypte sont déjà opérationnelles. La Banque Africaine d’Investissement ayant son siège à Tripoli en Libye, le Fonds Monétaire Africain ayant son siège à Yaoundé au Cameroun et la Banque Centrale Africaine ayant son siège à Abuja au Nigéria sont à créer et à mettre en service dans les meilleurs délais possibles conformément à l’article 19 de l’acte constitutif de l’Union Africaine adopté à Lomé au Togo le 11 juillet 2000.

 

En ce moment même, le projet de création de la Banque Centrale Africaine est sur la table de la Commission de l’Union Afrique et de l’Association des Banques Centrales Africaines (ABCA) qui compte quarante (40) banques centrales membres dont celles de la Zone franc (la BCEAO, la BEAC et la Banque Centrale des Comores). La stratégie de la France qui vise à préserver le plus longtemps possible son ingérence monétaire et son contrôle du système de la Zone franc s’oppose organiquement et fonctionnellement à l’intégration monétaire africaine et va activement contre la réalisation dans les meilleurs délais du projet de création de la Banque Centrale Africaine.

 

Nous tenons à vous faire noter que le modèle monétaire (système, principes et mécanismes) de la Zone franc de par ses mécanismes opérationnels induit une ingérence de la France qui met en mal la souveraineté monétaire de quinze (15) pays membres de l’Union Africaine et constitue par définition une limitation ou un blocage structurel pour la mise en place de la Banque Centrale Africaine. Ce modèle monétaire induit non seulement une ingérence indue de la France mais aussi et surtout une répression financière violente et un abus d’exploitation de nos réserves de change au profit des finances publiques françaises. Ce modèle d’aide monétaire liée porte indiscutablement atteinte aux doits économiques, sociaux et culturels (particulièrement les droits d’accès au crédit et à la monnaie) de 140 millions d’africains et est précisément contraire aux dispositions de article 22 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui stipule que : « Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la Sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l’effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l’organisation et des ressources de chaque pays ».

 

Pour mettre fin à l’ingérence monétaire indue et illicite de la France dans nos trois (3) banques centrales et créer ainsi les conditions favorables à la réussite du projet de création de la Banque Centrale Africaine, nous vous recommandons au nom des peuples d’Afrique en quête de liberté et de progrès, de dénoncer sans délais les accords de coopération monétaire avec la République française. Nous tenons copie de cette lettre de réforme pour compétence à M. Thomas Yayi Boni, Président de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine, à Mme  Nkosazana Clarice Dlamini-Zuma, Présidente de la Commission de l’Union Africaine et à M. Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d’Algérie, Président de l’Association des Banques Centrales d’Afrique (ABCA).

 

Veuillez agréer, Leurs Excellences, Messieurs les Chefs d’Etat, l’assurance de notre parfaite considération.

 

Babissakana, PMP

Ingénieur Financier

Project Management Professional (PMPÒ)

Chairman & CEO, Prescriptor®

Yaoundé, le 30 novembre 2012

République du Cameroun

29.11.2011

GUY LABERTIT A PROPOS DU BOYCOTT DES LEGISLATIVES: «LES ARGUMENTS DU FPI SONT FONDES»

Filed under: Contributions - apports,COTE D'IVOIRE — kel @ 19:27

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Dans une interview exclusive accordée au Nouveau Courrier, Guy Labertit, ancien responsable Afrique du Parti socialiste français et vieil ami du président Laurent Gbagbo, évoque l’actualité politique ivoirienne, mais également les derniers développements enregistrés sur la scène internationale, en Libye, dans le Sahel et en France. L’intégralité de notre entretien.


Sept mois après le 11 avril, quel est votre regard sur la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire, dans un contexte où l’on parle de législatives, de réconciliation… et où certains considèrent que les choses sont un peu bloquées ?

La France de Nicolas Sarkozy a joué un rôle premier dans la situation qui prévaut aujourd’hui en Côte d’Ivoire. Le président français, les autorités françaises ont dit qu’elles étaient intervenues pour, en quelque sorte, imposer la démocratie aux Ivoiriens, faire respecter la démocratie. On constate au bout de quelques mois qu’il n’y a toujours pas de sécurité dans ce pays. Puisque Monsieur Guéant était récemment en visite à Abidjan pour s’occuper des questions de sécurité. On constate qu’il n’y a pas non plus de démocratie. Au contraire, on sent une sorte de retour au parti unique. Les partis d’opposition, en particulier le FPI, ont eu beaucoup de mal à s’imposer. Le FPI tient aujourd’hui des meetings, mais ses tentatives ont dans un premier temps été réprimées. La meilleure preuve de l’absence de démocratie, c’est qu’il a fallu reporter à plusieurs reprises la fin du dépôt des candidatures pour les législatives annoncées le 11 décembre. Tout simplement parce que le principal parti d’opposition, qui a toujours été engagé en faveur des élections, peut difficilement y aller alors que ses principaux cadres sont toujours détenus. Et finalement on s’aperçoit qu’on est dans un pays où officiellement on a des discours lénifiants sur la réconciliation, mais où les actes des autorités ressortent uniquement de la justice des vainqueurs.

Visiblement, vous comprenez le refus du FPI de participer aux législatives dans les conditions actuelles…

Pour l’heure, le FPI rappelle très clairement qu’il a été un acteur majeur du processus démocratique en Côte d’Ivoire. Puisque son premier dirigeant, Laurent Gbagbo, a été le chantre du multipartisme qui a été arraché le 30 avril 1990. Le FPI garde une stratégie électorale, s’oppose à toute résistance armée, mais pour développer sa stratégie, il faut bien que les conditions réelles du respect des droits démocratiques existent dans ce pays. Avec la détention arbitraire de la plupart des cadres du FPI, je pense que les arguments qui sont présentés pour pouvoir participer aux élections présidentielles sont fondés.

Les conditions, vous voulez dire…

Oui, on peut appeler cela des conditions… Moi je me vois mal, en tant que socialiste français, participer à des élections alors que les principaux dirigeants du Parti socialiste seraient détenus. Cela me paraîtrait totalement surréaliste…

En parlant de détention, le pouvoir Ouattara évoque régulièrement un éventuel transfert de Laurent Gbagbo à La Haye, siège de la Cour pénale internationale, disant que cela faciliterait la réconciliation…

J’ai le sentiment qu’au plus haut de la direction de certains Etats, et je suis sûr que le président Ouattara a entendu ce message, des autorités politiques africaines pensent qu’au contraire la libération du président Gbagbo permettrait une vraie réconciliation qui ouvrirait la voie à un contexte permettant à tous les pays de la région de mieux se développer. Parce que la situation ivoirienne pénalise les économies des pays voisins. Il faudra peut-être du temps, mais j’espère que les autorités ivoiriennes prendront à un moment donné conscience de cette réalité qui devrait s’imposer à elles.

Vous pensez que beaucoup de dirigeants africains sont hostiles à cette volonté du pouvoir Ouattara d’envoyer Gbagbo à la Cour pénale internationale ?

Je constate que le président Gbagbo et son épouse ont été détenus en toute illégalité pendant plusieurs mois, que le chef d’inculpation avancé par la justice ivoirienne, c’est «crimes économiques». Ce qui, entre nous, ressort quand même de la farce, puisque l’actuel Premier ministre Guillaume Soro était secrétaire général des Forces nouvelles, lesquelles avaient une Caisse centrale dont on peut dire qu’elle a recueilli environ 250 milliards de FCFA en moyenne du début de la rébellion en 2002 à 2010 sur la base de détournement de cacao, de café, de coton, de diamants, de bois et de taxes en tous genres indûment perçues dans les zones rebelles alors que les FN étaient pourtant représentées dans le gouvernement . Pour l’instant, c’est la seule inculpation officiellement avancée par la justice ivoirienne. Pourquoi n’y en a-t-il pas d’autre ? Est-ce que les autorités ivoiriennes ont conscience que juger le président Gbagbo en Côte d’Ivoire serait peut-être avoir à affronter une véritable vague de protestation qui mettrait en péril le fragile équilibre du pouvoir Ouattara ? Par rapport à la Cour pénale internationale, j’entends des rumeurs en tous sens. Je dois dire que cela me semble plutôt marquer l’inquiétude, l’angoisse des actuelles autorités d’engager un processus électoral avec la présence sur le sol ivoirien du président Gbagbo. On voit bien que le président Gbagbo est détenu, mais qu’il est encore extrêmement présent dans la vie politique ivoirienne. Je crois qu’en fait, toutes les démarches qui sont annoncées en termes de justice internationale sont la marque du désir d’extraire le président Gbagbo du territoire ivoirien. Car quand il y est, il représente encore un poids politique que peut difficilement contenir le pouvoir actuel.

On veut donc le neutraliser politiquement, ôter à ses partisans tout espoir qu’il revienne au centre du jeu politique ?

Rien n’est jamais définitif en politique. Je pense qu’aujourd’hui, ces autorités politiques qui réclament cette justice internationale sont bien conscientes qu’elles-mêmes devraient répondre devant cette justice internationale. Je suis assez conscient que cette fameuse Cour pénale internationale est profondément politique, et qu’elle a souvent rendu des jugements qui ressortaient plutôt de la justice des vainqueurs. Je pense même qu’un certain nombre de juges au sein de cette Cour sont conscients que les autorités ivoiriennes, de fait, devraient également être traduites devant la justice internationale. Les tergiversations viennent de là.

Avant le 11 avril, on vous a entendu dire que le président Gbagbo ne sortirait pas vivant de l’assaut sur sa résidence. Cela veut dire que vous aviez anticipé le pire, une éventuelle élimination physique. Finalement, il est vivant. Mais avec le recul, comment avez -vous vécu ces journées de feu ?

Evidemment, très douloureusement. Lorsque j’ai tenu les propos que vous venez de rapporter, quelques jours avant le 11 avril, je me suis rendu compte qu’il y avait eu des réactions de panique, y compris au niveau des pouvoirs qui voulaient en finir politiquement avec Gbagbo. J’ai reçu des coups de fil assez surprenants me disant : «Mais vous ne vous rendez pas compte, Laurent Gbagbo mort ce serait une catastrophe pour la Côte d’Ivoire !». J’ai d’ailleurs dit à ces interlocuteurs que je me réjouissais qu’ils réalisent la portée dramatique de leurs actes. Je dois aussi dire que certains dans la résidence m’ont dit : «On ne peut pas faire moins qu’Allende !  [le président chilien mort dans le palais de la Moneda, encerclé par les forces du pro-américain Augusto Pinochet]». Ils avaient conscience qu’on voulait en finir politiquement avec eux. Et que les bombardements pouvaient tout à fait atteindre une des cibles : Laurent Gbagbo. D’ailleurs, une plainte a été déposée par ses avocats pour tentative de meurtre. Des pièces de la résidence ont été touchées et détruites par des projectiles français, des pièces où le président Gbagbo aurait très bien pu se trouver et être physiquement éliminé.

Ce ne sont pas seulement les cibles militaires autour de la résidence qui ont été atteintes?

Non, pas du tout. Mais la vérité se fera un jour. Il est évident que les bombardements français, initialement prévus pour empêcher l’utilisation des armes lourdes contre des populations civiles, selon une résolution de l’ONU, n’avaient pas cette finalité. La résolution a été largement violée par la France et l’ONUCI puisqu’il s’agissait au final d’éliminer politiquement voire physiquement le président Gbagbo. Ces bombardements ont occasionné ce que les militaires appellent officiellement des «dégâts collatéraux» dramatiques. Il y a eu de nombreux morts civils et militaires ivoiriens du fait des bombardements de la France. Pour l’instant, c’est une réalité qui est tue. Mais il est évident que vous ne pouvez pas faire exploser deux poudrières à Akouédo, bombarder le camp d’Agban où vivent les familles des gendarmes – et je pourrais donner plusieurs autres exemples – sans que des civils ivoiriens soient tués. La France qui disait vouloir éviter les morts de civils ivoiriens a en réalité elle-même tué ces civils et des militaires ivoiriens.

La campagne électorale en vue de la présidentielle française de 2012 commence bientôt. Pensez-vous que les questions internationales y trouveront leur place, notamment la double question des interventions de la France en Côte d’Ivoire et en Libye, même si elles ne sont pas équivalentes dans l’absolu ?

Vous avez raison de distinguer les deux questions. Notamment parce que le président Gbagbo est un acteur historique de l’avènement de la démocratie en Côte d’Ivoire, alors que le colonel Kadhafi a fait un coup d’Etat militaire alors qu’il avait 28 ans pour renverser un roi. Les deux situations n’ont rien à voir au niveau des processus historiques. Mais les deux cas se rapprochent en ce qui concerne la politique de Nicolas Sarkozy, qui a utilisé l’ONU en Côte d’Ivoire et l’OTAN et l’ONU en Libye avec le Britannique David Cameroun comme premier allié européen. Dans les deux cas, on observe la volonté du camp occidental d’en finir avec des régimes existants. Et ce qui m’a déçu dans l’approche des politiques français, c’est de voir une forme d’unanimité aussi bien sur la question ivoirienne que sur la question libyenne.

Je suis socialiste, et je crois que François Hollande lors de son récent discours d’investiture comme candidat socialiste a rappelé qu’il fallait sortir de la Françafrique. M. Ruffin a publié dans les colonnes du Monde pour le compte de Martine Aubry une tribune intitulée « Pour sortir de la Françafrique ». J’ai envie de dire «chiche !». Mais tout au long de la Vème République, aussi bien la droite que la gauche n’ont pas fait les réformes structurelles qui s’imposent au sein même de l’Etat français pour en finir avec la Françafrique. Je souhaite vivement que la gauche l’emporte en 2012, et si nous voulons vraiment sortir de la Françafrique, il faudra les faire, ces réformes structurelles. Je me suis rendu compte récemment que c’est au sein même de notre diplomatie du Quai d’Orsay que sont choisis les directeurs stratégie de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE,  contre-espionnage). Ce sont les mêmes acteurs qui passent de la DGSE à la direction Afrique du Quai d’Orsay voire à la cellule Afrique de l’Elysée. Je me rends compte que l’action politique de la France en Afrique est définie par les deux seuls centres nerveux que sont l’Elysée et le ministère de la Défense. Il n’en va pas de même pour nos rapports avec l’Amérique latine ou l’Asie…

Il y a un débat au sein de la communauté des Franco-Africains politisés. Certains estiment que la gauche et la droite, c’est blanc bonnet, et bonnet blanc. D’autres estiment qu’il faut voter massivement pour le principal candidat de la gauche pour faire partir Nicolas Sarkozy. Est-il vrai de dire que la Françafrique n’a jamais été remise en cause par aucun parti de gouvernement ?

J’ai été responsable Afrique du PS pendant 13 ans, de 1993 à 2006. Je peux dire que je vois une différence entre la droite et la gauche en Afrique. La gauche, lorsqu’elle était au pouvoir, n’a pas accompli de « coups tordus » en Afrique contrairement à ce que fait la droite. La situation en Côte d’Ivoire, par exemple, s’est dégradée quand Lionel Jospin a été battu aux élections présidentielles en avril 2002 et que la droite a repris l’ensemble des manettes du pouvoir.

Maintenant, le militant socialiste que je suis veut qu’on fasse plus pour sortir de la Françafrique, qu’on fasse des réformes structurelles. Tant qu’elles ne seront pas faites, le mode de gestion de la politique de la France en Afrique ne se différenciera pas de ce qu’on a vu depuis les débuts de la Vème République.

Vous connaissez bien le Sahel. De nombreux chefs d’Etat de cette partie de l’Afrique s’inquiètent  de la circulation d’armes et de combattants après le renversement de Kadhafi. Quelle est la mesure de ces angoisses et comment les juguler ?

Je pense que la politique de l’OTAN conduite par la France, les Etats-Unis et la Grande Bretagne a eu pour conséquence de déstabiliser le Sahel. Je me suis rendu aussi bien au Mali qu’au Niger en septembre et octobre, et j’ai pu constater une grande inquiétude. Notamment en raison de la circulation d’armes dont beaucoup sont dans la nature… ou récupérées par des mouvements rebelles ou intégristes. Les retours précipités dans leur pays de plus de 200 000 Nigériens et d’un grand nombre de Maliens, le manque à gagner lié à la suspension des relations économiques avec la Libye sont une réalité. Il y a aussi un rapprochement entre les mouvements touaregs qui mènent des rébellions récurrentes au Mali et au Niger et des forces intégristes. Je pense que l’Occident a véritablement joué avec le feu. Et on le voit aux incertitudes qui prévalent face à l’avenir de la Libye. Certains responsables sahéliens m’ont dit qu’ils craignent vraiment une «somalisation» de la Libye. Ce n’est pas pour eux une marque de soutien à Kadhafi que d’exprimer leur angoisse face à l’absence d’Etat en Libye.

Pour des pays comme le Mali et le Niger, devoir organiser des patrouilles, dépenser beaucoup d’argent pour la sécurité, tout cela remet en cause leur volonté de prendre des mesures sociales au bénéfice de leur population, en particulier en matière d’éducation et de santé.

Les Etats-Unis se sont empressés de proposer leur aide au Mali, qui a pour l’instant décliné l’offre…

Je m’étonne qu’il y ait une telle présence militaire américaine depuis tant d’années au Mali et qu’il y ait tant de difficultés pour repérer quelques centaines d’hommes. Malgré les moyens technologiques extrêmement sophistiqués mis à disposition…

Il y a quelques années, on parlait beaucoup d’africanisation des capacités de maintien de la paix sur le continent. Quand le PS était aux affaires, le concept Recamp a même été évoqué. Tout cela semble bien loin aujourd’hui, avec l’interventionnisme occidental reconsidéré comme légitime…

Le concept a plus été qu’évoqué…  C’était une autre période par certains aspects. Aujourd’hui, je pense qu’une partie des difficultés du président Gbagbo a été liée à sa volonté d’en finir avec la base militaire française lorsqu’il a constaté que les accords franco-ivoiriens en matière de défense sécurité n’avaient pas été appliqués en 2001 et 2002 lors de tentatives de coups d’Etat destinés à le renverser. Des textes signés en 2008 mettaient fin au 1er juillet de cette année-là à la présence d’une base permanente en Côte d’Ivoire avec le retrait de la force Licorne, puisque la base de Port-Bouët était devenue une base d’appui à la force Licorne qui perdrait toute sa raison d’être avec le départ de celle-ci. Depuis l’arrivée de M. Ouattara, on constate que celui-ci revient en arrière et souhaite le rétablissement de la situation qui prévalait avant juillet 2008. Et là, dans ce domaine, la France a réalisé ce qu’elle voulait. C’est-à-dire maintenir ses bases militaires en Afrique tout en tenant un discours disant «nos accords sont obsolètes et nous allons les revoir avec nos partenaires». Et on s’aperçoit que le nouveau partenaire ivoirien est particulièrement favorable pour remettre à l’ordre du jour le maintien d’une base permanente de la France. Il va même jusqu’à demander que la Côte d’Ivoire soit une base internationale de la lutte contre le terrorisme. Peut-être alors que M. Ouattara n’a plus aucune confiance dans les Ivoiriens, et qu’il souhaite asseoir son pouvoir sur la présence de troupes étrangères en Côte d’Ivoire ?

Vous dites que le retour en force des armées occidentales en Afrique est un moment. Cela veut-il dire que selon vous, cette politique est historiquement condamnée ?

Oui, historiquement, elle le sera. Mais on va assister à des va-et-vient permanents entre des responsables politiques qui veulent faire avancer les choses, aller vers plus de souveraineté, et les forces conservatrices qui voudront maintenir l’ordre ancien. Mais je crois qu’effectivement, même si elle n’était pas très hardie, la politique sous-tendue par Recamp, en matière de sécurité et, qu’il aurait fallu européaniser, pouvait ouvrir une transition qui devait aboutir au retrait total des forces non africaines du continent africain, sous réserve que l’ensemble des acteurs politiques et militaires étaient de bonne foi. Malheureusement, il y a aujourd’hui une forme d’aveuglement, l’expression d’un vertige occidental qui a gagné la gauche à soutenir sans réserve les politiques conduites par la droite en Côte d’Ivoire et en Libye.

 

26.11.2011

LA CHINE, MEILLEURE ALLIEE STRATEGIQUE DE L’AFRIQUE le cas du Cameroun et de la Côte d’Ivoire.

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Les 12 derniers mois ont été très intenses sur le continent africain avec d’importantes élections qui ont suscité beaucoup d’intérêts même hors d’Afrique, parce que l’issu de chacune d’elle marquait les nouvelles frontières du partage des zones d’influence qui sont en train de se renégocier entre les anciens maîtres du monde, l’Occident et le nouveau, la Chine. En paraphrasant un classement qu’on a vu en Ukraine, ont peut dire qu’en Côte d’Ivoire, en Zambie ou au Libéria, ce sont les Pro-Occident qui ont gagné la partie. Au Cameroun ou République Démocratique du Congo, ce sont les pro-Chine qui ont gagné.

Depuis les indépendances africaines il y a environ 50 ans, dans la logique de la guerre froide, les pays africains étaient tous sous l’une des deux bannières : pro-occident ou pro-Union Soviétique. A la chute du mur de Berlin en 1989 et la conséquente fin de la période de la guerre froide, toute l’Afrique était devenue, de gré ou de force pro-Occident. Le tandem Fond Monétaire International et Banque Mondiale avait de fait pris le pouvoir en Afrique, décidant de toute ou partie de la politique économique, financière, sociale et même juridique de bon nombre de pays africains. Après ces 20-30 ans de ce pouvoir en Afrique, il n’existe à ce jour, aucune exception de pays qui aurait réussi grâce à ces recettes venues tout droit de Washington. Ce qui a amené certains pays à entrer en dissidence, à entrer en rébellion contre ce pouvoir ultralibéral FMI-BANQUE MONDIALE qui a une particularité et c’est que lorsqu’il échoue, le chapeau n’est porté que par le dirigeant africain rebaptisé pour la circonstance en « dictateur africain » afin de détourner l’attention de la vraie paternité de l’échec : l’ultralibéralisme occidental. Cette tragi-comédie continue de nos jours, puisque ce sont ces mêmes recettes qu’on prescrit aujourd’hui à la Grèce, au Portugal et à l’Italie qui ont toutes échoué il y a 20 ans en Afrique.

Ces dissidents Africains ont regardé ailleurs vers l’Orient, vers la Chine. Ils ne sont pas très nombreux, parce qu’il fallait du courage pour braver les pressions occidentales, lorsque cela ne se terminait pas par des coups d’état bien pilotés par l’entremise des rebelles quin’ont jamais expliqué comment et par qui ils avaient été financés. Et c’est dans ce contexte que s’inscrit désormais tous les rendez-vousélectoraux sur le continent africain, où le seul vrai projet de société est de savoir si le pays se contente du statu quo habituel avec le niveau de misère qu’on connait depuis 50 ans au service de l’Occident ou alors s’il fera le saut dans le vide en choisissant la Chine, pour émerger avec elle, sans savoir où on va atterrir.

Aujourd’hui, je vais prendre en examen deux pays africains qui ont fait 2 choix opposés, l’un la Cote d’ivoire a choisi de rester comme avant, sous l’Occident et l’autre, le Cameroun qui a choisi de se jeter dans le vide avec la Chine. Lequel des 2 pays a fait le bon choix ? pour répondre à cette question, je me garderai bien de donner des jugements de valeur à une élection ou à une autre. Je ne vais pas refaire l’histoire ici. Mais il me plait de revoir les événements sous la loupe purement géostratégique.

Le Cameroun et la Côte d’Ivoire sont deux pays africains qui ont récemment connu des élections et le point commun des deux élections c’est que les deux géants mondiaux, la Chine et l’Occident avaient fait leur choix et apporté leur soutient. En Côte d’Ivoire, on peut-être d’accord ou pas d’accord sur les méthodes utilisées, mais chaque contemporain a pu assister en direct à l’intronisation par la France et les Etats-Unis d’une administration africaine.  Il n’est donc pas erroné d’affirmer que le pouvoir en place est pro-Occident.

Au Cameroun, Monsieur Biya a été le chouchou de Pékin, cette ville étant devenue au cours des années la seule destination officielle hors des frontières camerounaises de Monsieur Paul Biya; Lors du dernier congrès du parti de Monsieur Biya, le RDPC, le parti de monsieur Sarkozy l’UMP n’était pas invité comme d’habitude. A sa place, c’est le Parti Communiste Chinois qui a été convié et désigné comme le « meilleur parti ami » du Cameroun. Et que dire du fait que les résultats des élections présidentielles au Cameroun ont été rendus publiques à Pékin, 4 heures avant la proclamation par la Cour Suprême du Cameroun. Ce qui nous amène à dire sans nous tromper que le positionnement du Cameroun est pro-Chine ? Etait-ce un simple hasard la décision conjointe de Pékin et Yaoundé de choisir la date du 8/10/2011, un seul jour avant les élections, la cérémonie présidée par Monsieur Biya et le représentant Chinois pour  poser ensemble la première pierre du chantier du port en eau profonde de Kribi avec une première enveloppe de 1 milliard de dollars versés par la Chine ? N’état-ce pas un vrai défi lancé aux Occidentaux qui eux sont dans une profonde crise financière ? Dans tous les cas, l’électorat Camerounais a approuvé ce choix de ses dirigeants, le lendemain dans les urnes, en élisant Monsieur Biya avec 78%. En comparaison, on est très loin dela gestion calamiteuse des Occidentaux de la situation Ivoirienne quelques mois auparavant.

QUI DU CAMEROUN ET DE LA COTE D’IVOIRE A EU RAISON DE SON CHOIX ?

S’il est encore trop tôt pour parler du Cameroun on peut déjà tirer les premières conclusions sur la Cote d’ivoire et constater que la situation aujourd’hui est de loin pire que celle qui prévalait durant la crise sous Monsieur Laurent Gbagbo. Le FMI vient d’avancer un chiffre de -7,5 % de croissance du pays pour l’année 2011 faisant ainsi de la Côte d’Ivoire, le seul pays en récession de tout le continent africain, c’est-à-dire,  pire que la Somalie, où même sans gouvernement stable il y’aura eu 1% de croissance pour 2011, c’est-à-dire une croissance somme toute positive.

Les mêmes sources nous informent des contre-performances de toute l’économie ivoirienne où l’état doit aux entreprises la rondelette somme de 900 milliards de FCFA. Et la totalité du budget 2012 à peine voté ne pourra être financé que de l’étranger.

Prenons au hasard une date commune dans les 2 pays, la date d’hier 23/11/2011. Quelle est l’actualité principale en Côte d’Ivoire : C’est le porte parole du  président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso qui nous annonce que Monsieur Alassane Drame Ouattara se trouve a Bruxelles où il va rencontrer dans la journée Monsieur Karel de Gucht, commissaire Européen chargé du Commerce, pour parler des exportations du cacao ivoirien vers les pays de l’Union européenne.

Au même moment, au Cameroun, c’est Monsieur Martin Yankwa, Inspecteur général du ministère camerounais de l’Industrie, des Mines et du Développement Technologique qui nous annonce la signature d’un accord pour la création d’une usine, la SITRACO, d’une valeur de 1,6 milliard de FCFA pour la transformation à Douala de 40% du coton camerounais pour alimenter les nombreux hôpitaux que la Chine construit un peu partout au Cameroun, avec des consommables comme les  compresses médicales et des rouleaux de gaze hydrophile de coton.

Dans le premier cas, il s’agit de l’énième visite en Occident depuis la prise de pouvoir au mois de mai 2011 dernier. La première visite était le 26 Mai 2011 au sommet du G8 à Deauville en France, où l’ami Sarkozy, président de la France l’a présenté comme un trophée, il avait une grande envie de célébrer la victoire militaire de sa présidence mais avait oublié d’informer son protégé Monsieur Ouattara que lui-même se trouvait en pleine tempête financière avec les 3 principales banques  qui venaient de perdre en bourse près de 40% de leur valeur, ce qui atteindra très vite les jours suivants, 65% pour la plus grande. Il y a eu le 27/07/2011 la visite à Washington pour demander de l’argent. Malheureusement ici aussi, Monsieur Obama était en pleine querelle avec la nouvelle majorité républicaine au Congrès qui ne voulait pas lui octroyer une rallonge pour de nouvelles dettes;  et du coup, accompagné des autres Présidents Africains qui semblaient tous à la Maison Blanche comme des écoliers dans le bureau du Directeur d’école, les photos que la Maison Blanche a publiées de cette rencontre donnent l’amère impression de se trouver à une cérémonie de funérailles.

COMMENT LIRE CES 2 EVENEMENTS ?

EN COTE D’IVOIRE
La démarche ivoirienne est erronée. à mon avis, le Cacao et le Café, comme la malaria, doivent tout simplement être éradiqués du continent africain. C’est la seule certitude de mettre fin à la sombre époque de la soumission coloniale avec toute son économie, comme la culture de certaines plantes que les principaux journaux financiers en Occident continuent de classer en cette fin de l’année 2011 comme « produits coloniaux ». Plus de 50 ans après l’indépendance, ce n’est pas normal qu’un dirigeant Africain se rende en Europe pour négocier en faveur d’un produit colonial, c’est-à-dire pour continuer volontairement à cultiver ce produit qui correspondait à la vision et aux intérêts européens de cette Afrique coloniale. C’est une faute politique, historique et surtout, économique, car aucun pays du monde ne s’est jamais enrichi en continuant la production d’un produit colonial, même le Brésil a été obligé de renoncer à sa place de premier production mondial du café pour passer à la production de la viande qu’elle exporte désormais vers Europe parce qu’elle est 100 fois plus rentable et sa production est hebdomadaire et non annuelle comme le café.

En d’autres termes, la Côte d’Ivoire doit se spécialiser en « Intelligence » pour compter et pour commander en Afrique et voilà non
plus retourner en arrière aux sombres heures des travaux champêtres de la période coloniale, aux heures du travail manuel pour remettre le vieux tablier de domestique et reprendre comme le veut le maître Européen, sa place dans les plantations de cacao et café du pays tropical.

AU CAMEROUN
La démarche camerounaise est à encourager, parce la décision de créer une usine de transformation du coton camerounais présente 2 avantages :  d’abord parce que la vraie plus-value d’un produit agricole réside dans sa transformation en produit fini, ensuite parce que le produire pour satisfaire un besoin national permet de dynamiser une demande locale et mettre sur pied le cercle vertueux de la création de la richesse. Il est prévu que dans les prochains 10 ans le Cameroun passera du pays exportateur de coton, à pays importateur, du même coton pour satisfaire la demande des hôpitaux camerounais et ensuite africains.

Ce que les dirigeants Camerounais ont compris c’est la leçon même de Laurent Gbagbo c’est-à-dire que désormais c’est en Afrique même qu’il faut aller chercher l’argent.  La Sitraco est l’arbre qui cache la forêt du vaste projet de développement du business de la santé au Cameroun pour attirer les malades non plus uniquement des pays voisins, mais venant de beaucoup plus loin. A travers ses hôpitaux, le Cameroun veut récupérer le très lucratif  pactole des évacuations sanitaires vers la France depuis les pays d’Afrique francophone notamment pour des spécialités bien précises : cardiovasculaire, traumatologique, neurochirurgical, ontologique, ophtalmologique. Selon les incroyables chiffres fournis par Monsieur Bedouma Alain Yoda, ministre Burkinabé de la Santé, le gouvernement d’un petit pays comme le Burkina Faso règle à la France la facture pour évacuer une cinquantaine de patients par an, la bagatelle de 900 millions de FCFA (1,372 million d’Euros) chaque année. cette information a été rendue publique par le quotidien burkinabé, LE PAYS dans son édition du 19/09/2007. Yaoundé veut une partie de ce gâteau. L’histoire ne nous dit pas si Paris est très content de l’activisme de ce nouveau concurrent inattendu.

Un autre domaine dans lequel les dirigeants de Yaoundé cherchent des palabres avec la France de Monsieur Sarkozy est celui de la formation. On peut facilement imaginer la scène à l’intérieur du Palais d’Etoudi (demeure du Président Camerounais) où son hôte prend un stylo et sa calculette pour voir combien l’Europe encaisse chaque année des étudiants Africains qui y affluent. Un vrai magot ! se sera-t-il exprimé. et toutes les réflexions successives ont dû être sur le fait de savoir comment intercepter une partie de cette somme. Les Universités publiques et privées sont en train de sortir de terre comme des champignons avec des cités universitaires et son lot de chantiers chinois pour livrer les œuvres dans les plus brefs délais afin, non seulement d’éviter que les Camerounais quittent le pays, mais aussi pour attirer les autres étudiants africains qu’ils soient francophones ou anglophones, profitant au passage de sa position privilégiée d’être le seul pays bilingue français/anglais du continent africain. Alors que l’hôte de l’Elysée (demeure du président français) compte sur la stigmatisation de ces étudiants africains pour remonter dans les sondages, on peut parier que lui enlever un tel alibi sera vécu comme un crime. Déjà depuis le mois de Mai 2011, un décret intime à ces étudiants Africains de laisser la France le lendemain de leur soutenance de thèse.

QUE FAIRE LORSQU’ON S’EST TROMPE DANS LE CHOIX DES ALLIANCES ?

Aujourd’hui, le développement de l’Afrique est une question de choix décisif dans le positionnement géostratégique de chaque pays. L’alliance avec l’Occident sur le point de déposer le bilan, me semble un choix suicidaire, parce que le résultat est connu d’avance : misère garantie comme plat de résistance et dettes pour dessert. Le Guide Libyen Kadhafi est l’exemple de ce choix suicidaire. Il avait opté pour l’alliance avec l’Occident, en snobant soit la Chine que la Russie et en mettant ses Services Secrets sous le contrôle de la CIA dès 2006. Ce qui lui sera fatal, puisque ce sont ces mêmes Services Secrets devenus américains qui feront qu’il ne soit plus en sécurité nulle part sur le sol libyen, encore moins son dauphin. Dans la nature, les mammifères cherchent les males jeunes et forts pour s’accoupler et assurer la descendance, garantir l’avenir. Parce que les males vieux sont trop faibles et souvent aigris et génèrent d’autres faiblesses qui ne laissent pas beaucoup de chance à la race de survivre longtemps, et qui ne présagent aucun futur. En ce moment, l’Occident est cet animal devenu vieux et faible et pour cette raison, devenu plus dangereux pour lui-même et pour ses alliés. Sa faiblesse le rend aigri. Un jour arrivera lorsqu’ils comprendront que leur trophée de la victoire ivoirienne n’était qu’une pure illusion et qu’ils ne seront pas sauvés de leur profonde crise financière et sociétale par la Côte d’Ivoire et donc que qu’ils n’auront plus besoin de Monsieur Ouattara. Ce jour là, il sera très vite rebaptisé en « Dictateur Africain » et on n’a pas besoin d’être un magicien pour prédire que ce jour là, des ONG prétendument expertes de l’Afrique sortiront de partout pour nous expliquer comment il est méchant et s’enrichit sur le dos du peuple. On trouvera très vite un autre Africain pour le remplacer et ce jour là, nous serons présents pour le soutenir avec toutes nos forces, exactement comme nous l’avons fait pour son prédécesseur, exactement comme nous l’avons fait pour le Guide Libyen, Kadhafi. Parce que la tradition africaine veut que nous n’abandonnions jamais les nôtres, quoi qu’ils aient fait dès lors qu’ils sont en mauvaise posture avec nos bourreaux de toujours. Nicolas Machiavel (1469-1527) ne dit-il pas que « Pour prévoir l’avenir, il faut connaître le passé, car les événements de ce monde ont en tout temps des liens aux temps qui les ont précédés. Créés par les hommes animés des mêmes passions, ces événements doivent nécessairement avoir les mêmes résultats » ? Combien serons-nous pour répondre « présent » au soutient de Monsieur Ouattara lorsque son heure de disgrâce sera arrivée ?  Qu’est-ce que l’histoire retiendra de lui au delà de la page peu glorieuse qu’il a écrite avec sa fameuse « Communauté Internationale » ?  lui seul et son équipe pourront répondre à ces questions, à travers les actes et les décisions qu’ils pourront mener en utilisant leur cerveau pour ne pas insister avec des recettes qui ont démontré leurs limites. Le plus grave n’est pas de commettre des erreurs, mais de persister dans l’erreur. Et le geste le plus sage à mes yeux est celui d’avoir le courage et la force d’aller contre ceux qui l’ont mis au pouvoir et de libérer son frère Laurent Gbagbo. Il sortirait alors ainsi de « l’Afrique de la traitrise et des sous-préfets » pour entrer dans l’Afrique du courage et de la défense de la dignité humaine.

Nous sommes différents des Européens. Pour construire l’Union Européenne, ils ont recouru à un catalogue de conditions à être toutes satisfaites avant d’entrer dans l’Union et des pays comme la Turquie depuis 1963, n’ont toujours pas réussi à satisfaire à ces conditions. En Afrique nous privilégions d’autres valeurs que l’argent. C’est pour cela qu’il n’ya jamais eu un quelconque catalogue de conditions pour adhérer à l’OUA hier ou à l’UA aujourd’hui et demain dans les Etats-Unis d’Afrique en construction. Ce qui nous unit est avant tout est un idéal, celui de soustraire l’Africain à l’esclavage européen, à travers la lutte contre l’humiliation que l’Occident continue de nous infliger depuis 5 siècles. Le Tribunal Pénal International (TPI) n’est-il pas la preuve évidente de cet acharnement contre la dignité humaine en Afrique ? Comment expliquer sinon qu’avec les 3 millions de morts au Cambodge, pour le génocide perpétré par les ‘Khmers rouge’, le tribunal spécial se passe en terre Cambodgienne pour juger ses auteur 30 ans après les faits alors que pour l’Afrique, le TPI devient l’énième instrument de domination et de la xénophobie contre l’Afrique ? Le dénominateur commun du peuple africain est l’anticolonialisme. C’était même le fondement de l’OUA. Et nous ne pourrons pas construire les Etats-Unis d’Afrique sans associer tout le monde, sans prendre conscience de la capacité de nuisance de ceux qui veulent nous diviser jusqu’à chasser nos chefs d’Etat du pouvoir, jusqu’à tuer nos Présidents. Nous sommes très indignés de ces actes de barbarie et si ceux qui ont le pouvoir en Afrique n’ont pas conscience de cela, nous devons être doublement indignés.

CONCLUSION
Le déclin de l’Occident est paradoxalement une chance pour l’Afrique, à condition que nous soyons conscients de l’importance de la place que nous pouvons occuper dans cette nouvelle ère avec la redistribution des places. L’Occident ne peut pas nous aider parce qu’il ne peut pas s’aider lui-même. Monsieur Obama a visité le Ghana et présenté ce pays comme la vitrine d’un allié de l’Occident qui réussit, mais la vérité est plus amère et c’est que ce pays pour sa croissance s’est tourné vers la Chine et a reçu 10 milliards de dollars américains, montant qu’aucun pays occidental ne pouvait lui offrir. Pour l’histoire, hier 23/11/2011, pour la première fois, même l’Allemagne, le pays européen le plus vertueux et le plus riche n’a pas pu emprunter l’argent sur les marchés, leurs propres opérateurs étant les premiers à parier sur leur chute inexorable.

Au 21ème siècle c’est la fin des Etats-Nations et le triomphe des ETATS-CONTINENT. Je ne me réjouis pas pour le début de la prospérité de mon pays, le Cameroun tant que l’économie d’un autre pays africain, comme la Côte d’Ivoire est en berne, parce que la Côte d’Ivoire comme la Somalie, c’est aussi mon pays et le comprendre c’est  avoir la force pour résister à nos agresseurs et pour construire la base d’une prospérité stable, continentale. Et pour le faire, nous avons besoin des alliances, nous avons besoin de compter nos amis, nos vrais amis. Pour l’instant, le meilleur ami de l’Afrique est la Chine et  nous devons tous nous indigner lorsque l’Europe va à Pékin parler de l’Afrique, parler de nous sans nous. Ne sommes-nous pas suffisamment sortis de l’adolescence ? Toujours plus de Chefs d’Etats Africains seront encore humiliés, d’autres seront encore assassinés. Mais le pire qu’un Africain puisse faire c’est qu’il soit de près ou de loin, complice des ces actes tous dirigés contre les nôtres, tous orientés contre nous. Parce que chaque Président Africain qu’on humilie, c’est nous tous qu’on humilie, chaque Chef d’Etat Africain qu’on tue, c’est nous tous qu’on tue. Défendre les nôtres, c’est défendre nous-mêmes aujourd’hui, c’est défendre nos enfants demain. Et identifier avec précision contre qui, nous avons à nous défendre en priorité, nous aidera à mieux choisir nos alliances. A ce jour, aucun Africain n’est mort tombé sous les balles de l’armée chinoise.

 

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