Survivants13 (ancien "Survie 13 françafrique bas les masques")

2.5.2013

Aminata Traoré : la militarisation pour le contrôle des ressources africaines fait partie de l’agenda (Camus Ali)

Filed under: Contributions - apports,Résistance africaine — kel @ 19:43

29 avril 2013

Ceux qui voyaient dans la présidence d’Hollande la fin de la Françafrique ou une politique africaine de la France plus équitable, peuvent enfin se faire à la cruelle évidence de la realpolitik. Aminata Traoré, la militante altermondialiste malienne, n’a pas eu son visa Schengen, sur instruction de la France à tous les pays de l’espace Schengen. Aminata Traoré paierait-elle cash sa prise de position audacieuse, contre l’intervention française au Mali, qui selon elle cacherait à peine de gros intérêts miniers et géostratégiques au Mali et dans la sous région ? La France n’a pas d’amis elle n’a que des intérêts disait le Général De Gaule, et les intérêts eux, s’accommodent très mal de toutes voix discordantes. L’ancienne ministre de la culture malienne et porte-flambleau du « Non à l’intervention militaire étrangère au Mali » livre à cameroonvoice son sentiment après cette déconvenue

 

Cameroonvoice : Nous avons appris avec stupéfaction que les autorités françaises ont refusé de vous accorder un visa d’entrée en France pour participer à une réunion publique le 22 avril dernier. Pouvez vous nous confirmer cette information ?

Aminata Traoré : En fait, j’ai été invitée par Die Linke, un parti de gauche allemand, et des militants français. Je devais faire un tour à Berlin et par la suite donner une conférence à Paris et Lille. J’avais un visa de circulation de 4 ans de l’espace Schengen qui a expiré au mois de Février.

Quand je me suis rendue à l’ambassade d’Allemagne pour solliciter un droit d’entrée dans l’espace Schengen, ils m’ont accordé un visa de trois jours uniquement pour leur pays en me notifiant que la France a donné des instructions pour qu’aucun pays de l’espace Schengen ne m’accorde de visa.

Il y avait donc une interdiction de circulation dans l’espace Schengen vous concernant, dont vous ignoriez totalement l’existence ?

Non non, on ne me l’avait pas notifié avant, c’est à la faveur de ce voyage que je l’ai su. J’ai été autorisée à aller en Allemagne et à revenir au Mali directement sans fouler le sol de l’espace Schengen mis à part l’ Allemagne. Je ne sais pas si c’était une exception allemande, ou si les autres pays de l’espace Schengen pourront m’accorder la même « faveur ».

Ma liberté de circuler est maintenant restreinte. Les consulats européens échangent entre-eux, des listes de personæ-non-grata, et les dispositions changent selon la gravité du délit entre guillemets. En ce qui me concerne, je ne sais pas ce que l’on me reproche. Dans mon cas, j’ai eu la chance d’avoir cette ouverture de la part de l’Allemagne, mon compatriote Oumar Mariko ( Secrétaire général du SADI, Ndlr), lui il n’a pas pu voyager du tout.

Vos prises de position contre l’intervention militaire des forces étrangères au Mali et notamment celle de la France ne seraient pas la cause de cette interdiction ?

Certainement, sinon je ne comprends pas pourquoi, la France et surtout les membres de ce gouvernement de gauche, qui m’ont reçu et qui me connaissent parfaitement le feraient. En principe, nous partageons les même idées.

Sauf que, la France considère son intervention au Mali comme une réussite politique et militaire, c’est le Premier ministre Jean-Marc Ayrault qui l’a dit et ce success story de leur point de vue exige certainement un verrouillage, qu’il n’ y ait pas de critiques, puisque l’unanimité leur réussit si bien ! Vous vous souvenez bien que toutes les résolutions concernant cette guerre ont été adoptées à l’unanimité au Conseil de sécurité des Nations Unies, et avant-hier ( mardi 23 avril Ndlr) ils viennent aussi de voter à l’ unanimité à l’ Assemblée nationale et au Sénat français pour la prolongation de l’Opération Serval au Mali.

Le pouvoir politique a changé de main en France voilà bientôt un an et on peut constater pour le déplorer avec cette opération que la politique africaine de la France, demeure toujours la même.

Elle demeure inchangée et il ne nous le cache pas. Le Général De Gaulle l’a dit : « la France n’a pas d’amis mais des intérêts ». Peut-être c’est nous qui nous faisons des illusions, François Hollande l’a d’ailleurs répété récemment en parlant dossier Centrafricain quand François Bozizé l’appelait à l’aide. Il lui a fait savoir que la France défendait ses intérêts et ses ressortissants.

Nous l’apprenons peut-être à nos dépens, parce qu’on se disait aussi que les temps ont changé et puisqu’ils sont confrontés aux mêmes difficultés que nous, liées au même environnement économique international, avec les questions d’aide, de chômage de pauvreté etc. Mais à la lumière de ce qui se passe, il y a une grille de lecture qui s’applique à l’Afrique, on est considéré comme des pays en faillite, pas de d’états, pas d’ armées, ils peuvent faire la pluie et le beau temps et ne tolèrent pas de voix discordantes.

Ils ne tolèrent pas de voix discordantes, pourtant ils se clament chantre de la liberté de la d’expression. Peut-on interpréter cette interdiction de territoire comme une entrave à la liberté d’expression, puisque vous avez un point de vue discordant ?

 

Oui ! Pourtant moi je n’ ai pas changé, tout ceux qui me suivent depuis savent que j’ai pas changé de discours ceux sont les mêmes idées que je véhicule. Je ne m’attaque à personne, je condamne tout simplement un système économique mondial cynique et la guerre fait parti de ce système.

Aujourd’hui la militarisation pour le contrôle des ressources de l’Afrique fait parti de l’agenda. C’est ce que j’ai dit et c’est ce qu’ eux mêmes ils reconnaissent ! Alors moi malienne, pourquoi je n’ai pas le droit de poser ce regard sur les réalités de mon pays en guerre !

Comment envisagez-vous l’avenir du Mali et de la sous-région suite à cette intervention militaire française appuyée par des troupes africaines ?

Je pense que les troupes africaines sont mises à contribution, et comme je l’ai déjà dit dans mon manifeste ce n’est pas notre guerre, nous sommes entrés dans une phase de la globalisation qui implique la diplomatie économico-offensive et la militarisarisation.

Mais seulement, Al Qaida est une réalité et en même temps une aubaine, elle permet aux dirigeants Africains qui ont mal géré de dire maintenant que la priorité c’est la lutte contre le terrorisme et aux puissance étrangères de dire faisons cause commune luttons d’abord contre le terrorisme.

Et moi je dis que le véritable terrorisme c’est la misère, c’est les injustices, parce que je sais qu ‘une bonne partie des combattants des djihadistes sont avant tout, des jeunes désespérés sans boulot, ils n’ont pas de visas et se font recruter à la fois par les narcotrafiquants et les djihadistes. C’est cette réalité qu’il nous faut regarder maintenant de près.

Quelles leçons devrons nous tirer de la situation au Mali et de ce qui vous arrive à vous ?

Je souhaite que les Maliens et les Africains s’ouvrent grandement les yeux et les oreilles et se disent qu’en réalité, il n’y a pas un cas malien. Ce qui se passe aujourd’hui au Mali est l’illustration d’une nouvelle étape de la politique de mainmise sur les ressources du continent, notamment les ressources énergétiques, sans lesquelles la sortie de crise, la croissance et la compétitivité ne sont pas envisageables par l’Occident.

Au lieu de jouer cartes sur table et changer les règles du jeu on préfère, nous écrire un autre histoire, nous humilier, nous culpabiliser. Avec tout ce qui se passe je considère que le Mali est humilié, il y a donc aucune raison d’en ajouter en gardant le silence et c’est ce que tout le monde fait, et les occidentaux le savent pertinemment.

Raison pour laquelle, je me réjouis aujourd’hui de ce soutien international parce qu’il y a énormément de gens qui ne comprennent pas, quelque soit la différence de lecture qu’un tel traitement me soit réservé. C’est donc une nouvelle phase de la décolonisation de l ‘Afrique. Il nous appartient maintenant à nous mêmes de voir ou sont les véritables défis.

http://www.michelcollon.info/Aminata-Traore-la-militarisation.html

 

19.4.2013

Aminata Traoré et Oumar Mariko, deux leaders maliens interdits de séjour en Europe

Filed under: Contributions - apports — kel @ 09:46

La domination impérialo-coloniale pèse toujours et encore dans les rapports Nord/Sud et plus encore dans le monde de la Francophonie.

Qu’est-ce qu’une démocratie universelle qui se complaît dans des pratiques de mille droits, mille poids et mille mesures dans le droit à l’expression ? Deux leaders africains interdits d’expression en Europe. La France entraverait donc souverainement la liberté de circulation pour qui osent exprimer un point de vue non aligné sur sa position officielle. Deux personnalités maliennes d’envergure africaine, voire au-delà, invitées, à une conférence organisée à Berlin, par la Fondation Rosa Luxemburg, le Journal Allemand de Gauche PROKLA et l’Association  »AfricAvenir. Cette rencontre devait traiter de la thèmatique : « Le Mali à la croisée des chemins: Après l’intervention militaire et avant les élections« Il s’agit d’une part d’Aminata Traoré l’une des très rares femmes africaines politiques francophones. Une grande dame africaine connue et reconnue comme leader d’opinion, largement appréciée pour ses idées progressistes etdont la voix porte au Mali et hors du Mali. Il s’agit d’autre part du Secrétaire général du parti politique malien anti-impérialiste  »Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance » (SADI), Monsieur Oumar Mariko.

Ces deux personnalités, invitées officiellement pour participer aux travaux de la Conférence, se sont vues refuser par les services consulaires français de Bamako une demande de visa pour participer aux débats d’information en Europe, sur la situation socio-politique du Mali. Pour Aminata Traoré, il s’agissait de poursuivre, après ses toutes récentes interventions au Forum social mondial (FSM), ses combats pacifiques militants contre l’intervention des forces armées françaises dans son pays et contre les recommandations faites aux pouvoirs maliens d’entreprendre des élections dès juillet, dans un contexte non encore apaisé, d’insécurité et de crise entre les populations du Nord et du Sud du pays. De son côté, le Dr. Oumar Mariko devait intervenir au Parlement Européen à Bruxelles sur la crise au Mali.

Il semblerait que les raisons avancées par les services du consulat de France à Bamako auraient été fondées par les prises de position des deux leaders maliens inscrits sur une « liste informelle de personnes interdites de voyage en France pour leur soutien présumé au Capitaine Sanogo », le tombeur de Amani Toumani Touré.

De leur côté, les autorités allemandes et la Fondation Rosa-Luxemburg auraient conseillé dans l’urgence à Aminata Traoré et à Oumar Mariko de passer par le Consulat d’Allemagne à Bamako qui a accordé un sauf conduit, en lieu et place du visa demandé, pour un déplacement encadré pour Aminata Traoré. Il a refusé tout document à Oumar Mariko, le considérant comme « présentant un danger pour l’ordre public , la sécurité nationale , la santé publique ou pour les relations internationales avec un ou plusieurs Etats membres [de l’UE] et ne peut convaincre de sa disponibilité à quitter l’espace européen avant l’expiration de son visa« . Monsieur Oumar Mariko n’aurait pas été surpris de ce refus, lui qui aurait été dernièrement débarqué d’un vol en partance pour les USA, lors d’une escale à Paris et renvoyé sur Bamako, par la police française.

Les médias français, pas plus que les mouvements associatifs altermondialistes ou pro-décolonisation réelle du Continent africain, ne semblent pas spécialement émus par les de telles pratiques néo-coloniales coutumières qu’on nous promettait révolues, des pratiques qui s’inscrivent en droite ligne dans la vision .d’une françafrique éternell, soutenue par beaucoup de pays de l’Union européenne, spécialement ceux relevant de l’espace Schengen. 

Pour plus d’information consulter :

http://cnrmun.afrikblog.com/archives/2013/04/16/26941629.html#utm_medium=email&utm_source=notification&utm_campaign=cnrmunhttp://cnrmun.afrikblog.com/archives/2013/04/16/26941629.html#utm_medium=email&utm_source=notification&utm_campaign=cnrmun

Djilali BENAMRANE

Source Médiapart :


http://blogs.mediapart.fr/blog/djilali-benamrane/170413/aminata-traore-et-oumar-mariko-deux-leaders-maliens-interdits-de-sejour-en-europe

25.3.2013

Angela Davis « Free Angela » de Shola Lynch

Filed under: Contributions - apports,Uncategorized — kel @ 23:23

Angela Davis : « il faut organiser des communautés de résistance »

A 69 ans, Angela Davis n’a pas perdu son âme de militante. Elle continue de se battre pour les droits civiques, aux États-Unis et partout dans le monde. Féministe, communiste, proche des « Black Panthers », elle est devenue une icône internationale dans les années 60. La figure emblématique du mouvement noir américain raconte ses combats, sa cavale, son acquittement, son statut de symbole dans un entretien exceptionnel.

Angela Davis, une icône révolutionnaire? « Ce terme d’icône ne me convient pas vraiment » estime la militante américaine. « C’est parce qu’il y a eu des mouvements de masse aux États-Unis et dans le monde entier que je suis connue » explique-t-elle, alors qu’un film qui retrace son parcours va sortir le 3 avril, Free Angela and all political prisoners. Elle qui « a grandi dans la ville où régnait la ségrégation », dit avoir pu comprendre la violence raciste et la ségrégation grâce à ses  parents. « A l’âge de 11 ans, j’ai commencé à participer à un groupe de discussion interracial. Nous nous réunissions pour discuter dans une église qui a été détruite par une bombe ». Fichée communiste, elle rappelle que « c’était absurde parce que j’avais été recrutée pour enseigner le Marxisme ».

« Je recevais des courriers qui me disaient ‘rentre chez toi en Afrique!’, ‘rentre chez toi en Russie!' »

Elle a ainsi reçu « des piles et des piles de lettres de menace ». Elle a aussi été membre des Black Panthers. « Ce parti-là avait été appelé le parti des Black Panthers pour l’autodéfense. C’était donc une violence d’autodéfense » ajoute-t-elle pour expliquer leur droit de porter une arme à cette époque. Une époque pendant laquelle Angela Davis cachait son féminisme.

« On s’est dit à ce moment-là que l’on allait intégrer la lutte pour les droits de la femme à la lutte pour les communautés noires ».

Les choses ont basculé en 1970 quand un commando organise une prise d’otages lors du procès d’un des membres. A la suite de ce bain de sang, Angela Davis est accusée d’avoir fourni les armes. « Non, je n’ai pas fourni les armes pour cet acte-là bien sûr ». Mais ces armes lui appartenaient. « Elles avaient été achetées en mon nom pour mes gardes du corps. Mais c’est l’un d’eux qui a introduit ces armes dans le tribunal ». Elle revient alors sur sa fuite.

« Si j’étais allée me rendre aux autorités, probablement que j’aurais été exécutée par la police ».

Après 16 mois de détention, elle est libérée grâce à la mobilisation internationale. « En France il y a eu un mouvement très puissant » se souvient-elle en évoquant des photos de sa sœur, en France, en compagnie de Louis Aragon. « C’était un mouvement qui a largement dépassé les attentes que, moi, j’aurais pu avoir ». Aujourd’hui, « je suppose que j’essaie d’être une révolutionnaire et d’être plus sage, même s’il y a une contradiction dans tout cela. Je continue de croire que pour que les choses changent, il faut organiser des communautés de résistance énormes ».

http://www.franceinfo.fr/societe/femmes-d-exception/angela-davis-928975-2013-03-23

17.3.2013

Les 7 péchés d’Hugo Chavez (extraits)

Filed under: Contributions - apports — kel @ 17:57



Pourquoi les Etats-Unis s’opposent-ils à Chavez ? Pour le pétrole, on s’en doute. C’est tout ? Les guerres du pétrole, ils sont habitués à les gagner. Mais au Venezuela, on leur tient tête. Ici, on dit qu’il est possible d’employer l’argent du pétrole de façon intelligente et utile. Pas comme à Dubaï où on construit des hôtels à vingt mille euros la nuit au milieu d’un monde arabe sous-développé. Pas comme au Nigeria où la faim tue alors que ce pays est un des plus gros exportateurs mondiaux. Au Venezuela, un homme affirme qu’il est possible de résister aux multinationales et de vaincre la pauvreté. On l’accuse de tous les péchés : ‘populiste’, ‘dictateur’, ‘antisémite’… Mais que se passe-t-il sur le terrain ? Quels sont ses véritables péchés ?
Lire la suite :

http://www.michelcollon.info/Les-7-peches-d-Hugo-Chavez,4011.html

« LES NOIRS ONT VENDU DES NOIRS »

Filed under: Contributions - apports — kel @ 17:52

Lorsqu’une nation est envahie, il y a toujours 3 catégories de réponse à l’envahisseur. Il y a ceux qui résistent jusqu’au bout, il y a ceux qui collaborent par la force et il y a les traîtres qui collaborent de gré avec l’ennemi. Vous avez à l’image à gauche le Maréchal Pétain, qui dirigeait la France, serrant la main à Hitler après que celui-ci l’ai envahie sui…te à 8 mois de guerre ! La France sous Pétain a collaboré avec l’Allemagne et a livré ses citoyens au 3e reich, des juifs en particulier. Mais je n’ai jamais entendu dire que les français étaient responsables de la Shoah (le génocide juif) ou même mieux que des Blancs ont livré des Blancs.

Lorsqu’un évènement de ce genre arrive, l’histoire le relate toujours en mettant en parallèles les 3 groupes de personnes par rapport à leurs réactions. Dans le cas de l’Afrique lors de l’esclavage, on fait comme si il n’y a eu que des traîtres. On ne se gène même pas pour les qualifier de traîtres, vu que vous savez… c’est normal pour les africains de se vendre les uns les autres depuis la nuit des temps. Le chef d’état italien Mussolini était le mentor d’Hitler aux débuts de celui-ci. Le chef d’état espagnol Franco était un allié passif d’Hitler. De toutes les grandes nations européennes, la seule à avoir résisté jusqu’au bout c’est l’Angleterre de Churchill, et cela est en partie dû à sa géographie. Isolée, elle était difficilement prenable. L’Europe entière a collaboré avec Hitler mais aujourd’hui on entend surtout qu’Hitler est responsable de la Shoah et des 50 millions de morts, ce qui est normal.

Des européens ont massivement capturé des européens pour les vendre aux arabes pendant des siècles, avec comme lieu de transit Venise (1). Je n’ai jamais entendu dire que les Blancs ont vendu des Blancs aux Arabes. Les européens avaient des éclaireurs amérindiens lors de la conquête de l’Amérique, mais je n’ai jamais vu écrire nulle part que les Amérindiens ont exterminé les Amérindiens. Pendant la guerre d’Algérie, des algériens appelés Harkis, ont combattu dans l’armée française contre les leurs. Je n’ai jamais entendu dire que les Arabes et Berbères ont tué des Arabes et Berbères par centaine de milliers voir par millions pour les français. Dans toute l’histoire de l’humanité, il y a toujours eu des traîtres et nous n’avons malheureusement pas échappé à la règle pendant la traite.

La différence dans notre cas est qu’on ne parle pas des résistances. On ne parle pas des Kényans, des Tanzaniens et des Mozambicains qui ont livré une résistance à mort pendant près d’un siècle contre les portugais, qui ont vu un de leur roi décapité, et leurs états richissimes détruits au canon. On ne parle pas des 30 années de résistance de la reine Nzinga qui a réussi à contenir les européens en Angola. On ne parle pas des lettres du roi Nzinga Mbemba qui a réclamé à corps et à cris l’arrêt de la traite, avant de prendre les armes. On ne parle pas du roi Nana Badu Bonsu du Ghana qui a tué des négriers hollandais avant d’être décapité par les européens. On ne parle pas du roi Almamy de Sénégambie qui jurait de faire tuer et massacrer tous les négriers sur son sol. On ne parle pas des Soninkés et des Mandingues qui se sont coalisés pour lutter contre les européens etc… Non, le monde entier a retenu que les européens sont arrivés en Afrique et qu’ils ont trouvé de bons rois sauvages qui mettaient des hommes, des femmes et des enfants sur les côtes avec des pancartes « à vendre ».

On peut se demander pourquoi et comment on a réussi à nous coller la mort et la déportation de 400 millions des nôtres. Le fait est que nous ne sommes pas des Hommes. Ca fait 500 ans que nous sommes sortis de l’humanité, que l’Europe nous a déclassés en sous-hommes. Par conséquent tout ce qui est impossible à dire au sujet des autres peuples, est tout à fait acceptable pour les Noirs, civilisateurs de l’humanité, devenus depuis 500 ans des animaux.

Que ce soit donc clair pour tout le monde, dans toute situation d’agression, le principal responsable est le commanditaire. Nous avons eu des résistances à foison sur tout le continent et il faut que nous arrêtions de dire que nous sommes responsables de la traite négrière. Enfin c’est à nous, en tant qu’africains des 2 côtés de l’Atlantique et victimes, qu’appartient l’écriture de notre passé car comme nous le disait Mama Miriam Makeba « ne vous attendez pas à ce que des gens qui sont venus nous envahir écrivent la vérité sur nous ».

HOTEP !

Par : African History-Histoire Africaine

Sources :
(1) La traite négrière européenne : vérité et mensonges, Jean Philippe Omotunde, page 24 ;
(2) Afrique noire, démographie, sol et histoire, Louise Marie Diop-Maes, page 272.

6.3.2013

POURQUOI L’AFRIQUE NE DOIT PAS ACCEPTER LES LECONS DE GOUVERNANCE D’UN OCCIDENT EN FAILLITE ?

Filed under: Contributions - apports — kel @ 15:25

« C’était mieux du temps des Blancs. Dans nos dispensaires il n’y a pas un flacon de mercurochrome, les blancs nous en donnaient. On était vacciné, on ne l’est plus. Les écoles fonctionnaient, il n’y en a plus. Il y avait des pistes qui étaient entretenues, il n’y en a plus. Quand on regarde ça, on a envie d’en pleurer ». Cette phrase n’est pas d’un alcoolique dans un maquis du quartier Yopougon à Abidjan en Côte d’Ivoire; ce ne sont pas les propos d’un pensionnaire du Centre de Santé Mentale « Tulizo Letu » à Goma en République Démocratique du Congo, encore moins ceux d’un patient à peine admis à l’Hôpital psychiatrique de Zébé à Aného (localité située à une quarantaine de kilomètres à l’Est de Lomé) au Togo. Ce sont les déclarations sur la chaîne parlementaire française LCP de Janvier 2010 d’un intellectuel africain, Monsieur Kofi Yamgnane, Secrétaire d’état (vice-ministre) sous Mitterrand, ancien maire du village breton de St Coulits (en France), conseiller pour l’Afrique de François Hollande durant la campagne présidentielle de 2012. Sa candidature a été recalée par la cour constitutionnelle pour les élections présidentielles togolaises de 2010. Le Malheureux politicien fait partie d’une espèce très prolifique en Afrique, de politiciens ayant connu l’ère de l’occupation coloniale, qui pour la plupart, pour avoir sa part du gâteau, n’a pour seul programme politique que l’allégeance et la procession vers ce qu’ils appellent eux-mêmes « les chancelleries occidentales » transformant certaines ambassades européennes dans les pays africains en véritables sanctuaires d’où recevoir la bénédiction pour le chemin vers le pouvoir.

Et c’est pour rentrer dans la peau du « sauvage » à peine « civilisé » qui doit remercier le sauveur, que tout l’argumentaire est construit pour convaincre l’ancien bourreau qu’on est toujours son esclave et fier de le rester. Ces personnes sont pour la plupart des fils des fonctionnaires de la première heure qui ont étudié en France et en Grande Bretagne avec souvent l’argent de la corruption des parents, où bien y résident. Qu’ils soient membres des partis de l’opposition ou des ministres au pouvoir, c’est la même chose. L’action qui les occupe le plus consiste à la compilation du catalogue de tous les malheurs du monde présentés comme propres à l’Afrique avec un seul et même coupable : l’homme (leur président), et on explique à l’Ambassadeur qu’en le remplaçant on serait plus pantin que lui.

Lorsqu’ils sont à l’opposition, dans leur programme, il n’y a presque jamais l’ombre de ce qui marche et comment on pourrait l’améliorer.  Et pire, Il n’y a jamais de solution à la liste des malheurs énoncés plus tôt. Et lorsqu’ils tentent d’ébaucher un semblant de solution, c’est toujours pour jouer au père Noël hors saison, sans jamais expliquer comment ils pensent trouver les ressources pour y parvenir.

Là où le bas blesse c’est qu’on retrouve aussi cette attitude de démission chez ceux qui sont au pouvoir. Les révélations de Wiki-Leaks en 2010 nous ont montré à quel point en Afrique, des Ministres, mais aussi des Présidents de la République ne savent pas pourquoi ils sont là. On a par exemple découvert une relation de subalternité démesurée entre la présidence du plus grand pays d’Afrique, le Nigéria, et l’Ambassadeur Américain, allant jusqu’au limogeage du Chef d’Etat Major de l’armée nigériane, le Général Victor Malu, dont le seul crime commis a été celui de mettre en garde les politiciens de son pays de la forte influence des Etats-Unis d’Amérique sur le système de défense du pays. Dans une note confidentielle, révélée par le journal nigérian Vanguard News, le Général expliquait tout simplement aux politiciens qui avaient à peine assumé la transition démocratique des militaires aux civils que les USA, qui faisaient pression pour former les militaires nigérians dans les missions de Peacekeeping (maintien de la paix) ne vantaient aucun succès en la matière, mettant le doigt sur les successifs échecs américains sur tous les théâtres de guerre depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, du Vietnam, à la Corée (toujours divisée en deux) à l’Iraq en passant par la Somalie et l’Afghanistan. Il concluait ainsi que l’armée nigériane victorieuse de la guerre du Biafra avait plus à enseigner aux américains et non l’inverse. Conséquence de son patriotisme : il a été tout simplement été viré, pour avoir osé mettre en doute l’efficacité de la superpuissance du maître.

C’ETAIT MIEUX AVANT ?

Dans la leçon 25, nous avons déjà abordé la question de la fausse comparaison entre les 4 dragons asiatiques et les pays africains, où nous avons établi un bilan sommaire et catastrophique de la colonisation avec l’absence de routes, d’écoles, d’hôpitaux.  Aujourd’hui nous allons nous pencher sur un autre élément. Les RUP, Régions Ultra Périphériques de l’Union Européenne peuvent nous servir de comparaison. Il y en a 8 dont 5 à la France (Martinique, Guadeloupe, Guyane, Réunion et Mayotte), 2 au Portugal (Açores et Madère) et 1 à l’Espagne (Canaries). A la période des indépendances africaines des années 60, les pays Européens ont décidé de ne pas concéder l’indépendance à ces territoires, et les ont administrés jusqu’aujourd’hui, 2012. Comme nous n’étions pas là avant pour savoir si c’était bien ou mal, nous pouvons comparer la gestion des 53 états africains à ces 8 états encore colonies de l’Europe. Nous allons utiliser pour cela le système appliqué aux entreprises pour mesurer la vertu de sa fonctionnalité. En d’autres termes, il s’agit dans une entreprise de savoir combien a été investi en une année et comment cet investissement a été rendu productif, rentable ou pour le moins équilibré par rapport aux choix de positionnement stratégique de l’entreprise.

Pour comparer ces pays, nous prendrons en examen le budget d’une année donnée. Alors qu’en Afrique, le budget de chaque année est annoncé publiquement il est presque impossible de le savoir pour les pays encore colonisés, les RUP. Mais nous nous sommes procuré une information capitale publiée dans le journal français Le Figaro du 11/02/2009 communiquant le budget des RUP français à 12,7 milliards d’Euros au titre de l’année budgétaire 2009. C’est à-dire que la France, pour maintenir des colonies au 21ème siècle doit débourser chaque année la somme de 12,7 milliards d’Euros, soit 1.115 milliards de Fcfa pour une population totale de 2,6 millions d’habitants sur un total de 119.975 km2. Nous devons donc comparer ce que la gestion coloniale française obtient avec ce chiffre en termes de résultat que nous allons ensuite comparer avec des pays africains, pour savoir si c’était mieux avant ou maintenant.

Dans le cas actuel de la richesse par nation, on divise les 12,7 milliards sur les 2,6 millions de personnes pour qui ce montant est affecté et l’on obtient un revenu par tête d’habitant de 4.884 Euros. Et dans les détails, le budget de la Réunion en 2009 était de 4,05 milliards d’Euros, pour une population d’à peine 800.000 habitants. On obtient le chiffre de 5000 EUR par habitant qui est un montant très élevé au niveau international. Mais que cache ce chiffre?

Il s’agit au fond d’un piège comportemental hérité du passé colonial Européen. Disposer des terres qu’on commanderait hors d’Europe donne l’illusion de commander le monde. Mais si en 1946, lorsque les états coloniaux français se sont constitués sous l’appellation de DOM (Département d’Outre Mer), le prix du pétrole avoisinait les 2 Dollars par baril, le problème de la continuité territoriale ne se posait nullement. On pouvait s’offrir le luxe d’isoler des terres qui ne communiquent pas, n’échangent rien avec les voisins, faisant tout venir, même l’eau à boire de plus de 10.000 km, 66 ans après, en 2012, le prix du Baril de pétrole a été multiplié par 48, en passant de 2 dollars à 96 dollars. Ceci a transformé ces territoires, qui auraient dû donner à l’Europe l’illusion de l’universalité de son pouvoir, en véritable cauchemar financier.

Le pire de tout ça est que ce flux d’argent ne sert nullement à créer de la richesse, mais presqu’entièrement à soutenir une économie spéculative de rente entretenue par des descendants d’esclavagistes dit « Béké », qui n’ont rien perdu des vieilles habitudes d’esclavagisation de la population d’origine africaine réduite à la misère ou à la mendicité des aides sociales. Ainsi, le prix de toute denrée alimentaire ou non est artificiellement tenu élevé afin de réserver au peu qui peut se le permettre. Exactement comme cela se passait en Afrique avant les années 60, des indépendances, lorsque c’était les mêmes esclavagistes qui contrôlaient les activités économiques de tout le continent Africain.

L’état français pris au dépourvu d’une situation qu’il avait lui même appliquée en Afrique pendant plus de 100 ans, ne sait plus aujourd’hui quoi faire, pour libérer sa propre population prise en otage par une poignée d’ex esclavagistes qui n’ont rien perdu de la ferveur d’antan. Alors il a préféré une solution de fuite en avant : payer ses propres fonctionnaires, les policiers, les magistrats, les infirmiers, les gendarmes etc. 40% plus cher qu’en France même. Ce qui  a contribué plutôt a jeter de l’huile sur le feu de la crise sociale que vivent toutes ces colonies depuis des dizaines d’années, parce que si le salaire des fonctionnaires a augmenté de 40%,, l’état a oublié d’augmenter de la même proportion, les allocations familiales et les aides sociales versées au plus démunis, qui sont toujours plus nombreux.

LA SICILE, SYMBOLE D’UNE EUROPE MAL GEREE

Pour savoir si l’Afrique qui a très mal été gérée par les Européens durant la période sombre de l’occupation coloniale de 77 ans, pouvait l’être mieux par ces derniers, aujourd’hui, il suffit d’aller voir comment est gérée l’Europe elle-même, comment sont gérées les régions d’Europe. Il me plait pour cette analyse, de choisir la région de Sicile en Italie. Pourquoi ce choix ? Parce que c’est en absolu, la région européenne la plus proche d’Afrique. Par comparaison, l’ile italienne de Lampedusa est plus au sud que la ville africaine de Tunis, capitale de la Tunisie. C’est-à-dire que les migrants qui partent des côtes tunisiennes de Tunis, Sousse, Nabeul, Hammamet ou Kelibia pour rejoindre les cotes italiennes de Lampedusa, font un retour sur l’Afrique, puisque leur bateau mettent le cap vers le sud pour atteindre les côtes italiennes. Donc au moment où on a parlé du printemps arabe pour mentionner un pays mal géré et qui a porté aux manifestations populaires de 2010 et 2011, comment était gérée la région européenne voisine de la Sicile ?

D’après le très célèbre quotidien économique italien : Il Sole 24 Ore du 24  Mars 2012, communiquant les chiffres des syndicats italiens, en Sicile, 28,5% de personnes sont au chômage. 1 jeune sur 2 est au chômage, 1 diplômé d’université sur 3 ne fait plus de demande de travail, parce qu’il sait d’emblée qu’il n’obtiendra même pas de réponse, même négative, les entreprises n’ayant plus d’argent pour financer un service ad-hoc pour répondre le fameux  « nous sommes au regret » à toute l’armée des chômeurs de l’île. Ce qui fait dire à Mr. Ivan Lo Bello, président des industriels de l’île qu’à cause de 50 ans de mauvaise gouvernance, les politiciens n’ont pas vu que les dépenses augmentaient toujours plus alors que les recettes subissaient une dégradation vertigineuse. Et que si la route n’était pas modifiée, on allait tout droit vers la mort économique et politique de l’ile.

Mais quelle est cette mauvaise gouvernance dont parle le président des industriels ?

Selon la cour des comptes italienne, l’institution de la région de Sicile coûte 516 EUR par habitant et par an. C’est l’un des taux les plus élevés au monde. Par comparaison avec le Togo, selon le budget officiel 2011, l’administration togolaise coute  152 EUR par habitant, 42EUR au Mali qui avant la crise politico-militaire, était considéré comme l’un des pays les mieux gérés au monde où le coût des fonctionnaires ne représentait que 13,77% de la richesse nationale contre 60% en Sicile qui vante un triste record de 5 milliards d’Euros de dettes que la région n’arrive plus à rembourser, dues à l’incompétence des politiciens empirée par du clientélisme à outrance et la corruption de type mafieuse que ne connait fort heureusement aucun pays africain. Plusieurs exemples peuvent nous permettre de comprendre le phénomène :

1-    Selon les informations publiées le 23/07/2012 par Domenico Ferrara dans Il Giornale, quotidien italien de la famille Berlusconi, ancien président du Conseil, pour un discours d’une heure de Mr. Lombardo, président de la Région Sicile, 18 sténographes se sont succédés. L’assesseur régional aux infrastructures, Andrea Vecchio auteur des propos, a même chronométré cette indécence qui relève de la psychiatrie politique et a certifié le record mondial de 3 minutes pour chaque sténographe pour recopier ce discours historique de Lombardo.

2-    Salaire : restons avec nos gentilles secrétaires siciliennes en jupes courtes, très courtes. Combien gagnent-elles pour 3 minutes de travail par jour ? C’est encore Vecchio qui nous donne la réponse : à peine recrutée sans expérience, elles touchent la modique somme de 2518 EUR net par mois. Et après 24 mois de dur labeur et forte transpiration à recopier  3 minutes du discours du président Lombardo, elles touchent 6300 EUR net par mois, c’est-à-dire presque 4 millions de Francs CFA chaque mois.

3-    L’addiction au Recrutement : dans la région Sicile, il faut recruter tous les matins peu importe le travail que les nouveaux recrus feront. Le journal Il Giornale dans cette même édition, nous révèle qu’il y a des Camminatori, c’est-à-dire des « Marcheurs », des employés qui passent leurs précieuses journées de travail à marcher, marcher, marcher encore d’un bureau à l’autre pour savoir s’il n’y a pas un bout de papier à donner au bureau de l’étage en dessous, pour savoir si quelqu’un n’a pas besoin d’un verre d’eau. Ils ont été tous recrutés en Avril 2012, alors que la région qui croule sous le poids de 5 milliards d’Euros de dettes, risquait déjà la faillite. Avec eux, 157 nouveaux chauffeurs ont été recrutés, parce que comme pour les secrétaires, il ne faut pas que les chauffeurs se fatiguent à conduire plus de 15 minutes. Le même jour, la région a recruté 55 nouveaux surveillants pour les 3 musées de la ville. Qui sait ? En temps de crise, peut-être que les Grecs voisins eux aussi en difficulté financière peuvent avoir l’idée de venir voler tous les tableaux religieux des musées siciliens. Ces vaillants soldats sont venus s’ajouter aux 30.000 gardiens de forêts siciliennes. Sauf qu’après avoir sillonné plusieurs fois la zone, je n’ai pas trouvé l’ombre d’une forêt. L’île, qui souffre de sècheresses chroniques chaque année, n’a pas de véritable forêt. Qu’importe, sûrement en recrutant 30.000 personnes pour garder la forêt imaginaire, cette dernière va finalement se décider à sortir de terre. A ce chiffre, il faut bien entendu ajouter les 18.000 fonctionnaires que comptent les organismes de la Région Sicile, tout ce beau monde ne comprend pas, bien entendu, les fonctionnaires qui relèvent de la compétence nationale comme la police, la gendarmerie, la poste, le fisc, la préfecture etc.

4-    Les FUNERAILLES payées par le contribuable. En Sicile, il est prévu pour les politiciens, 500.000 EUR à donner à la veuve ou au veuf pour organiser les funérailles. Cette somme est versée même pour les familiers jusqu’à 3 degrés de parenté. Vive la démocratie.

5-    Maladie nationale : quelqu’un peut penser que ce sont ces siciliens qui sont fous. Un exemple : parlant de sténographe,  une secrétaire au parlement national italien, touche 290.000 EUR par an net d’impôt, c’est-à-dire : 24.166 EUR net par mois, soit 15.850.917 FCFA de salaire mensuel versé à chaque secrétaire du parlement italien, un pays qui cumule une colossale dette publique de 1.965 milliards d’Euros de dette publique et chaque semaine. Il faut trouver toujours et toujours de l’argent sur les marchés pour payer les policiers, les infirmiers etc.

LA BONNE GOUVERNANCE N’EXISTE PAS

Avant de dire si l’Afrique peut oui non recevoir les leçons de la gouvernance des pays Européens et nord-américains, nous allons d’abord définir ce qu’est une gouvernance et utiliser les critères que le maître a lui-même élaborés pour le juger, l’apprécier pour dire si lui-même est capable d’enseigner la vertu qu’il professe.

Qu’est-ce qu’une gouvernance ? Le dictionnaire nous apprend que la gouvernance est une gestion menée avec rigueur. Ce qui signifie tout simplement que ceux qui parlent de bonne gouvernance » ne savent tout simplement pas de quoi ils parlent. On devrait plutôt parler de la bonne ou mauvaise gestion de la chose publique. Si nous parlons de gouvernance, nous devons donc être certains de bien mettre la rigueur au centre de nos préoccupations. S’il y a la rigueur dans la gestion, alors on peut parler de gouvernance ou de gestion optimale ou de gestion maitrisée de la chose publique. Ceci nous amène à la question fatidique du jour : l’occident pratique-t-il la gouvernance ?

Pour répondre à cette question, il nous est facile de tout simplement poser une autre toute petite question à première vue sans importance, mais qui va se révéler capitale pour comprendre la suite de notre analyse et c’est : consommons-nous ce que nous produisons ? Les ressources que nous produisons au quotidien sont-elle suffisantes pour faire face à notre consommation quotidienne ? Rapportons cette question au niveau des mairies, des régions, des pays : la richesse produite chaque mois, chaque trimestre, chaque année est-elle suffisante pour combler la consommation de cette ville, de cette région, de ce pays ?

En septembre 1980, à mon tout premier cours d’économie en classe de seconde BG au Lycée Technique de Douala au Cameroun, pour nous expliquer ce qu’était l’économie, notre professeur nous a raconté l’histoire de Robinson Crusoé vivant tout seul sur une île déserte avec ce qu’il trouve sous la main et de conclure que, dans ces conditions, sur cette île, il n’existe pas d’économie. L’économie existe parce que nos besoins du fait de l’interaction avec la société sont énormes et les ressources pour les satisfaire sont malheureusement réduites, insuffisantes. Elle permet de classer les besoins par ordre de priorité afin d’utiliser de façon optimale ces ressources insuffisantes. Le lendemain c’était au tour de notre professeur de mathématiques financières de nous expliquer l’utilité de sa discipline. Selon lui, les mathématiques financières permettaient de traduire en argent ce que nous allions apprendre en cours d’économie. C’était l’instrument mathématique qui permettait de contrôler avec rigueur le niveau d’utilisation des ressources disponibles et le coût de celles non disponibles afin de garantir dans le temps le bien-être et l’autonomie d’un foyer, d’une entreprise, d’une mairie, d’un pays.

Lorsqu’on consulte le World Factbook de la CIA d’année en année, on peut conclure que ces deux banalités économiques et financières qui ne sont pas enseignées à l’université, mais dès le lycée en Afrique, sont de loin mieux maitrisées par les pays africains dans la gestion des affaires publiques comme par exemple les mairies qui n’ont pas de bilan au rouge, au contraire des pays occidentaux qui croulent sous les dettes. Si la gouvernance d’un politicien se mesure par sa capacité à optimiser le peu de ressources à sa disposition pour offrir le meilleur service à sa population, on peut dire sans risque de se tromper que les politiciens occidentaux sont une véritable catastrophe dans l’art de manier les finances.  Ce n’est pas moi qui le dis, mais c’est la conclusion du rapport de l’agence de notation américaine Fitch qui, comme les autres agences Moodys et Standard and Poor’s, a dégradé les notes de 75% des mairies et régions des pays de l’Union européenne, malgré les protestations des intéressés qui crient au complot américain contre l’Europe. Dans ce rapport, publié le 6 septembre 2011, Fitch affirme qu’il faudra à la région Picardie par exemple près de 11 ans pour rembourser sa montagne de dette.

Examinons sans trop de technicité les finances des régions françaises, c’est-à dire un pays qui continue de bénéficier du triple A, la note maximale dans 2 de ces 3 agences de notation américaines. Sur le tableau présenté par la revue française Capital dans son édition du 25/02/2010, analysant la situation des régions françaises avant la crise de 2001 à 2008, il ressort ceci : en dehors de l’Aquitaine et de la Haute Normandie, toutes les 20 régions françaises ont vu leurs dettes augmenter de façon exponentielle sans qu’on comprenne bien comment elles feront pour les rembourser, puisqu’elles sont installées dans cette logique d’emprunter toujours plus chaque jour sur les marchés. Par exemple dans cette période de 7 ans la dette de l’Alsace a augmenté de 327%, Champagne de 286%, Corse de 234%, Limousin de 311% Loraine de 338%, la Basse Normandie de 345%, le Poitou Charentes de 335% etc… Le journal va plus loin en tirant à boulets rouges sur la médiocrité diffuse des politiciens français qui se cachent derrière le prétexte de la réduction des recettes publiques dues à de nombreuses délocalisations des entreprises vers la Chine ou ailleurs. Cette explication ne peut rien justifier puisque conscient de la réduction des ressources, les dettes de 5 régions françaises ont été quadruplées durant la période prise en examen comme en Corse où la dette régionale arrive à 1105 EUR par habitant.  Ceci ne tient évidemment pas compte de la dette communale, encore moins de la dette nationale qui place la France parmi les nations les plus endettées au monde, nations qui vivent donc très loin au-dessus de leurs moyens.

Ce n’est pas mieux pour les dettes des villes européennes. Par comparaison, la dette individuelle, c’est-à-dire de chacune des 60 plus grandes villes françaises dépasse le budget de plusieurs pays africains réunis. C’est encore la revue CAPITAL dans son édition du 19/11/2011 qui nous révèle les techniques qu’utilisent les villes françaises pour dissimuler leurs véritables situations catastrophiques d’endettement, en faisant oublier le poids de l’intercommunalité : par exemple, on présente les chiffres de la mairie de Paris apparemment en ordre et oubliant que ceux des autres mairies de l’Ile de France qui sont toutes financièrement dépendantes de Paris. C’est en observant cette globalité que le journal conclut que Delanoé, le maire de Paris, qu’on présente comme un bon gestionnaire a fait exploser la dette de sa ville de 153% en 10 ans. Et Capital de communiquer d’après ses calculs, les dettes réelles des 60 plus grandes villes françaises qui toutes, sans exception, mordent la terre, parce qu’elles ne savent plus quoi faire ni comment inventer pour ne plus emprunter, même avant de répondre à la question de comment rembourser leurs dettes colossales. On peut ainsi découvrir un palmarès des plus inquiétants de dettes par habitants des mairies de France, ainsi : Le Mans, 2817 EUR par habitant, Perpignan 2657 EUR par habitant, Orléans 2791 EUR par habitant, Grenoble, 3355 EUR par habitant, Saint-Etienne, 3070 EUR/habitant , Lille 2730 EUR/habitant, Marseille 3535 EUR/habitant, Lyon 2716EUR/habitant,  etc.

La dette des villes, des régions, des pays lorsqu’elle n’est pas maitrisée est par définition une véritable bombe à retardement qui attend son heure pour exploser. Etait-ce mieux avant ? En tout cas, la gestion présente de nos occupants d’hier ne nous rassure pas sur ce que serait devenue l’Afrique avec eux à la manette. Le taux record de chômage dans les colonies françaises de Martinique, Guyane, Réunion, Guadeloupe et le niveau exorbitant des prix à la consommation ne rassurent pas sur ce que seraient devenus les africains dans leur majorité

.

Ce qui est encore plus ridicule est que l’Africain qui a fait cette déclaration pour le moins dénuée de tout fondement est celui-là même qui se vante d’avoir été le conseiller pour l’Afrique durant la campagne électorale pour la présidentielle 2012 de celui qui deviendra président, François Hollande. Et après le plat de résistance de la bêtise humaine, Monsieur Kofi Yamgnane nous sert même le dessert en nous expliquant les 5 mesures phares qu’il a exposées au président français comme ligne guide de sa politique africaine, un ensemble de caricatures de certaines idées reçues véhiculées depuis plusieurs années par certains intellectuels africains ont hissé le drapeau blanc de la soumission.

Le poids des dettes des villes et des régions françaises vient aussi des placements  hasardeux et des emprunts dits toxiques, ce qui est une preuve que la plupart de ces maires que le système dit démocratique du suffrage universel a porté au pouvoir ne maitrisent pas la moindre notion des cours élémentaires d’économie, encore moins de mathématiques financières.  Et comme le peuple vote par définition, celui qui promet le plus et peut faire plus de bruit, et non le plus compétent, on a le phénomène de la mafia qui fait désormais partie du paysage politique européen, pas seulement en Sicile, mais un peu partout en Europe.

QUELLES LECONS POUR L’AFRIQUE

S’il est prouvé que ce n’était pas mieux avant, il est aussi clair que l’Afrique n’est pas immunisée des maux qui minent aujourd’hui le paysage politique et économique des pays occidentaux dans leur ensemble. L’Afrique dans sa marche vers le progrès, est en train de devenir  le nouvel El Dorado. La nouvelle génération de politiciens africains qui est en train d’arriver au pouvoir saura-t-elle exploiter l’avantage de l’expérience de la privation à outrance à laquelle le système dominant avait contraint ses prédécesseurs ? L’Afrique ne doit pas répéter les erreurs des pays occidentaux qui ont fait croire à la population qu’ils possédaient ce qu’ils n’avaient pas et le modèle du suffrage universel aidant, chacun a prétendu une part d’un gâteau qui n’existait en réalité que dans la propagande pour s’attribuer les meilleurs superlatifs de vertu au monde. On a commencé ainsi à vivre non pas de ce qu’on possédait, mais de ce qu’on croyait posséder de l’individu pour sa voiture à l’Etat pour financer ses guerres. L’Afrique doit se dire qu’à quelque chose, malheur est bon et faire de la sobriété dans la consommation, une valeur. L’exemple de l’Algérie est à mes yeux très louable d’un pays africain capable de résister aux sirènes occidentales sur comment utiliser son pactole résultant de la vente de son pétrole et de son gaz, pour privilégier le futur et ses générations. Le sous-sol africain doit dans sa majorité rester inexploré, car nous avons pris l’habitude de la privation et même si à l’indépendance on n’était propriétaire de rien, nous avons appris à nous retrousser les manches, à bosser dur même quand le résultat n’était pas perceptible. On a commis beaucoup d’erreurs comme le fait de cultiver le café et le cacao au lieu de cultiver les cerises, les truffes, les vignes etc. de loin plus rentables. Mais nous avons appris de nos erreurs et il suffit de les corriger.  Nos écoles, nos universités doivent pouvoir former suffisamment de personnes pour comprendre et maitriser le monde aujourd’hui.

L’occident s’est érigé en généreux donneur de leçons. Mais leurs conseils sont comparables à ceux des prêtres catholiques célibataires qui expliquent en experts à des couples comment réussir un mariage. Comment l’occident peut-il prodiguer à l’Afrique des conseils qu’il n’a pas su appliquer à lui-même ? Comment peut-on prendre un entraîneur européen pour offrir la coupe du monde de football à un pays africain s’il n’a même pas réussi à le faire pour son propre pays européen ? Comment peut-on recruter un Directeur d’une grande entreprise publique un gestionnaire européen qui vient d’être remercié par son entreprise en Europe pour sa mauvaise gestion ?

L’Afrique ne dispose pas des meilleures ressources humaines du monde, mais la rigueur que la misère nous a contraint à subir doit devenir un atout que nous pouvons enseigner au monde. Cela ne sert à rien de brûler les étapes pour posséder un tram comme à Paris ou à Londres, un système social qu’on nous vante avoir fait des miracles à Oslo ou à Melbourne, si nous ne maîtrisons pas chaque étape de notre progrès, chaque centimètre de notre liberté. Sans cela nos atouts d’aujourd’hui risquent de devenir notre principal inconvénient de demain.

Douala le 10/08/2012

Jean-Paul Pougala

www.pougala.org

12.2.2013

« QUELLES SONT LES VRAIES RAISONS OU LES ENJEUX CACHES DE LA GUERRE OCCIDENTALE, ET AFRICAINE « PAR PROCURATION » AU NORD MALI, APRES CELLE MENEE EN LIBYE AVEC L’APPUI DE L’OTAN ? »

Filed under: Contributions - apports — kel @ 13:37

« A ton appel Mali, Nous serons tous Unis, pour une Afrique Unie,»
« Si l’ennemi découvre son front, Au-dedans ou au dehors, »
« Débout sur les remparts, Nous sommes résolu de mourir, »
« Pour l’Afrique et pour Toi Mali, Notre Combat sera Unité, »
« Marchons vers l’Unité, Fidèle à notre serment, »
« De faire l’Afrique Unie, Ensemble débout mes frères, »
« Tous au rendez Vous de l’Honneur, Pour Toi l’Afrique et pour Toi, Mali!»
Extrait de Hymne Nationale du Mali, Ecrite par le célèbre Ecrivain Seydou BADIAN,
adopté par la loi N°67-72 du 9Aout 1962 de l’Assemblée Nationale du Mali.

QUELLES SONT LES VRAIES RAISONS OU LES ENJEUX CACHES DE LA GUERRE OCCIDENTALE, ET AFRICAINE
‘’PAR PROCURATION’’ AU NORD MALI, APRES CELLE MENEE EN LIBYE AVEC L’APPUI DE L’OTAN ?

Écrit, du 14 Janvier 2012 au 7 Février2012, à Niamey-Niger.

«En ce temps de la tempête » et de prédations des ressources naturelles et minières considérées comme géostratégiques,
tant en Afrique labellisée « centrale » que celle dite Afrique de «l’ouest », ainsi liée au remous de la renaissance aux
nouvelles facettes de l’impérialisme du complexe militaro industriel américain d’abord, puis Français, ensuite Chinois,
et ou organisées de concert, parrainée par les Etats du centre, dits « développés », pour « on ne peut mesurer les enjeux
impériaux qui gravitent(…) comme le souligne Odile TOBNER, autour tant des velléités de recomposition et de conquête
géostratégique de l’occident. Ainsi, pour le comprendre, une étude de cas de deux ou d’un pays, qui se trouve à la risée
d’une « crise » ( ?) Politico-militaire aigüe qui est au demeurant, le prétexte de l’interventionnisme militaire Français dans
le cas d’espèce maquillée du sempiternelle caché africain, à l’apparence insoupçonnée ! Par cet écrit digne de scientificité au
sens de Gaston BACHELARD, qui suppose le postulat selon lequel : « un travail scientifique est conquis sur les préjugés,
construit sur la raison, constatée sur les faits », nous nous donnions par devoir e le Mali, de lever le coin de voile qui masque
ou obscurci « l’avance à pas masqué », de l’impérialisme conquérant Français, sur ce qui demeure une construction
institutionnelle fragile hérité du juridisme de la conférence de Berlin: les États Africains, baptisés sous le signe de
« l’intangibilité des frontière hérités de la colonisation».

Ce faisant, en outre, « l’ampleur des mensonges qui se déploient effrontément dans les discours officiels et à l’importance
des omissions, bien plus difficiles à cerner(…)2», car, le discours officiel est élaboré d’un sous couvert
( « le développement »), qui fait sa particularité, afin qu’il se construit, en se dérobant en apparence à la critique des
citoyens les plus avisés et ou des intellectuels ‘’maitres à penser’’, les plus acerbes ! Nous verrons dans les détails les piliers
sur la base desquelles tiennent la stratégie de la toute-puissance du discours des acteurs ‘’nébuleux’’ de la manipulation
«des dispositions d’esprits» des citoyens, tant en Europe qu’en Afrique, champs par excellence des expérimentations les
plus convoités.

Nous allons d’abord voir dans une première partie l’intérêt de la manipulation dite géopolitique (I)
Et, ensuite, dans une deuxième partie l’application pratique des concepts clé en main autour des enjeux du ‘’cas Malien’’ (II).

Articulation du plan de la thématique:
I. L’intérêt de la manipulation par la stratégie dite «géopolitique»:
A. Le système d’aliénation des élites par le concept du «développement».
B. La mise en oeuvre «forcenée» de la théorie dite de l’intelligence économique.
C. Les velléités de recomposition et de reconquête géostratégique des États africains.
D. Les simulations des opérations militaires des services secrets français: Exemple
d’un ‘’cas’’ concret au Niger en 2011.
II. Application pratique des concepts clé en main aux enjeux du’’ cas’’ concret Malien:
A. Le pétrole, l’uranium, or… etc.
B. La ressource: eau
C. Les étendues des terres agricoles fertiles du nord et du centre du Mali.
D. L’énergie renouvelable: le solaire.


Ce document est une contribution de Mr ABDOULAYE I. Lawal, diplômé en Droit Public International, à la compréhension
des évènements qui bouleversent le Mali, et, auxquels aucun pays Africains ne peut véritablement échapper !
Mr ABDOULAYE Lawal est Président de la Section Nigérienne de la Fédération des Mouvements pour la Souveraineté
Économique et Monétaire Africaine.

Lire la suite sur le document PDF en effectuant un copié collé du lien ci-dessous dans la barre d’adresse :


http://survie13.fr/wp-content/uploads/2013/02/aaa-quelles-sont-les-vraies-raisons-ou-les-enjeux-cahes-de-la-guerre-au-mali-1.pdf

11.2.2013

Boubacar Boris Diop sur le Mali, la France et l’Afrique : « Nous aurions dû hausser la voix dès le jour où des chars de combat français ont forcé les grilles du palais de Gbagbo (…) Les Maliens ont perdu leur Etat et leur honneur »

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Dans une interview accordée au journal sénégalais Le Pays au Quotidien,reprise par son collègue djiboutien Abdourrahmane Waberi sur son blog hébergé par Slate Afrique, l’écrivain Boubacar Boris Diop analyse les différentes implications de la guerre au Mali… et refuse d’applaudir à tout rompre la France officielle… qu’il qualifie de « pompier pyromane ».

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« Le danger, à mon humble avis, c’est d’analyser cette guerre comme un fait isolé. Tout le monde la relie à l’agression contre la Libye, mais pas avec autant d’insistance qu’il faudrait. Il ne suffit pas de dire que l’agression contre la Libye est en train de déstabiliser la bande sahélienne et toute l’Afrique de l’Ouest. Il faut la placer, de même que le « printemps arabe », au cœur de la réflexion sur le Nord-Mali. Nous devons peut-être même aller plus loin et nous demander si nous n’aurions pas dû hausser la voix dès le jour où des chars de combat français ont forcé les grilles du palais de Gbagbo. Il était possible, sans forcément soutenir Laurent Gbagbo, de bien faire savoir à Paris qu’une ligne rouge venait d’être franchie. Mais nous avons trop bien appris notre leçon sur la démocratie, on a inventé exprès pour nous des termes comme « bonne gouvernance » – qui donc a jamais entendu parler de la « bonne gouvernance » en Belgique ? – et nous en sommes venus à perdre tout sens des nuances et surtout la capacité d’inscrire des évènements politiques particuliers dans une logique globale.

(…) Il suffit de remonter le fil des évènements. Après avoir assassiné Kadhafi dans les conditions scandaleuses que l’on sait, L’Etat français a cru le moment venu de confier la sous-traitance de la guerre contre Aqmi et le Mujao à la rébellion touarègue. Comme vient de le rappeler Ibrahima Sène dans une réponse à Samir Amin, Paris et Washington décident alors d’aider les Touareg présents en Libye à rentrer lourdement armés au Mali mais, détail important, pas au Niger où on ne veut prendre aucun risque à cause d’Areva. Les Touareg sont ravis de pouvoir concrétiser enfin leur vieux rêve d’indépendance à travers un nouvel Etat de l’Azawad, allié de l’Occident.

Certains médias français se sont alors chargés de « vendre » le projet de ces « hommes bleus du désert » qui se préparent pourtant tout simplement à entrer en guerre contre le Mali. Il suffit de faire un tour dans les archives de France 24 et de RFI pour voir que le MNLA en particulier a été créé de toutes pièces par les services de Sarkozy. Ces stratèges savaient très bien que cela allait se traduire par l’effondrement de l’Etat malien et la partition de son territoire. Ça ne les a pourtant pas fait hésiter une seconde. Juppé s’est ainsi permis de minimiser l’égorgement collectif par les Touareg d’une centaine de soldats et officiers maliens le 24 janvier 2012 à Aguelhok et suggéré la possibilité d’un Azawad souverain au nord. Mais au bout du compte, le MNLA qui n’a pas été à la hauteur des attentes de ses commanditaires face aux jihadistes, s’est pratiquement sabordé, ce qui est d’ailleurs sans doute une première dans l’histoire des mouvements de libération. Dans cette affaire, la France est clairement dans le rôle du pompier pyromane. Tout laisse croire qu’elle va défaire les jihadistes, mais sa victoire coûtera aux Maliens leur Etat et leur honneur.

Je veux juste dire que c’en est fini pour longtemps de l’indépendance du Mali et de sa relative homogénéité territoriale. Il faudrait être bien naïf pour s’imaginer qu’après s’être donné tant de mal pour libérer le Nord, la France va remettre les clefs du pays à Dioncounda Traoré et Maliens et se contenter de grandes effusions d’adieu. Non, le monde ne marche pas ainsi. La France s’est mise en bonne position dans la course aux prodigieuses richesses naturelles du Sahara et on la voit mal laisser tomber la rébellion touarègue qui reste entre ses mains une carte précieuse. Un épisode de cette guerre est passé inaperçu, qui mérite pourtant réflexion : la prise de Kidal. On en a d’abord concédé la « prise » à un MNLA qui n’a plus aucune existence militaire et quelques jours plus tard, le 29 janvier, les soldats français sont entrés seuls dans la ville, n’autorisant pas les forces maliennes à les y accompagner. Iyad Ag Ghali, patron d’Ansar Dine, discrédité par ses accointances avec AQMI et le MUJAO, est presque déjà hors jeu et son rival « modéré » Alghabasse Ag Intalla, chef du MIA, est dans les meilleures dispositions pour trouver un terrain d’entente avec Paris. En somme, les indépendantistes Touareg vont avoir après leur débâcle militaire un contrôle politique sur le nord qu’ils n’ont jamais eu. C’est un formidable paradoxe, mais l’intérêt de l’Occident, c’est un Etat central malien sans prise sur la partie septentrionale du pays. Les pressions ont commencé pour obliger Dioncounda Traoré à négocier avec des Touareg modérés sortis de la manche de Paris et on ne voit pas un président aussi affaibli que Dioncounda Traoré résister à Hollande. Que cela nous plaise ou non, le « printemps arabe » est en train de détacher définitivement l’Afrique du Nord du reste du continent et la « nouvelle frontière » c’est en quelque sorte le Nord-Mali. Cela correspond à un projet stratégique très clair, très cohérent, de l’Occident et il est en train de le mettre en œuvre. »

 

10.2.2013

ESPIONNAGE RELIGIEUX ENTRE LES USA ET LA RUSSIE – Leçon 50 – Partie 3/5

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Leçon de Géostratégie Africaine n° 50 – partie 3/5 – Espionnage religieux (JP Pougala)

Beaucoup croient par erreur que la période de tension entre les deux plus grandes superpuissances militaires du monde, dite de guerre froide s’est terminée avec la chute du mur de Berlin en novembre 1989. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que cette guerre a continué plus rude qu’avant, avec la religion comme instrument géostratégique. Nous allons voir comment.

Quel est le plus grand ennemi des Etats-Unis d’Amérique, un pays fondamentalement chrétien où le président prête serment sur la bible ? Quel est le plus grand ennemi de la Russie, un autre pays chrétien ? La réponse est à coup sûr : l’Islam, le monde musulman. Ce qui est faux bien entendu. L’islam n’a jamais été l’ennemi des Etats-Unis, puisque, comme l’affirme le Ministre russe des affaires étrangère Lavrov, ce sont ces derniers qui œuvrent au développement de l’islam partout dans le monde où leur christianisme a du mal à d’implanter.  Le plus grand ennemi des Etats-Unis d’Amérique c’est comme l’a dit le candidat malheureux aux élections présidentielles 2012, Mit Romney, la Russie. Un pays chrétien. Et de même pour la Russie, le plus grand ennemi  ce sont les Etats-Unis d’Amérique. La guerre froide est peut-être terminée avec la chute du mur de Berlin en 1989, mais en 2013, elle continue, reconvertie en guerre religieuse. Et l’espionnage des 007 classiques du passé s’est transformé en espionnage religieux.

Pourquoi deux pays chrétiens peuvent-ils se livrer à une telle méfiance ? Quelle est la différence entre leur christianisme. Il faut savoir que le Jésus des Russes est complètement différent du Jésus des Américains. Et le type de Jésus que l’on adore, doit aussi déterminer l’alliance militaire des pays.

En Afrique, nous ignorons tout des Orthodoxes, parce que le christianisme africain en dehors de celui Egyptien et Ethiopien, est le fruit de la colonisation. Donc le choix a été porté sur le modèle chrétien de nos prédateurs, ce qui va expliquer que contrairement à la Syrie, la Russie posera rarement son veto aux Nations Unies pour venir en aide à un pays africain. Parce que, aujourd’hui, dire qu’on est chrétien tout-court ne veut rien dire. Il faut choisir si on est un chrétien occidental ou oriental. Les Africains sont donc, par mimétisme colonial des chrétiens occidentaux. Exactement comme les Shiites et les Sunnites dans l’islam.

Pourquoi des Athées peuvent-ils soutenir une spiritualité ? le cas de L’EGLISE ORTHODOXE RUSSES ?

Lorsqu’on regarde le tableau de l’incroyable évolution de l’athéisme dans le monde réalisé par le département Education de l’entreprise pharmaceutique Pfizer, les pays qui ne croient pas en Dieu sont presque tous des pays riches. Dont la palme d’or revient à la Suède avec près de 90% de non croyants, près de 70% de Suédois sont membres de l’Eglise de Suède avec à sa tête la royauté suédoise. C’est aussi le cas du Danemark, nous avons selon mes mêmes chiffres : 80% de non-croyants, mais en même temps, 80% sont membres de l’Eglise du Danemark avec à sa tête la royauté danoise. En d’autres termes, la religion devient comme un instrument culturel et non dogmatique pour servir de collant national autour des coutumes de chaque pays. C’est ce qu’on va retrouver aussi en Russie où Kathy Rousselet, à la page 65 de son livre publié en 2010,  intitulé « L’Eglise orthodoxe russe et le territoire » nous révèle que 6% des russes croient en dieu et que 60% sont membres  de l’Église orthodoxe russe revendique qui vante ainsi environ 100 millions de membres. La question immédiate qu’on ne peut cesser de se poser est comment 94% de personnes qui ne croient pas en dieu peuvent-ils adhérer si nombreux à une église qui professe dieu comme crédo centrale ? Parce que, comme en Suède ou au Japon, la spiritualité est avant tout une notion de traditions comme instrument de surveillance territoriale et de défense nationale, avant même d’être liturgique. L’église russe est la communion de la société contre les déstabilisations externes et la plus efficace des veilles de contre-espionnage sur le plus vaste pays du monde avec ses 17 millions de km2, pratiquement le double de la superficie des USA.

Avec le communisme au pouvoir en Russie après la révolution d’octobre 1917, les lieux de culte sont reconvertis en bibliothèques, en théâtres. L’état professant l’athéisme intégral. En 1930, 3 ans avant que Hitler n’arrive au pouvoir en Allemagne, Staline ira jusqu’à promouvoir une association d’athées russes dénommés  « Sans Dieu » et pour prendre encore plus les distances de la christianité qui fait des Juifs un peuple déicide (accusé d’avoir tué le fils de dieu), Staline va mettre à la tête de cette association un Juif, un certain Emilian Iaroslavski. A peine 3 ans après, Staline va comprendre qu’il a commis une très grave erreur de lutter contre ses religieux, lorsqu’en Allemagne Hitler va s’associer au parti catholique du Zentrum, soutenu par le Vatican et lorsqu’il lance sa croisade contre l’Union Soviétique, pendant des années il va réussir à convaincre même les Américains d’être de son côté, puisqu’il combat l’ennemi commun c’est-à-dire, le Satan, l’athée russe et ça va marcher, puisque les américains n’interviendront que lorsque les russes vont remporter en Janvier 1943 la bataille de Stalingrad au prix d’un million de morts. C’est le tournant de la guerre qui a déjà coûté à la Russie, 27 millions de morts, tous tués par les Allemands, très motivés par la foi chrétienne, un peu comme les Djihadistes musulmans de nos jours. Pour passer à l’offensive et aller chercher les Allemands jusqu’en Allemagne, Staline sait désormais qu’il a besoin d’un pays solide religieusement autour de lui. Il rencontre les trois métropolites de l’Eglise orthodoxe russe au Kremlin le 19 septembre 1943. Il libère tous les prêtres qu’il avait auparavant envoyés au Goulag. Avec eux, il rétablit le patriarcat en 1944 et convoque un concile en 1945 qui commentera la conduite de Staline de la guerre contre Hitler en ces termes : « Dans cette guerre, Staline est inspiré par l’esprit divin ». C’est le début du patriotisme et du nationalisme de l’église orthodoxe russe. C’est l’état communiste qui valide et promeut une église qui 45 ans avant, en 1901, condamnait et excommuniait l’écrivain Tolstoï pour avoir mis en doute le dogme de la virginité de Marie. Finie la guerre, l’Union Soviétique a gagné sur Hitler puisque ce sont les troupes russes qui entrent dans Berlin. Ensuite arrive Kroutchev au pouvoir. Dès 1961, il débute la déstalinisation de la société russe, la religion ne sert plus. On la remet au placard. Pour des raisons stratégiques on fait appel à la religion, pour des raisons idéologiques, on la renie.

LA RUSSIE DE ELTSINE : LE DECLIN D’UN GEANT

Dans son livre de 122 pages publié en 1999 aux Editions du Seuil, intitulé : « Le hold-up du Siècle », Victoria Renaux et François Roche (directeur de la rédaction de l’Expansion) nous expliquent avec des détails croustillants de comment l’avènement de la supposée « démocratie » en Russie a signifié le pillage de type mafieux des ressources minières du pays avec des passages des entreprises d’état à la famille du président Eltsine sans vergogne. Qu’importe, c’était bien la « démocratie », puisque contrairement aux méchants de l’ère Soviétique, le président Eltsine pouvait se vanter d’être le premier président élu de la Russie. Le réveil démocratique a été donc très douloureux pour le peuple et le pays en quasi faillite où les cercles du nouveau pouvoir se sont très vite transformés en mafias. Les familiers du président vont devenir tous des milliardaires en un temps record, prenant le nom des « Oligarques ». Le plus emblématique de ce pillage est la privatisation de la toute première compagnie pétrolière russe dénommée Youkos, bradée en 1995 à un ami du pouvoir, un certain Khodorkovski, à seulement 360 millions de dollars lors d’une vente aux enchères où le président Eltsine n’avait autorisé que deux participants, deux proches qui avaient financé sa campagne électorale pour ses 2 mandats de président de Russie.

Aux USA, on se frotte les mains, et on félicite le président Eltsine d’être un président courageux, démocratique et respectant les droits de l’homme. On déroule le tapis rouge aux nouveaux riches venus de Russie, peu importe comment ils le sont devenus. C’est une période jubilatoire pour Washington, parce que l’ennemi de toujours est tombé dans le piège démocratique et a débuté son autodestruction. Et quel que soit la force d’un privé russe, il ne sera jamais assez fort pour résister au rouleau compresseur américain. Les russes vont mettre peu de temps à le comprendre. C’est le Groupe pétrolier américain qui veut acheter Youkos à 40 milliards de dollars, c’est-à-dire, plus de 111 fois supérieure au prix d’achat. C’est la première brèche de l’offensive que les Américains mènent depuis la chute du mur de Berlin sur un secteur aussi stratégique que le pétrole.

Au même moment, ce sont les services secrets russes en Chine qui informent Moscou que plusieurs des plus grands imprimeurs chinois sont pris  d’assaut par les services secrets occidentaux pour l’impression des bibles en millions de copies destinées à la Russie. Pendant ce temps, une autre offensive est menée par les pays occidentaux pour faire passer les anciens pays satellites de l’Union Soviétique sous le contrôle américain, avec leur adhésion à l’OTAN et à l’Union Européenne. Moscou se sent encerclé. Les stratèges russes se mettent au travail. Il faut répondre aux Américains pour les bibles qui vont bientôt déferler. Mais ils ne savent pas trop quoi faire. « Une attaque avec la religion est plus difficile à contrer qu’une autre avec la bombe » dira un responsable russe à Boris Eltsine, lui qui pratique une politique dite de « laisser faire » pour plaire aux occidentaux et s’entendre définir « démocratique ». Eltsine n’a pas écouté le KGB ni pour les privatisations, encore moins pour son ouverture à l’Occident, parce qu’il n’a pas confiance aux services secrets russes, parce qu’il se sent vulnérable après sa gestion calamiteuse du pouvoir. Il va même en changer la structure et le nom de KGB à FSB. Mais il va finir par choisir comme dauphin un membre du KGB, celui dont le nom de code est « Platov », c’est-à-dire Vladimir Poutine.

APRES L’HIVER MAFIEUX DE ELTSINE, LE PRINTEMPS RELIGIEUX DE PUTIN

Le 31/12/1999, Poutine devient le deuxième président de la nouvelle Russie. Il a une intelligence particulière. Sur le plan de la politique intérieure, il va coffrer presque tous les oligarques. Sur le plan de la politique extérieure, il va réagir là où on l’attendait le moins. La religion. Pourquoi la religion ? Vladimir Poutine est diplômé en droit à l’Université de Leningrad (aujourd’hui Saint-Pétersbourg) où il soutient une thèse en 1975 intitulée :  « La politique américaine en Afrique ». Dans cette thèse, Poutine décrit comment, pour bloquer l’Union Soviétique et la Chine en Afrique, les américains utilisent le levier religieux de l’islam au nord et dans le Sahel et le christianisme au sud du Sahel. Il explique comment les américains mise sur l’évangélisation qu’elle soit catholique ou protestante pour obtenir la soumission des africains.

Lorsqu’il devient président de la Fédération de Russie, il sait que des millions de bibles sont en route pour la Russie, comme cela a été le cas en Afrique. Pour les stopper, il a besoin d’une autre religion. Il dira à ce sujet : « seule une religion peut stopper une autre, seule notre religion traditionnelle, l’Orthodoxe peut éviter que la Russie devienne l’Afrique des USA » Il a pu allier un autre ancien membre du KGB, le chef de l’église orthodoxe en personne, Alexis II,  Patriarche de l’Eglise Orthodoxe russe depuis plus de 30 ans et Agent du KGB. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le prêtre orthodoxe Gleb Yakounine qui l’a affirmé en 1990.

Avec Putin, c’est l’état russe lui-même qui achète les sièges des églises orthodoxes qui deviennent même dans certains pays, une seule et même chose avec les consulats de Russie. Durant les deux mandats de Eltsine, les américains adoptent une stratégie de pénétration du territoire russe, c’est à travers le concept magique des « droits de l’homme ». L’objectif est de créer et construire ce qu’ils appellent la « société civile russe » avec un agenda très élogieux : « réussir la démocratie et le respect des droits de l’homme en Russie ». Mais comme j’ai souvent l’habitude de le dire, si cette démocratie était si merveilleuse et pouvait permettre à la Russie d’être plus puissante, pourquoi les USA iraient doter leur principal ennemi d’un instrument si redoutable ? La vérité est qu’elle a permis de fragiliser l’Etat, pour créer quelques potentats avec pour seul rôle, de piller l’état, confirmant au passage que la démocratie n’est qu’un simple instrument de prestidigitation, pour tourner l’attention du peuple vers des futilités, très loin des opérations fâcheuses qu’on est en train de réaliser sur son dos.

Mais le président Putin qui a décidé de nettoyer le pays avec le soutien massif de ses citoyens, n’est pas dupe. Il sait bien que ces ONG qui naissent comme des champignons ne sont que les relais des espions occidentaux en Russie, puisque le seul poste qu’il occupé à l’étranger comme espion du KGB était de diriger une fantomatique « Association de l’Amitié Russo-Allemande » à Berlin. C’est encore autour de L’Eglise Orthodoxe que la contrattaque russe va s’organiser. Et en avril 2006, se tient à Moscou, le Concile mondial du peuple russe, regroupant dignitaires de l’Eglise orthodoxe russe, hauts fonctionnaires, parlementaires, représentants de la jeunesse, des métiers et des professionnels pour ne pas laisser aux occidentaux l’exclusivité des donneurs de leçon en matière de droits de l’homme. Le Concile adopte sa propre « Déclaration des droits et de la dignité de l’Homme ». Comme nous l’explique le journaliste Vladimir Simonov de RIA Novosti dans son article du 7 Avril 2006, c’est un ensemble de dispositifs qui « remet en cause les valeurs libérales occidentales importées par la Russie et propose son interprétation des droits de l’homme dans la société russe ». C’est ainsi que dans le discours de clôture du Concile, le métropolite Cyrille de Smolensk et de Kaliningrad explique que le libéralisme occidental  « dilue la frontière entre le Bien et le Mal ». « L’individu peut donc se réaliser n’importe comment à la seule condition qu’il ne touche pas à la liberté d’autrui », dit le premier théoricien du patriarcat de Moscou caricaturant ainsi la démocratie occidentale. « En d’autres termes, s’il faut nécessairement respecter les lois juridiques, il en va de même des impératifs moraux ». Tout le monde sait qu’il parle sans le citer, du président américain Georges W. Bush avec sa guerre en Irak pour soit disant y exporter sa démocratie.

Le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov quant à lui, a expliqué que ce sont les américains qui contrôlent et manipulent les islamistes, mais qu’ensuite ils tentent de les faire passer pour des méchants en demandant à la Russie de choisir de quel côté elle veut être et qui au fond, n’est qu’une technique pour instaurer une subalternité russe aux USA. Dans son discours pour clôturer le Concile, il dira : « On tente de pousser notre pays à se ranger du côté de la civilisation occidentale en prévision d’un conflit – inéluctable, comme ils disent, – avec la civilisation islamique. J’y vois une menace non seulement aux intérêts vitaux de la Russie sur le plan international, mais aussi à son développement interne en tant que pays multiethnique et multiconfessionnel ».

Le 11 Mai 2011, un pas supplémentaire est franchi dans cette escalade stratégico-religieuse. Pour lutter contre l’activisme des églises réveillées américaines toujours plus nombreuses dans le pays, c’est le maire de Moscou, Sergueï Sobianine qui annonce la construction de 200 nouvelles églises dans la seule ville de Moscou. Et il indique que 15 parcelles pour 15 églises ont déjà été attribuées à l’Eglise Orthodoxe pour l’année 2011. Et 80 nouvelles parcelles le seraient dans les plus brefs délais. Pour Sobianine, c’est autour de sa religion millénaire que la Russie construira sa cohésion nationale pour mieux résister contre les infiltrations des pays ennemis habillés en religion.

C’EST QUOI LES MORMONS POUR L’ADMINISTRATION AMERICAINE ?

Je me suis demandé plusieurs fois pourquoi l’état américain pouvait à ce point faire confiance à une de ses multiples religions plus que d’autres, les Mormons. Et j’ai découvert que contrairement aux autres églises chrétiennes, toutes provenant de l’Europe contre qui le pays s’est battu pour avoir son indépendance, les Mormons sont la seule religion chrétienne qui revendique son origine sur le sol américain. Leur Jésus n’est par le même que celui des autres. Leurs prophètes seraient tous des américains et non plus des romains. De quoi mettre les bases d’un patriotisme suffisamment solide pour résister aux épreuves du temps et même de l’espace.  Les mormons ne croient pas à la version de l’évangile de Jésus selon la validation de l’Empereur romain Constantin, mais ils partent des révélations d’un fermier américain, un certain Joseph Smith, à qui l’ange Moroni serait apparu pour lui remettre un livre contenant le témoignage des prophètes ayant vécu sur le continent américain environ 600 ans avant notre ère. Cette religion tire donc sa source de croyance dans le passé précolombien de l’Amérique. Et son Jésus serait précédent du Jésus des autres Chrétiens d’au moins 6 siècles. Cela peut prêter à sourire, mais si on ne s’arrête pas au stade purement de la caricature pour aller au cœur de la symbolique, on peut comprendre qu’ils sont les américains qui ont su le mieux interpréter la conflictualité pour obtenir leur indépendance de leurs ancêtres européens ; indépendance qui n’aurait  été jamais parachevée sans le fait de couper ce cordon ombilical spirituel qui pouvait encore les lier comme subalternes à l’Europe de leurs ancêtres. Et ce petit détail est apparemment très important aussi pour l’administration américaine qu’elle soit de gauche ou de droite, même si les Mormons votent traditionnellement pour le parti Républicain. Leur présence dans l’économie permet au service de renseignement américain d’être au courant de beaucoup de choses très stratégiques. Par exemples, selon les informations fournies par le journal russe « La voie de Russie » du 10/10/2012, ils contrôlent tous les secteurs clés de l’économie, de l’industrie, de la finance en passant par l’armée et les services secrets. Ils contrôlent : par exemple : le groupe hôtelier Marriott, American Express, Deutsche Lufthansa AG, Pricewaterhouse Coopers, la direction du Crédit Suisse pour l’Europe, le Proche-Orient et l’Afrique, les plus importantes banques de Wall Street. Ils ont une forte présence dans les services secrets américains, les structures militaires et le ministère des Finances des Etats-Unis. Et le journal russe de conclure : « On peut même dire qu’ils définissent la politique intérieure et étrangère des Etats-Unis ».

Aux Etats-Unis d’Amérique la religion chrétienne est très importante dans le système du contrôle des masses. Les risques de troubles sociaux dus aux inégalités trop criantes sont sagement mis sous contrôle par une présente débordante de la religion. Même si l’état fédéral est laique et ne doit favoriser aucune religion, dans les  faits les président se prennent pour de vrais prophètes au point non seulement de prêter serment non pas sur la constitution du pays, mais sur la bible, mais aussi de bénir le peuple à la fin de chaque discours publique. Ce n’est donc une surprise pour personne que les services secrets internes (FBI) et les services secrets externes (CIA) soient structurés, organisés et fonctionnent autour d’un pilier religieux chrétien que constitue les différentes églises dont la palme d’or revient aux Mormons. Cette église a mis au point le fichier le plus puissant du monde avec un milliards de personnes répertoriées avec des informations très détaillées sur chaque individu. C’est ce fichier qui sert de base de travail soit à la CIA qu’au FBI et c’est précisément grâce à un tel instrument hors du commun que ces 2 services de renseignement n’ont pas de véritables concurrents dans le monde. Comment est-il constitué ? A travers les ramifications de diverses églises réveillées installées dans le monde entier et financées toutes depuis les USA. Comment ça marche ? Le credo des Américains est de mettre en avant la démocratie, les droits de l’homme et seulement en dernier ressort la liberté religieuse. Et c’est à ce niveau qu’il faut bien comprendre que pour les USA, ils ont le meilleur système politique, économique, social, judiciaire du monde et qu’ils se doivent d’exporter ce modèle dans le monde entier. Et pour eux démontrer qu’un pays est démocratique et libre, c’est prouver qu’on peut laisser prospérer sans contrôle les églises réveillées en provenance des USA et qui petit à petit vont faire la politique, pour réussir à exprimer leur candidat et prendre le pouvoir.

Le 24 Avril 2012, ce sont les médias américains qui nous informent sur la décision de la Maison Blanche de construire à Utah, dans la capitale des Mormons, le plus grand centre d’espionnage cybernétique du monde sur neuf hectares de bâtiments remplis de serveur pour un coût total de  deux milliards de dollars. Démarrage prévu pour le mois d’octobre 2013. L’objectif affiché est de décrypter toutes les activités sur le net des internautes de deux pays en particulier, la Russie et la Chine. On nous dit que ce serveur pourra intercepter tous les emails et toutes les requêtes sur Google. Les américains ne nous ont pas dit comment ils comptent faire pour les chinois qui utilisent à majorité, leur propre moteur de recherche dénommé BAIDU et où QQ remplace Facebook et autre messagerie instantané en vogue en Occident. Qu’importe. Le peuple américain est content de pouvoir contrer les méchants russo-chinois.

 Mais pourquoi le choix d’une petite ville de 8.000 habitants en une zone perdue de l’Utah, Bluffdale ? C’est ici le cœur de l’intelligentsia de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (les Mormons) avec la Brigham Young University, qu’on surnomme le « Harvard des Mormons ». Les 35.000 étudiants sont tous polyglottes, préparés pour aller conquérir le monde avec un mixte de prosélytisme religieux et un très fort patriotisme qui se superpose souvent avec de l’espionnage volontaire. C’est ce qui explique que les premiers à être recrutés pour ce nouveau centre du FBI sont les étudiants de la Brigham Young University.

COMMENT REAGIT LA RUSSIE ?

La Russie va l’apprendre à ses dépens, puisque les Mormons ont déjà particulièrement ciblé la Russie. En 1991, le Président Eltsine chouchouté des américains va ouvrir toute la Russie à ces religions et dès la première année, la seule église des Mormons compte 750 membres russes en 1991 pour arriver à 22.000 membres 11 ans plus tard, répartis dans 120 congrégations  dans toute la Russie. C’est lorsque le contre-espionnage russe découvre que la plupart des jeunes Mormons qui avaient séjourné en Russie comme volontaires pour 2 ans, une fois retournés aux USA, intégraient directement le FBI ou la CIA que la Russie a cherché de sauver ce qui pouvait l’être avec la loi votée à la Douma, parlement russe et signée par Vladimir Poutine le 21/11/2012 interdisant tout mouvement d’argent entre une organisation située à l’étranger et une autre sur le sol russe. Si une organisation doit contrevenir à cet interdit, elle doit inscrire sur l’entête de tous ses documents, de toute sa correspondance : « Agent de l’Etranger ». Ces quelques mots en Russie ne sont pas anodins, ils proviennent tout droit de la triste histoire de la seconde guerre mondiale où les traitres au service de l’Allemagne Nazie étaient appelés justement « Agent de l’Etranger ». La loi parle de toute organisation qui veut orienter ou modifier l’opinion publique, puisqu’en le faisant, elle fait de la politique et pour faire de la politique en Russie, un acteur politique ne peut recevoir l’argent de l’étranger. Quelques jours après la signature de cette loi, ce sont les militants de la jeunesse pro-Poutine dénommée la « Jeune Garde » qui contrecarre désormais toutes les activités des églises réveillées en Russie, qui vont huer les adeptes des Mormons qu’ils appellent « espions religieux » avec un billet d’avion retour pour Washington,  billet sous forme de pancarte, avec dessus le logo de la CIA.

C’est dans ce contexte que le 17 Août 2012, 3 femmes du groupe musical Pussy Riot vont écoper d’une peine de 2 ans prison ferme pour avoir profané une église orthodoxe en plein cœur de Moscou à la suite d’une exhibition contre Poutine, alors candidat aux élections présidentielles. Selon un sondage réalisé avant le verdict, entre le 10 et le 13 Août 2012, par le Centre Levada, seuls 17% de Russes soutenaient les chanteuses incriminées et environ 80% étaient pour une condamnation exemplaire ou alors ont refusé de répondre, considérant le sujet pas utile du tout. Il est évident que si l’église choisie avait été une autre, pas sûr qu’il y aurait eu le moindre procès.

Le jour de noël chrétien occidental, le 25/12/2012, on assiste à l’épilogue de cette histoire, lorsque la cathédrale de la Transfiguration de l’Eglise orthodoxe russe de Los Angeles nous annonce un mystérieux cambriolage. Les malfrats semble-t-il cherchaient des documents des échanges entre Moscou et le clergé russe de Los Angeles.

QUELLES LECONS POUR L’AFRIQUE ?

On peut ne pas croire en dieu ou croire aux cranes, mais lorsque l’intérêt suprême du peuple l’exige, il faut avoir l’intelligence d’oublier ce qu’on est et se demander d’abord ce dont a besoin le peuple pour se protéger, pour se stabiliser avant de s’émanciper.  C’est tout simplement ce qu’ont compris les 94% de russes qui ne croient pas en dieu, mais qui savent que leurs traditions restent la seule muraille pour se protéger du monde, toujours plus cruel, même de loin avant les bombes. Lorsque les croyances de tes parents ne te plaisent pas, au lieu d’y mettre les mains pour les améliorer et les fortifier, tu te prostitues dans les croyances de tes prédateurs ou tu singes les croyances de ceux qui se sont imposés à nous avec la violence, après cela, crois-tu sincèrement que quelqu’un va te prendre au sérieux sur cette terre ? Sur Jupiter peut-être, mais pas sur notre planète terre. Ou tout au moins, pas pour l’instant. Tout simplement parce que le faisant, tu n’existes pas. Et on ne peut pas respecter ce qui n’existe pas, ou existe par procuration, on ne peut pas respecter le néant.

On a vu les dirigeants les plus athées du monde recourir à la religion ancestrale de la population pour retrouver un collant national. L’Afrique manque de ce genre de collant, parce que les élites sont tellement abruties par le système dominant qu’ils sont presque tous inscrits dans une logique de la recherche de la reconnaissance du maître Européen ou Arabe. C’est ainsi qu’ils redoublent d’ingéniosité pour prouver à ces maîtres qu’ils n’ont rien en commun avec les primitifs et sauvages qui appliquent le culte des morts. Certains vont tourner la tête à la recherche d’une spiritualité plus glorieuse vers l’antiquité égyptienne, d’autres vont chercher à prouver l’impensable d’un monothéisme africain. D’autres encore vont se réfugier dans des loges maçonniques afin de prouver encore plus au maître qu’on est resté des esclaves fidèles et fiers de l’être. Ce que ce beau petit monde ne comprend pas est que lorsque quelqu’un a honte de ses parents, honte de la nourriture avec laquelle ils l’ont élevé, honte de leur simplicité, honte de leurs coutumes, de leur spiritualité,  pour se lancer dans l’élan pour plaire au maitre en singeant les civilités  de ce dernier, aux yeux de ce maître qui sait très bien manier l’arme de l’hypocrisie, il est considéré pire que les parents dont il veut se démarquer, parce qu’eux au moins même dans l’erreur ont pu pratiquer des spiritualité propres à eux, ont pu vivre dans une société organisée par eux, ont pu manger des aliments inventés par eux.

Et l’émergence d’une pensée moderne africaine aurait dû partir de cet embryon d’organisation sociétale du culte des ancêtres. C’est autour des coutumes africaines que doit s’articuler un vrai système solide d’espionnage africain qui soit capable d’être suffisamment hermétique pour  résister à l’infiltration des autres pays du monde, tantôt habillée en christianisme, tantôt en Confucianisme, tantôt en Orthodoxe, tantôt en islamisme, tantôt en indouisme, tantôt en franc-maçonnerie et tantôt encore, en église du christ du 7ème ou 20ème jour. Et devant tout ça, la réponse africaine est inexistante. Ce que tous les services secrets du monde redoutent, sont des agents-double, des personnes payées pour servir les intérêts du pays, mais qui se retrouvent à être plus dangereux parce qu’ils servent effectivement, les intérêts de l’ennemi. Sans cette base commune qui fait la fierté même de l’identité de l’individu, les espions africains ne seront pas des agents-double, mais triple, quadruple et même quintuple, vue la rapidité avec laquelle les gens changent de confréries religieuses pour alimenter les services secrets des ennemis, pourvue qu’ils donnent suffisamment l’impression de faire des miracles pour fuir la misère.

Douala le 05/02/2013

Jean-Paul Pougala

 

18.1.2013

POURQUOI LES AFRICAINS ONT-IL HONTE DU CULTE DE LEURS ANCETRES ? de Jean-Paul Pougala

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L’Afrique est le berceau de l’humanité. C’est-à-dire que les Africains sont les géniteurs de tous les 7 milliards d’hommes et de femmes qui peuplent la planète terre. Sur le plan scientifique, ceci est prouvé notamment par l’ADN. La conséquence de ce lien entre l’Afrique et ses enfants éparpillés partout dans le monde est l’exportation de la pratique religieuse africaine sur toute la planète. C’est en effet la seule véritable religion universelle du monde qui n’a eu besoin d’aucun pasteur, d’aucun missionnaire, d’aucun imam pour être présente ici ou là. C’est la seule religion qui s’est rependue sur tous les continents sans un seul mot, sans une phrase de prosélytisme ou de propagande à la recherche de convertis, sans un mort, sans la moindre violence ? La religion africaine est dès lors la mère de toutes les religions, non seulement parce qu’elle est la plus ancienne, mais aussi et surtout parce que c’est celle qui résiste le mieux au temps, à l’espace et à la virulence des nouvelles religions qui ont tout fait pour l’effacer. Mais pourquoi les Africains eux-mêmes donnent-ils la fâcheuse impression d’avoir honte des croyances de leurs ancêtres ?

A- LA FAUTE DES INTELLECTUELS AFRICAINS

Dans sa pièce de théâtre publiée en 1946 intitulée: Malatesta, Henry de Montherlant (1895-1972) a écrit : « Vivent mes ennemis ! Eux du moins, ne peuvent pas me trahir ». Et Bernard Werber de renchérir disant : « Seuls vos vrais amis savent où vous frapper pour que ça fasse mal ». Le peuple africain a été trahi par ses propres intellectuels. La religion africaine a été bradée pour un bout de pain mal garni par ses propres fils présumés éclairés, supposés la protéger. Alors que l’Afrique était encore sous occupation européenne, la plupart des intellectuels africains ont mis tous leur talent à aider à pérenniser sa mise sous tutelle.

Le plus illustre d’entre eux s’appelait Léopold Sédar Senghor. Voici ce qu’il conseille en 1945 aux missionnaires catholiques pour dompter son peuple; il cite son mythe, il cite la phrase d’une circulaire écrite un siècle plutôt (1847) par le prêtre Libermann à ses missionnaires envoyés en Afrique : « soyez nègres avec les nègres afin de les gagner à Jésus-Christ ». Cette phrase des plus humiliantes et grotesques se passe de commentaire. Mais Senghor ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Il va ajouter :  » Le rôle du catholicisme est de dégager plus nettement la personne de la famille, Dieu des ancêtres ; (…) Par le Christ, Dieu fait chair, qui empêche ainsi le Catholicisme de tomber dans l’abstraction formaliste. M. Griaule me dira que je parle en croyant et il n’aura pas tort. » Alléluia. En d’autres termes, pour Senghor, l’individualisme et l’égoïsme européens doivent remplacer la solidarité et la générosité africaine, doivent se substituer à la « famille africaine » qu’il juge comme une abstraction formaliste, c’est-à-dire une illusion, une utopie entretenue par la tradition, par le conformisme. Pour lui, un frère doit être un vrai frère biologique, un cousin doit être un vrai fils biologique de l’oncle direct ou de la tante et non cette « abstraction formaliste » africaine qu’il déteste.

Mais le plus grave c’est ce qui suit « dégager Dieu des Ancêtres » surtout lorsqu’on le met en relation avec la citation  précédente de Libermann « être nègre avec les nègres ». Senghor est un homme très intelligent. Il réussit là où les missionnaires avaient toujours échoué : en prônant de dégager le Dieu chrétien des ancêtres, son idée est de faire émerger cette figure monothéiste pour remplacer en tout et pour tout, la religion des africains par celle des Européens. Il sait très bien que pour les Africains, il n’y a pas de Dieu. Les ancêtres sont leurs divinités, sont leurs Dieux. et c’est à eux qu’ils vouent leur culte. Offrir un Dieu aux Africains c’est déchoir leurs ancêtres de leur position de divinité. C’est couper la relation fusionnelle qui lie un africain avec son mort; C’est le tuer, puisqu’il cesse désormais d’être lui-même. Les Africains cessent d’être eux-mêmes sans savoir exactement ce qu’ils sont devenus. La seule chose certaine est qu’ils sont devenus dès lors très vulnérables parce qu’ils doivent attendre que le nouveau maître leur explique ce qu’ils sont, ce qu’ils seront.

C’est ce rôle que d’aucuns qualifient de « traitre », d’autres de « bon nègre », d’autres encore de « suppôt colonial », ou même de « sous-préfet de la France », que la très grande majorité d’intellectuels africains a décidé d’adopter, vue la très forte récompense que Senghor a obtenu en son temps : Président de la République. L’épilogue de la crise ivoirienne en 2011 n’est pas là pour les démentir. Ce qui fait froid dans le dos c’est d’imaginer qu’à la même époque plusieurs intellectuels africains s’étaient retrouvés à Dakar au Sénégal pour étudier comme le Docteur Félix Moumié du Cameroun de 1945 à 1947 et très probablement communiquaient avec leur frère aîné Senghor (député du Sénégal à l’Assemblée Nationale Française) sur les voies et moyens pour obliger la France à reconnaître l’indépendance des pays africains. On connait la fin de l’histoire : assassinat de ces africains trop idéalistes peut-être trop naïfs de simplement rêver d’une Afrique libre. (Dr. Moumié meurt, empoisonné par la France à l’âge de 35 ans).

Les intellectuels qui sont ceux qui partout dessinent l’architecture et l’agencement des croyances religieuses en écrivant par exemple des livres saints devant servir de référence aux croyants, en Afrique, ont démissionné de leurs responsabilités. Ce sont eux les premiers qui se sont engouffrés dans les offres religieuses élaborées par leurs collègues des autres continents.

Ces déserteurs d’un nouveau genre, souvent très instruits ont laissé derrière eux un champ de ruine à la merci des idées venues d’ailleurs, des croyances importées et qui se battent férocement pour avoir ce territoire abandonné, d’où les violences islamistes et chrétiennes de noël 2011 et les jours suivants au Nigéria.

B- RELIGION ET SOUVERAINETÉ : LE CAS DU JAPON

Peut-on être réellement indépendant en adoptant des religions imposées avec de la violence et accompagnée par de la soumission et l’esclavage ? Le Japon, a érigé la religion d’origine africaine du culte des morts, au rang de religion d’état en 1868, les prêtres shintoïstes payés par l’état, chaque habitant devant s’inscrire comme membre d’un sanctuaire non loin de son domicile. Tout ceci a limité fortement l’installation du christianisme au Japon.

Au 5ème siècle de notre ère, les Japonais sont culturellement très complexés par rapport à leurs voisins Chinois qui ont une religion très forte et structurée : le Confucianisme depuis déjà plus de 8 siècles alors que les Japonais pratiquent encore la religion d’origine africaine non structurée. Chaque village japonais pratique le culte des morts, sans qu’il y ait une synergie entre eux, avec des rites très différents. Pour éviter que le peuple japonais se convertisse en masse dans cette nouvelle religion venue d’ailleurs, les intellectuels japonais se réunissent et posent très clairement la question : « peut-on se développer et devenir un pays fort et puissant en cédant sur l’essentiel, sur la spiritualité venue d’ailleurs? peut-on se dire patriote et avoir honte des pratiques religieuses de ses propres ancêtres ? La réponse à ces deux questions est NON. Mais comment faire ? Le peuple a besoin de croire et est toujours plus naïvement séduit par l’offre toujours alléchante venue d’ailleurs. La réponse est toute trouvée : regrouper et harmoniser le culte des ancêtres des différents villages, pour ne plus laisser à chaque communauté de continuer seul et sans orientation dans une jungle religieuse où elles sont une proie trop facile pour les lucioles des croyances importées. C’est cette harmonisation qui prend le nom de Shintoïsme. Le mont Fuji est désigné et devient sur le plan national, le mont sacré de référence pour la nouvelle religion. Au 21ème siècle, les Japonais de Tokyo sont même allés plus loin dans leur pratique religieuse, en dédiant une chambre entière dans leurs maisons pour ceux qui en ont les moyens, au culte des ancêtres à qui on fait des offrandes, de la viande, de l’eau, du pain. Le Japonais dialogue au quotidien avec son mort, avec ses ancêtres. La conséquence est qu’il est en paix avec lui-même et avec les autres. Le pays est la troisième puissance du monde sans la grande violence, qu’on retrouve dans les pays occidentaux.

C- ET L’AFRIQUE ?

Le christianisme et l’Islam sont des religions introduites en Afrique avec la violence. La religion africaine a démontré d’être une religion de la paix, son fondement est l’harmonie entre les membres de la société. C’est une religion de dialogue et de pardon. C’est ce qui explique que malgré les torts causé par les Européens aux autochtones d’Amérique, aux Africains, aux autochtones d’Australie ou de Papouasie, aucun de ces peuples n’a jamais développé le moindre sentiment de vengeance et même pas de haine à long terme. La religion africaine ne professe pas l’éthique, elle est éthique et morale. ses adeptes, convaincus qu’ils deviennent des divinités après la mort, prennent de la hauteur dans leurs comportements au quotidien.

La jeunesse africaine doit se préparer à reprendre son destin en main, parce que leurs aînés ont lamentablement failli même là où on n’avait pas besoin de cerveau pour avancer : la religion.

Pour éviter les scénarios de terrorisme chrétien et musulman sur le sol africain, il existe une seule solution durable, à mon humble avis, l’Afrique doit débuter sa déconstruction des vérités venues d’ailleurs sans aucune prise sur son environnement, et cesser d’avoir honte de ses croyances ancestrales, se livrant de temps en temps en cachette à des pratiques grotesques qu’il croit être la religion africaine, mais qui au font, ne sont plus que la caricature de l’original. Les gouvernements doivent avoir le courage de mettre les spécialistes au travail pour reformuler en l’adaptant au contexte moderne notre propre religion.

D- LA RELIGION AFRICAIN EST-ELLE RÉTROGRADE ?

La religion est plutôt en avance par rapport aux religions monothéistes, telle l’islam et le christianisme parce qu’elle a réussi
à exorciser complètement la peur de la mort. Le fait que les morts deviennent une divinité permet une sorte de régulation des débordements possibles, garantissant ainsi la sécurité et la sérénité de la communauté. Car chacun est porté à s’auto réguler et éviter la radicalisation dès lors qu’il sait que son père, sa mère, son grand-père etc. doit devenir très bientôt une divinité. Les bombes des chrétiens et des musulmans deviennent une inutilité et une probabilité nulle dès lors qu’on sait que celui qu’on fera passer de la vie à la mort deviendra une divinité capable de nous punir sur nos actions mauvaises, ou alors de nous protéger de tous les maux, que nous récitons et promettons dans nos recueillements de ne jamais les commettre. En d’autres termes, dans la religion africaine, le croyant ne peut pas demander la protection d’un mal qu’il a pu commettre, ce qui le décourage d’emblée d’y recourir comme raccourci pour résoudre ses problèmes. Ceci contraste avec l’Islam et le christianisme qui au contraire promettent à ceux qui commettent du mal aux autres une impunité totale, basée sur le pardon inconditionnel, il suffit de quelques prières et le mal est lavé. On peut donc recommencer son forfait.

La religion qui à priori est une question anodine et intime, est pourtant décisive pour l’affirmation des peuples. La Pape Jean-Paul II s’était battu afin que le christianisme soit inscrit dans le traité européen comme le fondement de l’identité culturel européenne. On ne peut que lui donner raison, puisqu’il rendait ainsi hommage aux croyances de ses ancêtres et le revendiquait. La vraie question était plutôt de savoir quelle place dans cette identité culturelle de l’Europe les Africains chrétiens y trouvaient-ils ? La honte qu’ont certains africains de leurs ancêtres a transformé ce qui reste de leurs croyances en folklore pour charlatans à la recherche de quelques âmes naïves à arnaquer avec des prétendues révélations tout aussi bidon sur l’avenir. Les Etats doivent reprendre la main en Afrique pour fixer la ligne rouge marquant la différence entre les effets bénéfiques de la mythologie religieuse de nos ancêtres et la course au fric qui envahit toutes les couches de la société africaine dite traditionnelle avec la prétendue sorcellerie dans toutes les sauces et les injustes accusations des ennemis choisis pour porter le chapeau sur tout malheur qui peut subvenir.

E- EN AFRIQUE COMME AU JAPON

Comme exprimé plus haut, le Shintoïsme Japonais est une des variantes de la religion africaine La différence entre le Japon et l’Afrique est que la bas, les intellectuels n’ont pas eu honte de leurs croyances. C’est un rapport, un dialogue direct avec son mort que rien ne peut remplacer. Le japonais prend sa sérénité de son mort à qui il voue un culte quotidien, avec qui il dialogue et se sent en paix d’abord avec lui-même et ensuite avec la société entière. c’est le même scénario que nous retrouvons dans la plupart des villages africains où la chambre des morts est remplacée par la foret sacrée, par l’arbre sacré en dessous duquel les sacrifices sont déposés, de l’huile de palme versée à même le sol ou de morceau de viande de chèvre que les fourmis en feront un vrai festin.

F- QUELLE RELIGION AFRICAINE AU 21ème SIÈCLE ?

Au moment où on assiste à la plus forte urbanisation de l’Afrique, avec des villages qui sont en passe de devenir des villes, les états africains devraient se concerter pour harmoniser l’offre religieuse africaine, avec la création dans toutes les villes africaines, d’une sorte de jardin botanique d’un genre nouveau, devant servir au recueillement et aux sacrifices que les croyants africains et les convertis d’autres continents pourront venir trouver un moment de paix en écoutant bruit des oiseaux ou tout simplement le ruissèlement de la rivière artificielle si importante dans les croyances africaines comme instrument de purification.

Si au contraire rien n’est fait, le désarrois religieux des populations africaines continuera à créer cette espèce de no man’s land, la terre de personne, une sorte de supermarché des âmes où tous les chacals du monde viendront à la chasse de leurs proies pour alimenter d’abord leurs caisses et leurs gloires avec des conséquences souvent fâcheuses entre les prédateurs comme les événements tristes de Abuja au Nigéria le jour de noël et les jours suivants pour la vengeance.

L’Afrique n’a rien à voir dans des batailles de conquête et de positionnement des religions importées. Sans la religion de nos ancêtres, le nomadisme spirituel dans lequel vivent les Africains depuis trop longtemps sera toujours un élément de déséquilibre sociétal et de déchéance culturelle. Plus l’état cède sa place aux religions importées qu’elle ne peut pas maîtriser et plus il descend en enfer pour la gestion courante de la vie de ses citoyens.

G- QUELLE MODELE DE SOCIÉTÉ POUR UNE AFRIQUE BIENTÔT PROSPÈRE

L’Afrique deviendra dans les prochaines années une des principales puissances économiques du monde. La religion que nous adopterons formatera la société dans laquelle nous voulons vivre. Les deux principales religions importées ont des choses en commun, contraires à nos intérêts :

– le fatalisme : les africains qui ont subit le travail forcé ont tendance à associer au travail l’explication de punition, de soumission. Si une religion peut le consoler en attribuant toutes les causes à un dieu. Il n’en reste pas moins que notre priorité est de mettre les personnes au travail, c’est d’amener les jeunes à aimer le travail. C’est d’encourager les jeunes à créer le travail afin d’être maîtres de leurs destins. Pour l’Afrique, le fatalisme de ces deux religion est plutôt nocif.

– triomphe de l’individu sur la société, sur la communauté. La richesse la plus insolente du monde peut côtoyer la misère la plus criante sans gêner personne à New-York ou à Dubai. La pauvreté est même vantée comme une vertu. Ainsi, Dieu ne préfère-t-il pas les pauvres aux riches ? Dans tous les cas, ces deux religions ont besoin qu’il y ait des pauvres afin que le riche puisse avoir l’opportunité de laver sa conscience en donnant quelques miettes. Notre objectif en Afrique est de fuir la pauvreté à vitesse grand V.

– Manque de patriotisme : Les dettes de l’état japonais sont totalement absorbées par les entreprises japonaises qui dans le
Shintoïsme, évite que ce soit quelqu’un en dehors du groupe à venir résoudre les problèmes financiers de leur état, au moment où en Occident, ce sont des individus qui spéculent sur le chute de leur gouvernement, qui parient sur leur déclin à eux tous. Le jour où ils ont compris qu’ils pouvaient gagner quelques dollars en plus en déplaçant les usines vers la Chine, ils se sont tous précipités à fermer les entreprises en Occident sans se préoccuper des dommages que cela pouvait créer à la société qui leur avait donné tant de chance et de fortune. Le plus ridicule est que mêmes les Etats s’y sont mis. On a ainsi vu l’Etat Français actionnaire dans une grande compagnie, délocaliser les parties administratives et comptables vers l’Inde en mettant au chômage des centaines de ménages de Français.

Est-ce le genre de modèle de développement que nous voulons pour l’Afrique ? Je ne pense pas. Nous devons revenir au culte de nos ancêtres afin de retrouver cette solidarité ancestrale qui a fait notre force et garanti l’équilibre de notre société même durant les dures périodes de l’oppression et de l’humiliation de l’occupation européenne. La prospérité du continent africain ne sera effective et stable que si elle impliquera tout le monde, comme tout un village.
Arrêtons de singer des modèles de développement que nous ne maitrisons pas et surtout, des modèles que même celui qui nous l’a apporté ne le maitrise pas lui-même, vue la crise profonde dans laquelle lui-même se trouve, afin de réinventer notre propre modèle de développement humain en partant de nos villages, en commençant par faire de nos campagnes le premier cercle de production et de distribution de la richesse. Nos villes ne pourront que suivre la vague ainsi créée et maîtrisée.

Si nous ne revenons pas à nos fondamentaux, le déséquilibre entre l’économie florissante et une poche de miséreux sera inévitable. L’individualisme et l’égoïsme des religions monothéistes dans lesquelles personne n’a de compte à rendre à personne d’autre qu’à Dieu ont fabriqué le Dieu Argent.

H- CONCLUSION

Les Africains qui vivent en Europe ont entendu au moins une fois cette phrase « tu n’es pas comme les autres, tu es plus intelligent » La plupart de ceux qui sont chrétiens ou musulmans réagissent comment ? Ils se sentent flattés. Ils se sentent élus et très souvent, ils en rajoutent. Par contre ceux qui pratiquent le culte des morts réagissent par l’indignation. Parce que ces autres jugés peu-intelligents c’est une partie de nous-mêmes, c’est nous mêmes qu’on insulte. car selon nos croyances, nous ne sommes rien dans notre groupe, nous avons beau exceller dans le monde entier, mais tant que notre peuple est piétiné, c’est nous-mêmes qui sommes piétinés. Les prisons européennes sont pleines à craquer d’Africains qui ont commis un seul tort, celui dit de « l’immigration clandestine » et les autres africains qui sont en règle ou qui ont la nationalité dans ces pays sont convaincus que cela ne les regarde pas. Erreur. Nous devons à chaque fois faire un retour aux sources dans nos propres racines, dans nos propres traditions et croyances pour chercher à interpréter tout ce qui nous arrive. On comprendrait alors très vite que ces sans-papiers incarcérés sont une partie de nous-mêmes. Qui sommes-nous ? Nous sommes ce qu’est notre famille. Nous sommes ce qu’est notre pays. Nous sommes ce qu’est notre continent. S’il est pauvre, c’est nous qui sommes pauvres. S’il est humilié, c’est nous tous qui le sommes.

Lorsqu’on trahit la mémoire de ses ancêtres on peut tout trahir. Lorsqu’on trahit ses propres morts on ne peut reculer devant rien pour ses intérêts personnels. Ceux qui ont honte de nos ancêtres sont une indication de ceux sur qui nous ne pouvons baser l’espoir de la renaissance africaine. L’Afrique fera bientôt partie de ceux qui comptent dans le monde. Se présentera-t-il à ce rendez-vous en revendiquant fièrement son authenticité ou en singeant les autres? Les langues africaines feront-elles partie de cette fierté ? Mais existera-t-il une Afrique digne sans sa religion ?

03/01/2012

Jean-Paul Pougala

 

http://www.pougala.org

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