Le combat évolue certes lentement mais surement. Comme le disait le Professeur Cheikh Anta Diop, « si réellement l’égalité intellectuelle est tangible, l’Afrique devrait, sur des termes controversés, être capable d’accéder à la vérité par sa propre investigation intellectuelle, se maintenir à cette vérité jusqu’à ce que l’humanité sache, que l’Afrique ne sera plus frustrée, que les idéologues perdront leur temps, parce que ils ont rencontré des intelligences égales qui peuvent leur tenir tête sur le plan de la recherche de la vérité »
1.6.2014
2.5.2014
Le MOSEMA dénonce le franc CFA au Cameroun
Le MOSEMA, MOuvement pour la Souveraineté Economique et Monétaire d’Afrique, continue son travail d’éveil des consciences. Cette fois-ci c’est au Cameroun où le MOSEMA s’installe. Les conférences publiques ont rassemblé plusieurs milliers de personnes dans les villes camerounaises de Douala, Yaoundé et Dschang, durant le mois d’Avril 2014.
La télévision camerounaise n’a pas manqué l’occasion d’interviewer un des membres fondateurs du MOSEMA: le professeur Nicolas Agohou qui continue d’apporter la preuve que la pauvreté en Afrique n’est pas une fatalité mais au contraire la conséquence d’un système qu’il faut dénoncer.
http://youtu.be/1g3o6pLxkGQ
17.2.2014
France contre Cameroun : Chronique d’une déstabilisation en marche
La crise en RCA, aux origines de laquelle la France n’est pas étrangère, ne constitue qu’un prétexte qui lui permet plus que par le passé, de poster ses troupes sur le territoire camerounais.
Un sondage réalisé à la veille du Sommet de l’Elysée sur « la Paix et la Sécurité en Afrique » du 5 au 7 décembre 2013, commandé par deux organes de presse de la Droite française relatif à la perception que les Africains subsahariens dits francophones ont des Français, de la France et de sa politique en Afrique, révèle que 78,75 % des Africains ont un sentiment profondément anti-français. Ce pourcentage est plus élevé chez les élèves, Etudiants et une grande partie de l’élite intellectuelle et économique. En Côte d’Ivoire et au Cameroun, (les deux Etats les plus importants de la zone franc), ce pourcentage se situe respectivement à 84,60 % et à 89,78 %.
Ce sondage, qui a été réalisé en marge du Rapport Védrine sur l’Afrique (dont nous ferons l’écho tout au long de cette année 2014 du fait des remous qu’il suscite sur le Continent noir et de sa dangerosité pour les Africains), n’a pas été révélé au public à cause de ses résultats inattendus par ses commanditaires et de l’effet psychologiquement dévastateur que cela aurait eu sur le Sommet France/Afrique de l’Elysée.
L’objectif initialement visé au cours de cette enquête, eut été de montrer au reste du monde comment la France, magnanime, rayonnante et éternellement généreuse, uvre depuis la nuit des temps, pour la stabilité et le bien-être des Africains, tout comme pour la paix dans une Afrique en proie à des conflits, des famines et à des guerres inter tribales et/ou confessionnelles. À la fin de cette étude, « ces Spécialistes français de l’Afrique » se sont intéressés à un cas assez particulier et atypique à leurs yeux : celui du Cameroun en s’interrogeant sur les facteurs et/ou éléments explicatifs de «cette francophobie montante dans ce pays et l’installation d’un fort courant souverainiste et nationaliste dans les milieux intellectuels, estudiantins, culturels, politiques et surtout économiques». Que faire pour inverser la tendance dans cet Etat-clé de la politique africaine de la France en Afrique ?
Des prétextes ne manquent pas…
Dans le Rapport Védrine présenté le 4 décembre 2013 au Président François Hollande, à la page 33 de ce document qui en compte 131, les Autorités françaises semblent reprocher au Gouvernement camerounais (sans le dire), d’avoir permis à la Malaisie (par Américains interposés) d’être présente sur le marché camerounais grâce à l’exploitation du pétrole tchadien via le pipe-line, d’avoir accordé au Vietnam par sa compagnie Viettel, la 3ème licence pour l’exploitation de la téléphonie mobile au Cameroun , d’avoir permis à la Turquie de gagner de nombreux et importants marchés au Cameroun et surtout d’avoir ouvert le ciel camerounais à la compagnie aérienne Turkish Airlines avec des liaisons directes entre Istanbul/Ankara et des villes camerounaises. Sans parler de la Corée, surtout de la Chine dont la présence en Afrique en général et au Cameroun en particulier est dénoncée à longueur de semaines par RFI : l’une de ses caisses de résonance au Sud du Sahara.
Aussi, pour la France et ses réseaux, le Cameroun est-il devenu la prochaine étape dans sa «nième expédition militaire en Afrique » .Une véritable bête noire à déstabiliser par tous les moyens. Officines, Cercles de Réflexions et barbouzes ayant pignon sur rue sur la place parisienne sont à l’uvre depuis quelques mois. Malheureusement et comme toujours en pareille circonstance, des Camerounais en quête de positionnement pour l’après-Biya y apportent leur « expertise ».
Au-delà des formules diplomatiques toutes faites du genre «pays ami, relations historiques, partenaire stratégique, » le Cameroun, que l’on ne s’y trompe pas, est dans le viseur des officines françaises et de leurs services spécialisés en matière de déstabilisation. «Ces Cercles de réflexion » ont élaboré et planifié des stratégies disent-ils, aux fins de rectifier la nouvelle trajectoire que le Cameroun semble emprunter vis-à-vis de la France, tant au plan idéologique (francophobie, souverainisme homophobie ) qu’économique (attribution des parts de marchés aux Chinois, Turcs ).C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre l’attribution de la construction du 2ème pont sur le Wouri obtenue par la France au forceps.
Cependant, le constat sur la Coopération entre la France et l’Afrique 50 ans après, est clair et sans équivoque : Aucune perspective de développement avec la France comme partenaire. Du Nord au Sud, de l’Est comme à l’Ouest du Continent noir, les Etats de l’espace dit francophone sont les moins développés. Economiquement étouffés par l’encombrante tutelle d’une France au bord de la faillite, n’eût été la zone Franc (dont elle en appelle l’élargissement aux pays anglophones et lusophones de tous ses vux. (Voir Rapport Védrine page 80). Les Chefs d’Etat africains sont persuadés que l’émergence de leurs pays pour laquelle ils se disent engagés ne peut rythmer avec un partenaire au bord de la faillite économique, financière et éthique comme la France. Comme le dit le Président du Zimbabwe Robert Gabriel Mugabe « le soleil s’est couché à l’Ouest pendant qu’il se lève à l’Est ». Les dirigeants africains qui veulent développer leurs pays se tournent progressivement vers d’autres horizons. Aucun espoir donc avec la France.
…La France : source des conflits armés et vecteur de misère en Afrique francophone : déstabiliser la RCA pour occuper le Cameroun
Par les résultats du sondage cité plus haut, les Africains confirment par une écrasante majorité que la France est à la base des maux qui minent et appauvrissent l’Afrique. Et qu’au-delà de la rhétorique bien connue, celle d’une France humaniste généreuse, et assistante des pays africains, ce sont ces derniers qui, par des mécanismes échafaudés depuis la Conférence de Brazzaville (30janvier-06février 1944) par le Général de Gaulle (théoricien de la colonisation) qui soutiennent la France et lui donnent l’illusion d’être une grande puissance. La posture d’une pseudo- grandeur de la France, distillée et inoculée dans la conscience des Africains depuis des années, a vécu. L’évolution des Etats comme le Kenya, le Mozambique, l’Ouganda, le Zimbabwe, l’Ethiopie, ou le Ghana, et le Botswana, ou la Zambie sont des cas parlants quand on les compare aux pays africains dits francophones, dont les richesses naturelles et minières sont pillées à longueur des décennies pour entretenir les Français menacés par le chômage et la misère.
Pour le cas du Cameroun, il faut relever que la déstabilisation de ce pays par la France, de façon formelle, a été conçue et planifiée dès l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir. La raison invoquée étant «de chasser du pouvoir, les Chefs d’Etat africains ayant mis du temps au pouvoir au nom de l’ « alternance démocratique et des Droits de l’Homme ». Mais la réalité est qu’il voulait évincer les présidents africains qui lui paraissaient moins saisissables et moins malléables et qui, par expérience, essaient depuis quelques années, de diversifier leur coopération en s’orientant vers des partenaires économiques plus crédibles, fiables et disposant de moyens financiers conséquents pour leur politique en matière de développement.
Les services secrets français et autres Officines posent comme postulat de base : «l’imminence d’un changement à la tête de l’Etat du Cameroun compte tenu du vénérable âge du Président Biya (81 ans) ». Pour ces réseaux, il faut absolument prendre des initiatives pour mieux gérer ce changement de régime qui s’annonce à Yaoundé. Ils décident dès lors de déterminer, d’encadrer, et surtout de s’impliquer activement dans les processus décisionnels politico-stratégiques, formels et/ou informels afin que ce changement se déroule au mieux des intérêts et de la position stratégique et militaire de la France au Cameroun et partant, en Afrique centrale. Impatients, et las d’attendre la survenance de la disparition du Président Biya, ces think-tanks français montent et concoctent les scénarii et simulations les plus abjectes, dans le but de trouver une personne plus saisissable et moins énigmatique que Paul Biya.
Susciter des troubles pour une intervention militaire à la moindre faille au nom du droit d’ingérence humanitaire :
Ces mêmes officines explorent des pistes, scrutent des fissures et essaient d’entretenir des antagonismes au sein de la société camerounaise susceptibles de dégénérer en conflit sociopolitique ou crise pouvant être exploités par ces barbouzes aux fins de justifier l’intervention de «la Communauté internationale » dont la France s’est auto proclamée le porte-parole. Invoquerait-elle la menace que ces troubles font peser sur ses ressortissants et leurs biens. Ce qui donnerait une occasion à Paris d’intervenir militairement. Comme en Côte d’Ivoire, en Libye, au Mali et actuellement en RCA, la France instrumentaliserait le Conseil de sécurité des Nations Unies en y faisant adopter une Résolution sous le Chapitre 7 de la Charte
.Au regard de l’ampleur des troubles qu’elle aura pourtant initiés, Paris déploierait ses troupes pré positionnées au Tchad, en RCA, au Gabon. Le Cameroun serait alors formellement réoccupé par une France, sceptique et inquiète de son déclin. Elle appellerait à l’organisation d’une mascarade électorale à l’instar de celle qui va se tenir bientôt à Bangui. Son candidat étant connu d’avance et son élection assurée par ses réseaux et officines. Au terme de ce cirque électoral, la France placerait alors un Préfet régional à la tête de l’Etat du Cameroun comme en Côte d’Ivoire, pour le bonheur et le bénéfice perpétuels de ses multinationales (Bolloré, TOTAL, ELF, SGB, BOUYGHES etc.).Tout ceci, avec le soutien et l’activisme de quelques comparses camerounais (Voir Rapport Védrine page 121).
Pendant ce temps des « Vautours français », qui considèrent le Cameroun comme une charogne, font des répétitions générales, affûtent leurs serres en attendant le signal qui leur sera donné par leurs services secrets en mission avancée sur le territoire camerounais (notamment dans le Grand Nord pour divers motifs (prises d’otages français Opérations Sangaris ).
Ces différents Groupes et Associations d’amitié franco-camerounais en connexion avec les réseaux et officines françaises travaillent en synergie avec les Cellules gouvernementales de l’Elysée, du Ministère des Affaires étrangères et des services secrets qui en sont les véritables pourvoyeurs de fonds qu’ils distribuent durant leurs réunions bimensuelles. Au dernier trimestre de l’année 2013 un ex-Monsieur Afrique sous le président Chirac et ancien Ambassadeur en Côte d’Ivoire y a activement participé et ont coopté deux jeunes Cadres camerounais fraîchement sortis l’un de HEC de Paris et l’autre de Polytechnique après leur initiation à la franc-maçonnerie. D’autres ex-Messieurs Afrique des gouvernements successifs en France y contribuent. Nombre d’entre eux sont des habitués des coups d’Etat, ou tordus en Afrique et dont les mains sont maculées du sang des nationalistes africains à l’instar de Mr Guy Penne de l’époque du Président Mitterrand dont le nom est étroitement associé à l’exécution du Président burkinabé, Thomas Sankara, par son « ami Blaise Compaoré ».
Ce sont eux qui, de temps à autre commanditent des émissions en invitant des « spécialistes français du Cameroun » sur des chaînes de télévision, des organes de presse, des radios (RFI, TV5, France 24 (cf. émission et reportage diffusés samedi 18/01/2014 par France 24 sur les homosexuels au Cameroun). Une véritable machine de guerre psychologique est lancée par ces lobbies, pour diaboliser et stigmatiser le régime de Yaoundé. D’une semaine à une autre, ces lobbies exhument telle affaire sur le Cameroun comme celles du Camerounais Thierry Atangana ou celle de la traduction de trois Ministres camerounais devant les tribunaux parisiens, comme si on peut en faire de même pour les Ministres français devant les tribunaux camerounais ; l’article Mr Marafa paru en janvier 2013, dans la Tribune du journal le Monde, le jour même où le Président Biya est en visite en France, tout comme le dernier reportage de Afrique magazine sur Mme Biya sans oublier l’incident survenu à l’Hôtel Meurice au cours du Sommet de l’Elysée sur la Paix et la Sécurité en Afrique de décembre dernier participent de cette stratégie du goutte à goutte pour déstabiliser le Cameroun.
Voilà un Etat qui se dit « grande Puissance », qui organise un Sommet pour la Sécurité pour tout un Continent et se trouve incapable d’assurer la Sécurité de ses Hôtes. Sinon, peut-on imaginer que le Président Hollande, en visite officielle à Yaoundé, se retrouve nez à nez avec ses opposants à l’hôtel Hilton où il est censé loger, et ce, à la barbe des services de sécurité camerounais ? Les rapports actuels entre Yaoundé et Paris, doivent être perçus et décryptés sous le prisme du changement de régime à Yaoundé que la France prépare en ce moment. Même ces récurrentes prises d’otages, suivies de leur libération dans des conditions obscures où l’on évoque le déblocage d’énormes sommes d’argent, et les multiples va-et-vient de Laurent Fabius, Chef de la diplomatie francaise, alors qu’il peut déléguer cette opération de relation publique à ses adjoints sont à mettre dans ce registre de tension pernicieuse et silencieuse qui prévaut entre Paris et Yaoundé.
Le Président Paul Biya, en vieux briscard de la scène politico-diplomatique africaine, averti de toutes ces manuvres françaises, observe d’un regard apparemment distrait pourtant attentif en fin manuvrier. Il reste une énigme insaisissable pour les réseaux et officines français. Il est urgent de ne rien dire qui puisse donner prétexte aux militaristes français au pouvoir à Paris, pour justifier leur intervention au Cameroun pense le Chef de l’Etat camerounais. Pendant ce temps, lobbies et Réseaux l’observent, scrutent ses moindres faits et gestes à chacune de ses sorties en Europe comme au Cameroun dans l’espoir de déceler ou de détecter le plus petit signe de fatigue ou de malaise qui permettrait à leurs medias d’emboucher les trompettes de Jéricho pour annoncer la fin de règne tant attendue au Cameroun .C’est dans ce registre qu’il faut mettre l’article que le journal Le Monde diplomatique, intitulé « Interminable fin de règne à Yaoundé » commandité par les mêmes officines, a publié à la veille de l’élection présidentielle de 2011.
Les Camerounais et la crise post-électorale en Côte d’Ivoire (2010-2011).
De rancune tenace, la France n’a pas oublié la position des Camerounais, « ceux d’en bas comme d’en haut », vis-à-vis de la crise ivoirienne post-électorale qui a abouti à la déportation du Président Laurent Gbagbo à la Haye .Une position qui a été rappelée dans un style sibyllin par le Chef de l’Etat camerounais, lors de la présentation des vux au Corps diplomatique en janvier 2011. Un message qui a été mal encaissé par le Président Nicolas Sarkozy. En effet, le Chef de l’Exécutif camerounais avait laissé entendre en quelques mots et dans un style qui lui est propre que les richesses naturelles et minières que l’Afrique regorge sont l’objet de convoitises et de rivalités entre les grandes Puissances au point d’en constituer l’une des sources des crises et des conflits en Afrique.
A cette période, les Compagnies pétrolières venaient de découvrir en l’espace de quelques semaines, trois méga gisements de pétrole aux larges des côtes ivoiriennes après ceux du Ghana. En plus, les Sociétés françaises installées en Côte d’Ivoire livraient une impitoyable bataille (qu’elles étaient sûres de perdre) contre les Compagnies des pays comme la Chine, le Brésil ou l’Inde pour la conservation des parts de marché comme souligné dans le Rapport Védrine. Aussi la réélection de Laurent Gbagbo était-elle perçue comme un cauchemar et une descente aux enfers pour les Chocolatiers français, mais également pour Total, Elf ou même Bolloré dont les positions de rente qu’il occupe sur le Continent noir dans la gestion des ports de la côte ouest-africaine, semblaient être menacées en cas de changement de régime politique à Abidjan.
L’attitude et le mépris affichés par Nicolas Sarkozy à l’égard de Paul Biya, le 21 mai 2011 à Abidjan lors de la prestation de serment d’Alassane Dramane Ouattara, furent des signes visibles du froid qui s’est instauré entre Paris et Yaoundé au sujet de la Côte d’Ivoire. Le Président français, assis à droite du Président Paul Biya, avait fait semblant d’ignorer son homologue camerounais ; ce dernier à son tour également, lisant un journal qu’il tenait en main pour la circonstance avait superbement ignoré le Président français.
Déstabiliser le Cameroun : Une équation à plusieurs inconnues
Il est clair qu’une réélection de Nicolas Sarkozy à la tête de l’Etat français en mai 2012 aurait accéléré voire précipité la mise en uvre de la déstabilisation du Cameroun que les Réseaux officiels et privés français ont réactivé depuis quelque temps.
Toutefois. « Ces spécialistes français du Cameroun» ignorent ou oublient certaines données historiquement vérifiables qui tendent à éloigner normalement le peuple camerounais de l’espace francophone africain tant vanté et qui alimentent et complexifient les relations entre le Cameroun et la France. Limités par la dimension paroissiale de leur culture politique ces experts en « camerounologie »devraient se rappeler que :
1- Le Cameroun au regard du Droit international n’a jamais été une colonie française mais allemande. Les Français sont donc entrés au Cameroun par effraction. Et les Camerounais dans leur immense majorité les considèrent comme des imposteurs qui par leurs meurtrières ventouses, exploitent et pillent leurs richesses depuis des siècles. C’est l’équation Français = Exploiteur qui est enracinée dans la conscience collective du peuple camerounais. Ils n’ont qu’à se remémorer de leur comportement pendant et après la crise électorale en Côte d’Ivoire.
2- Le Cameroun reste le seul territoire en Afrique noire à avoir combattu l’ordre colonial français au prix du sang et de nombreux sacrifices. Des nationalistes tels que Ruben Um Nyobe, Félix Roland Moumié, Osende Afana, Ernest Ouandié, que les colons français et leurs réseaux ont tôt fait d’appeler « maquisards » ont payé de leurs vies pour la libération du Cameroun. En clair, les traumatismes provoqués par la présence française au Cameroun restent vivaces ; bien plus, ces tristes et inoubliables souvenirs refont surface et se ravivent dès que le moindre signe relatif à la déstabilisation du Cameroun par la France (comme ces dernières semaines) est ressenti ou perçu.
3- La communauté anglophone au Cameroun représente plus de 20 % de la population totale.Une population que la France, par une subtile stratégie, élaborée dans les sphères décisionnelles de la Francophonie voudrait faire fondre (comme un morceau de sucre dans un océan) dans l’espace francophone. Ce que ces « Camerounologues français » oublient c’est qu’avant l’arrivée du Président actuel au pouvoir en 1982, le Cameroun n’appartenait ni à la Francophonie ni au Commonwealth of Nations britannique ; une Francophonie devenue l’un des instruments d’influence, d’étouffement et de domination de l’Afrique par la France (cf. : Rapport Védrine page3)
La déstabilisation du Cameroun constitue donc pour ces lobbies, une équation à plusieurs inconnues assorties de nombreux paramètres difficiles à résoudre. Le Président François Hollande, plein de contradictions, a déclaré le 20 décembre 2013 à Bruxelles lors du dernier Sommet de l’Union Européenne « L’intervention française en RCA est pour le rayonnement et la grandeur de la France et de l’Europe. Le drapeau français flotte déjà dans le ciel centrafricain. Au cur de l’Afrique. Notre désir le plus vif est que celui de l’Europe y soit hissé. La France est en RCA pour l’Europe. » Voilà le vrai agenda des Autorités Françaises en RCA.
Une France pyromane se révèle-t-elle d’elle-même par la voix la plus autorisée ? Près d’un mois après, ce même François Hollande au cours d’une intervention sur France 24, le 18 janvier 2014, laisse entendre que « la France n’est pas le gendarme de l’Afrique et n’entend pas le redevenir ».Quelle étrange et curieux suivi dans les idées Monsieur le Président français ! Quelques minutes après, dans cette même chaîne, les lobbies homosexuels faisaient diffuser un reportage insultant, relatif « aux homosexuels au Cameroun, qui sont victimes d’une effroyable répression et privés de tous les droits ». La Voix de l’Elysée( France 24) en faisant de Me Alice Nkom (avocat des pédés au Cameroun) la Femme de l’année 2013 au Cameroun et l’une des plus influentes dans ce pays, a montré le mépris que la France a du Cameroun et des Camerounais . Ces derniers sont désormais conscients que la crise en RCA, n’est qu’une escale vers la destination finale qu’est le Cameroun, notamment Yaoundé.
Mais la réalité est que la France est au bout du rouleau. Même ses abrutissants médias que sont : RFI, TV5, France 24 ne trompent plus personne depuis que leur agenda caché a été révélé aux Africains lors de la crise ivoirienne en 2010-2011. La pente de déclin, de la décadence morale et éthique amorcée par la France (même en réoccupant les Etats africains par le brigandage et la force armée comme elle le fait ces dernières années) est irréversible. C’est la fin d’un mythe .En adoptant l’homosexualité comme nouveau mode de vie et de perpétuation de l’espèce humaine d’un genre nouveau, par l’adoption des enfants que d’autres couples ont mis au monde, l’Occident impérialiste en général, et la France en particulier ont signé l’acte de décès de leur domination sur le reste du monde. Les masques sont tombés, exposant ainsi leurs tares et luxures aux autres cultures et civilisations. Le mythe d’une France investie d’une mission civilisatrice jusqu’aux confins de la planète a vécu. Celui d’un Occident civilisé aussi.
Ces lobbies, qui s’organisent et s’agitent à Paris pour déstabiliser le Cameroun avec l’espoir qu’ils seront aidés en cela par d’autres Camerounais se trompent d’entreprise. La majorité des Camerounais, en ce début d’année 2014, est consciente que c’est la France, par sa politique impériale et agressive, qui est la Véritable et Unique ennemie du Peuple camerounais.
Que les Camerounais, plus que tous autres les Africains n’oublient pas que la première Résolution politique issue de la Conférence Africaine française de Brazzaville par De Gaulle rappelle que « les fins de l’uvre de civilisation accomplie par la France en Afrique écartent toute idée d’autonomie, toute possibilité d’évolution hors du bloc français de l’Empire ;la constitution éventuelle, même lointaine, de self-government dans les colonies est à écarter ». C’est ce que Sarkozy poursuivait hier et c’est que Hollande tente de continuer aujourd’hui.
L’affrontement entre une Afrique pleine de vitalité et une France vieillissante et décadente devient inévitable.
Armand Roger Biloa Mballe
Le Sphinx Hebdo
24.12.2013
Centrafrique : les raisons cachées de l’intervention française
Source :
http://www.michelcollon.info/Centrafrique-les-raisons-cachees.html?lang=fr
Centrafrique : les raisons cachées de l’intervention française
Olivier Ndenkop
14 décembre 2013
Contrairement à l’« impératif humanitaire » agité par le président François Hollande, l’ « Opération Sanguiris » menée par 1 200 soldats français vise à contrer l’arrivée des Chinois et surtout à contrôler les réserves d’or, de diamant et d’uranium présentes dans le sous sol de la Centrafrique. Un pays plus grand que la France et Belgique réunies et où Areva, Total, Bolloré, France Télécom… dictent déjà la loi, malgré les atrocités.
Après la Côte-d’Ivoire de Laurent Gbagbo, la Libye de Kadhafi et le Mali en Afrique de l’Ouest (Opération Serval), la France a décidé le 3 décembre dernier d’intervenir militairement en République centrafricaine (RCA), un pays situé justement au centre de l’Afrique. François Hollande et ses officiers ont attribué le nom d’un papillon aux ailes rouge sang à cette opération militaire : le « Sanguiris ». Cette « Opération Sanguiris » est entrée dans sa phase opérationnelle le 8 décembre, date à laquelle 800 soldats sortis des casernes hexagonales 72 heures avant, ont rejoint leurs collègues à Bangui, capitale de la RCA. Ce ralliement porte à 1 600 le nombre de militaires français dans ce pays étendu sur 622 980 km2 et peuplé de cinq millions d’âmes damnées par un demi-siècle de guerre et de misère tous azimuts. Avant l’ « Opération Sanguiris », l’armée française disposait déjà des troupes suréquipées en Centrafrique. Elles sont stationnées à l’aéroport de Bangui-Mpoko.
Officiellement, l’ « Opération Sanguiris » est la réponse à une « situation catastrophique ». Une réaction « humanitaire », pour sauver « un peuple qui souffre et nous appelle », a déclaré François Hollande le 6 décembre lors du Sommet Afrique-France qui se tenait à l’Elysée. « Les Français doivent être fiers d’intervenir quelque part sans intérêts », a ajouté le « socialiste » Hollande. Le même jour et au même endroit, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), s’était joint au président français au grand cœur pour saluer la décision ainsi prise par le successeur de Nicolas Sarkozy. Ban Ki Moon avait personnellement fait le déplacement de Paris pour participer à la grand’messe françafricaine organisée et présidée par M. Hollande avec pour thème officiel : « Paix et sécurité en Afrique ». Avant Ban Ki Moon, d’autres fonctionnaires de l’ONU comme Navi Pillay et Jan Eliasson avaient, à tour de rôle, agité le spectre d’un « conflit ethnique et religieux » qui « paralyse la Centrafrique ». Finalement, l’ONU a voté la résolution 2127 qui autorise une intervention militaire africaine avec l’appui des forces françaises. Quelle suite logique !
La France n’a pas d’intérêts en République centrafricaine : Vrai ou faux ?
Ce serait un non sens que la France qui n’a pas une longue tradition de philanthropie intervienne en Centrafrique tout simplement pour « sauver un peuple qui souffre et nous appelle ». D’autant plus que les souffrances des Centrafricains ne datent pas de 2013 ! Ce peuple souffre depuis 1960 des turpitudes de ses six présidents successifs : David Dacko, Bokassa Ier, André Kolingba, Ange F. Patassé, François Bozizé, Michel Djotodia. Tous sont arrivés au pouvoir après un coup d’Etat. Et la main de la France, puissance colonisatrice a toujours été perçue ou annoncée derrière ces différents putschs.
La France a des intérêts en Centrafrique. Aujourd’hui, elle contrôle l’économie centrafricaine ou ce qui en tient lieu. Bolloré y a la main mise sur la logistique et le transport fluvial. Castel règne en maître dans le marché de la boisson et du sucre. CFAO y contrôle le commerce des voitures. Depuis 2007, France Telecom est entrée dans la danse. AREVA est présente en RCA même si, officiellement, le géant du nucléaire n’est encore qu’à la phase de l’exploration. Total y renforce son hégémonie dans le stockage et la commercialisation du pétrole, mais doit composer avec Tradex, une société camerounaise spécialisée dans le trading des produits pétroliers. Depuis l’arrivée de Michel Djotodia au pouvoir en mars 2013, un ballet d’hommes d’affaires et de lobbyistes français s’observe à Bangui. Jean-Christophe Mitterrand, Richard Attias, Claude Guéant, Laurent Foucher… s’illustrent par un activisme affairiste en Centrafrique, révèle régulièrement la presse. Et ce n’est pas nouveau.
Lorsque la France installe un nouveau chef à la tête de la Centrafrique, de nouveaux liens d’affaires naissent et se consolident en violation des lois et parfois de l’éthique. Au tournant de la décennie 70 par exemple, une scabreuse affaire, révélée par un journal français, Le Canard enchaîné a présenté aux yeux du monde le type de relations qui existe entre certains présidents français et ces nouveaux dictateurs qu’ils placent à la tête des néo-colonies.
En effet, lâché par la France à qui il avait abandonné l’exploitation de son pays sans se soucier des intérêts de la population, Bokassa Ier (il s’est fait introniser comme empereur pendant son mandat) avait révélé les plaquettes de diamant qu’il offrait en cadeau à son homologue français. Le 10 octobre 1979, l’hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné porta cette « Affaire » sur la place publique. La classe politique s’en était saisie. L’affaire porta un sérieux coup à la carrière politique du président. Eclaboussé, Giscard d’Estaing fut battu aux élections de 1981 par le « socialiste » François Mitterrand…Autant dire que ce n’est pas en Centrafrique que la France ira faire des leçons de morale !
A la recherche du paradis perdu
Derrière ses multiples « Opérations » guerrières, la France tente bon an mal an de reprendre ses positions économiques en Afrique. Le 4 décembre, alors que les troupes françaises prenaient la direction de Bangui, Pierre Moscovici présidait un forum économique franco-africain à Bercy. Le ministère français de l’Economie avait réuni 560 entrepreneurs français et africains, des ministres et des chefs d’Etat pour tenter de sauver la place de la France en Afrique. Séance tenante, Hubert Védrine, ancien ministre français des relations extérieures, a donné une sorte de bouée de sauvetage au ministre Moscovici à la recherche des quatre points cardinaux ! Il s’agit d’un rapport intitulé : Un partenariat pour l’avenir : 15 propositions pour une nouvelle dynamique économique entre l’Afrique et la France. Dès le premier point, le Rapport Védrine propose de réviser « la politique française de visas économiques afin de faciliter la circulation des acteurs économiques entre la France et l’Afrique ». Ce qui est déjà une véritable révolution. Jusqu’ici, les entrepreneurs africains qui sollicitaient un visa pour la France étaient soumis aux mêmes conditions draconiennes qu’un adolescent désireux d’aller poursuivre ses études en Hexagone. Comme si un Africain capitaine d’industries prospères dans son pays représentait un risque migratoire pour l’Europe ! Les temps ont changé. Et pour « renforcer l’influence de la France en Afrique » (15ème proposition du Rapport Védrine), les autorités françaises font donc des concessions. Comment pouvait-il en être autrement ? « En dix ans, la France a perdu la moitié de ses parts de marché en Afrique subsaharienne », a reconnu Pierre Moscovici.
Face aux 26 chefs d’Etat qui ont pris part au Sommet de l’Elysée, le président français a multiplié les opérations de charme. Il a annoncé la mise en place d’un fonds d’investissement de 20 milliards. L’hôte des présidents africains a aussi pris l’engagement d’affecter un milliard d’euros à l’Agence française de développement (AFD) pour le soutien du Green business, de l’innovation et des nouvelles technologies en faveur de l’Afrique. En s’inscrivant dans la logique de son ministre des Finances qui a enfin avoué que « l’Afrique est une chance pour la France », M. Hollande veut ainsi reconquérir le cœur des Africains aujourd’hui plus attentifs vis-à-vis de Pékin et de New Delhi. Last but not least, le président français a annoncé la création d’une fondation franco-africaine au sein de laquelle les investisseurs privés français et africains joindront leurs ressources pour plus de valeur ajoutée. Il a fallu trois siècles pour que la France y songe !
La Chine, vraie menace pour l’Elysée
L’Empire du Milieu est inévitablement cité dans le Rapport Védrine comme le principal responsable du recul de la France dans les échanges avec l’Afrique. Ce qui est vrai. En République centrafricaine, la Chine a fait une entrée fracassante dans le secteur du pétrole. Au grand dam de Paris et de son relais néocolonialiste dans la sous région : Idriss Deby.
En effet, arrivé au pouvoir par coup d’Etat en 2003 avec l’aide manifeste de Paris et de N’Djamena, François Bozizé qui a eu le temps de se faire élire en 2005 n’a pas résisté aux propositions de la Chine qui multiplie les aides, accroît ses investissements sur le continent avec moins de conditionnalités. Ce qui tranche avec l’arrogance et le paternalisme des « partenaires traditionnels » de l’Afrique.
« J’ai été renversé à cause du pétrole »
Les résultats de ce rapprochement avec l’Empire du Milieu ne se sont pas fait attendre. En 2008, la Chine a accordé à la RCA des aides et un prêt pour un montant global de 3,25 milliards de francs CFA soit 4,4 millions d’euros. L’enveloppe a permis de construire des écoles et hôpitaux dans cet océan de précarité qu’est la Centrafrique. Quelques mois après, le président Bozizé s’est rendu en Asie où il a été reçu le 10 septembre 2009 au Palais du peuple par Hu Jintao, alors président de la République populaire de Chine. Ce qui ne saurait rassurer ni Paris, ni N’Djamena. D’autant plus que tout ne s’est pas limité à la poignée de main entre le président centrafricain et son homologue chinois.
Dans les faits, le rapprochement entre Bozizé et Hu Jintao a permis à la Compagnie chinoise CNPC de reprendre le permis de recherche, développement et exploitation du pétrole de Boromata, dans le Nord-est de la Centrafrique. Il n’est pas inutile de rappeler que pour ce gisement, Ange Félix Patassé, le prédécesseur de Bozizé, avait accordé un permis similaire au pétrolier étasunien Grynberg RSM. L’industriel de Denver, invoquant l’insécurité, n’a pas pu conduire les recherches et le permis a expiré en 2004. La cession du sésame aux Chinois pouvait-elle plaire à ceux qui ont permis à François Bozizé d’accéder au pouvoir ? Fraichement déchu de ses fonctions en mars 2013, le désormais ex-président Bozizé a affirmé sur les ondes de Radio France International (RFI) que « j’ai été renversé à cause du pétrole ». Sans plus de détails. Trois (27 décembre 2012) mois avant, le président François Bozizé avait prononcé un discours dans lequel il affirmait clairement que ce qui se cachait derrière la crise qui secouait alors son pays n’était rien d’autre que l’opposition française émise plus tôt contre l’octroi des contrats d’exploration de pétrole aux Chinois. « J’ai donné le pétrole aux Chinois et c’est devenu un problème », martelait Bozizé, acculé par les rebelles.
Les manœuvres de Washington
Le fait que le président Bozizé ait pris l’habitude de s’afficher avec les dirigeants chinois a aussi provoqué la colère de Washington. Et les câbles diplomatiques à ce sujet le démontrent à suffisance.
Le 17 juin 2009, l’ambassadeur étasunien Frederick Cook en RCA avait envoyé un câble à Washington dans lequel il affirmait que les « relations France-RCA sérieusement sous tension. […] Bozizé semble croire avoir réussi à être le moindre mal dans le paysage politique de la RCA. Il s’imagine donc être indispensable pour ses voisins et les Français, une supposition que l’ambassade américaine (« AmEmbassy ») à Bangui croit être une erreur grossière », écrivait alors le diplomate étasunien.
Une autre dépêche envoyée cinq mois plus tard avait valeur d’alerte : « L’influence chinoise grandissante en RCA est évidente ». Le câble précisait dans quelle mesure tant les intérêts américains que français étaient en train de céder du terrain à Beijing qui ne cessait d’« accroître sa coopération militaire, sa diplomatie publique et ses efforts de développement ». L’ambassadeur soulignait pour s’en inquiéter que contrairement au quatre agents diplomatiques résidant à l’ambassade américaine de Bangui, l’ambassade chinoise comptait une quarantaine d’employés. Frederick Cook ajoutait qu’environ 40 officiers de l’armée de la RCA étaient formés tous les ans en Chine, contre les deux ou trois officiers qui allaient aux Etats-Unis et les 10 à 15 en France. Et pour ne pas arranger les choses, Bozizé a confié la réserve pétrolière de Boromata aux Chinois, au détriment de la France et de son allié, les USA. Etant donné que ces deux puissances ont érigé le pétrole au rang des divinités, Bozizé se savait désormais sur un fauteuil éjectable. On l’a effectivement éjecté le 24 mars 2013.
La France fait semblant de combattre pour renforcer son influence en RCA
Rappelez-vous. Le jeudi 21 novembre 2013 lors de la remise du prix de la Fondation Chirac pour la prévention des conflits au docteur congolais Denis Mukwege et à Femmes Africa Solidarité François Hollande avait indiqué qu’ « Il se produit en Centrafrique des actes abominables. Un chaos, des exactions extraordinairement graves ». Face à l’urgence et aux 400 000 personnes déplacées en Centrafrique, « nous devons agir », a ajouté le président français. Le même jour, cette fois là sur France 2, son ministre des Affaires étrangères a ajouté : « Le pays est au bord du génocide ». 48 heures avant, devant une commission du Congrès, le directeur du bureau Afrique du département d’État, Robert Jackson, avait évoqué « une situation pré-génocidaire » en Centrafrique. On le voit, le scénario est le même. Le président Français annonce la crise. Un membre de son gouvernement saute aux antennes pour décrire la catastrophe à venir. Une voix « extérieure », de préférence étasunienne ou onusienne vient accréditer la thèse alarmiste en insistant sur la violation des droits de l’homme. L’opinion internationale soumise à un matraquage médiatique et donc psychologique intense salue l’envoi des troupes sur le terrain. Car, une résolution a bel et bien été prise par le Conseil de sécurité de l’ONU le 5 décembre 2013 pour autoriser les troupes françaises à agir en appui aux forces africaines de la Misca.
Ce dont la Séléka est le nom
En Centrafrique, les populations sont victimes, en partie des exactions des éléments de la Séléka (coalition en sango, langue nationale). Mais qui compose cette fameuse Séléka ? La Séléka est une coalition de factions rebelles dissidentes issues de plusieurs mouvements politico-militaires. On y retrouve la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR), le Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC). Au plus fort de la contestation du pouvoir de M. Bozizé, deux autres groupes armés ont vu le jour ou ont dévoilé leur visage au grand jour et ont rejoint la Séléka. Il s’agit de la Convention patriotique du salut du kodro (kodro signifie pays, en sango), et de l’Alliance pour la renaissance et la refondation (A2R). Sans oubliés les hordes venues du Tchad et du Soudan.
Tous ces groupes composites ont donc fait une « alliance » de circonstance pour atteindre un objectif précis : renverser le président Bozizé. Mission accomplie en mars 2013. Or, il n’y avait qu’un seul fauteuil présidentiel à prendre et à pourvoir. Il a finalement été occupé par Michel Djotodia. L’ancien fonctionnaire du ministère du Plan qui a goûté à la prison sous Bozizé détenait le gros des troupes. Les hordes tchado-soudanaises obéissaient à son commandement. N’a-t-il pas été présenté par la presse sans démenti comme le meilleur interlocuteur de la France et du Tchad qui voulaient en découdre avec Bozizé l’ « insoumis » ? Aussitôt installé au Palais de Bangui, Michel Djotodia a pris un décret pour dissoudre la Séléka et annoncer le « recasement et le cantonnement ».
Ne se reconnaissant pas tous en lui, plusieurs éléments issus des autres groupes armés n’ont pas respecté les ordres d’un chef qui, dans tous les cas n’est pas le leur. Dans la Seléka, le « contingent » de loubards tchadiens et soudanais s’est lui aussi trouvé face à un dilemme. Ils ont été utilisés pour installer Djotodia au pouvoir. Celui-ci annonce le « recasement et cantonnement » et l’intégration dans les Forces armées centrafricaines (FACA). Or, n’étant pas Centrafricains, que vont-ils devenir ? Le nouveau président ne semble pas avoir pleinement satisfait ses alliés d’hier sur cette question.
Les incompréhensions entre les différents groupes rebelles d’une part, et entre certains chefs et leurs éléments d’autre part, débouchent sur des atrocités généralisées dans le pays. Pillage, viol et assassinats en série deviennent l’activité quotidienne de ces hommes à qui on a enseigné la brutalité et la tuerie ! La chaîne de commandement étant brisée et plusieurs promesses mirobolantes n’ayant pas été tenues, personne ne contrôle plus rien. Le pays se retrouve dans la même situation d’ « ingouvernabilité » que la Libye envahie par les djihadistes, après l’assassinat du Guide Mouammar Kadhafi par les troupes de l’OTAN avec la France de Sarkozy et de Bernard Henri Levy en tête. La situation centrafricaine rappelle étrangement celle qui a prévalu à Abidjan après le renversement de Laurent Gbagbo par les rebelles pro-Ouattara soutenus par la France. En effet, après la chute de l’ancien chef d’Etat de Côte-d’Ivoire, les éléments des « Forces nouvelles » (rébellion dirigée alors par Guillaume Soro, actuel président de l’Assemblé nationale) ont été floués. L’argent et les autres avantages qui leur avaient été promis pendant le combat contre le régime de Gbagbo n’ont pas été livrés. Ouattara est devenu président de la République. En représailles, ces « Forces nouvelles » ont pillé la capitale ivoirienne. Non sans tuer et torturer certains commerçants innocents.
En Centrafrique, à la violence des éléments de la Séléka (essentiellement musulmans), les « Anti balaka » répondent aussi par la violence. Le deuxième groupe est constitué d’éléments essentiellement chrétiens et sont présentés comme les pro-Bozizé. Ce dernier était leader d’une église chrétienne. La presse occidentale s’appuie sur ce fait qui pour agiter mensongèrement le spectre d’un « conflit interreligieux » voire d’un « génocide » en Centrafrique.
Face à cette situation chaotique, l’agitation n’est-elle pas toujours fonction des intérêts à protéger ou à conquérir ? Toujours est-il qu’en Centrafrique, la France a très vite pris les devants dès que la situation sur le terrain est devenue incontrôlable. Alors que la Mission militaire africaine Misca, commandée par le général camerounais Tumenta avait déjà déployé 2500 soldats, la France a jugé nécessaire de convaincre le Conseil de sécurité de l’ONU d’adopter une résolution qui lui permet d’y envoyer ses troupes tricolores. En vérité, les troupes françaises ont précédé la Résolution 2127. Celle-ci a été adoptée le 5 décembre. Pourtant, les troupes avaient déjà quitté la France et étaient stationnées à Douala au Cameroun, voisin de la RCA.
Mais avait-on besoin de tant de militaires hyper équipés pour vaincre quelques loubards armés de machettes et d’armes résiduelles ? Les Forces armées centrafricaines ou ce qui en reste et la Misca sont-elles incapables de vaincre ces affamés ? Bien plus, nous sommes là dans une guerre asymétrique, avec un ennemi qui n’a pas d’uniforme identifiable à priori. Ne connaissant pas le terrain, ni la composition sociologique du pays (certains arrivent en Afrique pour la première fois d’après leurs déclarations à RFI), contre qui vont se battre les soldats tricolores ? La quinzième proposition du Rapport Védrine évoqué plus haut peut permettre de répondre à ces interrogations. Il est question de « Renforcer l’influence de la France en Afrique », y a conseillé l’ancien ministre des relations extérieures de François Mitterrand.
« L’Afrique est une chance pour la France », reconnaît le ministre des Finances français
Comme la plupart des pays occidentaux, la France est encore ravagée par les contrecoups de la crise qui a secoué l’économie mondiale à partir de 2007. Arrivée au pouvoir à cette période agitée, surpris par la percée des nouveaux acteurs comme la Chine, l’Inde, et le Brésil, Nicolas Sarkozy a renfilé le manteau colonial. Et au lieu de la « Rupture » annoncée par le candidat Nicolas, l’Afrique a eu droit à une « Continuité » accélérée par le président Sarkozy, ami zélé des hommes d’affaires de la trempe de Charles Pasqua, Vincent Bolloré… Le libéral Sarkozy a bombardé la Côte-d’Ivoire et la Libye. Mais rien n’y a fait. La France, au bout de ses cinq ans de mandat, n’a pas pu reprendre sa place de premier partenaire économique en Afrique francophone, malgré le sang versé !
Le « socialiste » François Hollande qui n’avait pas fait de l’Afrique une priorité pour son mandat semble avoir oublié toutes les autres parties du monde – la France comprise – pour se tourner vers l’Afrique. Comme le commandant d’un bateau atteint par les eaux, il multiplie ses visites en Afrique. Après les obsèques de Nelson Mandela auxquelles il prenait part le mardi 10 décembre, François Hollande s’est rendu sur le théâtre de guerre en Centrafrique pour galvaniser « ses » soldats qui ont déjà perdu deux frères d’arme après seulement une semaine d’action !
23.12.2013
Conférence du Professeur Jean-Paul Pougala (21/11/13 À Erlangen en Allemagne)
SEMAINE CULTURELLE DES CAMEROUNAIS DE ERLANGEN-NUREMBERG (Allemagne)
THEME : QUELLES FORMATIONS STRATÉGIQUEMENT PRIORITAIRES POUR L’AFRIQUE ?
Pendant 50 ans, l’Afrique a formé prioritairement des gens pour recevoir des ordres, qu’ils soient ingénieurs, médecins, juristes, pharmaciens ou enseignants. Pour l’avenir, il faut inverser la tendance et former prioritairement des personnes qui doivent donner des ordres, des personnes qui doivent créer, inventer : des patrons
22.12.2013
La France, l’Afrique et le franc CFA par Nicolas Agbohou (passé sur la Libre Antenne Méta Vox)
Nicolas Agbohou Docteur en économie et professeur à la Sorbonne auteur de l’ouvrage le franc CFA et l’euro contre l’Afrique nous démontre comment et pourquoi le franc CFA est une monnaie nocive pour les pays qui l’utilisent.
Le système du franc CFA est directement hérité des mesures que la France a du subir d’un point de vue monétaire de la part de l’Allemagne pendant l’occupation.
La France est-elle en train de nazifier l... par metatvofficiel
La France est-elle en train de nazifier l... par metatvofficiel
Le franc CFA est un outil de domination colonial au service des intérêts de l’Empire français.
7.12.2013
Conférence du Professeur Jean-Paul Pougala du 21/11/13 à Erlangen (Allemagne)
Pendant 50 ans, l’Afrique a formé prioritairement des gens pour recevoir des ordres, qu’ils soient ingénieurs, médecins, juristes, pharmaciens ou enseignants. Pour l’avenir, il faut inverser la tendance et former prioritairement des personnes qui doivent donner des ordres, des personnes qui doivent créer, inventer : des patrons
21.11.2013
L’HUMANITE EST NEE EN AFRIQUE ET NON EN EGYPTE
La science nous dit que l’Afrique est le berceau de l’humanité, c’est à dire que les africains sont les géniteurs du monde. Les africains existent depuis 100.000 ans, les européens et les asiatiques sont partis d’Afrique il y a environ 20.000 ans. Et il y a des MISSIONNAIRES CATHOLIQUE au 19ème siècle après l’expédition de Napoléon en Egypte qui ont le « courage » de répondre à la science que tous les africains, sans exception, sont partis d’Egypte il y a 3000 ans. C’était pour nous retirer cette primauté de géniteurs du monde, y compris de nos propres prédateurs. Puisqu’à partir du moment où au lieu de revendiquer d’être nous à procréer le monde entier, nous en sommes réduits à revendiquer de venir d’Egypte, on réduit nos 100.000 ans d’histoire à 3000 ans d’une grande civilisation oui, mais décadente et disparue. En me basant purement et simplement sur la science, et la logique, je dis qu’il est 1000 fois plus cohérent de dire que les égyptiens antiques sont partis de l’ Afrique subsahalienne, exactement comme les Romains, les Aztèques etc. reste à déterminer quand et non l’inverse.
Il y a 2 jours, (dimanche 10/11/2013) à la chaine de télévision britannique chanel 4, des chercheurs anglais qui ont procédé à l’autopsie du cadavre de ToutanKhamon ont revélé qu’il serait mort d’un accident de char à l’âge de 19 ans en 1324.
Mon frère africain, Egyptologue ou historien, comment peux-tu demander à 1 milliards d’africain de tout baser son authenticité sur une histoire en mouvement continuelle dont les épisodes nous sont racontées tous les 6 mois par nos propres prédateurs ?
Mon frère africain, Egyptologue, pour faire cette autopsie, tu n’étais pas là. Je n’étais pas là. Toi et moi avons juste entendu dimanche à la télévision, les conclusions vraies ou fausses de ce que nos prédateurs avaient à nous annoncer. Comment peux-tu prétendre de moi demain, qu’avant de critiquer ce choix de tout miser sur l’Egypte je dois au préalable lire tous les tonnes de livres que tu vas déverser dans les librairies, dès demain, pour extrapoler et dire qui était dans le char avec Toutankhamon ou quelle nourriture il avait mangé avant de mourir ? Ne t’es-tu jamais posé la question de savoir si c’était intelligent pour tout un continent de baser l’espoir de sa renaissance sur une histoire que les autres ont construite à notre place en nous interdisant systématiquement de faire partie de leurs équipes de chercheurs, un feuilleton qui, chaque semestre est enrichi de nouveaux rebondissements tel au cinéma et tout cela sans qu’il y ait un seul africain dans l’équipe de rédaction du scénario ?
Non l’Afrique ne vient pas d’Egypte comme l’ont prétendu les prêtres catholiques au 19ème siècle après l’expédition de Napoléon en Egypte. C’est l’Egypte antique qui vient d’Afrique subsahalienne, exactement comme les autres humains du monde entier. Et si je dois m’approprier les us et coutumes que les chercheurs occidentaux me racontent provenir d’Egypte, je dois aussi m’approprier de ce qui m’arrivent de Colombie de l’Etrurie (Estrusques) ou d’Indonnésie, au même titre.
Si un africain a honte de lier ses origines à nos Pygmées, population la plus antique de la forêt équatoriale africaine ou de nos « Boshiman » en Namibie, et à besoin d’un peuple plus prestigieux, il est libre de le faire, mais sans prétendre que je le suive. Si un africain a honte de nos traditions millénaires Fang ou Bantous, et sent le besoin d’en créer de nouvelles attribuées à des peuples plus glorieux, qu’il nous laisse la liberté de continuer à soutenir et encourager de toutes nos forces, dans nos villages en Afrique, les défenseurs de nos traditions, de notre propre spiritualité, fiers de ce que nous sommes, sans nullement avoir besoin d’aller en emprunter de nouvelles à tous ceux qui dérivent de nous, notamment en Egypte, en Mésopotamie, en Colombie ou en Indonésie. Parce que nous avons un avantage sur tous les autres peuples : c’est nous leurs géniteurs, à eux tous sans aucune exception et non l’inverse.
Jean-Paul Pougala 12/11/2013
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LISEZ CES 2 TEXTES CI-DESSOUS ET REGARDEZ LA VIDEO QUI VA AVEC LE PREMIER TEXTE :
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» Un suprémaciste blanc apprend en direct qu’il a du sang africain dans les veines
En acceptant de se soumettre à un test ADN, l’Américain Craig Cobb ne s’attendait sûrement pas à ce résultat. Ce suprémaciste blanc, connu pour vouloir créer une enclave 100% blanche aux Etats-Unis, a appris sur le plateau d’une émission de télévision britannique qu’il avait du sang africain dans les veines, rapporte le Daily Mail (en anglais) lundi 11 novembre.
« Craig Cobb a subi un test ADN pour déterminer qui sont ces ancêtres : 86% étaient européens et 14% venaient d’Afrique subsaharienne », annonce fièrement la présentatrice, Trisha Goddard, elle-même noire. « Tu as un peu de noir en toi mon chéri », plaisante-t-elle ensuite.
L’homme, visiblement choqué, tente de reprendre la main en qualifiant ce résultat de « bruit statistique ». « L’huile et l’eau ne se mélangent pas », martèle-t-il. Interrogé après coup par le Daily Mail, il réplique : « Si j’ai vraiment un peu de nègre en moi, je n’en veux pas davantage. »
Source
http://www.francetvinfo.fr/monde/ameriques/video-un-supremaciste-blanc-apprend-en-direct-qu-il-a-du-sang-africain-dans-les-veines_456450.html
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Egypte: Toutankhamon serait mort dans un accident de char
Des scientifiques britanniques pensent avoir percé le mystère de la mort du pharaon Toutankhamon. Selon un documentaire diffusé dimanche sur la chaîne britannique Channel 4, il aurait succombé à un accident de char.
Les chercheurs, conduits par l’égyptologue britannique Chris Naunton, ont constaté que l' »enfant pharaon » souffrait de « blessures caractéristiques sur un côté de son corps ». Les experts ont effectué une « autopsie virtuelle de Toutankhamon » à partir de radiographies de la dépouille.
Ils ont conclu, à partir de reconstructions informatiques, que « le seul événement le plus plausible ayant pu causer ces blessures » serait un accident de char. Une hypothèse qui avait déjà été évoquée par des égyptologues auparavant.
Fragment de peau analysé
Les scientifiques ont par ailleurs analysé un fragment de peau de l' »enfant pharaon ». Les tests chimiques réalisés « ont confirmé que la momie s’était effectivement consumée une fois dans son sarcophage ».
Ce morceau de chair avait été obtenu, en 1968, par un anthropologue de l’université britannique de Liverpool, Robert Connolly. Ce dernier était membre de l’équipe qui a radiographié pour la première fois la dépouille de Toutankhamon.
Des spécialistes ont démontré qu’une « incroyable réaction chimique des huiles d’embaumement utilisées pour la momie de Toutankhamon avait conduit à sa combustion spontanée, apportant ainsi de nouvelles preuves que son embaumement avait été bâclé », selon le documentaire.
Trésor impressionnant
Toutankhamon est mort à l’âge de 19 ans, en 1324 avant notre ère après un règne bref de neuf ans. Il est connu du grand public pour le trésor exceptionnel retrouvé dans son caveau funéraire, dont un masque mortuaire en or massif de 11 kg, incrusté de lapis-lazulis et de pierres semi-précieuses.
Plusieurs théories s’affrontent sur l’origine de sa mort, des chercheurs ayant avancé la possibilité qu’il soit mort du paludisme, de la drépanocytose (une maladie génétique du sang), ou encore de la maladie de Köhler, qui limite l’afflux sanguin vers les os.
Source :
http://www.romandie.com/news/n/Egypte_Toutankhamon_serait_mort_dans_un_accident_de_char56091120131613.asp?
17.11.2013
Prochainement : O. Enogo s’intéresse au Franc CFA dans African Chronicles
A retrouver sur :
http://www.voxafrica.com/vod/videos/?v=0_vvnowgfk
18.9.2013
Les véritables buts de l’attaque contre la Syrie (Nazanin Armanian)
http://www.michelcollon.info/Les-veritables-buts-de-l-attaque.html
Les dirigeants de ces mêmes pays qui ont tué des centaines de milliers d’innocents avec des bombes de napalm, du phosphore blanc, des projectiles d’uranium appauvri et des substances chimiques inconnues qui sont la cause du syndrome de la guerre du Golfe, pleurent aujourd’hui la mort de 350 Syriens, apparemment victimes d’armes chimiques. Comme si la mort de 100.000 personnes par armes conventionnelles et la fuite de 5 millions d’habitants de leur foyer n’étaient pas des raisons suffisantes pour s’émouvoir.Guerre sous faux drapeau ? Est-il possible que les rebelles aient utilisé ces substances chimiques contre leurs propres concitoyens et aient rejeté la faute sur Damas ?
« Ô honte ! où est ta rougeur ? » (Hamlet, acte III)
« Ô honte ! où est ta rougeur ? » (Hamlet, acte III)
Le régime de Barack Obama, avant toute enquête sérieuse, a accusé le gouvernement de Bachar el-Assad, alors que les insurgés eux-mêmes ont reconnu leur crime à la journaliste d’Associated Press, Dale Gavlak : ils disent avoir reçu ces substances d’Arabie Saoudite, et que c’était un « accident » dû à une mauvaise manipulation.Le gouvernement iranien a révélé avoir prévenu Washington il y a neuf mois du fait que les insurgés s’étaient procuré ces armes.
D’autre part, Carla del Ponte, membre de la commission d’enquête de l’ONU sur l’usage d’armes chimiques en Syrie, a déclaré le 6 mai que les rebelles avaient utilisé du gaz sarin lors du conflit. En décembre, des opposants syriens avaient été arrêtés en Turquie en possession de deux kilos de gaz sarin. On peut se demander comment ils se les étaient procurés !
Et pourtant l’ONU n’a rien fait, et les États-Unis et leurs alliés, au lieu de se désolidariser de ces criminels, ont augmenté les aides économiques et militaires qu’ils leur octroyaient depuis 2011 (Lire : La OTAN, a las puertas de Siria).
Obama avait prononcé le verdict avant d’obtenir les preuves. La décision, déjà prise, n’exigeait que de plates excuses.
La preuve d’un « casus belli »
Une vidéo floue diffusée par les opposants, pour laquelle la « chaîne de possession » n’a même pas été contrôlée. Il est surprenant de découvrir des enfants morts gisant sur le sol, sans leurs mères, et l’absence de funérailles publiques – si importantes dans la culture musulmane. En outre, malgré tous les téléphones portables disposant d’une caméra, les images de ce qui est présenté comme une boucherie sont peu nombreuses, en comparaison avec la quantité de photos et d’enregistrements qui existent sur le massacre des Kurdes à Halabja il y a 30 ans, sous la dictature de Saddam Hussein.
Voilà 10 ans maintenant que Colin Powell, muni de photos et de graphiques, intervint au conseil de sécurité de l’ONU et tenait (sans gants !) un flacon rempli d’une poudre blanche en jurant qu’il s’agissait d’anthrax envoyé par le raïs irakien. Nicholas Kristof du The New York Times écrivit que « le FBI sait depuis trois mois que l’auteur des attaques à l’anthrax est un Nord-Américain. » Bush et lui lanceront de fausses accusations au président irakien. Ils l’accuseront d’être impliqué dans les attentats du 11 septembre, de collaborer avec Al-Qaïda, d’acheter de l’uranium au Niger, de tuer des bébés koweïtiens dans leurs couveuses, etc.Aujourd’hui, leurs héritiers, John Kerry et Obama, apportent des preuves « indéniables » au fait que les armes de destruction massive ont été envoyées par Assad. Pourquoi ne pas établir un cessez-le-feu et procéder à une enquête exhaustive ?
Jean Daniel, éditeur de la revue Le Nouvel Observateur, se souvient que le 31 août 1995, le premier ministre français Édouard Balladur lui avoua que l’attentat perpétré sur la place de Markale à Sarajevo qui fit une centaine de victimes était l’œuvre des musulmans bosniaques et non celle des serbes. Ils voulaient par ce moyen-là forcer l’intervention de l’OTAN, juste quand Milosevic avait accepté la quasi-totalité des exigences occidentales, mettant dans l’embarras Bill Clinton qui projetait de détruire le dernier état socialiste d’Europe (Lire : Yugoslavia : ensayo de la “guerrahumanitaria”).
Le temps n’est pas aux élections, et un Obama déjà vaincu a recours à la guerre préventive, illégale et contraire à la Charte des Nations Unies pour qu’on cesse de le traiter de « faible et isolationniste ».
Cui bono ?
Assad ne semble pas assez suicidaire ni assez stupide pour franchir « la ligne rouge » en tuant des centaines de personnes, provoquant ainsi une guerre avec les États-Unis au moment où il bénéficie d’un solide avantage sur les rebelles.L’attaque des États-Unis radicalisera les courants modérés de son gouvernement qui n’ont jusqu’à présent même pas répondu aux quatre bombardements d’Israël sur leur territoire (ces six derniers mois). Cela ne dissuadera pas non plus une future utilisation de telles armes dans les deux camps. Pire encore : maintenant que le chef de la Maison-Blanche affirme ne pas avoir l’intention de renverser Assad, les insurgés peuvent recommencer à utiliser ces armes pour montrer le besoin d’en finir avec le président dans une guerre dévastatrice.
Garder Assad au pouvoir fait partie de la même stratégie du « chaos contrôlé » utilisée par Bush contre Saddam Hussein. Ils en ont fait la bête noire de 1991 à 2003 : ils ont militarisé le Golfe Persique tout en faisant d’un État vertébré une déliquescence et continueront à occuper l’espace post-soviétique sous prétexte d’une « lutte contre le terrorisme ».
Des dizaines de milliers de mercenaires (vauriens et gangsters vétérans) recrutés par le cheikh Bandar, le prince saoudien, attendent à l’intérieur comme à l’extérieur du pays qu’Obama appuie sur la gâchette pour provoquer un bain de sang. En Jordanie, 25.000 individus ont été enrôlés par le cheikh dans l’organisation « les adeptes de l’Islam ».
On se demande encore comment une attaque militaire peut réduire le risque d’utilisation de telles armes. Les missiles de croisière et les bombes de tous types sont-ils plus acceptables que les armes chimiques ? Au moins pour ces dernières il existe des masques à gaz et des abris, ce qui n’est pas le cas pour les bombes bunker buster (utilisées en Afghanistan), qui pénètrent jusqu’au cœur de la terre.
Les 12 buts réels de l’attaque
Derrière l’opération de punition d’Assad se cachent d’autres objectifs :
1.Dominer l’Eurasie. Avec plus ou moins de réussite, les États-Unis ont tenté, en allant faire la guerre en Irak, en Afghanistan, en Yougoslavie et en Libye, de contrôler le Proche-Orient, l’Asie centrale, l’Europe centrale et le nord de l’Afrique. Maintenant, suivant les conseils du stratège britannique Sir Mackinder concernant l’importance de cette région – que l’on appelle Heartland, ou Cœur du Monde – ils essaient de contenir la progression de la Chine et de la Russie. La Syrie est le pays qui fait le lien entre les deux continents.
2.Contrôler la totalité du Moyen Orient. C’était également un des motifs pour renverser Kadhafi.
3.Empêcher la construction du méga gazoduc Iran-Irak-Syrie (appelé « gazoduc chiite »), soutenu par l’Iran et la Russie et qui devrait exporter du gaz vers l’Europe, à la suite de l’échec de l’autre projet (Lire : « Nabucco : Europa Esclava »). Ce gazoduc est néfaste pour la Turquie, qui cesserait d’être le pays de transit de l’hydrocarbure et pour l’Arabie saoudite, qui a investi dans le gazoduc arabe, traversant l’Égypte, la Jordanie, la Syrie, le Liban et Israël. Il est tellement crucial pour Riyad de s’emparer de la Syrie que, selon le journal libanais As-Safir, le prince Bandar Ben Sultan aurait fait comprendre à Vladimir Poutine lors de leur récente rencontre que si celui-ci retirait son soutien à Bachar el-Assad, il lui garantirait la sécurité des Jeux olympiques d’hiver 2014 organisés à Sotchi (en Russie) en calmant les Tchétchènes. Que ce soit en russe ou en arabe, cela ressemble à du chantage ! De plus, les cheikhs sont inquiets du rapprochement entre les deux géants du pétrole que sont la Russie et le Venezuela. La première est le plus grand producteur et exportateur de la planète, le second possède les plus importantes réserves prouvées au monde. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui inonde le marché de pétrole, bon marché qui plus est, voit son pouvoir menacé. Il ne faut pas sous-estimer l’Arabie saoudite : les principales institutions financières dépendent de ses pétrodollars.
4.Humilier la Russie dans sa zone d’influence et montrer au monde son incapacité à agir sur les événements internationaux dans ce qui est le premier affrontement entre les deux puissances depuis la guerre froide. Sergueï Lavrov a déjà dit que son pays n’irait pas se battre avec les États-Unis en Syrie, bien que les entreprises russes aient investi une vingtaine de milliards dans ce pays et près de 100.000 Russes vivent là-bas. Accueillir Snowden est une chose, entrer en guerre en est une autre. Après avoir perdu la Syrie, Moscou tentera de récupérer son influence ailleurs. En Iran par exemple.
5.Détruire l’armée syrienne en raison de ses relations avec la Russie. Les États-Unis ont déjà agi de cette manière avec les forces armées d’Irak et de Libye. Ils réduisent ainsi l’influence militaire slave sur la planète.
6.Triompher sur le terrain de la guerre et contrôler militairement le monde pour compenser l’échec dans le domaine économique. Aux grandes crises économiques, les grandes guerres. Le capitalisme vendra plus d’armes, conquerra de nouveaux marchés et donnera la chance aux entreprises de construction un peu habiles de reconstruire ce qui a été détruit.C’est un nouvel assaut pour conquérir les travailleurs du monde entier qui paieront de leur vie ou avec leurs impôts l’aventure de quatre cow-boys. La hausse du prix du pétrole, qui aura des répercussions sur tous les produits, nuira également à l’économie chinoise.
7.Contourner une fois de plus l’ONU et faire baisser ce qui reste des systèmes judiciaires qui font office de frein aux intentions belliqueuses.
8.Traquer l’Iran. L’Agence internationale de l’énergie atomique a récemment rapporté que 1.000 nouvelles centrifugeuses avaient été installées dans les usines nucléaires de ce pays. La Chine et la Russie pensent que le but de l’agression de la Syrie est l’Iran. Téhéran, très prudent, soupèse les événements et détache son sort de celui de son allié.Il l’aidera via le Hezbollah et le Jihad islamique. Sa ligne rouge est l’occupation de la Syrie. À la plus grande joie de Tel-Aviv et de Riyad, cette attaque complique les rencontres entamées avec les États-Unis.
9.Donner l’impression de garder le statut de puissance hégémonique mondiale par un « système de Ponzi », système qui tire son nom d’un escroc italien qui a su amasser d’énormes sommes d’argent et, sans rien faire, payer des intérêts aux investisseurs avec leur propre argent ou celui de nouvelles victimes. Son escroquerie a pu persister quelques années grâce au nombre de victimes crédules qui ne cessait d’augmenter.Madeleine Albright disait que l’existence même de la plus grande machine militaire de l’histoire humaine exigeait qu’on l’utilise. Une mission devenue objectif alors qu’en réalité, les États-Unis n’ont aucun intérêt majeur dans ce conflit. Mais que personne ne sous-estime le rôle de la bêtise dans l’Histoire.
10.Faire pencher la balance des forces du conflit syrien en faveur des rebelles et obtenir ainsi des avantages à la table des négociations. Par ailleurs, et comme une guerre dans une autre guerre, les wahhabites saoudiens se séparent des Frères musulmans (soutenue par la Turquie et le Qatar) ainsi que des membres d’Al-Qaïdadu Jabhat al-Nosra. Ce qui divise encore un peu plus l’opposition et fragilise l’alliance entre les États-Unis et le Qatar, un des sièges du Pentagone.
11.La France, après le succès de la reconquête libyenne, rêve de rétablir sa domination sur une autre de ses anciennes colonies.
12.Israël affaiblit l’allié de l’Iran, du Hamas et du Hezbollah, et, pendant ce temps, il garde les ressources d’eau syriennes du plateau du Golan et tente de prendre la partie syrienne du champ de gaz découvert dans la Méditerranée. (Lire : El “factor gas” en la crisis siria)
Pour le premier défi de son second mandat, Obama terrorise le monde dans l’intérêt de l’Arabie Saoudite et d’Israël !
Aucun de ces objectifs n’a quelque chose à voir avec les droits de l’Homme en Syrie.
Les 8 conséquences
L’agression militaire des États-Unis et de leurs alliés…
1.Provoquera les représailles de la Syrie contre Israël, la Jordanie, la Turquie et les troupes de l’OTAN en Irak et au Liban. La Syrie n’est pas le petit Kosovo. De plus il y a là-bas des armes chimiques, des terroristes cannibales, les germes d’un conflit sectaire sanglant et… un Poutine qui n’a rien d’un Eltsine.
2.Affaiblira les propres alliés de Washington, tels que la Jordanie et la Turquie.
3.Modifiera l’équilibre des forces en Syrie sans résoudre le conflit. Cela accentuera les tensions religieuses et ethniques du pays, et ce même après Assad.
4.Renforcera le salafisme et le wahhabisme dans le monde entier, au détriment des forces progressistes.
5.Endommagera les relations de l’Occident avec la Russie et la Chine, et modifiera le climat politique international.
6.Permettra à la Russie d’augmenter les coûts de cette agression en coupant l’approvisionnement des troupes de l’OTAN en Afghanistan par le réseau de distribution du Nord (Russie-Kazakhstan-Afghanistan), ce que fait le Pakistan pour la route du Sud. Ou d’ignorer les sanctions imposées à l’Iran et de resserrer les liens avec ce dernier. Hassan Rohani se réunira le mois prochain avec Poutine et le président chinois, Xi Jinping, au Kirghizistan.
7.Poussera les pays de la région à une course à l’armement effrénée.
8.Établira un autre précédent sur la façon de contourner la souveraineté nationale des petits pays étant des puissances armées jusqu’aux dents.
Dans le climat néo-impérial actuel, les prétentions des États-Unis sont les rêves d’un fou réalisés par un ivrogne.
Titre original : « Agresión a Siria : el fraude, los 12 objetivos y las 8 consecuencias »
Traduction : Collectif Investig’Action
Source : Nazanin.es